mercredi 14 décembre 2011

Brigitte Giraud - Pas d'inquiétude

Éditeur : Stock - Date de parution : Août 2011 - 266 pages et un coup de cœur ! 

Mehdi est tombé malade quand nous avons emménagé dans la nouvelle maison. C'est moi qui avais relevé la boîte aux lettres ce jour-là, c'était un samedi matin. J'avais entre les mains l'enveloppe blanche petit format qui contenait des résultats d'analyses que nous ne saurions pas interpréter et qui allaient changer notre vie. Premières phrases de ce livre qui explore toutes les facettes quand la maladie de votre enfant vous oblige à changer de vie. Alors que le narrateur accède à son rêve de toujours celui avoir sa propre maison avec son propre jardin, le bonheur d’y installer sa famille comme l’idée de s’y projeter dans un avenir quelconque sont contrecarrés par la maladie de son fils. Medhi âgé de douze ans est atteint d'un cancer. En dehors des périodes d’hospitalisation, il ne peut plus aller à l’école. Sa femme a de fortes chances que son  CDD  devienne un CDI. Pour qu’il puisse s’occuper de son fils,  le médecin de famille  le déclare en arrêt maladie.

Depuis le temps que me disais qu’il fallait que je découvre cette auteure, le hasard a plus que bien fait les choses car il s’agit d’un coup de cœur ! Le narrateur est marié et père de deux enfants. Sa vie bascule soudainement et brusquement avec l'annonce de la maladie de son fils.  Le nom de cette maladie, de ce combat contre la mort  même si on le devine n’est jamais nommé, ni les traitements. Rien de tout cela. Par contre, les interrogations, les doutes et  les peurs qui ébranlent ce père, ce mari sont décrits très intelligemment. Aider son  fils, mais comment ? Il cherche un équilibre,  même précaire pour lui-même et  tente de faire au mieux. Brigitte Giraud n’a pas peur d’écrire les impacts inavoués ou dont on parle à demi-mots  dans le cadre de la vie familiale, de  la vie de couple et de la vie sociale.
Alors que les longues phrases ne sont pas ma tasse de thé, je me suis  sentie à l’aise dans cette écriture faussement simple. Oui, faussement car sans tabou, elle dessine les sentiments complexes et quelquefois opposés : amour, rancœur, peur, désarroi, humanité mais aussi la  grande hypocrisie et la solidarité.  Mais, je ne veux pas vous en dire plus sur l’histoire ! Car je veux que lorsque vos yeux se baigneront de larmes, vous ayez la surprise  de vous demander de  quoi elles sont imprégnées. Ou si vous avez poussé un petit cri bref d'effroi parce que vous êtes mordu brusquement la lèvre ( ou inversement). Un conseil : avant votre lecture, bannissez votre curiosité et ne cherchez pas à en savoir plus.  

Un coup de cœur  en apnée totale aussi beau que bousculant !  Par petites touches, on creuse toutes les strates émotionnelles de la famille car si c’est le père le narrateur tous les  angles de vue sont traités via son regard.  Sans pathos et sans noircir un tableau déjà sombre, l'auteure a su trouvé le ton juste et y placer des touches d'humour. Forcément, ce livre m’a  renvoyée à  des attitudes déjà vues et le sentiment effroyable d’abandon, d’inutilité  sociale et la culpabilité que l’on peut  percevoir lorsque la maladie vous éloigne de l'environnement professionnel. Mais, ce sont surtout les questions qu’il pose en filigrane qui sont importantes.

Les billets  d'Anne, Antigone, FransoazLyvres
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Un énorme merci à Dialogues Croisés pourvoyeur de belles découvertes !

 

19 commentaires:

Valérie a dit…

J'avais beaucoup aimé le précédent et j'avais repéré celui-là.

Anne a dit…

Quel beau billet ! J'ai vraiment bien aimé ce livre, rêté par Antigone, et j'ai eu la chance de rencontrer Brigitte Giraud samedi dernier. Elle expliquait que la question du temps est très importante dans son livre. Ce temps donné, offert par les collègues, et qui éloigne socialement ce temps manqué qui culpabilise la mère, ce temps incertain puisqu'on se doute de l'issue de la maladie, mais on n'en parle pas oupresque pour garder la tête hors de l'eau... Elle disait joliment et justement qu'écrire naît d'une inquiétude... J'ai trouvé ce roman très maîtrisé, très subtil. Merci, Clara pour les autres éclairages que tu nous apportes ! Je te conseille "Une année étrangère", et j'avais découvert la romancière avec "A présent", que j'aavais trouvé très sensible aussi. Je vais lire ses nouvelles, et "J'apprends".

Irrégulière a dit…

J'ai lu un recueil de nouvelle de cette auteure, et dans mon souvenir ça m'avait pas mal plombé le moral... là, vu le sujet, je pense que je vais éviter, malgré son talent...

Fransoaz a dit…

Ton billet Clara est à la hauteur de ce très beau livre. J'aime beaucoup l'angle choisi par l'auteure pour nous parler de la maladie. La voix du père est sincère et nue.
Les conseils de Anne sont judicieux; Brigitte Giraud a une plume sensible et juste.

Theoma a dit…

son précédent est ma prochaine lecture...

Gwenaelle a dit…

D'elle j'ai lu le précédent et l'ai bien aimé. Le sujet de celui-ci me fait fuir, par contre... même si les bons billets fleurissent, en ce moment.

Clara et les mots a dit…

@ Valérie : une année étrangère est disponible à la biblio ! I'm happy !


@ Anne : beau, je ne sais pas mais écrire sur ses coups de cœur demeure un exercice difficile. Car comment résumer au mieux en quelques lignes l'étendue et la portée de ce livre ?

Oui, la notion de temps est importante car on se sent obligé de justifier de ce temps.
Mais ce n'est pas le lieu idéal pour détailler mes propos.
Par contre, je n'ai pas trouvé ton billet.

J'ai inscrit deux de ses livres ( sortis en poche)sur ma liste pour Noël!

@ Irrégulière : la maladie peut faire peur mais ce n'est pas le propos du livre. Et l'atmosphère n'est pas du tout plombante! Je ne veux pas raconter toute l'histoire mais il met en exergue des questions morales. Superbe!

@ Fransaoz : venant de ta part, toi l'amoureuse des mots, quel compliment ! Oups, je rajoute le lien de ton billet ( désolée de l'oubli)

@ Theoma : et bientôt, il rejoindra ma PAL...

Clara et les mots a dit…

@ Gwen : je t'assure, tous les aspects sont vus, visités comme si l'on tournait à 360 degrés autour du thème. Comme le dit Fransoaz dans son billet , ce n'est pas un énième livre sur la maladie.Tu serais très surprise de la tournure que prend l'histoire!

Anne a dit…

Mon billet est ici : http://desmotsetdesnotes.over-blog.com/article-pas-d-inquietude-89625314.html Je te comprends parfaitement, j'ai bien du mal à écrire sur les coups de coeur !!

Yv a dit…

Avec de tous petits bémols sur des longueurs et des répétitions, j'ai trouvé ce texte très beau et il sonne très juste

Aifelle a dit…

Je le lirai tôt ou tard, j'aime son écriture et l'angle sous lequel elle a abordé le problème est original.

Mangolila a dit…

Je retiens ce titre. J'avais déjà bien aimé "une année étrangère". Je continuerai volontiers à la lire.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Tu as l'air totalement sous le charme. Je note.

sylire a dit…

Celui-là, je le lirai, c'est certain ! Une de mes auteures fétiches.

Nadael a dit…

Très joli billet, tu me donnes très envie de lire cette auteure et ce roman en particulier!

Géraldine a dit…

L'auteur m'a sacrément interpelée lors de son passage à la grande librairie. Mais comme là, je viens d'accueillir "Une année à l'étranger " dans ma PAL, je vais d'abord lire celui ci avant de me pencher sur celui là !

Clara et les mots a dit…

@ Anne : merci !

@ Yv : j'ai tout aimé !

@ Aifelle : et rendre toute thématique simple n'est pourtant pas facile. L'écriture est directe, sans fioritures. Magnifique!

@ Mango: ça y est ! je l'ai emprunté à la biblio!

@ Alex : complètement conquise!

@ Sylire : je comprends maintenant pourquoi!

@ Nadael : tant mieux car il faut vraiment !

@ Géraldine : je n'ai regardé l'émission depuis des semaines! J'ai emprunté "une année étrangère" à la biblio ( tralala)!

antigone a dit…

J'ai hâte de lire ton avis sur "une année étrangère" que j'ai vraiment beaucoup aimé. C'est une auteure que j'affectionne particulièrement !! ;) "Pas d'inquiétude" est un roman très subtil...

Clara et les mots a dit…

@ Antigone : j'ai terminé une année étrangère. Et, j'ai beaucoup, beaucoup aimé !!!!