lundi 24 décembre 2018

Bonne fêtes de fin d'année !

Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d'année et je vous dis à bientôt ! Et cette fois, je ne reviens pas dans deux ans...promis !


vendredi 21 décembre 2018

Christophe Boltanski - Le guetteur

Editeur : Stock - Date de parution : Août 2018 - 288 pages

Après le décès de sa mère, le narrateur aidé par sa soeur entreprend de vider son appartement. Dans ce capharnaüm où sa mère vivait recluse, il découvre des carnets et plusieurs manuscrits de polar que sa mère, grande lectrice du genre, avait commencé à écrire.  Que sait-il au juste de sa mère qui était mutique sur son passé ? Obsédé par le besoin de comprendre qui elle était vraiment, il mène ses propres recherches.

En parallèle, Christophe Boltanski remonte le cours du temps jusqu'aux événements liés à la guerre l’Algérie. D étudiants distribuant des tracts à  un réseau clandestin de soutien au FLN, se peut-il que sa mère, elle-même étudiante  à l'époque, ait joué un rôle dans l'opposition à cette guerre ?
Tel un enquêteur, il explore des pistes et les contours de cette figure maternelle prennent forme peu à peu dessinant une femme énigmatique et tourmentée par ses propres peurs.

Si j'ai trouvé intéressant le récit lié à la guerre d'Algérie ( l'auteur nous plonge dans les faits de manière très réaliste), j'ai eu tendance à me perdre dans les multiples chemins empruntés par le narrateur.  Et surtout je me suis sentie mal à l'aise comme si j'observais à la dérobée la vie de cette femme, l'inventaire de son appartement m'ayant particulièrement dérangée. Dommage... 

Je m'abandonnais des heures durant à la lecture de ses papiers comme s'ils étaient transcrits en langage codé. En cherchant désespérément un motif dans  son tapis de signes, je me rendais compte du caractère chimérique de mon entreprise, de la folie de me substituer à un auteur quel qu' il soit, et d'imaginer un récit qu'il n'écrirait jamais.

Le billet de Cathulu (qui a aimé ce  roman).
Lu de cet auteur La cache

mercredi 19 décembre 2018

Chantal Pelletier - Cinq femmes chinoises

Editeur : Folio - Date de parution : 2014 - 160 pages

Malgré le titre, il ne s’agit pas de nouvelles mais d’un roman qui met en scène cinq femmes chinoises . Elles sont amies, de la même famille ou encore vont être amenées à se rencontrer par le biais du travail. Toutes ont fait des sacrifices. Femmes battantes et courageuses qui ont souvent serré des dents face aux mauvais coups d’un père ou d’un mari, du destin. Elles ont laissé derrière elles une enfance difficile souvent synonyme de pauvreté et quelquefois un enfant.

Ce roman choral est écrit au couteau. Avec une écriture concise quelquefois même un peu sèche, Chantal Pelletier va droit au but et les phrases claquent.
Ces femmes veulent s'affranchir de leur passé, gagner plus, être libre d’aimer une autre femme, être considérées pour ce qu’elles ont bâti ou accompli. A travers ces histoires imbriquées sur des période différentes,  elle nous  dépeint également sans concession ce pays en pleine mutation avec ses changements politiques, économique et  sociaux.

Des ascensions vertigineuses loins d'êtres simples ou simplistes, totalement prenantes.  Le réalisme qui s'en dégage est frappant.
Un livre lu d'une traite que j’ai beaucoup, beaucoup aimé. C’est une très belle découverte.

Mei se jure qu'elle saura profiter, elle. Elle mordra ceux qui oseront se mettre en travers de sa route, elle ne fera pas partie du troupeau des vendues.

Les billets de Kathel, Séverine, Sylire , Zazy.

lundi 17 décembre 2018

Susie Steiner - Présumée disparue

Editeur : Les Arènes - Date de parution : Octobre 2018 - Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Yoko Lacour - 532 pages

A presque quarante ans, Manon Bradshaw officier de police dans le nord de Londres est accro à son boulot. Mais pas que. Elle cherche aussi l’âme sœur sur Internet et enchaîne des rencontres décevantes. Quand la disparition d’Edith Hind, une étudiante de Cambridge est signalée, elle est mise sur l’affaire.

L’enquête s’annonce compliquée avec comme seuls indices du verre brisé et des traces de sang dans son appartement. Son petit ami ne sait rien ni comme ses parents. Manon et son collègue Davy découvrent que la jeune fille bien qu'issue d'un millier aisée (le père est médecin de la famille royale et fréquente des politiques) a une vie moins lisse qu’il n’y paraît.

Dans ce polar polyphonique rondement mené avec des pointes d’humour, l’auteure s’attache à décrire les personnalités. Elle gratte le vernis des apparences et pointe également les faiblesses d'un système policier en manque de moyens.  Mention spéciale pour le personnage de Manon un peu gaffeuse, qui sait faire preuve d'auto-dérision  et tendrement attachante avec ses failles.
Pas de  rebondissements à foison mais j’ai été ferrée par ce qui gravite autour de l'enquête et tout s'enchaîne sans temps mort. Mission accomplie pour ce thriller. 

Si elle était sincère, son profil afficherait plutôt : Misanthrope, avec un oeil rivé au fond du gouffre du célibat. Tendance exaspérante à chercher la faute chez autrui. Exhale des RDD (Relents De Désespoir). Vit dans une galaxie infinie de solitude. Etudes : niveau intimidant. Prête à la cacher toutefois. Sujette aux crises de larmes. Souvent, se retrouve à googler : « Faire un enfant à 40 ans ». Recherche : philanthrope amateur de lecture, avec formation en psychothérapie, qui sache monter des étagères. 

Les billets de ChristelleEva, FannyMaeve et de Saxaoul

vendredi 14 décembre 2018

Paul Greveillac - Maîtres et esclaves

Editeur : Gallimard - Date de parution : Août 2018 - 464 pages

Dans la campagne du Sichuan en Chine, Kewei voit le jour 1950. Enfant unique d’un couple de paysans, il est attiré très jeune par le dessin comme son père. Mais pour sa mère dans cette Chine rurale, il n’est pas question que son fils s’adonne à sa passion. Et pourtant, Kewei va intégrer les Beaux-Arts à Pékin car son talent a été remarqué par un garde rouge.

A travers ce roman, on suit le destin de Kewei, de sa famille mais surtout on est immergé dans la Chine sous Mao Zedong. D’abord peintre pour le régime, il devient lui-même un de ceux qui valide ou censure les œuvres d'arts au service de la propagande du parti. Au gré des luttes intestines du pouvoir, sa côte de popularité fluctue et pour s'assurer un avenir, il rejoint le parti. Kewei veut inculquer à son fils les valeurs et les principes dictés qu'il a lui-même embrassés par force. Un fils qui s'élèvera contre le Parti communiste chinois et contre son père.

Les idéologies, le régime totalitaire, la peur, les dénonciations, l’asservissement, tout est détaillé et raconté avec force et puissance tout comme les conséquences de la Révolution culturelle.

Il s'agit d'un roman dense et touffu mais passionnant ! Alors oui il y a quelques petites longueurs (liées aux événement politiques) et une histoire d’amour naissante dont je me serais bien passée mais j'ai vraiment aimé ce livre foisonnant. Paul Greveillac rend à merveille la vie de cet homme  soumis à l’Histoire de son pays et il nous interpelle sur l’utilisation détournée de l’Art à des fins politiques.
L'auteur sait jouer de touches poétiques comme de formulations plus cinglantes pour nous captiver et c’est réussi. 

 Li Fang, plus timide que jamais, était heureuse. Si l'on définit le bonheur comme un état de satisfaction matérielle et de gratification sociale. Si, le bonheur, c'est d'être un petit chien qu'on caresse, qu'on gâte, et qui sait rester à sa place.

Sur Tian'anmen, de jour comme de nuit, le carnaval battait son plein. Partout, on avait dressé des tentes. La grande place était devenue la cour des miracles de la révolution. La centrifugeuse de la contestation du monde. Le cœur de la passion politique.

mercredi 12 décembre 2018

Florence Noiville - Confessions d'une cleptomane


Editeur : Stock - Date de parution : Août 2018 - 193 pages

Dans la vie, Valentine de Lestrange a tout sur le plan matériel sans compter un mari aimant et influent. Et pourtant, elle ne peut pas s’empêcher de voler. Des petites babioles ou des objets de luxe pour le shoot d'adrénaline et le plaisir procuré. Rien n’échappe ou presque à sa main chevronnée.

Valentine est cleptomane comme sa mère et sa grand-mère, elle cède à ses compulsions sans aucun remord. Travaillant dans le domaine des arts à mi-temps et menant une vie bourgeoise, sa seule appréhension est que son mari découvre un jour la vérité.
Malgré le ton alerte, j'ai trouvé ce roman assez inintéressant car je suis restée indifférente à Valentine (ou plutôt elle m’a souvent agacée par ses réactions égocentriques).  Et l'histoire dans tout ça me direz-vous? Bon, on tourne un peu en rond (tout est très prévisible et manque, à mon goût, de densité) et les explications d’ordre scientifique/médical sur cette addiction arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe...
Au final, une lecture qui n’était pas pour moi. 

Ce qu'elle ressentait, c'était un plaisir épatant. L'excitation du danger, la jouissance du passage à l'acte. Le flash d'adrénaline, comme un éclair d'orage dans un ciel plombé.

Le billet plus enthousiaste de Cuné

Lu de cette auteure :  L'attachement

lundi 10 décembre 2018

Louise Penny - Enterrez vos morts

Editeur : Actes Sud - Date de parution : Janvier 2018 - 525 pages

Après une opération policière qui a mal tourné, l’inspecteur-Chef Armand Gamache se repose chez son ancien chef et ami à Québec. Mais un archéologue amateur obnubilé par Champlain (le fondateur de la ville dont la sépulture reste introuvable) est retrouvé mort dans la cave de la bibliothèque anglophone de la ville. Et quand on demande à Gamache de donner un petit coup de main sur cette affaire il ne refuse pas.

Gamache pense avoir fait une erreur lors sa précédente enquête et peut-être qu’un innocent se trouve en prison. Aussi, il dépêche son adjoint Beauvoir à Three Pines pour une investigation officieuse. Et, nous voilà plongés dans l’histoire de la ville de Québec avec les rivalités entre les communautés francophone et anglophone mais également dans les tourments de Gamache. Ebranlé psychologiquement, des doutes et des questions le hantent.

Avec des histoires imbriquées et un contexte historique très intéressant ( j'ai appris un tas de choses), Louise Penny sonde l’âme et les relations humaines. C’est fluide et ça se lit tout seul ! 

Nul doute que ceux qui ont lu le tome précédent Révélation brutale seront ravis de cette suite (pas de chance pour moi, il n'était pas disponible à la médiathèque). Il est certain que je vais continuer à lire les enquêtes de cet inspecteur sympathique, terriblement humain et attachant. 

Les billets d'Aifelle, Alex, HélèneLe Papou

samedi 8 décembre 2018

Roddy Dolyle - Smile


Éditeur : Joëlle Losfeld - Traduit de l'anglais (Irlande) par Christophe Mercier - Date de parution : Août 2018 - 256 pages

Alors qu’il se retrouve quitté par sa femme Rachel, Victor Forde un cinquantenaire prend l‘habitude de fréquenter un pub de son quartier. Boire une bière, écouter les discussions et échanger deux ou trois mots avec le barman et se fondre dans la masse en espérant briser - ou du moins – atténuer sa solitude. Un soir, un homme un certain Ed l’apostrophe car selon lui, ils ont été au collège ensemble chez les frères chrétiens.

Victor ne le reconnaît pas, il a beau essayé de s’en rappeler, ni son nom ni son visage ne lui reviennent en mémoire. Mais Ed insiste, sûr de lui, mettant Victor mal à l’aise. Et désormais au pub, il le croise ce qui remémore d’autre souvenirs à Victor même ceux qu’il avait tenté d’oublier.  De ses débuts de journaliste musical à sa rencontre avec Rachel au livre qu’il n’a jamais écrit, le ton est assez mélancolique et nostalgique. Le malaise ressenti par Hector vis-à-vis d’ Ed s’amplifie et le lecteur le ressent viscéralement. Très vite, le dessin de ce que Victor enfant a subi durant sa scolarité dans les années 70 prend forme (et là, on est hébété. Ca fait mal et ça clashe).

Sans fioriture et avec une tension palpable, Roddy Doyle nous promène entre l’introspection et les souvenirs de Victor. On est bousculé, on perd nos repères et la fin est complètement inattendue (vous êtes prévenus).  

Je déteste ça. Les trous de mémoire. C'est comme si on laissait tomber des bouts de soi-même au fur et à mesure qu'on avance, non ?

Le billet de Kathel
Lu de cet auteur : Paula Spencer 

jeudi 6 décembre 2018

Michel Quint - Misérables !

Editeur : Phébus - Date de parution : Mars 2018 - 304 pages

Lorsque le bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie ne se manifeste pas pour réclamer son dû, Laurent Leprêtre affecté aux dossiers en souffrance, enquête et le recherche. Et justement, cet ancien policier se voit confier un dossier particulier ancien. Trois jours avant son décès Henriette Benson une vieille dame âgée et riche habitant Calais avait souscrit une assurance vie en faveur d’un certain Freddy qui a disparu sans réclamer son argent.

Délégué sur place à Calais, Julien Lepêtre doit mener plusieurs pistes : quel lien existait-il entre Henriette Benson et Freddy ce jeune de vingt ans issu des classes populaires ? Pourquoi et comment ce dernier a-t-il disparu ? Cette enquête sert de décor pour ainsi dire à ce roman qui nous promène de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand à la métamorphose de Calais. Les ateliers de dentelle ont disparu et l’emploi se fait rare, la précarité est apparue tandis que les migrants espèrent un jour pouvoir rejoindre l’Angleterre. Notre ancien policier au cœur tendre et à l’imagination fertile tire les fils d’une pelote avec des rencontres colorées : Sonia une professeure de français (qui cite Annie Ernaux), Alyson la réceptionniste de l’hôtel où il séjourne et Duni un migrant arrivé à la jungle de Calais depuis deux ans.

Quel plaisir de retrouver l’écriture vive et relevée de Michel ! Il nous dépeint des vies et le déclassement social tout en montrant une réelle tendresse pour ses personnages. Et même si l’enquête prend le pas sur le roman social, j’ai passé un très agréable moment.

 "En souffrance", qui donc a osé cette expression douloureuse ? Presque, Laurent en rédigerait sa lettre de démission sans même avoir pris ses fonctions. Pas qu’il soit chagrin, miné de blues, ni que ce soit une sale habitude de fuir, mais soulager le malheur d’autrui, service public d’urgence et compagnie, établir le juste avec rigueur sans illusions d’équitable, protéger la société pour la galerie, non merci. Du temps très bref qu’il était encore divisionnaire de police, les nuits à la criminelle de Toulon, il en a vu de la misère, de l’illettré, du pauvre au désespoir et du bourgeois réduit à rien, du deuil irrémédiable et tout ce gâchis de la beauté écrabouillée des humains.

Lu de cet auteur : Apaise le temps - Close-up

lundi 3 décembre 2018

Matthieu Simard - Ici, ailleurs

Editeur : Alto - Date de parution : Septembre 2017 - 128 pages et une belle découverte.

Marie et Simon ont quitté la ville pour aller s’installer dans un petit village. Un endroit qui se vide de ses habitants depuis que l’usine a fermé et qu’une antenne a été installée. Dès les premières lignes, une impression de fausse gaieté est donnée. Marie et Simon ne sont pas heureux, ils tentent de faire comme si ce nouveau départ était une bonne chose pour eux et pour leur couple. Si les habitants les observent avec curiosité, une famille parfaite en apparence cherche à sympathiser avec eux. Et puis au détour d’une page ce qui qui lézarde le couple éclate. Une détonation puissante et sourde qui laisse le lecteur chaos : Marie et Simon ont perdu un enfant.

Ce court roman sur le deuil écrit sans pathos a l’effet d’un uppercut. On est suspendu, balloté entre douleur de ce couple qui essaie coûte que coûte de garder la tête hors de l’eau et l’ambiance opaque, poisseuse qui règne dans ce village.
Un livre lu en apnée totale grâce à l'écriture directe empreinte de sensibilité et de pudeur. 

Les petits villages, nous l'apprenons vite, sont plus étouffants que  la ville. Nous venions ici chercher la paix, celle que nous croyions mériter, celle des grands espaces  et de l'herbe haute et du silence et de l'absence des gens. Nous nous sommes sauvés de la foule pour enterrer nos petites peines et cultiver nos grands espoirs dans la tranquillité rurale, mais nous avions oublié que c'est dans le désert que les bombes font le plus de bruit.

Un auteur québécois découvert chez Karine:)