Un seul conseil, courez vite au cinéma voir « Gainsbourg vie héroïque» !
Le titre est un jeu de mots bien entendu. Ce n’est pas un film mais un conte musical où l’imaginaire est superbement introduit ou dessiné. Ce n’est pas non plus une biographie de Gainsbourg mais un savant mélange de réalité, de fiction et de fantasmes. On sort de la salle, la tête remplie d’étoiles et d’effluves de Gauloises en chantonnant la valse de Melody Nelson.
Je n’ai qu’une seule envie écouter le Gainsbourg d’avant… avant qu’il ne devienne le Gainsbarre.
dimanche 31 janvier 2010
Raphaële Moussafir "Du vent dans mes mollets"
Comme elle dort toute habillée avec son cartable et ses affaires de gym pour ne pas être en retard à l’école, Rachel, neuf ans, nous raconte ses dix séances chez Mme Tribla, la psychologue. Espiègle, maline, et la langue bien pendue, on redécouvre avec elle les quatre cents coups de l’enfance.
Entre l’adhésion au Club des Barbies, en faisant gober à ses parents que le chèque c’est pour aider des enfants du Sahel, les appels téléphoniques à Mme Courtecuisses, les histoires torrides où Barbie se frotte à Ken, les jeux avec les copines où « on fait comme si » … On sourit, on rigole ! C’est frais, mais c’est aussi rempli de cette innocence propre à l'enfance quand elle aborde des sujets comme la mort ou la religion.
Un livre à lire !
vendredi 29 janvier 2010
Martine Pagès "Céanothes et Potentilles"
Un roman en forme de nouvelle où l’héroïne Blanche sème un grand de folie douce à chaque page. Blanche est une femme qui aspire à l’amour, au grand et à l’unique. Pas facile de trouver chaussure à son pied, quand on est ni belle ni moche, que personne ne vous voit et qu’on a la taille bien rembourrée. Hormis sa passion pour les fleurs, elle subit sa vie. Alors, il lui arrive de chanter à tue tête, de danser sur Elvis Presley, à fond les ballons, au grand désespoir de ses voisins ou de noyer son chagrin dans le pot de Nutella et la bouteille de Vodka. Un jour, Blanche va décider de donner un grand coup de pied dans sa routine, marre d’attendre le prince Charmant. Ca tombe bien, elle a le béguin pour son voisin de palier. Blanche nous embarque dans une épopée menée tambour battant avec une vivacité fantaisiste où l’humour côtoie les rêves.
Une lecture distrayante dont j’aurais bien aimé qu’elle soit un tout petit peu plus longue…
Merci à Babelio et aux éditions Volpilière pour l’envoi de ce livre.
jeudi 28 janvier 2010
Walter Kirn "In the air"
In the air… ou quand le beau Georges Clooney à la gueule d’amour joue dans un film.
Résumé du livre :
Depuis des années, Ryan Bingham (alias notre beau Georges ) ne touche plus terre : son boulot, il se charge d'organiser des licenciements, le conduit d'entreprise en entreprise, de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel, d'aéroport en aéroport.
Il ne supporte plus son métier, n'a plus de maison, plus d'épouse, plus d'attache familiale, et ne se sent chez lui que dans le cocon d'une cabine pressurisée, face au sourire d'une hôtesse de l'air ou à un plateau-repas mal réchauffé. Son but dans la vie : accumuler un million de miles sur sa carte de fidélité d'une compagnie aérienne. Il y est presque, mais des turbulences pointent à l'horizon...
Au cas où vous auriez raté tout la pub faite autour de ce film (on ne sait jamais), la quatrième de couverture vous le rappelle : « le film tiré de son livre a été réalisé par Jason Reitman, et George Clooney incarnera le personnage principal. » !
Un livre où Georges (pardon Ryan) prend le lecteur en confident, et oui : vous êtes assis à côté de lui dans l’avion. Mesdames, on reste calme…
On voyage beaucoup à travers les Etats-Unis : avion, chambre d’hôtel, les rencontres hasardeuses (sexe), les casinos (argent) et voilà on tout les ingrédients d’un film avec en plus Georges qui boit des expresso (faut-il y avoir un message subliminal ?).
Un livre écrit comme un scénario où une espèce mutante de Big Brother contrôle tout…
Seule, la fin de l’histoire est inattendue.
Je remercie Bob,et Michel Lafon pour l'envoi de ce livre.
J.D. Salinger "L'attrape-coeurs"
Un livre dont l’action se situe dans l’Amérique des années 50 est l'histoire d'une fugue, celle d'un garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassé de son collège trois jours avant Noël, qui n'ose pas rentrer chez lui et affronter ses parents (dixit la quatrième de couverture).
Pour beaucoup de personne, lecteurs, critiques littéraires et autres, « l’attrape-cœurs » de J.S. Salinger est un livre incontournable, un chef-d’œuvre, un bijou… autant de compliments et d’éloges qui vous mettent l’eau à la bouche.
Ce livre m’a laissé le goût amer de la déception. Le langage d’Holden, notre fugueur narrateur, avec ses « bicause » et des « ça me tue » m’a déplu. Pire, le personnage d’Holden en lui-même m’a agacé : sa désinvolture et sa façon de penser qu’il est au-dessus des autres. Bref, il m’est apparu comme un petit prétentieux et je n’ai pas accroché à l’histoire. Et sans enthousiasme, j’ai peiné pour terminer cette lecture…
Lecture commune avec la Miss Cynthia, dont j'ai hâte de savoir si Holden lui a plu ou non. D'autres avis également chez l'incontournable BOB.
****AJOUT DU SOIR.... Cynthia et moi-même n'avons aucun rapport ( de près ou de loin) avec le décès de cet auteur aujourd'hui.
mercredi 27 janvier 2010
Agnès Fonbonne "Strip-tease"
Strip-tease ? Une nouvelle où des jeunes filles s’effeuillent, dévoilent leurs charmes à des regards fiévreux d’appétence ? Non, vous n’y êtes pas. Strip-tease comme pour dévoiler son histoire, sans tabous et manières.
Une femme qui raconte avec ses mots et en toute simplicité, son amour singulier et un peu fou pour un homme. Une nouvelle à chute qui interpelle forcément le lecteur.
Annie Ernaux "La femme gelée"
Il a des livres autobiographiques qui vous bouleversent, des livres qui une fois commencés, s’invitent dans vos nuits, s’y glissent parce que les mots sont sincères et que le sujet vous touche.
Naître fille, des parents qu’on considère comme modèles parce qu’on est enfant et puis, on grandit. On se rend compte que chez les autres ce n’est pas pareil : des mères qui sont de vraies fées du logis, des pères qui partent travailler le matin, qui rentrent le soir, qui s’assoient dans le fauteuil pour lire « Le monde ». Votre mère vous a répété que les études vous donneront un statut, une liberté. Celle de ne pas se retrouver à passer vos journées à préparer des repas pour votre famille, à astiquer votre intérieur et à élever votre progéniture. A l’adolescence, vous aussi comme vos copines, vous êtes tentée par l’aventure des garçons mais non, les études avant tout.
Et puis, lors de la dernière ligne droite avant votre diplôme, vous le rencontrez l’amour. Mariage, pause dans les études pour que votre mari puisse terminer les siennes, le premier enfant qui naît. Comment poursuivre ses études en jonglant avec les biberons, le mari qui aime que le repas soit prêt quand il rentre parce que « lui il travaille ».
Tout s’enchaîne, vous avez suivi l’autoroute toute tracée : études-mari-enfants-travail mais vous n’êtes pas heureuse. Et vous comprenez pourquoi, des femmes, une fois que le petit fait sa sieste, se laissent tenter par quelques comprimés à avaler pour se détendre, ou un verre d’alcool parce qu’elles le méritent ou l’envie de prendre le train pour l’autre bout de la France et tout plaquer.
Un livre émouvant, beau, sur la condition féminine et toujours d’actualité... que j’ai terminé la gorge serrée d’émotions...
mardi 26 janvier 2010
Triste et honteuse polémique...
On assiste à une bien triste polémique. Déconcertante et honteuse.
Monsieur Claude Lanzmann, réalisateur du film Shoah, accuse Yannick Haenel d’avoir « falsifié l’Histoire » dans son livre « Jan Karsky ». Alors, là, je voudrais que Monsieur Lanzmann m’explique !
Je ne vois pourquoi et surtout de quel droit, Monsieur Lanzmann fait main mise et s’approprie, pour ainsi dire, la vie de Jan Karsky ?
Pauvre Jan Karsky qui après avoir vu autant d’atrocités pendant la guerre doit encore assister, de là où il se trouve, à un spectacle des plus navrants…
Monsieur Claude Lanzmann, réalisateur du film Shoah, accuse Yannick Haenel d’avoir « falsifié l’Histoire » dans son livre « Jan Karsky ». Alors, là, je voudrais que Monsieur Lanzmann m’explique !
Je ne vois pourquoi et surtout de quel droit, Monsieur Lanzmann fait main mise et s’approprie, pour ainsi dire, la vie de Jan Karsky ?
Pauvre Jan Karsky qui après avoir vu autant d’atrocités pendant la guerre doit encore assister, de là où il se trouve, à un spectacle des plus navrants…
Hervé Hamon "La diagonale du traître"
Douze nouvelles, douze tranches de vie d’instantanés de personnes confrontées à un moment donné à la traîtrise. Mais celui qui fait figure de lâche, de fourbe n’est pas forcément celui que l’on pense, et la trahison, fielleuse, prend la tangente, la diagonale.
Hervé Hamon aborde différents tons : on rigole à la lecture de « nouvelle star », on s’émeut à celle de « Agnès C. » et puis, il y a les autres. Celles qui font sourire, réfléchir et qui sont des trésors par la diversité des personnages, des situations. Le lecteur se voit confident du traître ou de la personne bafouée.
Herve Hamon se glisse avec facilité, comme une deuxième nature, dans la peau de ses personnages.
Maestro des mots et de l'écriture, il décortique l'âme et les rapports humains et c'est un vrai régal !
Il nous offre un recueil de nouvelles magistrales !
Ce livre sera en vente le 4 février dans les bonnes crèmeries.
J'ai eu la chance de le lire et de le déguster avant sa publication officielle.
Il arrive (encore) que des nouvelles maisons d’éditions voient le jour, sans petits fours et champagne, sans flonflons et cotillons, ou sans matraquage publicitaire dans les hebdomadaires nationaux.
C’est le cas de editions-dialogues.fr que je remercie pour ce livre !
dimanche 24 janvier 2010
Jean Teulé "Mangez-le si vous voulez"
En plein mois d’août 1870, Alain de Monéys, rempli de bonnes attentions, se rend à la foire de Hautefaye un village voisin. Nous sommes dans la région du Périgord mais ce drame aurait pu se passer dans n’importe quelle province de France. La France est en guerre contre la Prusse et elle a déjà essuyé plusieurs défaites. C’est un été de grande sécheresse et l’eau manque pour tous.
Une parole mal comprise sera l’étincelle qui va allumer une vraie poudrière humaine. En moins de deux heures, des villageois gagnés par la folie vont lyncher, torturer, brûler à vif ce jeune homme. Certains iront même à le manger.
Fait véridique et honteux de l’histoire de France, la question est pourquoi, comment des hommes en sont arrivés à commettre cet acte barbare ?
JeanTeulé nous décrit l’abominable, en poussant dans les détails sordides d’une violence infâme. Le lecteur assiste à une escalade de brutalités où Alain de Monéys est une victime innocente. La bêtise humaine, la folie, l’effet de groupe
L’auteur introduit certaines notes « les coups de sabot claquent dans les planches. Il pleut, il pleut Bergère, … », « encore vivant, de Monéys respire fortement avec le bruit d’un soufflet (c’est bien le moment !) » qui m’ont laissée perplexe.
Une lecture, pas déplaisante, mais qui n’est pas un coup de cœur… Du même auteur, j’ai lu « le magasin des suicides » où il manie humour noir, et cynisme d’une main de maître (inutile de vous dire que je me suis régalée !).
« Mangez-le si vous voulez » est un livre voyageur de Leiloona
vendredi 22 janvier 2010
Romain Gary "la vie devant soi"
Difficile de parler d’un livre qui a été décortiqué, analysé et étudié par bien nombre de littéraires.
Alors, je n’en ferais un énième résumé, je vous dirais juste que « La vie devant soi » est une formidable leçon de tolérance, belle et attachante. Un livre où l’on parle d’amour, de solidarité et du droit à mourir dignement. Et même si les expressions de Momo sont malhabiles et qu’elles font sourire, elles n’en sont pas pour autant très touchantes et criantes de vérité.
Le plaisir du papier à lettres
J’ai eu envie de délaisser l’ordinateur, le bruit si impersonnel des touches. On voyage lorsqu’on écrit manuellement, aucune comparaison possible avec le mail.
J’ai pris mon papier à lettres épais pour que le plume du stylo encre glisse dessus, ne s’accroche pas, sous risque de commettre un raté fatal. On réfléchit à sa phrase, à comment on va la formuler. L’erreur est bannie, la possibilité de cliquer sur la souris pour effacer et recommencer n’existe pas dans ce domaine où le stylo est roi. On s’applique pour obtenir une écriture régulière et former des jolies lettres.
Entre deux phrases, on contemple son ouvrage. L’œil sévère, on vérifie sa ponctuation et on se relit à voix haute. On prend le temps de rêvasser, de laisser son esprit vagabonder où bon lui semble. On prend l’audace, la liberté de parler de ce qui nous entoure : la pluie fine qui coule sur la fenêtre, la brume qui a bien du mal à se dissiper. Autant de choses simples du quotidien qui gagnent en beauté sur le papier à lettres.
Arrive le moment d’apposer des mots qui se déclinent sous toutes les formes de l’amour ou de l’amitié. L’enveloppe est fermée mais le plaisir d’avoir passé un joli moment perdure.
J’ai pris mon papier à lettres épais pour que le plume du stylo encre glisse dessus, ne s’accroche pas, sous risque de commettre un raté fatal. On réfléchit à sa phrase, à comment on va la formuler. L’erreur est bannie, la possibilité de cliquer sur la souris pour effacer et recommencer n’existe pas dans ce domaine où le stylo est roi. On s’applique pour obtenir une écriture régulière et former des jolies lettres.
Entre deux phrases, on contemple son ouvrage. L’œil sévère, on vérifie sa ponctuation et on se relit à voix haute. On prend le temps de rêvasser, de laisser son esprit vagabonder où bon lui semble. On prend l’audace, la liberté de parler de ce qui nous entoure : la pluie fine qui coule sur la fenêtre, la brume qui a bien du mal à se dissiper. Autant de choses simples du quotidien qui gagnent en beauté sur le papier à lettres.
Arrive le moment d’apposer des mots qui se déclinent sous toutes les formes de l’amour ou de l’amitié. L’enveloppe est fermée mais le plaisir d’avoir passé un joli moment perdure.
mardi 19 janvier 2010
Mots pour maux - recueil de nouvelles
Un livre de dix-huit nouvelles écrites par des auteurs différents autour d’un seul et unique thème, les maux que notre pauvre corps nous inflige.
En avoir plein de dos, se faire du mauvais sang ou être sur les rotules… des expressions que nous utilisons couramment et qui sont reprises dans ces nouvelles. Certaines m’ont fait rire, d’autres m’ont pincé le cœur…
Georges-Olivier Châteaureynaud, Marie-Ange Guillaume, Françoise Vallejo, Mathieu Terence, Delphine de Vigan,Martin Winckler, Diane Meur, Boualem Sansal, Dominique Sylvain, Grégoire Polet, Michèle Fitoussi, Martin Page, Léonora Miano, Franz Bartelt, Anne Bragance, Vincent Delecroix, Sylvie Germain et Philippe Claudel … Autant d’auteurs dans un seul et même livre qui s’amusent avec les mots …que du bonheur pour le lecteur !
samedi 16 janvier 2010
Aurora Venturini "Les cousines"
Avec les cousines, on voyage à Buenos Aires dans les années 1940. Yuna, 12 ans, dyslexique et apparemment souffrant d’un léger retard mental, est élevée par une très dure et très stricte. Elle a une sœur Betina sœur lourdement handicapée. Yuna est douée en peinture et est vite remarquée par un professeur qui va la prendre sous son aile. Elle va obtenir son diplôme des Beaux-arts et devenir un peintre célèbre. Comme pour mieux maîtriser les mots, au fil des années, elle tient un journal où elle décrit ce qui se passe dans sa famille. Une famille où l’handicap touche également ses cousines Petra et Carina. Petra va apprendre à Yuna la vie qui gagnera une indépendance mais ne s’affranchira pas de son handicap.
Passées les premières pages, les phrases sont longues, voire interminables ce qui rend la lecture plus qu'ardue. Quand Yuna se mélangent dans ses pensées, elle les ponctue textuellement : « Mais j’ai mis une virgule et un point et ma tête fait boumboumboum je sors prendre l’air je sors tout de suite avant l’arrivée de Petra dont les traits ont changé (…) », « Je suis si fatiguée par la ponctuation les virgules indispensables pour respirer sinon on étoufferait et je ne veux pas disparaitre (..).
Certes, on y parle de la création de tableaux mais surtout de la connaissance de Yuna en matière de sexe. Et là, c’est cru, sale et on flirte avec le sordide (je vous passe les détails). Comme la narratrice grandit, je pensais qu’elle s’affranchirait de ses questions sur le sujet, mais non.
Désabusée par tout cet étalage sordide, je me suis enlisée à la moitié du livre et j’ai eu bien du mal à le terminer…
Je remercie Bob et Robert (Laffont) de me l’avoir expédié.
Je ne le dirais jamais assez, mais pour moi, parler d’un livre que je n’ai pas aimé est difficile. Parce qu’un livre ce sont avant tout des heures d’écritures, des mois où l’auteur ne vit pour ainsi dire que pour son projet. Il écrit, rature, modifie, peaufine et y mets beaucoup d’espoir. Un livre c’est un peu comme une bouteille à la mer. Mais là je n'ai pas réussi à déchiffrer la carte de l'île au trésor...
D'autres avis à venir chez Bob, Cynthia a aimé et Canel a été aussi emballé que moi...
Voyage, voyage...
Une bonne nouvelle, j’ai plusieurs exemplaires de « Code-barre » de Mouloud Akkouche. Aussi, je propose aux amateurs de nouvelles, de leur expédier deux exemplaires. Une pour leur propre bibliothèque (ou pour leur PAL vertigineuse prête à s’effondrer à tout moment) le second à faire voyager. Ou, vous m’avez bien lu !
Alors dépêchez-vous car il n’y en aura pas pour tout le monde !
vendredi 15 janvier 2010
Pascale Gautier - Les vieilles
Caustique et irrésistible !
Voilà les deux mots qui définissent ce livre.
Si on vous donnait la possibilité de vivre dans un endroit où le ciel est bleu et où il fait beau 365 jours par an ? Vous vous dites : LE rêve. Sauf que cet endroit ressemble, non pas au pays de Oui-Oui , mais à un espace protégé pour vieilles qui s’appelle le Trou ! Et, quand je dis des vieilles je ne parle pas de jeunettes de moins de soixante dix ans, mais de femmes de plus de quatre-vingt ans.
Seul parmi cette faune féminine, tel un coq dans la basse cour, il y a Pierre Martin auréolé de gloire dans son short bleu.
Elles ont toutes leurs petites habitudes et leurs manies. Il y a entre autre, Mme Rousse chez qui la télé est à fond en permanence et qui se conserve grâce au porto (l’alcool est reconnu pour cette vertu), Mme Chiffe fortement dépendante à Dieu et aux poèmes, Mme Daspet qui ne pense qu’à s’envoyer en l’air. Elles tuent leurs journées à papoter, commérer «telles des mouches dans l’étable qui bourdonnent autour des pots remplis de lait» ou à guetter un voleur imaginaire ou à se rappeler du bon vieux temps.
On y apprend que le Souappe d'Aoussa-Bine Double-Glissé est une danse qui fait fureur, «que notre Président s’occupe de tous les Français, qu’il est allé serrer la main d’un pêcheur pourtant il ne les aime pas, les pêcheurs, mais il a pris sur lui, notre président».
Vous dévoilez d’autres portraits de ces chères Dames serait vous enlever tout le piquant, l’ironie et le charme de ce livre ! Donc, je ne le ferais pas. A travers leurs pensées et leurs réflexions, Pascale Gautier dépeint à coups de canifs incisifs ou tendres, notre monde et les comportements humains.
Depuis que je l’ai lu, dès que je croise mes voisines permanentées et qu’on discute de tout et de rien, je souris…
Un livre à lire absolument !
Milena Agus "Mal de pierres"
Un livre écrit comme on parle de l’histoire de propres grands-parents, simplement, avec amour mais en osant dire toute la vérité. La narratrice nous décrit la vie de sa grand-mère à travers ses propres souvenirs édulcorés d’enfant et de ce qu’on a pu lui raconter du temps où cette dernière était une enfant puis une jeune femme. Une femme à l’esprit en peu en désordre, vivant dans son propre monde. Une jeunesse passée à attendre le grand amour qui ne viendra jamais. Un mariage arrangé et des fausses couches à répétition comme si son ventre refusait de donner la vie. Et, enfin la rencontre d’un homme, une rencontre inespérée qui va bouleverser sa vie. Je me suis prise d’affection pour cette femme différente et le fin mot de l’histoire n’est pas celui que l’on croit.
Milena Agus a un style frais, poétique où la fable, le réel ne font qu’un. Avec passion, elle décrit sa Sardaigne riche en couleurs et odeurs, ses habitants et leurs traditions familiales.
Dans « comme un funambule », Milena Agus nous explique pourquoi elle écrit, sa conception d’être un écrivain et ce qu’elle trouve dans les mots. Et là, l’émotion m’a submergé ! Parce que c’est la plus belle et la plus humble explication qu’il m’ait été donné de lire (et aussi parce que je me suis retrouvée dans ce texte...).
Vous pouvez aller lire également les avis de Cynthia, Lili, et de George
jeudi 14 janvier 2010
Pub... Pub...Pub...Pub...Pub...Editions Atelier In8
C’est rare, très rare que je fasse de la pub. Les seules bannières présentes sur mon blog sont celles de Dialogues, et Blog-O-Book . Sans oublier le blog de Miss Gally : certifié et reconnu par le Ministère de La Santé Publique comme une source officielle anti-grisaille. Un excellent remède contre l’ascension vertigineuse de la consommation des antidépresseurs.
Pourquoi Dialogues ? Parce que c’est bien plus qu’une librairie indépendante. C’est un lieu où l’on peut discuter, échanger des points de vue avec les libraires. On y va pour chercher des émotions, des personnages, un pays, un thème et l’on en ressort avec le livre qui comblera toutes nos envies.
Blog-O-Book propose des partenariats : on reçoit un livre, on le lit et on donne son avis sur son blog. Le plus, on a le droit de ne pas avoir aimé le livre ! (c’est ce qui m’est arrivé pour les deux livres reçus).
Pour une fois, je vais vous parler non pas d’un livre mais d’une maison d’édition. Parce que dans la jungle des maisons d’éditions, il n’y a pas que les grandes et puissantes, celles dont on entend régulièrement parler.
Il en existe d’autres, plus modestes mais qui publient des livres qui méritent d’être lus et connus comme les éditions Atelier In8.
Je vous invite à aller sur leur site découvrir leurs publications alléchantes qui donnent envie de lire, encore et toujours.
Pourquoi Dialogues ? Parce que c’est bien plus qu’une librairie indépendante. C’est un lieu où l’on peut discuter, échanger des points de vue avec les libraires. On y va pour chercher des émotions, des personnages, un pays, un thème et l’on en ressort avec le livre qui comblera toutes nos envies.
Blog-O-Book propose des partenariats : on reçoit un livre, on le lit et on donne son avis sur son blog. Le plus, on a le droit de ne pas avoir aimé le livre ! (c’est ce qui m’est arrivé pour les deux livres reçus).
Pour une fois, je vais vous parler non pas d’un livre mais d’une maison d’édition. Parce que dans la jungle des maisons d’éditions, il n’y a pas que les grandes et puissantes, celles dont on entend régulièrement parler.
Il en existe d’autres, plus modestes mais qui publient des livres qui méritent d’être lus et connus comme les éditions Atelier In8.
Je vous invite à aller sur leur site découvrir leurs publications alléchantes qui donnent envie de lire, encore et toujours.
Mouloud Akkouche - Code-barre
Code-Barre comme une étiquette qui nous colle à la peau et nous catégorise selon des critères que personne ne veut avouer « Comment ça, la discrimination existe ? Mais non, tout le monde a sa chance ». Sauf que quand l’on on vient d’une cité et qu’on n’a pas fait d’études, le facteur chance est plus que réduit.
Dès les premières lignes, on se laisse guider par le style et la plume Mouloud Akkouche. Son écriture est empreinte de révolte mais aussi d’espoir. Des mots au goût amer d’une réalité peu reluisante, des phrases qui provoquent du dégoût et soulèvent bien des questions.
Un livre beau, émouvant avec en filigrane une histoire d’amour … à lire absolument et à faire connaître !
mercredi 13 janvier 2010
Les nouvelles relations sociales
C’est dans l’air du temps … de connaître des centaines de personnes dans le monde via Facebook. Ca s’appelle les nouvelles relations sociales.
Beaucoup de gens y trouvent des avantages mais sans les inconvénients.
Prenons l’exemple de Mme S..
Avant, Mme S. recevait une fois par semaine ses amies pour prendre un thé. Elle devait supporter les jérémiades continues de Mme P. et écouter les laïus interminables de Mme C..
Elle devait faire le ménage, soigner son intérieur et acheter deux boîtes de gâteaux car Mme F. s’empiffrait à chaque fois (à croire qu’elle sautait exprès le déjeuner pour pouvoir engloutir viennoiseries et choux à la crème). Et ça papotait, et ça jacassait. L’heure tournait et Mme S. était coincée avec ses amies. Impossible de les congédier sans risquer un accident diplomatique ! Une fois ces dames parties, Mme S. se retrouvait à nettoyer, à passer l’aspirateur pour enlever toutes les miettes que Mme. F avait parsemées sur le tapis.
Maintenant, grâce à Facebook, elle envoie des invitations « prendre le thé », « faire des bisous » (sans risquer d’attraper les microbes des autres). Même si son salon n’est pas rangé, ce n’est pas grave : personne ne le voit ! Elle fait des économies car elle va moins souvent à la pâtisserie mais surtout elle a des dizaines d’amies. Oui ! Car les amies de ses amies sont devenue ses amies, et depuis peu, elle a même des amies dans le monde entier. Rien que ça, figurez-vous !
Elle envoie des smiley aux Etats-Unis, en Australie et même en Afrique. Que des gens forts sympathiques, des gens biens ! Son réseau social se développe et elle a maintenant des centaines d’amies !
Les voisins de Mme S ont déménagé et aujourd’hui leurs remplaçants doivent arriver. Avant, Mme S. aurait été se présenter, proposer de rendre service (on ne sait jamais). Mais maintenant, il n’y pas plus d’intérêt vu que tout le monde est sur le Net.
On sonne à la porte, Mme S. regarde la pendule. Elle n’attend personne et se dit que ça doit encore être un des ses représentants qui veulent vous vendre des gadgets dont vous n’avez aucun utilité ou des surgelées pour 6 mois pour une famille de dix (sous prétexte, qu’il vaut mieux avoir de quoi manger, on ne sait jamais !). Mme S ouvre la porte et devant elle se tient une femme de type Africain avec deux petits enfants.
-Bonjour, je suis votre nouvelle voisine Mme K. !
Mme S. est bouché bée, elle ne sait pas quoi dire. Ce n’est pas qu’elle soit raciste mais elle préfère les étrangers quand ils sont chez eux. Elle les dévisage d’un air méfiant alors que la femme lui sourit de ses dents toutes blanches.
Mme K. tend la main. Ah serrer la main à des inconnus, certainement pas. Mme S. se cramponne à sa porte d’entrée et d’un ton affable, dit :
-Oh, vous m’excuserez mais je suis occupée. En fait, je suis tout le temps très occupée, … je dois y aller, on m’attend.
Ni une, ni deux, elle ferme sa porte et tourne la clef à double tour (on ne sait jamais). Elle soupire heureuse de s’être débarrassée de sa nouvelle voisine.
Elle retourne à son ordinateur, vérifie qui est connecté sur Facebook .
« Chacun chez soi, et tout le monde est tranquille » c’est avec cette pensée bienveillante envers son prochain que Mme S. envoie des smiley affectueux au Sénégal…
Beaucoup de gens y trouvent des avantages mais sans les inconvénients.
Prenons l’exemple de Mme S..
Avant, Mme S. recevait une fois par semaine ses amies pour prendre un thé. Elle devait supporter les jérémiades continues de Mme P. et écouter les laïus interminables de Mme C..
Elle devait faire le ménage, soigner son intérieur et acheter deux boîtes de gâteaux car Mme F. s’empiffrait à chaque fois (à croire qu’elle sautait exprès le déjeuner pour pouvoir engloutir viennoiseries et choux à la crème). Et ça papotait, et ça jacassait. L’heure tournait et Mme S. était coincée avec ses amies. Impossible de les congédier sans risquer un accident diplomatique ! Une fois ces dames parties, Mme S. se retrouvait à nettoyer, à passer l’aspirateur pour enlever toutes les miettes que Mme. F avait parsemées sur le tapis.
Maintenant, grâce à Facebook, elle envoie des invitations « prendre le thé », « faire des bisous » (sans risquer d’attraper les microbes des autres). Même si son salon n’est pas rangé, ce n’est pas grave : personne ne le voit ! Elle fait des économies car elle va moins souvent à la pâtisserie mais surtout elle a des dizaines d’amies. Oui ! Car les amies de ses amies sont devenue ses amies, et depuis peu, elle a même des amies dans le monde entier. Rien que ça, figurez-vous !
Elle envoie des smiley aux Etats-Unis, en Australie et même en Afrique. Que des gens forts sympathiques, des gens biens ! Son réseau social se développe et elle a maintenant des centaines d’amies !
Les voisins de Mme S ont déménagé et aujourd’hui leurs remplaçants doivent arriver. Avant, Mme S. aurait été se présenter, proposer de rendre service (on ne sait jamais). Mais maintenant, il n’y pas plus d’intérêt vu que tout le monde est sur le Net.
On sonne à la porte, Mme S. regarde la pendule. Elle n’attend personne et se dit que ça doit encore être un des ses représentants qui veulent vous vendre des gadgets dont vous n’avez aucun utilité ou des surgelées pour 6 mois pour une famille de dix (sous prétexte, qu’il vaut mieux avoir de quoi manger, on ne sait jamais !). Mme S ouvre la porte et devant elle se tient une femme de type Africain avec deux petits enfants.
-Bonjour, je suis votre nouvelle voisine Mme K. !
Mme S. est bouché bée, elle ne sait pas quoi dire. Ce n’est pas qu’elle soit raciste mais elle préfère les étrangers quand ils sont chez eux. Elle les dévisage d’un air méfiant alors que la femme lui sourit de ses dents toutes blanches.
Mme K. tend la main. Ah serrer la main à des inconnus, certainement pas. Mme S. se cramponne à sa porte d’entrée et d’un ton affable, dit :
-Oh, vous m’excuserez mais je suis occupée. En fait, je suis tout le temps très occupée, … je dois y aller, on m’attend.
Ni une, ni deux, elle ferme sa porte et tourne la clef à double tour (on ne sait jamais). Elle soupire heureuse de s’être débarrassée de sa nouvelle voisine.
Elle retourne à son ordinateur, vérifie qui est connecté sur Facebook .
« Chacun chez soi, et tout le monde est tranquille » c’est avec cette pensée bienveillante envers son prochain que Mme S. envoie des smiley affectueux au Sénégal…
mardi 12 janvier 2010
Marie Sizun "le père de la petite"
Il s’agit du deuxième livre de Marie Sizun que j’ai lu (même si c’est le premier qu’elle a écrit) et j’ai retrouvé la même constance, le même style que dans « la femme de l’Allemand ». Très vite, on est pris comme capturé dans cette ambiance qu’elle installe grâce au récit. Des phrases courtes, quelquefois juste un mot seul, net, tranchant. On a du mal à avaler sa salive, un nœud se forme dans le ventre. On devine, on présage que quelque chose se trame.
Avec « Le père de la petite », on découvre une enfant élevée par sa mère. Son père est à la guerre, Elle ne le connait pas. Seul signe de son existence : une photo de lui posée sur le buffet. Elle voue à sa mère un amour exclusif, possessif. Quand son père revient, elle ne comprend pas. C’est un étranger, un homme qui porte les séquelles de la guerre « Chut, il ne faut pas faire de bruit car ton papa a mal à la tête ». Ce père qui peut se mettre en colère ou être tout doucereux, lui vole l’amour de sa mère.
Jalouse, égoïste, puis admirative, la petite sait qu’elle a en main une carte qui peut tout changer…
Tout simplement remarquable !
dimanche 10 janvier 2010
Lydie Violet, Marie Desplechin "La vie sauve"
Ce livre est avant tout une belle leçon d’optimisme et de courage. Une femme qui dit « ok, j’ai un cancer mais j’ai le droit et l’envie de vivre ». Sans aucun tabou et sans jamais tomber dans la sensiblerie (on remballe les violons, les mouchoirs, et sa pitié), Lydie Violet nous fait part de ses coups de gueule, de ses besoins de femme et de sa vie de mère.
Marie Desplechin se glisse aussi dans ce je toujours dynamique, ironique quand il s’agit de dénoncer les lenteurs et les failles de la bureaucratie (le fameux papier qui manque toujours), le peu d’humanisme de certains médecins (vous allez mourir, merci, au revoir), les aspects financiers (quand on ne peut plus travailler, on vit de quoi ?).
Un combat contre la mort mené sur un ton direct et franc où les faux-semblants, le paraître et les bonnes conventions relationnelles n’ont plus leur place.
samedi 9 janvier 2010
Isabelle Motrot "Résidence secondaire"
Vous prenez quelques échantillons de l’espèce Humaine : des couples de bobos, des écolos, des prolétaires, des aristos, des profiteurs, des agriculteurs au label soi -disant bio et vous les mettez dans le même panier. Ici, en l’occurrence, la Normandie connue pour sa prolifération exceptionnelle de résidences secondaires.
Quand tout ce petit monde se croise et se rencontre au marché ou à la brocante locale comme tout bon Parisien en week-end, cela donne des dialogues ironiques et des réparties cinglantes !
Entre Catherine, la femme bobo qui veut faire de son charmant manoir le nec plus ultra pour en mettre plein la vue et le couple Bigos, les relations de voisinage s’annoncent sous de bons augures. Surtout quand on sait que les Bigos sont André dit Dédé, joggeur du dimanche et amateur pastis et Nathalie, son épouse, collectionneuse hors-pair et fan inconditionnelle de Tupperware.
Une étude de mœurs des classes sociales ciselée avec humour où l’on retrouve les travers et les défauts de chacun. Un seul mot : jubilatoire !
vendredi 8 janvier 2010
La promesse
Pourquoi je suis revenue ? Je n’aurais peut-être pas dû. Personne ne se souvient de nous. On n’a fait que passer, deux ombres, deux étrangers qui se sont échoués là quelques heures. Juste pour figer ces instants à jamais dans nos mémoires.
Je me rappelle de la première fois où nous étions venus dans cette région où la terre semble se perdre pour se noyer dans la mer. Loin du reste, de cette agitation qui encombre les stations balnéaires. Un bout de terre flanqué d’une grève et d’une jetée, le reste c’est la mer et les boulots qu’elle donne aux gens du coin. On avait atterri un peu par hasard avec nos sacs à dos et nos économies d’étudiants. Quelques jours pour changer d’air en basse saison, sans touristes et sans les plages bondées. L‘hôtel avait sa clientèle d’habitués : des gens qui travaillent sur les chantiers de réparation des bateaux. Le matin, on prenait notre café au comptoir. La radio crachait ses bulletins d’informations dans un silence quasi religieux où seul le percolateur chuchotait. Un hôtel un peu dépassé vestige d’un temps heureux avec ses banquettes en skaï orange et son mobilier en formica. Sur la terrasse, le vent chahutait les parasols à l’effigie de marques de bières. De toute façon, on préférait cette ambiance à celle d’un hôtel guindé. Tous les deux, nous étions issus de classes moyennes. L’argent clinquant n’avait jamais été dans nos habitudes. Tu étais l’amour de ma vie et pour toi j’aurais tout plaqué s’il l’avait fallu. On avait la vie devant nous, des rêves et des espoirs que nous construisions à longueur de nuit. Une fois notre café avalé, nous prenions la voiture, le temps de parcourir quelques kilomètres et nous nous arrêtions là où bon nous semblait. Comme deux adolescents, on se déshabillait rapidement de peur d’être surpris et nous faisions l’amour. Ta bouche qui parcourait mon corps, l’odeur du sel sur tes lèvres … je m’en souviens comme si c’était hier.
Un jour, on était allé jusqu’au port de commerce pour voir ce monde à part. C’était désert, il n’y avait que les gars qui déchargeaient des containers sur les quais. On avait marché le long des entrepôts sans se parler comme pour ne pas briser ces silences qui en disent longs. On était arrivé à la jetée et devant l’immensité de la mer, tu m’avais dit que ça devait être ça la liberté. Puis, la marée avait repris ses droits découvrant le sable mouillé et des rochers épars luisants sous le soleil frêle. Tu embrassais l’horizon dentelé d’un regard avide de voyages. Une averse avait lavé le ciel et les nuages s’étaient effilochés. Des enfants accompagnés de leur maitresse étaient arrivés en file indienne : râteau et seau de plage à la main. Ils se tenaient la main deux par deux, certains sautaient à pieds joints dans les flaques, d’autres plus timides se cramponnaient autour de la maîtresse. L’un deux pleurnichait car sa botte, trop grande, était restée enfoncée dans le sable humide. Une petite fille affichait un air sérieux et s’appliquait à attraper des crevettes avec son épuisette. Des moments instantanés de bonheur simple. Nous fermions les yeux pour mette tous nos sens en émoi : humer le goût des embruns, s’en imprégner et se saouler du vent.
Trois années se sont écoulées depuis cette première fois. Trois années dont une et demi à te battre contre un cancer. Chaque minute, chaque seconde passée à lutter contre ce mal qui te rongeait. C’était devenu notre guerre à tous les deux. Les derniers mois, tu me disais que c’était foutu pour toi. Je ne voulais pas te croire, ni les médecins ni leurs diagnostics. Tu allais t’en sortir, tu n’avais que vingt-huit ans. C’est pas un âge pour mourir.
Et puis, il y a cette nuit là. Tu étais devenu l’ombre de toi-même, tes grands yeux se perdaient sur ton visage blême. Tu as murmuré que tu voulais voir une dernière fois la mer. Les larmes sont montées dans ma gorge. Un râle s’échappait de tes lèvres sèches. Tu me regardais, tes yeux délavés par toute la souffrance et la douleur que tu avais endurées. Je t’ai dit que non, que tu n’allais pas m’abandonner. Un spasme a secoué ton corps. Alors, j’ai accepté. Je t’ai soulevé, tu étais si léger, j’arrivais à te porter toute seule. Je t’ai allongé dans la voiture avec des couvertures. J’ai conduit comme un automate retenant mes pleurs au fond de ma gorge. J’avais tellement peur qu’ils s’échappent que je me mordais les sèvres jusqu’au sang.
Quand on est arrivé à la jetée, je t’ai réveillé et je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. C’était la basse mer, de la voiture, on ne voyait que des bateaux couchés sur le flanc. La mer, on arrivait à peine à la deviner au loin. J’ai ravalé mes larmes et je t’ai promis que la prochaine fois qu’on viendrait la mer serait là. J’ai posé ma tête près de la tienne, j’ai fermé les yeux en priant pour qu’elle soit là devant nous avec ses reflets argentés. Quand j’ai ouvert les yeux, rien n’avait changé. J’ai compris que la partie était finie et qu’on avait perdu.
Il n’y a pas eu de prochaine fois. Tu es mort deux jours plus tard me laissant seule avec cette douleur qui me rongeait de l’intérieur. La maladie elle t’avait grignoté silencieusement puis avec force, à grands coups de mâchoires.
Ce matin, je suis arrivée à l’heure où les gens sont encore confinés chez eux ou alors partis au travail. Le vent insidieux s’infiltrait dans le moindre espace vide et le ciel n’était qu’une chape grise. Tout ce gris, je l’ai porté en moi comme un enfant. Il me remplissait et me tenait compagnie depuis ta mort. Sans toi, j’étais devenue une équilibriste maladroite sur le fil de la vie.
J’ai juste enfilé un blouson par-dessus mon vieux pull et relevé mon col. Mes cheveux dansaient devant mes yeux, emportés par le bruit singulier du vent comme une rumeur qui siffle aux oreilles. J’ai marché le long des quais, les mains fourrées dans mes poches. Si tu avais été là, j’aurais joint mes doigts aux tiens comme dans un écheveau de laine. Quelques goélands faisaient des allers retours entre le bitume et un bateau. Quand ils s’y posaient, ils observaient le moindre changement de leurs yeux vivaces.
J’ai croisé deux ou trois hommes qui doivent bosser sur les bateaux. L’un d’eux avait sorti une cigarette et protégeait, tant bien que mal, la flamme de son briquet de ses mains tavelées par le sel. Ils m’ont fait un salut de la tête. Ce signe que l’on fait même si on ne connait pas mais qui dégage une forme de respect. Arrivée au bout de la jetée, j’ai failli repartir, mes jambes se sont dérobées et puis j’ai pensé à toi très fort, à ma promesse. Des remous blanchâtres et écumeux se brisaient puis se reformaient au gré du courant. L’accomplir c’était aussi ma façon de pouvoir regarder devant moi à nouveau, essayer de me reconstruire petit bout par petit bout, recoller les fragments éparpillés. J’ai soulevé le couvercle de la boîte. Ma main caressait ces infimes particules de toi. J’ai respiré fort jusqu’ à en avoir mal. Le vent a commencé son travail en dispersant tes cendres qui volaient au-dessus de la mer. Un rayon de soleil est apparu comme pour t’accueillir. Tu avais vu la mer, tu pouvais t’en aller.
Pour P.
Je me rappelle de la première fois où nous étions venus dans cette région où la terre semble se perdre pour se noyer dans la mer. Loin du reste, de cette agitation qui encombre les stations balnéaires. Un bout de terre flanqué d’une grève et d’une jetée, le reste c’est la mer et les boulots qu’elle donne aux gens du coin. On avait atterri un peu par hasard avec nos sacs à dos et nos économies d’étudiants. Quelques jours pour changer d’air en basse saison, sans touristes et sans les plages bondées. L‘hôtel avait sa clientèle d’habitués : des gens qui travaillent sur les chantiers de réparation des bateaux. Le matin, on prenait notre café au comptoir. La radio crachait ses bulletins d’informations dans un silence quasi religieux où seul le percolateur chuchotait. Un hôtel un peu dépassé vestige d’un temps heureux avec ses banquettes en skaï orange et son mobilier en formica. Sur la terrasse, le vent chahutait les parasols à l’effigie de marques de bières. De toute façon, on préférait cette ambiance à celle d’un hôtel guindé. Tous les deux, nous étions issus de classes moyennes. L’argent clinquant n’avait jamais été dans nos habitudes. Tu étais l’amour de ma vie et pour toi j’aurais tout plaqué s’il l’avait fallu. On avait la vie devant nous, des rêves et des espoirs que nous construisions à longueur de nuit. Une fois notre café avalé, nous prenions la voiture, le temps de parcourir quelques kilomètres et nous nous arrêtions là où bon nous semblait. Comme deux adolescents, on se déshabillait rapidement de peur d’être surpris et nous faisions l’amour. Ta bouche qui parcourait mon corps, l’odeur du sel sur tes lèvres … je m’en souviens comme si c’était hier.
Un jour, on était allé jusqu’au port de commerce pour voir ce monde à part. C’était désert, il n’y avait que les gars qui déchargeaient des containers sur les quais. On avait marché le long des entrepôts sans se parler comme pour ne pas briser ces silences qui en disent longs. On était arrivé à la jetée et devant l’immensité de la mer, tu m’avais dit que ça devait être ça la liberté. Puis, la marée avait repris ses droits découvrant le sable mouillé et des rochers épars luisants sous le soleil frêle. Tu embrassais l’horizon dentelé d’un regard avide de voyages. Une averse avait lavé le ciel et les nuages s’étaient effilochés. Des enfants accompagnés de leur maitresse étaient arrivés en file indienne : râteau et seau de plage à la main. Ils se tenaient la main deux par deux, certains sautaient à pieds joints dans les flaques, d’autres plus timides se cramponnaient autour de la maîtresse. L’un deux pleurnichait car sa botte, trop grande, était restée enfoncée dans le sable humide. Une petite fille affichait un air sérieux et s’appliquait à attraper des crevettes avec son épuisette. Des moments instantanés de bonheur simple. Nous fermions les yeux pour mette tous nos sens en émoi : humer le goût des embruns, s’en imprégner et se saouler du vent.
Trois années se sont écoulées depuis cette première fois. Trois années dont une et demi à te battre contre un cancer. Chaque minute, chaque seconde passée à lutter contre ce mal qui te rongeait. C’était devenu notre guerre à tous les deux. Les derniers mois, tu me disais que c’était foutu pour toi. Je ne voulais pas te croire, ni les médecins ni leurs diagnostics. Tu allais t’en sortir, tu n’avais que vingt-huit ans. C’est pas un âge pour mourir.
Et puis, il y a cette nuit là. Tu étais devenu l’ombre de toi-même, tes grands yeux se perdaient sur ton visage blême. Tu as murmuré que tu voulais voir une dernière fois la mer. Les larmes sont montées dans ma gorge. Un râle s’échappait de tes lèvres sèches. Tu me regardais, tes yeux délavés par toute la souffrance et la douleur que tu avais endurées. Je t’ai dit que non, que tu n’allais pas m’abandonner. Un spasme a secoué ton corps. Alors, j’ai accepté. Je t’ai soulevé, tu étais si léger, j’arrivais à te porter toute seule. Je t’ai allongé dans la voiture avec des couvertures. J’ai conduit comme un automate retenant mes pleurs au fond de ma gorge. J’avais tellement peur qu’ils s’échappent que je me mordais les sèvres jusqu’au sang.
Quand on est arrivé à la jetée, je t’ai réveillé et je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. C’était la basse mer, de la voiture, on ne voyait que des bateaux couchés sur le flanc. La mer, on arrivait à peine à la deviner au loin. J’ai ravalé mes larmes et je t’ai promis que la prochaine fois qu’on viendrait la mer serait là. J’ai posé ma tête près de la tienne, j’ai fermé les yeux en priant pour qu’elle soit là devant nous avec ses reflets argentés. Quand j’ai ouvert les yeux, rien n’avait changé. J’ai compris que la partie était finie et qu’on avait perdu.
Il n’y a pas eu de prochaine fois. Tu es mort deux jours plus tard me laissant seule avec cette douleur qui me rongeait de l’intérieur. La maladie elle t’avait grignoté silencieusement puis avec force, à grands coups de mâchoires.
Ce matin, je suis arrivée à l’heure où les gens sont encore confinés chez eux ou alors partis au travail. Le vent insidieux s’infiltrait dans le moindre espace vide et le ciel n’était qu’une chape grise. Tout ce gris, je l’ai porté en moi comme un enfant. Il me remplissait et me tenait compagnie depuis ta mort. Sans toi, j’étais devenue une équilibriste maladroite sur le fil de la vie.
J’ai juste enfilé un blouson par-dessus mon vieux pull et relevé mon col. Mes cheveux dansaient devant mes yeux, emportés par le bruit singulier du vent comme une rumeur qui siffle aux oreilles. J’ai marché le long des quais, les mains fourrées dans mes poches. Si tu avais été là, j’aurais joint mes doigts aux tiens comme dans un écheveau de laine. Quelques goélands faisaient des allers retours entre le bitume et un bateau. Quand ils s’y posaient, ils observaient le moindre changement de leurs yeux vivaces.
J’ai croisé deux ou trois hommes qui doivent bosser sur les bateaux. L’un d’eux avait sorti une cigarette et protégeait, tant bien que mal, la flamme de son briquet de ses mains tavelées par le sel. Ils m’ont fait un salut de la tête. Ce signe que l’on fait même si on ne connait pas mais qui dégage une forme de respect. Arrivée au bout de la jetée, j’ai failli repartir, mes jambes se sont dérobées et puis j’ai pensé à toi très fort, à ma promesse. Des remous blanchâtres et écumeux se brisaient puis se reformaient au gré du courant. L’accomplir c’était aussi ma façon de pouvoir regarder devant moi à nouveau, essayer de me reconstruire petit bout par petit bout, recoller les fragments éparpillés. J’ai soulevé le couvercle de la boîte. Ma main caressait ces infimes particules de toi. J’ai respiré fort jusqu’ à en avoir mal. Le vent a commencé son travail en dispersant tes cendres qui volaient au-dessus de la mer. Un rayon de soleil est apparu comme pour t’accueillir. Tu avais vu la mer, tu pouvais t’en aller.
Pour P.
mercredi 6 janvier 2010
Philippe Claudel "Le café de l'Excelsior"
Un livre aux saveurs d'un temps passé, révolu et de l’enfance. Celui où l’on regarde avec le monde des adultes avec de l’innocence plein les yeux.
Avec « Le café de l’Excelsior », on replonge dans l’ambiance des estaminets aux rideaux décolorés par le soleil, aux banquettes usées où l’on buvait dès le matin un verre de vin blanc. Bien plus qu’un débit de boisson, c’était le lieu où l’on venait pour causer après sa journée comme un passage obligé avant de rentrer chez soi.
Philippe Claudel nous parle avec tendresse et respect d’un grand-père, qui élève son petit fils entre les bouteilles d’alcool, la solidarité et l’amitié de ses clients.
On retrouve le style limpide de Philippe Claudel et des clins d’œil malicieux remplis de poésie. Je vous laisse juger … :
« Grand-père était pauvre de trop boire. Il aimait son métier qu’il pratiquait comme un art. Et comme pour tout art, même si l’artiste possède des dons insolents déposés au berceau par quelque fée prévoyante, il lui convient de les entretenir en se livrant à la plus austère des disciplines : Grand-père ne faillissait pas à cette règle et chaque jour faisait ses gammes dès le petit déjeuner ; assis en face de lui, mes jambes ne touchaient pas le sol en planches, et je le regardais tremper sas tartines dans un bol de muscadet (…) ».
Une lecture aux odeurs de souvenirs délavés sans relent de la vinasse aigre et écœurante.
lundi 4 janvier 2010
Minh Tran Huy "La double vie d'Anna Song"
Maintenant avant de commencer un livre, je ne lis plus la quatrième de couverture. Combien de fois, ces lignes censées donner envie, résumaient l’histoire, son dénouement ou l’étriquaient. La lecture en devenait fade, elle perdait même de son charme et de son attrait.
Je lis comme je vais à l’aventure … sans rien savoir. Il arrive que je sois déçue ou alors que je découvre une lecture magnifique et que la magie opère.
Avec « la double vie d’Anna Song », je suis allée de surprise en surprise. Un roman où l’on découvre comment un enfant puis un homme va construire toute sa vie, autour, et pour une seule et même personne.
Anna s’adonne au piano, sans retenue, entière comme l’on se donne en amour. Lui, il l’aime, il la vénère autant que l’histoire de la famille d’Anna. Même les années qui passent et l’éloignement ne viendront pas à bout de cet amour unique. Au contraire, son amour, trop puissant et trop possessif, va devenir irraisonné, démesuré. Un amour qui bascule dans la folie de s’approprier la vie de l’autre.
Etourdie, stupéfaire par la double vie d’Anna, j’ai encore à l’esprit les paysages du Vietnam et cette musique omniprésente jouée au piano…
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