Pendant quinze ans, le lieu avait répandu de la lumière, du rêve, de la fantaisie. J'aurais pu y rester le reste de ma vie. Sauf que je n'avais pas pris garde au fait que rien, jamais, ne nous appartient. Ni les chambres qui donnent au soleil, ni les tulipes sauvages aux pétales aigus, jaunes à perte de vue sous les fenêtres, ni même la bouteille d'eau posée sur la table, aucun des détails de chaque instant dans la vie, rien, rien ne nous appartient. On allait même les retirer. Et ce n'était pas lié au fait que nous n'avions pas vécu assez prudemment, Sils et moi, et que nous n'avions eu aucun sens de l'argent, ou presque, et qu'il y avait là une défaite pour cause de mauvaise gestion, une sorte de punition que nous infligeait le sens commun. Non. Ce n'était pas dû à ça, mais à une faille fondamentale : nous sommes nés pour ne rien posséder.
Les choses, il faudrait les voir en passant, d'un point de vue nomade, telle qu'elles sont, elles, simples, indifférentes, énigmatiques, posées là dans leur dialogues avec l'éternité. Elle n'est pas pour nous, leur essence, leur tranquillité.
Extrait de La Survivance de Claudie Hunzinger.
9 commentaires:
Il sera à la bibli. Patience, il est annoncé. ^_^
Très envie de découvrir ce livre !
J'espère le lire assez rapidement. Et j'ai commencé "Bambois, la vie verte" sorti en 1973
très beau, merci.
C'est très beau (le genre de phrases que j'aime à illustrer sur mon blog...
Cela fait réson(n)er en moi d'ailleurs une phrase d'Eugène Delacroix mise en exergue dans le dernier livre de Marie-Hélène Lafon : Les pays..."Nous ne possédons rien...Tout nous traverse..."
Merci...^.^...
Je crois que nous allons avoir plein de passages en commun !:)))
J'ai emprunté à la bibli le précédent livre de Claudie Hunzinger pour me faire patienter... car celui-ci me tente bien aussi !
Un extrait qui me fait étrangement penser au livre de l'Ecclésiaste.........
Bonne journée Clara !
Je tournicote autour de mon billet tant ce livre renferme de belles choses!
@ Cathulu : j'ai "bu" littéralement chaque phase !
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