jeudi 19 mai 2016

Don Carpenter - Un dernier verre au bar sans nom

Éditeur : Cambourakis - Edité par Jonatan Lethem - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy - Date de parution : Mars 2016 - 382 pages  addictives et brillantes !

Avant de vous parler du  contenu de ce roman, je veux d'abord vous raconter son histoire. Ce roman écrit par Don Carpenter a été découvert bien après le décès de l'auteur.  Bien qu’il soit inachevé, Jonathan Lethem admirateur passionné s’y est attelé car "la voix était là, l’architecture solide, les intentions astucieuses de Carpenter abouties. Savoir que le livre était bien là, que Carpenter l’avait mené à son terme, qu'il soit publié ou non, rendait le monde plus vaste, pas énormément, mais de manière décisive." Et comme il le dit dans la postface, il a principalement "élagué ». "Et en tout, ce livre ne doit pas contenir plus cinq ou de huit pages" de sa main.

Fin des années 50. Portland. Charlie ancien combattant de la guerre de Corée a débuté un "grand " livre sur la guerre. A la fac, il rencontre Jaime âgée de dix-neuf ans dont le père est journaliste mais aussi alcoolique. Elle tombe amoureuse de Charlie que les professeurs jugent brillants. Elle aussi a l’ambition de devenir écrivain. Cette fille de la classe moyenne voit son monde s’écrouler à la mort (peu glorieuse) de son père. Dick a une une de ses nouvelle publiée dans Playboy alors que Stan petit cambrioleur se met à écrire en prison. Jaime enceinte, Charlie et elle partent en Oregon où il a décroché un boulot d’enseignant à la fac.

Ils sont tous amis et rêvent de dérocher le sésame de l’écrivain. De Portland à San Francisco en passant par Hollywood, entre fêtes, alcool, gueules de bois, désillusions, espoirs et compromis, c’est une immersion globale. Se frayer un chemin, se faite publier, écrire pour le cinéma, renoncer à ses ambitions  : dans cette Amérique post "Beat Generation" chacun d'entre eux tente de réaliser son rêve.
Avec réalisme et sans concession, Don Carpenter dépeint ces parcours sur plus d'une dizaine d'années qui se séparent, se croisent, se retrouvent où l’amitié et l’amour sont égratignés. Des personnages habités par l'écriture, attachants, humains avec des failles.
C‘est bluffant et ce roman est complètement addictif. Que ça soit l‘atmosphère d’un bar ou les états d’âme des personnages, tout est parfaitement réussi !
Un livre brillant servi par une excellente traduction !

On ne peut pas consacrer dix ans de sa vie à écrire un roman sans y laisser une grande part de soi. Chaque livre est comme un enfant, et pas que d'un point du vue métaphorique, car dans votre cœur, les malheurs de votre enfant vous font terriblement souffrir.

Le problème quand on a appris ses manières dans les romans de gare, c'est qu'ils vous fournissent les mauvaises lignes de dialogue. Stan était persuadé d'avoir besoin d'une bonne réplique. Parce que dans ces circonstances, dire la vérité ne marcherait pas. "Alors voilà, euh, je suis écrivain, je remporte un joli succès, et je suis venu à Hollywood pour travailler dans le cinéma." C'est ça, ducon. Comme les dix derniers mecs qui ont débité cette phrase. 

Le chemin fut parsemé d'échecs, bien sûr, mais très vite, il prit l'habitude de mémoriser des chapitres entiers. Il ne savait pas comment cela fonctionnait mais ça fonctionnait. Ce n'était pas dans le plus dur, non. La construction des scènes non plus. Il voulait que les choses soient aussi cinématographiques que possible parce que cela facilitait la mémorisation, si bien qu'il avait monté chaque scène autour d'un élément concret, une chaussure, une vitre, n'importe quoi pour ne pas perdre de vue la scène. Il opéra de la même manière avec les personnages. Chacun d'eux possédait une caractéristique visible pour que Stan se souvienne de qui il ou elle était, cheveux qui rebiquent par derrière, un fumeur de cigares, un autre qui tire sur son oreille gauche quand il est nerveux. Stan avait tout emprunté à des gens qu'il avait connu. La mémorisation n'était qu'une affaire de ruse, se dit-il.


Lu de cet auteur : La promo 49 -  Sale temps pour les braves

14 commentaires:

cathulu a dit…

Et un auteur à découvrir, un ! :)

Clara et les mots a dit…

@ Cathulu : oui !!!!!

keisha a dit…

Oups encore une tentation (et j'adore le titre!)

Kathel a dit…

Je n'ai jamais lu cet auteur : tu me conseilles de commencer par celui-ci ?

Clara et les mots a dit…

@ Kathel : oui, tu peux commencer par celui-ci.

Clara et les mots a dit…

@ Keisha : tout est génial dans ce livre!

Aifelle a dit…

Je n'ai jamais lu l'auteur ; je suis comme les autres, je note et je soupire ...

Melanie B a dit…

Pareil qu'Aifelle et celles qui nous ont précédées ! :-) Je vais jeter un oeil à tes autres billets sur cet auteur.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Malgré tout le bien que tu en dis, le sujet ne me tente pas.

Clara et les mots a dit…

@ Aifelle : :)))

@ Mélanie B: oui, super !!!

@ Alex : tant pis...

zazy a dit…

Il faut que je trouve le temps de découvrir cet auteur !!

Clara et les mots a dit…

@ Zazy : oui et re-oui !

celina a dit…

J'avais noté ce titre et suis ravie de lire ton avis positif ! Il me tarde de le lire.

Clara et les mots a dit…

@ Célina : on ne voit pas ce livre sur les blogs et c'est franchement dommage ! Bonne future lecture !