jeudi 28 février 2013

Rares mais pas précieuses

On dit que quand quelque chose est rare qu’il est précieux. Pourtant, les maladies rares ne sont pas précieuses. Pire, elles sont souvent orphelines. Insidieuses.

Aujourd’hui, il s’agit de  la 6e Journée Internationale des Maladies « Les maladies rares sans frontières» .
A ce jour, plus de 7 000 maladies rares sont connues et 5 nouvelles maladies rares sont identifiées par mois. Paradoxalement, si les maladies sont rares, les malades, eux, sont nombreux. En France, elles concernent 3 millions de personnes, soit 1 personne sur 20, ce qui constitue un véritable enjeu de santé publique. Face à cette situation, le grand public doit se mobiliser. ( Source Alliance )

Dans son dernier livre Dans tes pas, il y a un passage où Guillaume de Fonclare dit en parlant de sa maladie rare : " Depuis dix ans, jour après jour, muscle après muscle, membre après membre, mon corps prends congé de moi. (… ) Je souffre jour et nuit, sans que personne ait réussi à ce jour l’exploit de savoir de pourquoi. De mon médecin traitant aux spécialistes, d’un CHU de province aux hôpitaux parisiens, j’ai divagué de consultation en consultation ; on cherche, on cherche, et on ne trouve pas. 
On élimine des hypothèses et on fait d’autres; on fait des examens, on refait des examens, on voit le Pr Untel  qui saura dire, peut-être, et qui enverra  vers un autre Pr Untel, après avoir constaté son impuissance à comprendre. Myopathies, neuropathies, maladies auto-immunes, gènes défaillants, mitochondries rétives, vacuoles absconses, on scrute, on dissèque, on compare, mais rien n’y fait. Il y a bien des signes, des défaillances aux noms barbares (...) qui sont les symptômes d’une foule de choses, sans qu’aucun soit suffisamment «franc » pour qu’il vienne formellement  « caractériser » une pathologie. Mon corps est un menteur et  il me fuit."

Ce parcours du combattant est celui hélas de 3 millions d'entre nous en France. Alors autour de vous, dans une salle d'attente ou dans votre entourage, des yeux ternes et fatigués peuvent être  quelquefois juste le reflet du moral du clown qui a enlevé son nez rouge et son maquillage...

Yasmina Reza - Heureux les heureux


Éditeur : Flammarion - Date de parution : Janvier 2013 - 187 pages et une déception...

Avertissement : attention, l’abus de morosité nuit gravement au moral. Par exemple avant cette lecture vous souriez,  après : vous déprimez… Alors si en plus vous traversez une mauvaise passe, passez votre chemin !

En vingt-et-un courts chapitres, nous découvrons des scènes du quotidien d’une dizaine de personnage tous reliés par un fil familial, amical ou social. Chaque chapitre s’arrêtant sur l’un d’eux. Les premières pages de ce livre m’ont agressée. Une scène de dispute dans un supermarché entre un couple à partir de rien, d’une banalité. Le caddie est poussé, le bras de la femme est pris violemment, des propos sortent les dents serrées, la mâchoire crispée. Cette entrée en matière m’a crispée et a probablement joué sur le reste de ma lecture tant la violence de cette scène était palpable. Dans les monologues de ces personnages s’expriment une solitude gluante, un isolement terrible, du désespoir. Une maîtresse aimerait rompre mais n’y arrive pas,des parents cachent l’internement de leur fils qui se prend pour Céline Dion,  un homme et une femme conversent dans la salle d’attente du cancérologue (à savoir qui remportera le trophée de la maladie), le spécialiste étant un homosexuel qui aime les prostitués du Bois de Boulogne.
Ces récits mis bout à bout, sans début et sans fin sont comme des films courts. Aucun des personnages n’a de problème d’argent ou est au chômage, tous ont une vie matérielle confortable.

J’ai eu du mal à faire le lien entre eux mais surtout la morosité qui découle de ce livre m’a imprégnée. L'écriture de Yasmina Reza est linéaire et renforce le sentiment d'impuissance du lecteur. Voilà c'est ça, je me suis sentie une spectatrice impuissante à qui l'on fait porter tout cet accablement. Je ne vis pas dans une bulle ouatée et rose mais ce livre est déprimant et pire sans une once d’espoir.

Ce livre fait partie de la sélection ( 3 livres au total) du mois de mars pour le 36ème prix Relay des Voyageurs ( les informations sont également disponibles sur FB ). Chaque mois un livre est élu et au final ce seront donc quatre livres qui se retrouvent en lice pour ce prix. Pour le mois de février,  06h41 de Jean-Philippe Blondel que j'avais terminé le cœur serré d'émotions a été retenu.


Pour ce titre, nous avons fait une lecture commune avec Cryssilda, Leiloona, Noukette, Saxaoul, Stephie  qui publieront demain leur billet.
Le billet d'A propos de livres

mercredi 27 février 2013

Emmanuelle Urien - L'Art difficile de rester assise sur une balançoire


Éditeur : Denoël - Date de parution : Février 2013 - 217 pages  d'ironie et  d'humour mais une fin ouverte

La vie de Pauline ressemblait à un  long fleuve tranquille. Marée à Yann, l’homme idéal, mère de trois enfants, cette femme de trente-six avait tout pour être heureuse. L’amour, l’argent assuré par le travail de son époux. Une vie parfaite et ordonnée, et une meilleure amie. Sauf que Yann lui annoncé qu’il la trompait avec ladite amie et qu’il demandait le divorce. Neuf mois après, même si celle par qui le malheur est arrivé a été tuée, Pauline est habitée par la doulhaine, un mélange inextricable de douleur et de haine. Elle ne voit pas la fin de cette situation qui selon tous ne sera que transitoire. Mais le temporaire s’installe.

Quand votre mari vous trompe et vous quitte, pas d'éloge sur ce dernier ( il ne manquerait plus que ça d'ailleurs) et des "remue-toi". Après avoir entendu ce même son de cloche de la part de tout le monde ou presque, Pauline décide d’appeler sa mère à son secours. Psychiatre, elle l’aide à sa façon en lui délivrant des conseils de professionnelle et non d’une mère. Pauline s'efforce donc d’oublier son ancien mari et se convainc qu’il est mort. Rencontre sur Meetic, emploi d’une personne faisant office de sas (pour envoyer les enfants au traître) et surtout ne plus voir le défunt.
Emmanuelle Urien joue avec les mots. Expressions qui font mouche, qui vous décochent des sourires souvent  ironiques. Pauline, la femme si bien sous tous rapports, se lâche et n’hésite pas à dénoncer tant qu'à faire sa lâcheté de bourgeoise. Le monde trouvera bien d’autres personnes pour aller mieux après tout ! Sauf que Yann disparaît réellement...Humour et ironie, cynisme au programme avec un personnage instable aussi agaçante qu'attachante et qui cherche l'équilibre. Ecartelée entre ses désirs et ses obligations.
Un bémol cependant :  l’auteure qui m’avait habituée à des renversements de situations grandioses  a opté cette fois pour une fin ouverte ( pourquoi damned pas de fin grinçante? ). Il n'en demeure pas moins que l'écriture d’Emmanuelle Urien est toujours un plaisir  ! 

Le billet de Cathulu du Pandenium Littéraire
Lu et dévoré de cette auteure : Cour, noir, sans sucre, La collecte des monstres, Tous nos petits morceaux, Toute humanité mise à part, Tu devrais voir quelqu'un .

lundi 25 février 2013

Blandine Le Callet - Dix rêves de pierre


Éditeur : Stock - Date de parution : Janvier 2013 - 248 pages et dix nouvelles empreintes de vie! 

Dix nouvelles où la mort s’invite pour conclure des vies. Dix nouvelles en forme d'hommage à des noms, à des dates inscrites sur des stèles mortuaires. Quelles vie se sont déroulées derrière un épitaphe ou des dates ? Loin d’être tristes, si ces nouvelles ont toute la même fin elles n’en demeurent pas uniques et différentes. Certaines voient dans leur sillage un chien en guise de présage mortuaire mais toutes sont des hymnes à la vie. Brassage des époques et des personnes, d’un modeste sculpteur de pierre de l’antiquité à une reine jalousée, d’une jeune fille sortie d’un taudis à un esclave venant d’obtenir sa liberté, d‘une vieille dame riche et autoritaire rédigeant son testament à un homme de piété se retrouvant dans un bordel, l’auteure nous dépeint la palette des sentiments.
Des personnages si proches de nous que  la dernière nouvelle a trouvé une résonance en moi car j’ai vécu cette même situation troublante et ressenti les mêmes émotions. Je n'en dirai pas plus sur ce texte qui a fait faillir des poissons d'eau dans mes yeux et m'a serrée la gorge...

Blandine Le Callet est une auteure que j’apprécie pour savoir toucher au plus juste le lecteur avec une écriture sans fioriture.
Ce recueil est un hommage et une invitation à apprécier la vie. A la modeler pour lui donner un sens avant que les regrets ne s’installent.  Quand la Faucheuse passera, il sera trop tard. Ne ratez pas ces textes frais, surprenants ou mélancoliques qui reflètent l'amour sous toutes ses facettes.

De la même auteure, j'ai lu et aimé Une pièce montée et La ballade de Lila K.

dimanche 24 février 2013

Sophie Krebs - Nos pleines lunes



Editeur : Editions Baudelaire - Date de parution : Novembre 2012 - 152 pages

Ils sont deux. Différents par leur vie qui n'ont rien à voir à priori. Tous deux hyper sensibles. Lucas s'applique pour Noël car Lolita viendra. Guirlande de mots et de petits nœuds car elle aime en mettre dans ses cheveux surtout ceux à pois. Laetitia est photographe et le miracle se produit : elle va être exposée dan une galerie. Lucas quelquefois n'en finit pas de la colle, des escargots, des autres et de leurs comportements et il y a les moments où tout va mal. Envie de gratter encore plus le genou écorché. Seule possibilité, penser à Lolita qu'il aime tant et qui a promis de venir. Noël approche, Lucas veut que sa guirlande soit la plus belle, l’appréhension et la nervosité sont palpables.

L’écriture mélodieuse joue avec les mots. La sensibilité à fleur de peau des deux personnes s’y invite comme la poésie. Aérienne pour Laetitia, teintée de peurs et des routines du quotidien pour Lucas. Je n'en dirai pas plus sur ce qui les unit. Mais alors où est mon cri de cœur ? Voilà le problème..
Si j’ai été ferrée et attirée par ces personnages attachants dans les premières pages, j'ai trouvé que par la suite le livre perdait en intensité. Et oui, non seulement j’ai deviné une partie de l’histoire mais en plus quelques petits bémols (pas méchants) sont venus se greffer. Certaines redondances alourdissent le texte ou des passages ( juste quelques phrases) ne collent pas au reste du livre et des questions terre à terre m'ont traversée l'esprit (que voulez-vous, je suis comme ça). Ce livre a été pour beaucoup une belle lecture ou un coup de cœur. Du coup, je me sens le méchant petit canard... 

Le billet d'Anis qui m'a donné envie, d'autres avis sur Babelio


samedi 23 février 2013

Sherwood Anderson - Pauvre Blanc


Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution : Janvier 2013 - 403 pages qui n'ont pris une ride !

Etats-Unis, Hugh McVey quitte le Missouri et son père alcoolique. Ce jeune homme impressionnant par sa taille et son calme devient cheminot. Herbergé chez un couple, l’épouse Sarah Shepard entreprend de l’éduquer.

Nous sommes à Bidwell une petite ville de l’Ohio du Middel West vers les années 1890 et la fièvre de l’industriaisation se répand. Des usines voient le jour modifiant les villes et le travail. Hugh va révolutionner la vie de Bidwell. Il réfléchit, dessine des plans mais les gens s'imaginent qu'il a déjà un projet au point. Ce qui n'en est rien. Le jeune homme veut créer une machine à planter les choux pour simplifier ce labeur pénible. En mettant sur sa route des personnes dont les yeux brillent à l'idée de se remplir les poches, Hugh va pouvoir se consacrer à son invention. Certains veulent une part plus grosse du gâteau en investissant dans la future usine tout ce qu'ils possèdent. La machine voit le jour, imparfaite mais il continue à la perfectionner. Lui qui pensait apporter un certain bien-être grâce à cette machine et aux suivantes va déchanter. Contrairement à Hugh, l'industrie et son cortège d'hommes d'affaire pensent en terme de rendement et de profit. Les ouvriers se plaignent des cadences, regrettent le travail  à la ferme. Clara une jeune file revient à Bidwell après voit terminé l'université. Elle aussi constate bien des changements. Son père veut qu'elle fasse un bon mariage mais Clara a un autre conception de l'union. Elle rencontre Hugh qui tombe d'amoureux d'elle. Hugh va se maudire d'avoir inventé des machines, il lui faudra comprendre que tout le monde n'a pas les mêmes visions de la vie que lui. Mais la vie n'est pas long fleuve tranquille ni la suite de ce roman ...

Ce livre est impressionnant par sa finesse psychologique et par ses interrogations sur les conséquences de l'industrialisation dans tous les domaines.. Est-ce que le progrès rime avec bonheur ? Sherwooh Anderson dépeint des personnages humains : avides d'argent, calculateurs ou simplement désireux d'une vie meilleure. Un roman d'initiation et toujours d'actualité qui n'a pas pris une ride !

La femme  à la fenêtre , comme tous les habitants du Middle West, commençait à se rendre compte des conséquences qu'entraînait l'aventure industrielle  (..) Comme  tous les citoyens d'Amérique, elle croyait aux héros. Dans les livres, des périodiques, elle avait lu des récits sur des hommes héroïques qui s'étaient sortis de la misère par quelques étrange alchimie alliant à leur forte personnalité toutes les vertus. Un pays vaste et immense come le leur n'exigeait-il pas des figures immenses? Lincoln, Grant, Garfield, Sherman, une demi-douzaine  d'autres firent figure en quelque sorte de plus qu'humains dans l'esprit de générations qui succédèrent immédiatement à leurs exploits hors du commun. Et maintenant c'est l'industrie qui inventait une nouvelle race de demi-dieux. 

jeudi 21 février 2013

Fulvio Ervas - N'aie pas peur si je t'enlace


Éditeur : Liana Levi - Date de parution : Février 2013 - 268 pages et un voyage extraordinaire dans tous les sens du terme!

Un voyage improbable aux Etats-Unis qui a pourtant eu lieu et qui se poursuivra même en Amérique Latine. Plus de trente-huit mille kilomètres à sillonner les routes d’Amérique en Harley Davidson durant les vacances scolaires d’été avec Andrea son fils âgé de dix-sept ans. Inimaginable, déconseillé par certains médecins car Andrea est autiste. Coupé du monde réel, il a ses manies qui surprennent, dérangent. Enlacer et toucher les personnes au ventre, réduire en confettis des feuilles, ranger les objets selon son idée à lui. Andrea est imprévisible mais son père Franco Antonello a décidé qu’il avait le droit à ce voyage.

Ce livre à lui seul abat bien des frontières et des préjugés. Même si ce road-movie possède  tous les ingrédients de l’aventure, Franco Antonello a préparé ce voyage, répéter à Andrea ce qu’il fallait faire en cas d’urgence ou ne pas faire comme s’éloigner de lui. Les Etats-Unis comme cadeau d’anniversaire d’un père à son fils et également une façon de conjurer un peu l’autisme. Des kilomètres avalés, des lieux mythiques, des rencontres surprenantes, des instants magiques mais aussi les mauvais jours où rien n’allait. Etre confronté  aux côtés sombres de l'autisme,  dormir dans des hôtels ou sous des tentes, rencontrer un chaman, découvrir l’Amazonie. Andrea qui communique très peu à l’oral écrit sur un ordinateur. Autant de phrases brèves où la douleur d’être différent, l’amour de la vie, son regard sur le monde sont des petits poèmes à elles seules. Ce formidable récit raconte les liens d’amour entre ce père et ce fils, les craintes de Franco pour l’avenir, les tentatives pour sortir Andrea de son monde parallèle et surtout ce qu'Andrea apporte aux gens qu'il côtoie. Malgré ses lubies, l' inattendu dans un pays qu'ils ne connaissent prend différentes facettes. L'auteur Fulvio Ervas a prêt sa plume pour ce livre et rend au plus juste les interrogations, l'amour de Franco, l'émerveillement. Ce voyage a permis au père d'Andrea de dépasser certains de ses doutes et  de nous démontrer que bien des barrières ne sont pas accrochées aussi solidement qu'on ne le pense.

Cette belle aventure humaine, épique  regorge d'humour, d'émotions  et de surprises ! Un sourire aux lèvres et cette sensation unique d'être quelqu'un d'autre après avoir tourné la dernière page ! 

Je suis en prison dans les rêves de liberté. Andrea veut guérir.




mercredi 20 février 2013

Craig Johnson chez Dialogues !!! Génial !!!!!

Voilà une rencontre que je ne suis pas prête d'oublier. Hier, Craig Johnson était chez Dialogues pour parler de son dernier livre Dark Horse et ce fut une heure un quart de plaisir ! Souriant et à l'aise,  il a d'emblée charmer le public venu nombreux. Accompagnée de Mme Johnson et de Marie-Anne Lacoma son attachée de presse de sa maison d'édition Gallmeister et traductrice pour l'occasion, il a répondu avec enthousiasme aux questions posées par Annaïk. Oui, Annaïk libraire et fan de l'auteur a mené l'interview de main de maître.

Il s'agit d'un auteur qui aime son Wyoming et sa nature, qui plaide pour un monde où l'on a  tout à  apprendre de l'autre. Mais aussi une vraie joie de vivre et tout le bon sens d'un homme qui a exercé plusieurs métiers.Une interview parsemée d'humour ( il nous  a montré combien il aime  faire des blagues à Marie-Anne et une vraie complicité existe entre ces deux là) sans oublier des remerciements à sa traductrice Sophie Aslanides. Et que les fans se rassurent, le shérif Longmire est loin rendre du service !

Pour les dédicaces, il a salué chaque personne, lui a demandé comment ça allait ( j'étais en mode poisson heureux  car jamais je n'ai un vu un auteur français posé cette question) et il a pris le temps de discuter un peu avec chacun.

Une photo de Craig Johnson accompagné  de Marie-Anne de chez Gallmeister ( psttt Keisha, il ne fait plus essayer son chapeau d'abord).
Désolée pour la piètre qualité de la photo mais j'étais tellement aux anges que j'en ai oublié les réglages... Bientôt, je vous parle de Little bird le premier roman de Craig Johnson.

Encore merci Craig Johnson pour ce moment extraordinaire !


mardi 19 février 2013

Michèle Lesbre - Ecoute la pluie


Éditeur : Sabine Wespieser - Date de parution : Février 2013 - 100 pages et une déception...

En attendant le métro, la narratrice assiste impuissante au suicide d’un monsieur âgé sur le quai d'en face. Avant de se jeter sous la rame, il lui a souri. Hantée par cette image, elle qui devait rejoindre son amant pour un week-end au bord de la mer se retrouve assaillie de souvenirs et de pensées.

De Michèle Lesbre, j’avais tenté de lire le canapé rouge. Une lecture qui s’était soldée par un abandon. Cette fois, j’ai voulu aller au bout de court roman pour comprendre la narratrice. Elle nous raconte sa vie amoureuse. Lui est photographe et s’est éloigné géographiquement. Leur relation de couple est quasi finie. Et ce week-end prévu là où ils avaient vécu des moments de bonheur ressemble plus à une porte qui se tournera définitivement.
Je comprends que l’on puisse être affecté, choqué par un suicide même si l'on ne connaît pas l'individu. A partir cet évènement, la narratrice déroule ses souvenirs, agit comme une personne différente. L’écriture avec des émotions dépeintes par touches n’a pas suffi à souffler le voile monotone.
Un roman où des fragments épars, distillés sans grand intérêt instaure un ennui. Pire, je n’ai pas compris la finalité de ce roman.

Le billet de Lili restée elle aussi insensible...

lundi 18 février 2013

Johan Theorin - Froid mortel


Éditeur : Albin Michel - Date de parution : Janvier 2013 - 442 pages diablement ficelées! 

Suède, à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Barge les enfants de patients sont accueillis dans une maternelle qui leur est spécialement dédiée. Ainsi, le lien parent-enfant n’est pas rompu. Un poste de professeur est vacant pour un remplacement et Jan Hauger désire l’obtenir. Il n’est pas de la région mais il veut ce poste. Il a oublié de préciser un point sur son CV, un fait dérangeant qui s’était produit au cours de l’un de ses premiers emplois. Jan obtient le poste. Solitaire et sans attache, il se soucie des enfants et tout de suite, il est très vite apprécié par ces derniers. Mais, il cherche aussi à en apprendre un peu plus sur les adultes internés et comment entrer dans l’hôpital.

En dire plus serait criminel car dès le départ, l’auteur installe de nombreuses zones d’ombre. Dans l’équipe de la maternelle, Lilian et Hanna semblent avoir des secrets à cacher tout comme Jan. Personne n’est blanc comme neige et Jan n’est pas le seul à s’intéresser aux adultes mais surtout à trouver un moyen de déjouer la sécurité pour les rencontrer. Au fil des pages, on en apprend plus sur Jan et sur son passé, L’imaginaire galope à toute allure car Johan Theorin nous entraîne sur de fausse pistes et dévoile de nouveaux éléments.

Diablement ficelé, une ambiance pesante mais qui n’oppresse pas le lecteur, il faut attendre la dernière page pour que le puzzle se mette en place. Efficace, troublant voire dérangeant avec une fin qui se joue du destin, du lecteur et de Jan. Rien à redire !

Les billets de Keisha, Mimipinson






samedi 16 février 2013

Michelle Perrot - Mélancolie ouvrière


Éditeur : Grasset - Date de parution : Octobre 2012 - 184 pages qui m'ont laissée sur ma faim...

Le nom de Lucie Baud est méconnu. Entrée à l’âge de douze ans comme ouvrière en soie dans une usine du Dauphiné,elle fut une figure du mouvement syndical. Veuve d’un garde-champêtre et mère de deux enfants, elle crée en 1902 le syndicat des ouvriers et ouvrières en soierie du canton de Vizille. Pourtant Lucie ne bénéficiait plus du logement de fonction qu’offrait l’emploi de son mari et elle s’était éloignée de son village natal.  Seule femme conviée en 1904 au Congrès national ouvrier de l’industrie textile à Reims, elle n’eut pas le droit à la parole. En 1905 et 1906, elle mena deux grèves dans ce secteur d’emploi féminin contre les conditions déplorable d'internat (des femmes étaient logées sur place à l'usine), et surtout contre les cadences augmentées. Mais le mouvement de grève s’enlise et ne porte pas ses fruits. S’en suit une tentative de suicide ratée. Est-ce que les deux événements sont liés ? L’ historienne Michele Perrot n’a que peu d’informations sur Lucie Baud. De son vivant, il reste une lettre où elle explique sa vie de travail. Cet écrit fut-il dicté, influencé par le camarade Auda qu’elle admirait tant ? La question demeure comme tant d’autres.
Aidée par Gérard Mingat dans ses recherches, l'auteure dresse un tableau de la France ouvrière et syndicaliste du début du 20ème siècle dans le Dauphiné.

De nombreuses références à d’autres ouvrages, un style très scolaire et j’ai eu l’impression de lire un rapport de travail. La dernière page tournée, la vie de cette femme courageuse et engagée reste hélas aussi énigmatique. Dommage !

Une lecture commune avec Hélène  qui n'a pas aimé.


vendredi 15 février 2013

Anthony Doerr - Le mur de mémoire


Éditeur : Albin Michel - Date Parution : Janvier 2013 - 285 page et six nouvelles brillantes !

Dans ces six nouvelles, ou pourrait-on dire des novellas , Anthony Doerr nous amène à travers le monde et dans le temps. Matière première de la mémoire, fil conducteur de ces récits. Dans la première nouvelle, le personnage principal dans un monde futur peut revivre ses souvenirs encapsulés. Une manière de tromper la mémoire défaillante et oublieuse. Les capsules étant revendues au marché noir, elles permettent de s’introduire dans l’intime d’inconnus, de vivre soi-même des moments qui ne sont plus. La mémoire forgée à partir de souvenirs heureux ou malheureux dès l’enfance caractérise l’individu. Mais elle est aussi liée à des lieux où l’on a  vécu toute sa vie comme dans Village 113. Les habitants ont été avertis que le village sera bientôt recouvert d’eau. Les machines ne vont pas tarder mais Li Quing ne veut pas partir. Toute sa vie est dans la vallée.
Mention spéciale à Vie posthume, la dernière nouvelle où mémoire individuelle et collective donnent un texte particulièrement émouvant. Un étudiant  rédige son mémoire et se voit contraint de s'occuper momentanément de sa grand-mère  hantée par son histoire liée à la grande Histoire. Depuis toujours, elle est sujette à des crises d'épilepsie et à des absences. Mais maintenant, elle veut être en paix. Avec elle-même et les morts. Ce récit à plusieurs facettes porte sur  la transmission et démontre combien il est important de saisir chaque moment de bonheur si anodin soit-il.

L’écriture d’Anthony Doerr que j’avais déjà lu il y a longtemps est toujours impressionnante. Il insuffle à ses personnages des vies cornées de sensibilité. Des personnages humains qui comme tout à chacun reviennent quelquefois sur le passé, résurgence d’émotions ou de situations qui les ont modelés.
Un recueil riche, dense et travaillé ! Et on prévoit son mouchoir pour la dernière nouvelle qui est une pépite !

Vingt mille jours et nuits au même endroit, posés, piégés, les uns au-dessus des autres, les rides dans ses mains, les douleurs dans ses vertèbres. Germe, tégument,endosperme : qu'est ce qu'une graine, sinon, le type le plus pur de mémoire, un lien entre les générations? 

jeudi 14 février 2013

Stéphane Carlier - Les gens sont les gens

Éditeur : Le Cherche Midi - Date de parution : Février 2013 - 160 pages et une déception...


Nicole Rivadavia psychanalyste parisienne approchant de la soixantaine n’en peut plus.  De son couple qui n’en est plus un, de ses patients qui se plaignent. Sur un coup de tête, elle décide de rendre visite  à une amie Elisabeth (sous-entendu une ancienne voisine à qui elle n’a jamais donné signe de vie) qui habite désormais à la campagne.

Partir au vert se ressourcer, voilà l’idée de départ de Nicole. Avec Elisabeth, elles décident d'aller marcher . En chemin, son hôte tient à lui présenter une fermière Raymonde. Et c’est ainsi  que Nicole découvre Foufou. Un porcelet de six semaines enfermé pour être engraissé afin de terminer dans les estomacs. Emue par le sort de l’animal et par ses conditions de détention,  Nicole le kidnappe et le ramène  avec elle à Paris. Elle s’en occupe avec amour et  la présence de l’animal va changer sa vie.  

Tout le monde n’est pas sensible au même type d’humour. Ce qui explique peut-être pourquoi je suis restée insensible (et surtout dubitative) suite à cette lecture. J'ai trouvé  que l'histoire partait en vrille totale et dans tous les sens...

Ma comparse Keisha a eu le même ressenti que moi. Comme quoi, en matière d’humour, ça ne passe pas toujours…  Que les défenseurs des animaux se rassurent, Foufou n’est pas mangé (il vécut heureux, cajolé, procurant bien-être autour de lui). 

mercredi 13 février 2013

Emmanuèle Bernheim - Tout s'est bien passé


Éditeur : Gallimard - Date de parution : Janvier 2013 - 206 pages d'un témoignage  émouvant et puissant ...

2008, suite à un accident vasculaire cérébral, le père de Michèle Bernheim  âgé de 88 ans ne supporte pas de voir ce qu’il est devenu. Un homme hémiplégique qui ne peut plus marcher, qui peine à parler. Il ne se reconnait plus dans cette déchéance physique. André demande à ses deux filles de l’aider à mourir dignement. 

D’emblée, le paradoxe épineux est annoncé. En France quand le corps est arrivé usé, la médecine s’acharne à maintenir la personne en vie. Le droit de mourir dignement est opposé à celui de gagner encore quelques mois ou quelques années supplémentaires. Dans quelles conditions ? Celles de se voir diminuée, dépendante. Bien plus  qu'une demande, André a imposé son choix à ses filles. Elle le comprennent et acceptent. Seule solution,  se tourner vers la Suisse où on pourra l’assister. Il faut tout prévoir, sans oublier de se protéger au cas où. Mais quand André va mieux alors qu’une date est fixée, l’espoir reprend ses droits tout naturellement. André inflexible ne cédera pas. Elles vont mener à bien ce «voyage» caché, organisé clandestinement pour qu’André puisse finir ses jours dignement. Le sort s’en mêle avec un imprévu. Restées à Paris, elles ne savent pas si André va devoir rentrer à Paris. L’appel de Suisse confirmera que tout s’est bien passé.

Pas de pathos mais l’amour de deux filles pour un père. Une complicité père/ fille avec des souvenirs qui vous forgent un caractère. Ce récit est raconté sans aucun porte-drapeau. Un témoignage puissant, émouvant et beau qui soulève la question sur le droit de mourir dignement.

Un grand merci à Dialogues Croisés pour cette lecture.



mardi 12 février 2013

Dès que le vent soufflera...


Dimanche dernier, ballade près des quais. Soudainement, on a entendu un bruit de moteur puissant et  régulier,  une fumée noire s'est  élevée dans le ciel. L’Abeille Bourbon que j’ai toujours vu à quai se préparait à partir. Un coup de vent assez fort et elle va se positionner vers Ouessant. Au cas où, prête à intervenir.

On a rebroussé chemin, l’équipage s’activait et en rien de temps de temps, elle s’est éloignée.  Des manœuvres maintes fois répétées , un air de ballet millimétré où l’erreur n’est pas permise. Nous n’étions pas seuls à  la regarder dans un silence quasi cérémonial. Avec un  respect  naturel car dès que le vent soufflera, la mer reprend ses droits et quelquefois des vies...

Pia Petersen - Un écrivain, un vrai


Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Janvier 2013 - 215 pages à ne pas rater ! 

Ecrivain reconnu, Gary Montaigu reçoit la consécration suprême avec l’International Book Prize. Miles un producteur de télé propose à Gary de rester encore plus longtemps sous les feux de la gloire avec une émission de téléréalité qui lui sera entièrement consacrée. Pendant deux mois, Gary poursuivra l’écriture de son roman en cours et les spectateurs voteront. C’est eux qui décideront de l’évolution du livre alors que Gary sera filmé en permanence. Ruth la femme de Gary qui supervise sa carrière l’encourage vivement d’accepter. Avide de reconnaissance, elle arrive à convaincre Gary. Miles leur vend le projet comme la possibilité de donner une autre vision de la littérature. Plus actuelle, plus en phase avec ce que les gens demandent. Seule l’écriture d’un livre ne fera pas d’audience, Miles le sait pertinemment. Il faut donner davantage aux téléspectateurs. Leur laisser la possibilité de s’impliquer dans le roman mais aussi dans l’intime, le personnel. Le contrat prévoit que Ruth surprendra Gary en train d’embrasser une autre femme Tout est écrit par avance. Mais au bout d’un mois la mascarade s’arrête à cause de Gary.

On retrouve Gary un an plus tard après un accident. Isolé dans une chambre de son domicile, assis dans un fauteuil roulant, il écrit sans conviction parce que Ruth l’ordonne. Elle a toujours tout planifié pour lui. Miles s’impatiente pour que le tournage de la storystelling reprenne au plus vite. Ruth use de tous les moyens mais Gary refuse obstinément.

Alternant habilement le déroulement de l’émission de téléréalité et les impacts des mois plus tard, l’auteure nous amène à découvrir ce qui s’est passé. Elle dresse le portait réaliste peu flatteur de la télévision prête à tout pour répondre à la demande des téléspectateurs mais aussi celui de notre société . Les gens aiment s’inviter dans l’intime des autres, s’identifier à quelqu’un et surtout  le juger. A travers Gary, les questions sur le rôle de la littérature, la liberté de l’écrivain et les besoins que nous fabriquons sont creusées.
Avec une écriture vive où l’énergie se mêle à l’intelligence, Pia Petersen nous offre un très bon roman avec des réflexions et les propos très justes ! Un livre dévoré qui s'est transformé en  hérisson (avec ses nombreux marque-pages !).

Gary retourne sa chaise et contemple la feuille vide devant lui. Il se tâte pour écrire mais à quoi bon? Ca ne sert plus à rien. Le monde sombre dans l'ignorance, la déshumanisation  dans le totalitarisme  dans l'obsession de la sécurité  dans le profit, les hommes sont réduits à n'être plus que des vecteurs économiques; il y a trop d'hommes et ils ne comptent plus du tout, l'esprit critique n'est plus possible, remplacé par "j'aime, je  partage", et lui, il se demande si ça sert encore à quelque chose d'écrire. A une époque, il pensait que la littérature  contribuait à la construction de la société, qu'elle apportait une vision des choses. Elle était cet intervalle où il était encore possible de penser en continu, avec un fil conducteur.

Les billets de Cathulu, Charlotte, EmeraudeIn Cold Blog, KathelLili

lundi 11 février 2013

Claire-Lise Marguier - Les noces clandestines


Éditeur : Éditions du Rouergue - Date de parution : Février 2013 - 121 pages dont on en sort pas indemne !

Il sait que Bonne-maman connaît ses dernières semaines. Pendant ce temps, il aménage une chambre au sous-sol. Une pièce cachée. Ce professeur d’histoire célibataire vit depuis toujours avec sa grand-mère qui l’a élevé. Après la mort de Bonne-maman, il devient obsédé par l’idée que la chambre rouge soit occupée. Seule une personne digne peut l’habiter, une personne parfaite à ses yeux. Quelqu’un vers qui il pourrait porter une adoration. Ses recherches sont vaines jusqu’à ce que le hasard s’en mêle. Il remarque un adolescent vivant dans la rue et sous prétexte d’un repas, il invite Joël. Le jeune garçon drogué le premier soir se réveille le lendemain dans la chambre rouge. Durant son sommeil, il a été lavé avec soin, contemplé avec un regard de dévotion. A son réveil, il ne cherche pas à s’enfuir.

Ce livre n’est pas un énième récit sur un kidnapping. Ici, les rôles de victime et de bourreau se superposent, s’inversent dans une ambiance de dévotion et de malaise quasi-palpable. On est spectateur de ce huit-clos étrange. Sur ses gardes, Joël accepte cette vie cloisonnée et joue le jeu. A travers les rites installés où le mystique a sa place, chacun trouve ce qu'il attend. L'adolescent demande des punitions, l'adulte lui en donne en y prenant du plaisir. De quelle faute veut-il s'expier ?  Presque pas de mots entre ces deux personnages, tout est dans les gestes et les regards.  La folie jouxte la quête de la perfection et la relation de domination glisse, permute.

Dès le départ, Claire-Lise Marguier installe une ambiance troublante. On se tient sur le fil du rasoir bousculé par des sentiments dérangeants, contradictoires. Avec une écriture classique, riche et aux accents poétiques, on se retrouve piégé dans la toile d’araignée qu’elle tisse. L’ambiguïté de cet amour porté comme un sacre est dévoilée sous toutes ses facettes tandis que  la personnalité de l'adolescent énigmatique aux allures candides se dessine. Parce que l'envoûtement et la fascination  ne peuvent pas être que lumière, la fin en sera d'autant plus sombre.

Je n'étais pas sortie indemne de Le faire ou mourir, ça a été le cas ici également. 
Une lecture qui agit comme un uppercut, vous êtes prévenus !

Chaque jour, la beauté de Joël m'éblouissait comme si je la découvrais. Joël était un ravissement  de tous les instants ; il donnait un sens à l'existence des autres.



samedi 9 février 2013

Pete Hamill - Tabloid City


Éditeur : Balland - Date de parution : Novembre 2012 - 404 pages indigestes...


Sam Briscoe est rédacteur en chef d’un grand quotidien à New-York. Ce journaliste septuagénaire de l’ancienne génération vit au rythme de l’adrénaline injectée par l’actualité. Etre le premier informé, titrer la  une parfaite, courir après le temps.  Le journalisme est sa vie. En vingt quatre heures, les dés sont lancés sèchement. Un double meurtre vient d’être commis. Cynthia Harding  a été sauvagement tuée à son domicile après une réception qu’elle donnait pour récolter des fonds.  Pendant presque trente ans, elle et Sam ont été amant. Durant cette même nuit, Sam Brisco apprend que le journal  version papier paraîtra le lendemain pour la dernière fois.  

Je me suis torturée l’esprit pour savoir comment rédiger  billet. J'ai hésité entre les premières phrases  :
Minuit. Sam Briscoe, salle de rédaction du New York World, 100 West Street. 
Lui, c’est Briscoe. Soixante et onze ans. Un mètre quatre-vingts, quatre-vingt-dix kilos. Ici, c’est la salle de rédaction du dernier quotidien du soir de New York. Il en est le rédacteur en chef. On l’aperçoit qui se faufile dans un coin. Il a un pardessus en travers de l’épaule gauche et tient sa veste par le col. Les manches de chemise sont retroussées deux fois au-dessus des coudes, soigneusement 
et celle-ci  (page 141) qui ravira sans aucun doute les amis de la poésie un type a balancé la sauce dans le vagin de sa mère et il s'est tiré. 

Ce livre patchwork à l'écriture hybride entre le télégramme et la dépêche est censé mettre le lecteur dans le bain de l’action. Le placer au centre névralgique du récit, que lui ou aussi sente la pression ou les émotions des personnages. J’imagine car j’ai soupiré d’ennui devant l’amoncellement des clichés et j'ai frôlé l’indigestion de cette écriture balancée comme des salves. Aussi, j’ai essayé  de passer outre le style (en évitant au passage de me prendre une rafale de phrases) pour m’intéresser à la palanquée de personnages que l'on suit durant ces 24 heures. Sam Briscoe, Josh revenu d’Irak handicapé,  Malik l'américain musulman djihadiste et dont le père est policier, la jeune journaliste qui ne trouve pas de boulot, la mère de famille d'origine mexicaine en situation irrégulière et bien d'autres... Tous s'agitent car New-York ne dort jamais. La solitude est une compagne, le travail du journaliste prime sur ses émotions. Sam Briscoe veut mener son enquête et trouver qui a tué Cynthia Harding,  empêcher l'inéluctable pour le journal. Une brochette  (fourre-tout) de personnages pour représenter New-York perpétuellement en constante  mutation et l'ensemble est  sombre, se laisse glisser  dans une certaine fatalité limite déprimant.
Certains des personnages ne m'ont pas laissée indifférente. Pire, je les ai trouvés mauvais comme de pâles copies avec un goût de déjà vu, une écriture qui m'a agressée et je n'ai strictement rien aimé dans ce livre.

Que dire de plus? Rien sinon qu'à partir de la page 242, je l'ai lu en  diagonale. Ah oui, si comme moi  vous avez envie d'aller un jour à New-York, juste un petit conseil : évitez cette lecture... 

L'avis d' Hélène que je rejoins entièrement.






mardi 5 février 2013

Lincoln


Réalisé par Steven Spielberg
Avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strahairn, Joseph Gordon-Levitt, Tommy Lee Jones

Synopsis : Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir. 

Nous somme au début de l’année 1865, le président Abraham Lincoln a été réélu alors que la guerre de Sécession fait toujours rage. Les états confédérés du Sud rejettent l’idée de l’abolition de l’esclavage et ne veulent pas rejoindre l’Union. Pour que l’amendement abolissant l’esclavage soit adopté, les deux tiers de la Chambre des Représentants doit voter positivement. Le parti Démocrate est farouchement opposé et vingt voix manquent. Mais pour Lincoln il est hors de question d’abandonner son projet. Pendant deux heures et demie, nous sommes aux côtés de Lincoln en permanence. Aux réunions, quand il joue avec son fils, quand il reçoit la visite de citoyens et quand il arpente les couloirs de nuit en réfléchissant. La situation est serrée. Délicate. On le presse pour qu’enfin la guerre cesse mais Lincoln veut absolument faire adopter le 13ème amendement. Un président qui explique son engagement avec force et  conviction. Il mène un combat rude, difficile mais ne baisse pas les bras.  Et tant pis s’il faut tricher (acheter des voix démocrates) car  il s’agit de l’Histoire qui s’écrit avec l’abolition de l’esclavage. Des hommes politiques s'unissent, portés par le même but et mettent  au second plan leurs carrières ou leurs ambitions personnelles pour abolir l'esclavage.

Après un début un peu lent, je n’ai pas vu le temps passer ! Ce film est passionnant, beau et prenant ! 1865, ce n'est pas si vieux que ça... 

Section 1 du 13ème amendement de la constitution américaine : « Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dûment convaincu, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction. »

samedi 2 février 2013

Carole Allamand - La plume de l'ours


Éditeur : Stock - Date de parution : Janvier 2013 - 392 pages drôles, fraîches et relevées! 

Après la mort de son épouse, l’écrivain suisse Camille Duval est parti s’installer aux Etats-Unis où durant douze ans, il n’a rien écrit. Puis il est revenu sur le devant de la scène littéraire. Un nouveau style, des romans encensés mais l'auteur reste plus que discret. Exilé en Alaska, Camille Duval décède dans les années 1970 laissant planer de nombreuses questions sur sa personne et sur son œuvre. Et les experts littéraires sont partagés, chacun ayant sa théorie sur son cas. Avec sa bourse d’études, Carole Courvoisier admiratrice de l’auteur veut établir sa biographie qui dévoilera toute la vérité. Elle commence ses recherches aux Etats-Unis en étant loin de se douter de ce qui l’attend.

Avant d’ouvrir ce livre, pauvre ignare que je suis, je ne connaissais pas Camille Duval. Cet auteur suisse dont un livre fut censuré s’installa aux Etats-Unis après le décès de sa femme. Considéré comme l’un des plus grands auteurs suisses, son changement radical de style littéraire a alimenté des théories plus ou moins sérieuses ou fouillées. Biographes et spécialistes littéraires n'étant pas d'accord (*). Carole Courvoisier nous mène dans une quête prenante sur Camille Duval et le mystère qui l'entoure.  Moins de trente ans après la mort de l'auteur, ses recherches débutent à New-York, des archives épluchées et très vite la nécessité de rencontrer des personnes qui ont connu Camille Duval s'impose. Elle découvre que sa fille unique l'avait fait interner "pour son bien" dans un établissement dirigé par son mari, élément ignoré jusque là dans les biographies. Sa rencontre hasardeuse avec Jasper un ancien soldat d'Irak l'amène sur des pistes qu'elles n'aurait pas forcément exploitées. Et Carole parvient à retrouver celle qui fut l'infirmière et la dame de compagnie de Camille Duval. Ajoutez un colloque où tous les spécialistes de l'auteur sont présents, la mère de Carole qui s'invite, un voyage dans l'Ouest des Etats-Unis où Carole enseigne puis l'Alaska et un ours ! Je n'en dirai pas plus ce sur premier roman qui se lit d'une traite !
Des situations drôles et vives, les guerres de clocher entre personnes littéraires sont dépeintes avec humour et mordant sans compter la mère de Carole qui vaut le détour à elle tout seule.
Pas de temps mort et des recherches qui prennent l'allure d'une enquête policière révélant bien des surprises.
Carole Allamand laisse une marge de manoeuvre au lecteur pour qu'il se pose des questions sur l'auteur et plus généralement les auteurs. Les événements d'une vie qui influencent ou modifient la personnalité d'un écrivain, les changements littéraires qui en découlent et la part des différents composants d'une biographie.

Un premier roman vif, drôlement bien écrit, intéressant avec de l'humour ! Et même si les pièces du puzzle nous permettent de trouver la solution avant la page finale, il s'agit d'une très belle découverte !

(*) : Que ceux qui ont abandonné temporairement la lecture de ce billet pour taper frénétiquement le nom de l'écrivain sur le net et qui n’ont rien trouvé soufflent (et reprennent le fil de ma chronique), Camille Duval n’a jamais existé. 

Un colloque sur un écrivain a tout de la réunion de famille, avec sa bonne chère, ses concessions, ses anecdotes mille fois resservies et ses rancoeurs, mais surtout la certitude profondément ancrée en chacun, d'une branche et d'une génération à l'autre, d'avoir tout simplement raison. Des adeptes de l'approche narratologique de Duval à ceux qui déploraient dans ce rapprochement textuel un aveuglement à la dimension sociopolitique ( et sexuelle!) de la production duvalienne, tous se sentaient aussi pleinement dans la vérité et le droit chemin que le bourgeois attablé face à une petite cousine-fofolle qui collectionne maris et dettes. 

Le billet de Kathel