Editeur : Albin Michel - Date de parution : 2009 - 130 pages qui interpellent !
Emma malade et proche de la mort revient sur sa vie. Elle a perdu sa fille et c'est à elle qu'elle s'adresse sans se chercher d'excuses ou de circonstances attenuantes. Elle lui explique ses choix qui ont determiné son existence et celle des siens. Mariée puis mère de famille très vie, elle étouffait dans ce carcan, se consummait lentement de l'intérieur. Dans la France secouée par mai 68, elle a franchies sans remords ni regrets mais avec appétit des interdictionS : vivre, s'amuser, goûter au sel des liaisons adultères. Par la suite, sa rencontre avec Rolland fils de bonne famille lui a permis d'accéder à une vie confortable mais sans ses enfants de son premier mariage .
Egoïste, Emma a vécu pour elle et pour ses envies. Elle a rejeté ses enfants, claquer la porte à sa fille quand elle avait besoin d'elle. Quand sa fille sera mourante son amour maternel se réveillera.
Emma dont les parents n'ont pas été un modèle s'était promise de ne pas répéter le schéma familial. Sans pathos ou apitoiement, Emma revendique ses choix. Une femme devenue mère sans avoir d'amour pour la chair de sa chair.
Si son attitude en tant que mère peut susciter de l'incompréhension, j'ai été touchée par cette femme.
Dans La mère horizontale, l'histoire d'Emma et de sa fille Sabine est racontée par Fleur sa petite-fille. Avec ce livre, Carole Zalberg nous offre le point de vue d'Emma.
Un magnifique roman qui émeut, dérange, nous interpelle sur la combinaison femme-mère !
Lu également A défaut d'Amérique qui clôture l'histoire ces femmes que je ne suis pas prête d'oublier...
samedi 31 août 2013
jeudi 29 août 2013
Julie Bonnie - Chambre 2
Editeur : Belfond - Date de parution : Août 2013 - 185 belles pages qui bousculent et vous font chavirer d'émotions !
Béatrice dont le corps nu dansait dans les cabarets est devenue auxilaire de puériculture dans une maternité. Derrière la porte de chaque chambre, chaque femme a sa propre histoire. Sensible, poreuse aux émotions des autres, Béatrice raconte le bonheur mais aussi les douleurs et les souffrances de ces femmes. Sous sa blouse rose, Il lui faut endiguer ces flots de sentiments pour rester debout.
Les souvenirs de sa vie d'artiste bohême libre, des amis de la troupe dont elle faisait partie émaillent son présent. Choc de deux mondes opposés. Elle doit rester à sa place à la maternité, ne pas sortir des fonctions de son statut. Serrer les dents et contenir la rage latente. Devenue mère, Béatrice avait fait le choix de quitter la troupe pour rejoindre une vie "normale". La douleur des femmes pour qui maternité ne rime pas forcément avec bonheur nous saute à la gorge. Autant de femmes et de situations qui existent bel et bien. A la beauté de son corps nu dansant avec plaisir s'opposent les cris ourdis de ces femmes et la pudeur qui les enveloppe.
Dans une écriture charnelle, vive ou la poésie et la sensibilité se font entendre, on ressent que Julie Bonnie s'est investie en tant que personne dans ce premier roman. Un hommage vibrant au corps des femmes et aux femmes qui trouble, ancre des émotions profondes et puissantes. Touchée et coulée par cette lecture ...
J'étais nue tous les soirs. Pour des femmme et des hommes. J'ai exposé mon corps comme la plus respectée et la plus noble des choses du monde.
Le billet de Cathulu
Béatrice dont le corps nu dansait dans les cabarets est devenue auxilaire de puériculture dans une maternité. Derrière la porte de chaque chambre, chaque femme a sa propre histoire. Sensible, poreuse aux émotions des autres, Béatrice raconte le bonheur mais aussi les douleurs et les souffrances de ces femmes. Sous sa blouse rose, Il lui faut endiguer ces flots de sentiments pour rester debout.
Les souvenirs de sa vie d'artiste bohême libre, des amis de la troupe dont elle faisait partie émaillent son présent. Choc de deux mondes opposés. Elle doit rester à sa place à la maternité, ne pas sortir des fonctions de son statut. Serrer les dents et contenir la rage latente. Devenue mère, Béatrice avait fait le choix de quitter la troupe pour rejoindre une vie "normale". La douleur des femmes pour qui maternité ne rime pas forcément avec bonheur nous saute à la gorge. Autant de femmes et de situations qui existent bel et bien. A la beauté de son corps nu dansant avec plaisir s'opposent les cris ourdis de ces femmes et la pudeur qui les enveloppe.
Dans une écriture charnelle, vive ou la poésie et la sensibilité se font entendre, on ressent que Julie Bonnie s'est investie en tant que personne dans ce premier roman. Un hommage vibrant au corps des femmes et aux femmes qui trouble, ancre des émotions profondes et puissantes. Touchée et coulée par cette lecture ...
J'étais nue tous les soirs. Pour des femmme et des hommes. J'ai exposé mon corps comme la plus respectée et la plus noble des choses du monde.
Le billet de Cathulu
mercredi 28 août 2013
Sorj Chaladon - Le quatrième mur
1974, « Samuel Akounis, juif grec rescapé de l’Holocauste», résistant grec et metteur en scène s’est exilé en France à Paris. Au cours d’une de ses interventions dans une faculté son témoignage frappe Georges un étudiant de vingt-quatre ans. Georges qui souhaite faire du théâtre a participé activement à mai 68 et depuis a embrassé d'autres causes. Une rencontre en forme d’électrochoc pour Georges un un brin candide et Aurore elle-aussi étudiante. Sam a un grand projet. Ambitieux, fou. Faire jouer Antigone d’Anouilh au Liban, « offrir un rôle à chacun des belligérants », « voler deux heures à la guerre, en prélevant un cœur dans chaque camp ».
La pièce d’Anouilh est tout un symbole. Présentée pour la première fois en 1944 à Paris durant l’occupation allemande, elle était le signe que durant une tragédie une représentation de théâtre pouvait être un répit. Antigone où est question de terre et de fierté. Mais la santé de Sam décline et il est hospitalisé. Il demande à Georges de d’en occuper pour lui. Marié à Aurore, père d’une petite Louise, Georges ne peut pas dire non à son ami et part au Liban. Il découvre une situation complexe et des communautés qui occupent certains territoires. Il doit convaincre Druzes, Chrétiens, Musulmans d’accepter le projet de Sam. Mais le vrai visage de la guerre éclate et Georges blessé doit rentrer en France. Obnubilé par ce qu’il va vu au Liban, il n’arrive plus à goûter à son bonheur tranquille. Georges est devenu un homme hanté par cette guerre.
Toujours avec une écriture aux mots qui sonne juste et qui collent au plus près des émotions, Sorj Chalandon nous plonge au cœur de la guerre au Liban et de la passion du théâtre. Et comme pour contrer la violence de la guerre, les passages de la pièce Antigone cités éclatent par leur beauté. Mais ce livre va plus loin. S’il démontre la force du théâtre qui peut rassembler au-delà des divisions religieuses ou culturelles, il nous rappelle que certains hommes une fois qu’ils ont vu le pire ne peuvent plus revenir à leur vie d’avant. Quitte à laisser une famille et à s’engager pour une cause.
Une lecture forte, belle, dure par certains aspects et qui laisse une marque indélébile.
La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l’être aussi. Il fallait justement proposer l’inconcevable. Monter Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court. Ce serait tellement beau que les fusils se baisseraient.
Lu du même auteur : Mon traître - Retour à Killybegs
Le billet de Sophie Hérisson.
Livre reçu dans le cadre de « On vous lit tout », organisé par Libfly.
lundi 26 août 2013
Louise Erdrich - Dans le silence du vent
Éditeur : Albin michel - Date de parution : Août 2013 - Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez - 458 pages denses et profondes !
Lors d’une journée de printemps, la mère de Joe partie chercher un dossier pour son travail se fait attendre. A son retour, Géraldine est incapable de parler. Conduite à l’hôpital, son mari et Joe âgé de treize ans apprennent qu’elle a été violée. Choquée, elle s’enferme dans un mutisme et ne veut pas évoquer ce qu’elle a subi ni à la police ni à son mari. Pourtant ce dernier est juge aux affaires indiennes. Son mari qui a foi et confiance en la justice remet l’affaire entre les mains des autorités compétentes. Mais pour Joe rien ne plus être pareil. Sa mère reste cloitrée dans sa chambre et se coupe du monde, de sa famille. Joe est déterminé à mener sa propre enquête.
De l’insouciance conférée par l’enfance, Joe est projeté dans le monde des adultes. Un monde loin d’être simple surtout que les lois sur le territoire indien sont complexes. Sa quête de vérité et de vengeance se heurte à la notion de justice et aux principes inculqués par son père. Mais pour sa mère, Joe est prêt à tout.
Ce livre au vu du thème aurait pu être très sombre mais Joe le narrateur s’il nous raconte l’effondrement de sa famille, nous fait part également de ses sorties et de ses ballades avec ses amis ainsi que de la solidarité au sein de la communauté indienne. Ses premières bières, son premier mensonge contrebalancent l’ambiance morose qui règne désormais dans sa maison. La douleur, les souffrances éprouvées par sa mère, son père et Joe sont rendues admirablement avec intensité et sobriété comme l’enfance envolée de Joe.
Un roman émouvant où Louise Erdrich amène le lecteur à réfléchir sur la notion de justice.
Dense, profond, l’auteure brise la gangue de silence et sa voix s’élève admirablement comme un manifeste pour dénoncer les violences subies par les femmes amérindiennes.
Un livre dirigé magistralement une fois de plus par cette auteure très talentueuse !
Et ces chiffres de la postface qui font froid dans le dos : Un rapport publié en 2009 par Amnesty International , présentait les statistiques suivantes : une femme amérindienne sur trois sera violée au cour de sa vie ( et ce chiffre est certainement supérieur car souvent les femmes amérindiennes ne signalent pas le viols) ; 86 pour cent des viols et des violences sont victimes les femmes sont commis par des hommes non-amérindiens ; peu d’entre eux sont poursuivis en justice.
Lu de cette auteure : La chorale des maîtres bouchers - La malédiction des colombes - Le jeu des ombres
Le billet de Cathulu
vendredi 23 août 2013
Vacances !!!
Une semaine de vacances. Du repos, profiter pour se ressourcer, nager ( je n’ai pas nagé depuis plus de 15 jours et je suis en manque), découvrir des lieux, s’enchanter , s’émerveiller, jouer au scrabble ( et perdre en riant car la beauté des mots ne fait pas le poids face aux redoutables tacticiens), lire, marcher, vivre l'instant présent.
Pas d’ordinateur volontairement et se e déconnecter vraiment.
Je vous dis à bientôt !
Et j’ai des billets programmés (là, je m’épate moi-même !) Belle fin d'août à vous tous/toutes!
Je vous dis à bientôt !
Et j’ai des billets programmés (là, je m’épate moi-même !) Belle fin d'août à vous tous/toutes!
Laura Kasischke - Esprit d'hiver
Éditeur : Bourgois - Date de parution : Août 2013 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Aurélie Tronchet - 286 pages et un uppercut !
Esprit d’hiver ou comment Laura Kasischke joue avec nos nerfs avec brio !
En ce jour de Noël, Holly réveillée tard a une impression étrange. Son mari Eric est déjà parti chercher sa famille à l’aéroport chercher ses parents et leur fille Tatiana adoptée treize ans plus tôt en Sibérie dort encore. Une pensée obsède Holly « quelque chose les avait suivie depuis la Russie » et elle a l'impression de changements confus ces derniers temps. Tatiana d’habitude enjouée se montre d’humeur changeante. Holly ne comprend pas pourquoi. Mais elle met cette humeur sur le compte de l'adolescence et ne veut pas s'énerver contre sa fille. Les éléments semblent se liguer contre Holly. La neige se transforme en un blizzard : Eric est bloqué et aucun des invités ne sera présent ce qui rend furieuse Tatiana. De plus, d’étranges accidents surviennent dans la maison. Tatiana assène sa mère de reproches que ne sait plus quoi penser...
Tout le roman se déroule entre la cuisine et la chambre de Tatiana. Un confinement qui rend encore plus oppressante l’ambiance de ce huis clos hypnotique. Les réflexions d’Holly sur l’adoption, ses envies d’écriture et les souvenirs enfouis, le comportement étrange de Tatania desservent une fin terrifiante ! Car à la dernière page, le puzzle est assemblé et tout le roman nous revient en mémoire. J'ai été scotchée, sonnée car la lumière jaillit sur cet effroyable huis clos...
Je suis sortie très mal à l'aise de cette lecture et il m'a fallu plusieurs jours pour me défaire de ce sentiment. Laura Kasischke nous plonge dans une relation mère-fille, dans les questions légitimes en cas d'adoption et nous ferre habilement.
Avec du recul, il s'agit d'une lecture dérangeante dont on ne sort pas indemne mais un roman fascinant et donc totalement réussi !
Holly savait qu'elle pouvait avoir tout le temps d'écrire au monde, et en dépit de cette conviction qu'elle avait quelque chose à écrire mais pas le temps pour le faire, cela ne donnerait rien. Combien de débuts avait-elle griffonnés ces dix-huit dernières années, et combien de ces débuts n'avaient mené à rien d'autre que la frustration et une mauvaise humeur qui durait des jours? Des centaines de débuts, ne menant à rien. Quel aurait été l'intérêt de briser son angoisse de la page blanche, rien de moins que le jour de Noël?
Lu de cette même auteure : En un monde parfait - La vie devant ses yeux
Merci à Dialogues Croisés !
jeudi 22 août 2013
Katharina Hagena - L'envol du héron
Éditeur : Anne Carrière - Date de parution : Août 2013 - Traduit de l'allemand par Corinna Gepner - 293 pages et un coup de cœur entier, vibrant !
Après avoir lu les deux premières pages j’ai su que j’allais aimer ce roman ! Il s’est produit tout de suite cette alchimie étrange à définir, cette osmose où l’écriture, l’ambiance vont être synonymes de plaisir de lire (sourire aux lèvres, déconnectée du monde, reliée seulement à l’histoire).
Ellen est somnologue, le sommeil l’a quittée et durant une nuit, elle rejoint le monde des insomniaques. Tandis que l’obscurité étend ses bras sur Hambourg, elle guette le retour d’Orla sa fille adolescente et revient sur son parcours. Il y a trois ans elle a quitté l’Irlande et Declan qui s’était toujours comporté comme un père envers Orla pour revenir à Grund près du vieux Rhin en Allemagne. Là où elle a grandi et là où s’était retrouvée seule à vingt ans quand son amant avait disparu après avoir appris sa grossesse. Sa mère Heidrun atteinte d’Alzheimer a sombré dans le sommeil artificiel du coma et son père Joachim a monté une chorale. Chanter pour faire revenir son épouse à la vie, pour la sortir des limbes. Andreas y participe, son ami d’enfance qui depuis s’est enfermé dans un mutisme et ne communique que par écrit. Il y aussi Marthe une veuve arrivée à Grund il y a quelques années et un ancien patient d’Ellen Benno qui effectue une thèse d’histoire.
Depuis la disparition de son fils Lutz il y a dix-sept ans, Marthe est une femme brisée qui n’accepte pas qu’après sa liaison de jeunesse avec Lutz, Ellen soit de retour heureuse. Marthe est une inconnue pour tous car elle a repris son nom de jeune fille. A la chorale, Joachim lui a demandé de tenir le cahier des répétitions. Mais en plus de ces brefs rapports, elle ajoute ses pensées. Cette ancienne professeure aimant la sémantique laisse cours à réflexions imprégnés par la mythologie et l’observation des oiseaux. Au récit d’Ellen s’ajoute les écrits de Marthe. Ellen et Orla sont liées à Marthe sans le savoir. Andréas traque, ramasse tous les papiers où sont jetés, griffonnés des mots. Son silence est survenu après de le départ d’Ellen et rien ne semble l’en éloigner.
Katharina Hagena déroule un canevas brodé de poésie autour d’Ellen, Andréas et Marthe. L’écriture est splendide, somptueuse, et il faut souligner l’excellent travail de traduction (quand on lit les notes de Marthe, on comprend pourquoi j’insiste sur ce point).
L’histoire s’articule autour de la mort, de la vie, de la disparition, de l’oubli avec de nombreuses références culturelles sur le sommeil. L’intrigue de dessine au fil des pages tandis que la psychologie des personnalités est creusée.
D’Ellen symbole de la jeune femme indépendante en quête de stabilité amoureuse à Andréas qui se tait pour garder un secret à Benno obnubilé par ses recherches, j’ai tout aimé dans ce livre !
La mélancolie douce qui s’en dégage, le rythme mélodieux, la nature personnage à part entière, les questionnements sur la mort qui dans ce roman revêt l’habit d’une étape dans la vie…
Suspendue au fil de l'histoire et émerveillée, j'ai souri grâce aux traits d'humour !
Un coup de cœur entier et vibrant pour un bonheur extatique !
Et difficile de choisir un extrait...
Fatigue et somnolence sont les deux extrémités extérieures du seuil dans la demeure de la nuit. De ce seuil d'airain où la nuit et sa fille, le jour, se rencontrent. L'une entre dans la maison au moment même où l'autre la quitte. Aucune des deux femmes ne passe plus de temps avec l'autre qu'il n'en faut pour ces deux saluts quotidiens sur le seuil, mais elles habitent ensemble.
Un coup de cœur également pour Lili M
Lu de la même auteure : le goût des pépins de pomme
mercredi 21 août 2013
Brigitte Giraud - Avoir un corps
Éditeur : Stock - Date de parution : Août 2013 - 235 pages magnifiques !
Avoir un corps ou la
vie d'une femme à travers différentes étapes qui façonnent, forgent,
modifient le corps. Il y a tout d’abord l'enfance et la prise
de conscience de ce corps à travers des jeux, l’éducation des parents
et sa place dans la famille. A treize ans alors qu’elle se prépare un
sandwich, sa mère lui dit qu’elle espère qu’elle ne va pas manger tout ça.
« Cette phrase de ma mère, sa mise en garde brutale me signifie que je
peux décider, maîtriser cette matière-là. C’est le jour où mon corps existe, il
m’appartient. C’est le commencement du tourment, puisque, désormais, je vais y
penser ». La graine est semée et la narratrice se trouve donc forcément pas assez mince. Corps restreint en nourriture et fini de sa passion la gymnastique, la volonté
s'impose, écrasante et avec elle la joie de régner sur ce corps. Puis l’adolescence et le
corps qui se métamorphose, se féminise avec des courbes et des arrondis.
Plaisir de séduire et les premiers émois amoureux qui font vibrer. La fille et
le garçon se voient en cachette, ivresse des sens et des interdits
repoussés plus loin. Mais ce sont aussi les cours de biologie où
les élèves regardent leurs pieds quand il est question des relations
sexuelles entre homme et femme. Sujet mal connu, flou, incertain. Puis,
l’entrée dans la vie active, s'installer en couple « et c’est la
vie domestique qui se tisse à la vie amoureuse », partager le même espace
à deux et les tâches. Le travail qui fait du corps un automate :
gestes répétés des centaines de fois dans la journée. Choisir de devenir
mère avec à nouveau un changement du corps, l’amour pour cet enfant et des
responsabilités. Les premiers pincements au cœur quand elle
laisse Yoto pour aller travailler. Puis sans prévenir le deuil qui fauche
une vie trop tôt, inhibe tout. Des gestes de survie pour s’occuper de Yoto
mais le corps semble sec, aride. Il lui faut réapprendre et ce sont autant de
premières fois.
Il ne faut pas réduire ce livre à un livre sur le corps des femmes car il y a bien plus !
Avec sensibilité, et dans une écriture très sensorielle, sans jamais être grave et avec de l’humour, Brigitte Giraud décrit les liens entre le corps et l'esprit, ces attaches mystérieuses entre ces deux entités ou quelquefois l’un n’obéit pas. Car le corps se rebelle, se révolte ou puise dans sa mémoire.
Un magnifique livre ancré dans l'histoire (je fais partie de cette génération qui enfant n'a pas connu le ceintures de sécurité mais la fumée des paquets de cigarette entiers aux repas de famille ou dans la voiture), roman intime mais tout à la fois social.
Je me suis retrouvée car Brigitte Giraud a vraiment écrit la vie d’une femme à travers le corps et la sphère créée.
J'ai souri, j'ai été émue, j'ai retrouvé des sensations vécues ou une partie de mon adolescence, le corps fatigué du travail des jobs d'été, la joie de donner naissance mais aussi le corps qui devient autre et souffrance.
Il ne faut pas réduire ce livre à un livre sur le corps des femmes car il y a bien plus !
Avec sensibilité, et dans une écriture très sensorielle, sans jamais être grave et avec de l’humour, Brigitte Giraud décrit les liens entre le corps et l'esprit, ces attaches mystérieuses entre ces deux entités ou quelquefois l’un n’obéit pas. Car le corps se rebelle, se révolte ou puise dans sa mémoire.
Un magnifique livre ancré dans l'histoire (je fais partie de cette génération qui enfant n'a pas connu le ceintures de sécurité mais la fumée des paquets de cigarette entiers aux repas de famille ou dans la voiture), roman intime mais tout à la fois social.
Je me suis retrouvée car Brigitte Giraud a vraiment écrit la vie d’une femme à travers le corps et la sphère créée.
J'ai souri, j'ai été émue, j'ai retrouvé des sensations vécues ou une partie de mon adolescence, le corps fatigué du travail des jobs d'été, la joie de donner naissance mais aussi le corps qui devient autre et souffrance.
Ce livre trouvera forcément un ou plusieurs échos chez toutes les lectrices ! Un roman
intemporel qui dans dix ou vingt ans n’aura pas pris une seule ride…
Il paraît que c'est la faute des hormones, du corps qui change.
C'est triste de savoir cela, c'est tellement décevant. Marie-France a des
jambes fines et très blanches, des hanches étroites, des pieds trop longs,
Héléna a des mollets musclés, des épaules larges et de tout petits seins,
Christine a la peau mate et des fesses larges et plates, Françoise a des seins
écrasants et des courbe sinueuses, de la chair qui dépasse du pantalon, Muriel
ressemble à un garçon, sèche et anguleuse, Louisette a la peau blanche parsemée
de grains de beauté, une voix et un décolleté troublants. Si j'étais
un garçon, le corps de Louisette me perturberait.
Lu de la même auteure : Pas d'inquiétude -Une année étrangère
lundi 19 août 2013
Gillian Flynn - Les lieux sombres
Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution : 2011 - 506 pages efficaces !
Début des années 80, la famille Day est massacrée seul Libby âgée de sept ans a réussi à s'enfuir. Ben son frère de quinze ans est jugé coupable du meutre de sa mère et de ses sœurs par le témoignage de Libby. Vingt-cinq ans plus tard, Libby survit grâce aux dons des gens que son cas avait ému. Mais son histoire ne fait plus recette. Lorsqu'est est contactée par une association qui s'intéresse aux cas criminels, elle pense avoir trouvé le moyen de renflouer ses finances. Mais il lui faut retourner sur les lieux du drame et voir Ben que bon nombre de persones considèrent innocent.
Libby Day n'a rien de l'héroïne parfaite : marginale, kleptomane, intéressée par l'argent et paresseuse. La construction alterne le présent à travers sa voix et le passé avec la journée du 2 janvier 1985 où tout a bousculé. Patty sa mère essaie de joindre les deux bouts avec son exploitation agricole qui risque d'être saisie à tout moment. Un père qui les a abandonnés mais qui revient de temps à temps pour demander de l'argent, et la pauvreté au quotidien. Ben se montre distant, solitaire sauf avec Libby et fréquente des jeunes qui ont de l'intérêt pour le satanisme. La famille Day tente de tenir la tête hors de l'eau mais Patty est épuisée de se battre continuellement. En acceptant l'offre de l'association, le contexte global émerge et des noms de personnes qui ont fréquenté Ben reviennent assez souvent.
A la manière d'un puzzle, l'intrigue prend forme car on se doute que Ben n'est pas le meurtrier. Si j'ai eu du mal au départ à accrocher à cause d'un rythme un peu lent à mon goût, j'ai pris du plaisir à lire ce thriller !
Les dernières pages nous offrent une belle montée d'adrénaline et des révélations complètement inattendues! Un thriller efficace!
Lu et préféré de la même auteure : Les apparences.
dimanche 18 août 2013
The Hours
Parce qu'en ce moment, il n'y a rien au ciné et que ça dure depuis juillet, j'ai regardé hier soir The hours, le film dont Cathulu avait parlé récemment . Comment vous parlez de ce petit bijou émouvant et cruellement beau ( je sais ça devient un de mes expressions favorites) ?
Trois vie de femmes à des époques différentes et cette incapacité au bonheur, ce sentiment de frustation, d'échec de rater son existence. De Virginia Woolf en cours d'écriture de Mme Dalloway à une femme mariée, mère de famille dans l'Amérique des années cinquante qui lit justement Mme Dalloway et s'y retrouve à Clarissa éditrice à New-Kork qui s'occupe de Richard, son amour de jeunesse atteint du sida.
On passe d'une de ces femmes à l'autre par des enchaînements de paroles, d'actes qui semblent si naturels (et c'est là une des grandes forces de ce film).
Qu'est-ce que le bonheur, une vie étriquée ou réussie ? Des questions abordées, suggérées en finesse et j'ai J'ai écouté et ré-écouté certains dialogues, certaines phrases. Reliées par un fil intemporel, meme si dès le départ le suicide de Virginia Woolf pense à penser à un film noir, le final débouche sur l'espoir avec des actrices qui jouent admirablement.
A voir et à revoir quand le moral n'est pas ses chaussettes car la charge émotionnelle nous serre la gorge, et bien plus...
Trois vie de femmes à des époques différentes et cette incapacité au bonheur, ce sentiment de frustation, d'échec de rater son existence. De Virginia Woolf en cours d'écriture de Mme Dalloway à une femme mariée, mère de famille dans l'Amérique des années cinquante qui lit justement Mme Dalloway et s'y retrouve à Clarissa éditrice à New-Kork qui s'occupe de Richard, son amour de jeunesse atteint du sida.
On passe d'une de ces femmes à l'autre par des enchaînements de paroles, d'actes qui semblent si naturels (et c'est là une des grandes forces de ce film).
Qu'est-ce que le bonheur, une vie étriquée ou réussie ? Des questions abordées, suggérées en finesse et j'ai J'ai écouté et ré-écouté certains dialogues, certaines phrases. Reliées par un fil intemporel, meme si dès le départ le suicide de Virginia Woolf pense à penser à un film noir, le final débouche sur l'espoir avec des actrices qui jouent admirablement.
A voir et à revoir quand le moral n'est pas ses chaussettes car la charge émotionnelle nous serre la gorge, et bien plus...
samedi 17 août 2013
Erri De Luca - Les poissons ne ferment pas les yeux
Éditeur : Gallimard - Date de parution : Avril 2013 - Traduit de l'italien par Danièle Valin - 129 pages magnifiques !
Comme chaque été, Erri de Luca à dix ans passe ses vacances en compagnie de sa mère sur une île au large de Naples. Attiré par la mer, il aime donner un coup de main aux pêcheurs. Les après-midis sont consacrées à la plage où il se baigne, observe les autres, remplit son cahier de mots croisés. Son père est parti aux Etats-Unis. Cet été là, il se noue d'amitié avec une fillette qui l'initie à la profondeur du verbe aimer. Mais il y a aussi la métamorphose du corps qu'il souhaiterait, les mesquineries d'autres garçons qui vont le tabasser et des prises de conscience.
Il faut prendre son temps pour se délecter de chaque phrase de ce livre. Erri de Luca avec son sens aigu du mot juste, de la poésie nous offre un magnifique un récit initiatique. Le sien. Découverte de l'amour, de la justice des hommes, de la question que sa mère lui pose comme s'il était un adulte : partir aux Etats-Unis ou rester. On découvre un garçon qui préfère rester seul, lire plutôt que de jouer avec les autres, se satisfaisant de ce que les vacance lui offrent. Plaisir de la mer et de l'aide qu'il donne aux pêcheurs. Lui qui dont l'emploi verbe aimer agace lui préfère le verbe maintenir " il comportait la promesse de tenir par la main ". "A dix ans, j'étais un mécanicien de l'appareil adulte. Je savais de démonter et le remonter".
La fillette va bousculer son univers et lui ouvrir l'esprit.
Ce livre ne se lit pas, on le ressent et nous grandit!
Beau, réfléchi, intense et émouvant, les dernières pages sont d'une apothéose à fendre le coeur !
Le deuil de mon père est une flaque d'eau de mer asséchée. Au milieu des rochers, il reste le sel séché, des sanglots à sec.
Le billet de Jérôme, le tentateur une fois de plus.
Lu du même auteur : Et il dit - Le jour avant le bonheur - Trois chevaux
vendredi 16 août 2013
Hugo Boris- Trois grand fauves
Éditeur : Belfond - Date de parution : Août 2013 - 202 pages qui m'ont laissée sur ma faim...
Fauve : grand félin
Félin : mammifère carnivore (...) doté de molaires coupantes et de fortes canines tels que le chat, le lion, le tigre, le lynx, le guépard, etc.
Association d'image : sang, animaux dominateurs prêts à tout qui font naître un sentiment de peur, de respect mêlé à de la crainte, ou un chat qui se faufile avec on ne sait quelle idée en tête.
Trois grands fauves ou trois grands Hommes de l'Histoire dont Hugo Boris dresse le portait : Danton, Hugo et Churchill. Et une question : comment ces hommes sont devenus de telles figures ? Chaque portrait commence par l'enfance et tous les trois ont été confrontés à la mort de peu, y ont échappé. Est-ce que d'avoir entendu le souffle de la faucheuse, d'avoir senti sa présence les à rendus plus forts? Chaque biographie reprend les éléments de ces hommes et leurs événements importants personnels. Du mariage à la chair de leur chair qui a succombé avant eux, à un père méprisant pour Churchill, ils ont eu cette rage de vivre, et de marquer leur époque animés par des convictions.
De Danton le révolutionnaire français, marqué par une disgrâce physique dont on connaît tous la triste fin à Victor Hugo qui en 1851 suite à un coup d'état d'État en France s'exilera à durant quinze ans à Guernesey. Ce père préoccupé par l'état de son dernier enfant Adèle est également décrit comme un homme à femmes. Churchill le politicien anglais qui a joué un rôle important durant la seconde guerre mondiale perd de sa froideur sous la plume de l'auteur.
La mort, fil rouge, relie ces trois hommes comme nous tous d'ailleurs. J’ai appris un peu plus sur ces grands hommes rendus humains avec leurs failles, descendus du piedestal duquel ils dominent encore le monde.
L'écriture est élégante, raffinée mais parfois tombe dans des excès lyriques.
Si ces trois portraits nous éclairent sur ces hommes, je suis hélas restée sur ma faim...
Danton :
Peut-être que cette vie dissolue est-elle la fenêtre ouverte par laquelle il reprend sa respiration, parvient à supporter l'air viciée des assemblées où se construit son oeuvre politique? Inventer une socitété nouvelle est si compliqué, alors qu'il est si facile de satisfaire un bouche ou un sexe.
jeudi 15 août 2013
S.J. Watson - Avant d'aller dormir
Éditeur : Pocket - Date de parution : Mai 2013 - Traduit de l'anglais par Sophie Aslanides - 470 pages complètement addictives !
Quand Christine se réveille tout lui est inconnu : l'homme qui dort à ses cotés, la maison. Après la fête étudiante, aurait-elle suivi cet homme qui semble avoir cinquante ans ? Deux détail la choquent : ses mains sont ridées et elle porte une alliance. La panique et la peur l'envahissent car elle ne souvient pas de cette nuit ou de la fin de la soirée d'hier. Et quand elle découvre dans le miroir qu'elle n'a plus vingt mais au moins le double elle croit un à un cauchemar. Pourtant le cauchemar est bien réel. Ben son mari lui explique qu'il sont mariés depuis longtemps, qu'elle a un eu un accident et que depuis elle souffre d'une forme particulière d'amnésie. Chaque matin, sa mémoire est vide de tout souvenir. Une fois Ben parti au travail, elle reçoit un appel d'un certain Docteur Nash qui lui dit de l'aller lire le journal qu'elle tient. Il sait où elle le met en sécurité. Dans le journal, la première phrase l'interpelle " ne pas faire confiance à Ben".
Voilà un très bon thriller comme je les aime : complètement addictif et dont on tourne les pages avec frénésie ! Pour Christine, chaque journée est une horreur à vivre. Elle ne se rappelle de rien ou de quelques souvenirs d'enfance. Ben son son mari lui montre des photos d'eux mais sa mémoires semble vierge. Cependant les conseils du docteur Nach sur l'écriture portent leurs fruits. Des moments brefs, un visage, un lieu lui reviennent par flash. Mais Ben si prévenant avec elle ne lui dit pas toute le vérité sur son passé. Pourquoi ? Christine découvre qu'elle avait publié un premier roman et surtout qu'ils ont eu un fils Adam. Pourquoi Ben lui ment-il? Et pourquoi le docteur Nash ne lui a pas dit qu'elle n'a pas été renversée par une voiture mais retrouvée errante près d'un hôtel où elle avait loué une chambre ?
A partir des souvenirs de Christine et de ce que Ben lui a raconté, un puzzle incomplet se dessine avec des incohérences. Christine ne révèle pas à Ben que certains souvenirs réapparaissent, qu'il ne lui a pas tout révélé.
L'adrénaline monte au fur et à mesure que les pages se tournent car on veut savoir ce qui est vrai ou faux, ce qui est souvenir ou illusion. Aucun temps mort car l'intrigue est fichtrement bien ficelée ! Du bonheur !
Le billet de Noukette qui renvoie à plein d'autres liens et des paquets d'avis sur Babelio
mercredi 14 août 2013
Arnaud Dudek - Les fuyants
Éditeur : Alma Editeur - Date de parution : Août 2013 - 127 pages entres sourires et pincements au cœur !
Mon père, David Hintel, s’est tué le mardi quatre septembre
deux mille un. A l’heure du thé, il a avalé une bouteille d’insecticide. (..)
Grâce aux facturette retrouvées dans ses poches, on sait que l’insecticide avait
été acheté deux semaines plus tôt dans un supermarché du jardinage qu’il n’avait
guère l’habitude de fréquenter ( pas vraiment la main verte, mon père, capable
de faire crever un cactus). Le même jour, il s’est rendu dans un magasin de jouets.
Boîte de Playmobil, duo Prince et Princesse. A la caisse, on lui a sûrement
demandé s’il désirait un d’emballage cadeau. Puis
une stagiaire prénommée Sabrina ou Jennifer a emballé l’achat dans du papier de couleur vive, l’a ceinturé d’un
ruban et demandé si c’était pour un anniversaire (ça ne l’était pas) et a collé
un sticker Plaisir d’offrir. A la jardinerie, on ne n’a pas dû lui demander si
c’était pour un empoisonnement. On ne demande jamais rien à ceux qui achètent
de l’insecticide.
Ce sont sur ces premières lignes du journal de Joseph que s'ouvre ce roman et le ton est donné d'emblée ! A la mort de son père David, Joseph était encore
qu’un enfant. Maintenant, il s’agit d’un adolescent, petit crack de l’informatique,
un hacker « farouchement marxiste. Forcément. »,
qui s’infiltre dans les système d’information car le monde est manipulé selon
lui (forcément). Joseph vit avec sa mère
Esther dont le frère Simon sort avec des jeunes filles tout juste sorties de l’adolescence. Le tableau
de famille est complété par Jacob le grand-père que Joseph n’a jamais connu. « Jacob
avait mis du temps à réunir assez de
courage pour être lâche. Ou l’inverse. Il a fallu plusieurs tentatives,
plusieurs fausses sorties » pour qu’il abandonne femme et enfant.
A travers les journaux de Joseph, de Simon et de
Jacob, on découvre que dans la famille Hindel, les hommes ont toujours pris
la fuite, trouver un échappatoire à leur
mal-être, à leur soif de liberté. Jacob dont la culpabilité le hante maintenant qu’il
arrive à la retraite veut retrouver son fils David. Il ignore qu’il est mort il
y a plusieurs années. Simon abonné des aventures
sans lendemain songe à l'option prendre la tangente alors
que son flirt émet des hypothèses de relation sérieuse. Entouré
des copains et copines de son petite amie qui pourraient être ses enfants, Simon se défend
se penser qu’il agit mal ( forcément). Et si Simon passe son temps à jouer dans un
monde virtuel, il est bien le seul à vouloir ouvrir les yeux sur sa famille
et à briser les silences qui entourent son grand-père et à la mort de son père.
Dans une écriture débarrassée
de toute convention,
vive, alerte, inventive et où l’ironie fait mouche, Arnaud Dudek nous dévoile
une face peu glorieuse des hommes : celle de la lâcheté. Des hommes qui ne se comportent pas en super-héros ou ont laissé de côté l'armure. Malgré leurs défauts, leurs irresponsabilités, on ne peut qu'éprouver qu'une forme de compassion pour eux. Derrière l’humour caustique se
cache une tendresse immense et les affres de la solitude.
Entre sourires et pincements
au cœur, après Rester sage Arnaud Dudek a su me toucher une fois de plus!
lundi 12 août 2013
Joyce Carol Oates - J'ai réussi à rester en vie
Éditeur : Points - Date de parution : Octobre 2012 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban - 531 pages bouleversantes !
Hospitalisé suite à une pneumonie, l'état de santé de Raymond Smith le mari de Joyce Carol Oates se dégrade. Une infection nosocomiale gagne ses deux poumons mais les médecins ne sont pas alarmistes. Le 18 février 2008 alors qu'elle est rentrée chez elle après avoir vu vue Ray à minuit passé le téléphone sonne. Instinctivement, elle sait qu'il s'agit "d'une mauvaise heure". "Raymond Smith est dans un état critique" mais il est toujours en vie. Arrivée à l'hôpital, Ray est décédé. Quarante-sept ans et vingt-cinq jours de vie commune viennent de se terminer brutalement d'une façon inimaginable. Ray vient de mourir mais son épouse n'a pas le temps d'intégrer la mort car elle se retrouve projetée dans une situation nouvelle et confrontée à des démarche administratives. Deuxième choc qui ne sera pas le dernier. Joyce Carol Oates raconte avec une sincérité désarmante sa nouvelle vie de Veuve, le deuil qui lui fait face. Muraille infranchissable pour cette femme qui avec Ray formait un couple uni et amoureux.
Je dois avouer que j'ai failli abandonner cette lecture tant la charge émotionnelle est forte et également parce qu'elle me renvoyait à un partie de ce ce que j'ai vécu il y a quelques années. Mon père hospitalisé est mort brutalement et j'étais restée auprès de ma mère. J'étais incrédule, stupéfaite devant les papiers qu'il fallait remplir le plus tôt possible, les démarches à effectuer. J'avais vécu ces quelques jours comme si on me volait la mort de mon père. Heureusement en France, suite à un décès, les amis ou connaissances ne nous envoient pas des plats, des paniers de victuailles. Retranchée chez elle, Joyce Carol Smith redoute l'arrivée des livreurs. Comme si manger pouvait réconforter la perte d'un être aimé. Elle ne répond pas au téléphone, préfère envoyer et répondre aux mails la nuit car le sommeil l'a abandonnée. Je dis bien Joyce Carol Smith car Joyce Carol Oates est l'écrivain comme si Joyce Carol avait deux facettes car Ray n'intervenait pas dans son métier d'auteure. Elle relève cette différence plusieurs fois dans son récit. Chaque journée est détaillée avec les souvenirs de sa vie de couple et de Ray, l'envie du suicide qui la tenaille, l'aide des antidépresseurs dont elle a peur de devenir dépendante. Et tous ces moments où vivre lui paraît impossible tant elle est noyée par le chagrin mais aussi les vrais amis et leur soutien. Chaque journée passée est une journée de gagnée. Et pas à pas, on suit son chemin de Veuve. La Veuve intervient, personnage qui nous donne des conseils avec une ironie quelquefois cinglante mais nous met face à une réalité.
Dans ce récit, Joyce Carol raconte comment elle a réussi à sortir la tête de l'eau, à s'octroyer le droit de vivre encore. Emaillé de d'extraits de poèmes ou de textes, cet hymne d'amour magnifique à son mari Ray est bouleversant !
Nous sommes résolus à garder en vie ceux que nous aimons, nous désirons ardemment les protéger, leur épargner toute souffrance. Etre mortel, c'est savoir que c'est impossible ; il nous faut pourtant essayer.
Une lecture commune avec Cynthia !
dimanche 11 août 2013
Carole Zalberg - La mère horizontale
Éditeur : Albin Michel - Date de parution : 2008 - 207 pages et beaucoup d'émotions!
Fleur attend son premier enfant. La jeune femme revient sur son enfance si différente de celle des autres. La différence, un trait qui a pesé lourd dans la lignée ascendante des femmes dont elle est issue. Adèle, son arrière-grand-mère qui aimait rire et s'amuser aux lendemains de la guerre s'était retrouvée enceinte par accident. Le mariage convenu n'avait pas tenu et volé en éclats. Sabine sa fille se montrera détachée de ses propres enfants Emma, Thibault et Caroline toujours à la recherche de cet amour maternel que Sabine leur a refusé. Ballotés entre deux foyers où ils n'avaient pas leur place, les trois enfants s'élèveront seuls. Emma l'aînée, élève studieuse, abandonnera son sérieux pour les garçons, les sorties louches où entre les vapeurs d'alcool elle sombrera aux appels des drogues. Jean-Marc tombera amoureux d'elle sans connaître sa face cachée.
Alternant le récit de Fleur et le passé de la famille, les liens ou plus justement les absences de lien complexes se dessinent. Les envies d'Emma, de Sabine, d'Adèle, ces envies de liberté ne se conjugueront pas avec ce qu'on entend derrière les mots être mère. Emma et Adèle se trouveront des prétextes pour ne pas jamais être là pour Sabine. Le cordon fusionnel que Sabine nouera avec Fleur ne suffira pas à combler tout le manque d'amour maternel ressenti.
Pas de pathos mais les émotions vives, fortes ou sur le fil du rasoir de la difficulté d'être femme et mère, de l'amour maternel ou son manque sont décrits avec puissance et poésie ! Un très beau roman !
Dans A défaut d'Amérique, le point de départ était l'enterrement d'Adèle. Après cette lecture, j'avais eu l'envie de continuer à côtoyer ces femmes et de mieux les connaître.... Alors, je vais continuer sur ma lancée avec Et qu'on m'emporte.
Pour Sabine, cependant, l'enjeu était plus enivrant ; elle expérimentait le contraire de la transparence où l'avaient tenue ses parents. C'est vrai, elle avait été d'abord excessive pour la galerie. Mais elle avait aussitôt pris goût à sa densité, à l'intérêt un peu inquiet qu'elle suscitait. Elle croyait même déceler chez sa mère de l'envie.
Les billets de Cathulu, Gambadou
Fleur attend son premier enfant. La jeune femme revient sur son enfance si différente de celle des autres. La différence, un trait qui a pesé lourd dans la lignée ascendante des femmes dont elle est issue. Adèle, son arrière-grand-mère qui aimait rire et s'amuser aux lendemains de la guerre s'était retrouvée enceinte par accident. Le mariage convenu n'avait pas tenu et volé en éclats. Sabine sa fille se montrera détachée de ses propres enfants Emma, Thibault et Caroline toujours à la recherche de cet amour maternel que Sabine leur a refusé. Ballotés entre deux foyers où ils n'avaient pas leur place, les trois enfants s'élèveront seuls. Emma l'aînée, élève studieuse, abandonnera son sérieux pour les garçons, les sorties louches où entre les vapeurs d'alcool elle sombrera aux appels des drogues. Jean-Marc tombera amoureux d'elle sans connaître sa face cachée.
Alternant le récit de Fleur et le passé de la famille, les liens ou plus justement les absences de lien complexes se dessinent. Les envies d'Emma, de Sabine, d'Adèle, ces envies de liberté ne se conjugueront pas avec ce qu'on entend derrière les mots être mère. Emma et Adèle se trouveront des prétextes pour ne pas jamais être là pour Sabine. Le cordon fusionnel que Sabine nouera avec Fleur ne suffira pas à combler tout le manque d'amour maternel ressenti.
Pas de pathos mais les émotions vives, fortes ou sur le fil du rasoir de la difficulté d'être femme et mère, de l'amour maternel ou son manque sont décrits avec puissance et poésie ! Un très beau roman !
Dans A défaut d'Amérique, le point de départ était l'enterrement d'Adèle. Après cette lecture, j'avais eu l'envie de continuer à côtoyer ces femmes et de mieux les connaître.... Alors, je vais continuer sur ma lancée avec Et qu'on m'emporte.
Pour Sabine, cependant, l'enjeu était plus enivrant ; elle expérimentait le contraire de la transparence où l'avaient tenue ses parents. C'est vrai, elle avait été d'abord excessive pour la galerie. Mais elle avait aussitôt pris goût à sa densité, à l'intérêt un peu inquiet qu'elle suscitait. Elle croyait même déceler chez sa mère de l'envie.
Les billets de Cathulu, Gambadou
vendredi 9 août 2013
Catherine Charrier - La fréquentation des à-pics
Éditeur : Kero - Date Parution : Mai 2013 - 224 pages et dix-huit tranches de vie vécues par des femmes qui ne peuvent que toucher !
Ce sont des histoires de femmes et de filles qui cheminent au bord du précipice. Parfois, elles le voient et il leur vient un brin de vertige, mais, la plupart du temps, elles l’ignorent. Elles se tiennent là comme si de rien n’était. La falaise est escarpée, mais sous leurs pieds la terre est ferme, et puis elles font attention. Sans doute les femmes fréquentent-elles les à-pics depuis longtemps, rompues au maintien en équilibre, mais il me semble qu'entre les années cinquante et aujourd'hui, elles ont exploré ce les alpinistes appelleraient des voies nouvelles, dont il n'existait aucune carte, aucun repère. Elle n'avaient développé aucune tactique, rien ne leur avait été transmis, et pourtant elles sont passées.
Cet extrait de la préface présenté admirablement les dis-huit textes de ce recueil. Des tranches de vie vécues entre les années cinquante à nos jours, une soixante d'années où le monde a changé et où les femme ont suivi dans ce mouvement. Avec bonheur, appréhension ou à tâtons. Catherine Charrier raconte ces moments où tout change face à une situation déstabilisante ou nouvelle. Du passage à des responsabilités d'adulte pour une adolescente après les vagues de mai 68 à l'interdiction d'une union mixte considérée comme interdite en passant par une enfant qui découvre que l'acte d'aider des autres n'est pas facile et la fin d'un mariage au tribunal, l'auteure nous immerge dans l'intime, le ressenti des protagonistes. Les émotions mais aussi des des sourires nous cueillent au passage avec une poésie, cette pudeur et ce respect de l'auteure. Elle est là pour retranscrire et non pour juger. Nous aussi d'ailleurs.
Des tranches de vie qui s'apparentent au quotidien, au plus près des femmes et des instants fugaces ou plus empreints de faits qui en disent beaucoup.
Depuis l'Attente, Catherine charrier a acquis une plus grande maîtrise, a gagné en force dans son écriture. Pari réussi avec ce recueil à la portée universelle à mettre entre toutes les mains des toutes les femmes !
Les billets d'Anis, Cathulu, l'Irrégulière
jeudi 8 août 2013
Pascal Dessaint - Les derniers jours d'un homme
Éditeur : Rivages - Date de parution : Avril 2013 - 278 pages lues en apnée !
Une cité industrielle dans le Nord-pas-de-Calais à l'écart de la ville par l'autoroute. Clément y a travaillé tout comme son père avant lui car depuis quelques années, il a quitté l'usine et son cortège d'ouvriers. Mais le décor n'a pas changé ni l'argent qui manque. Il y a peu, il a enterré sa mère et maintenant c'est sa femme qui ne s'est pas réveillée lors d'une opération. Le voilà avec Judith sa fille de cinq ans. Un air vicié et une terre polluée par les métaux de l'usine qui voit sa fin approcher. Mais pour les ouvriers c'est leur travail et leur salaire qui risquent de s'envoler.
Alternant le récit de Clément au moment des faits et celui de Judith quinze ans plus tard, Pascal Dessaint nous raconte le quotidien de centaines d'hommes et celui d'une cité nourrie au sein maternel meurtrier de l'usine Europa. Europa comme Métaleurop mise sous les feux des projecteurs il y a quelques années. Le rapprochement est fait. Judith vit chez chez son oncle Etienne le frère de son père depuis son décès alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Elle veut comprendre ce qui s'est passé et comment son père est mort.
Si la solidarité des ouvriers ( on se serre les coudes naturellement), la dureté du travail, la souffrance et la peur d'un avenir incertain sont mises en avant, le lien fraternel, l'attachement à une région et à ses habitants éclairent ce livre sombre. Car il y a aussi les ennuis que l'on s'attire en voulant dénoncer des faits qui dérangent, la pauvreté mais toujours la dignité du travail chez ces personnes qui possèdent une réelle humanité !
Un livre qui résonne par ricochet au fil des fermetures d'usines, d'entreprises hélas toujours d'actualité... Roman social, intime avec des personnages vrais et touchants qui nous habitent longtemps!
-L'usine t'a tué mais d'une autre façon...
-Ca nous apprendra à naître n'importe où...
Les billets de Cathulu, Cuné (la tentatrice)
mercredi 7 août 2013
Natacha Andriamirado - Caracal
Éditeur : Maurice Nadeau- Date de parution : Janvier 2013 - 151 pages transformées en un hérisson de marque-pages !
Coline vit à Partis et travaille en tant que bibliothécaire. Jeune femme solitaire qui tous les matins va nager. Caracal est l'île où elle a passé son enfance. Elle l'a rayée mentalement de sa carte et de des souvenirs. A la piscine, elle remarque Marcel. Tous deux nagent dans des lignes côte à côte aux mêmes horaires. Marcel englué dans le désespoir lié à sa séparation récente car ses enfants réclament qu'ils reviennent. Coline et Marcel prennent l'habitude de prendre un café après la piscine, de parler. Deux solitudes qui se retrouvent, et à Marcel qui n'a jamais voyagé, Coline propose un voyage dans son île natale.
La voilà piégée au jeu d'un lieu extraordinaire, d'un paradis vendu sur papier glacé. Car Caracal est synonyme de souffrances pour elle. Elle invente, imagine pour Marcel l'île. De son côté, Marcel s'aperçoit que Coline reste muette sur les habitants sur ses amis. Pourquoi ? Marcel lui-aussi ne veut pas parler de ses blessures.
Ces deux êtres pour qui Caracal était une brèche d'espoir s'éloignent l'un de l'autre sur la pointe des pieds inexorablement.
Avec une écriture tout en finesse et en pudeur, Natacha Andriamirado nous entraîne dans la relation amicale entre Coline et Marcel. Une relation amicale qui va s'étioler car chacun malgré tout n'arrive pas pas à se défaire de son cortège non-dit de culpabilité ou de son jardin secret où la noirceur est la couleur.
Un roman où la délicatesse du style suggère, ouvre des portes et m'a touchée ! Et la vision de la lecture de Coline, du lien que nous avons avec les livres en ravira plus d'un ! Une auteure à suivre de près !
Chacun a le droit à l'illusion comme forme d'espoir et celui que les brise à coups de vérité est nécessairement condamnable.
Les billets de Cathulu (merci!), Mélopée. Sylire est moins enthousiaste. Une interview de l'auteure chez Caroline.
mardi 6 août 2013
Elliot Perlman - Ambiguïtés
Éditeur : 10 x 18 - Traduit de l'anglais ( Australie) par Johan - Frédérik Hel Guedj- Date de parution : 2005 - 857 pages magistrales !
Simon est un instituteur au chômage. Cet enseignant trentenaire passionné, érudit passe ses journées à boire, à lire de la poésie Mais surtout il ne peut s'empêcher de penser à Anna son ancienne petite amie qui a rompu avec lui il y a dix ans. Il fait la connaissance d'Angela une prostituée qui tombe amoureuse de lui et qui veut l’aider à s'en sortir. Il apprend par hasard qu’Angela a pour client régulier depuis plus de deux ans le mari d’Anna. Sans laisser deviner son acte, Simon enlève Sam le fils d’Anna à la sortie de l’école.
Ce kidnapping est un subterfuge qui donne à Elliot Perlman l’occasion de nous entraîner dans un roman où les surprises sont au rendez-vous. Tout d'abord la construction donne la parole à Simon, à Anna, à son mari mais aussi à d’autre personnes qui gravitent auteur d’eux. Chaque personnage donne sa vision des faits du présent, du passé mais aussi de l’avenir. Car Simon a été arrêté par la police et est emprisonné en attendant son procès. Et nous lecteurs avons une vision qui change au fil des pages. Qui est noir ou blanc ? Rien n’est simple. L'ambiguïté des relations et de chacun se dévoilent à travers ses attentes, son mariage, son enfance, ses aspirations, le travail. Joe le mari d’Anna est courtier en bourse.
Chaque récit est un rouage qui nous éclaire un peu plus. En fait c’est ce que nous croyons. Car il faut attendre les dernières pages pour se prendre l’uppercut qui est bien loin de ce que l’on peut imaginer ! Le système boursier, la société actuelle basée sur des valeurs comme le profit, l’appât de l’argent au détriment des soins de santé et des individus sont de miroirs que l’auteur nous tend. Comme le sentiment profond de connaître quelqu'un et de se tromper. Qui se montre tel qu'il est sans laisser de zones d'ombres, sans cacher des blessures anciennes ou récentes, des remords ou la volonté d'une forme de rédemption?
Cette radioscopie de la société, de ces personnages si différents est magistrale, riche et passionnante ! Sans oublier la poésie, son étude et ce qu'elle apporte qui sont des passages magnifiques et très intéressants !
La faculté de revivre les états émotionnels du passé est à la fois une aptitude et une malédiction. C'est une malédiction, car cela vous empêche d'avancer dans la vie. La moindre coupure, le moindre bleu, le moindre rejet engendrent une moisson que l'on conserve en stock .
Le billet de Manu .
Lu du même auteur : la mémoire est une chienne indocile.
dimanche 4 août 2013
Erwan Desplanques - Si j'y suis
Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution : Janvier 2013 - 115 pages et une déception...
Jacques dont la mère se meurt à l'hôpital tente de se raccrocher à son passé en la personne de Marion sans une station balnéaire des Landes,Marion ne comprend pas pas sa venue. Elle a sa vie. Puis changement de lieu : Paris où il est correcteur. Jacques se rend tous les jours à l'hôpital. Un rituel. Puis après la mort de sa mère, on le retrouve à Hanoï sans but précis.
Ce roman a eu des éloges dans la presse (solidarité jounalistique ?), et autant le dire d'emblée, je n'irai pas dans ce sens...
Ce livre est comme des fragments épars de moments de vie. Mais voilà, il manque une solide base, un fil conducteur. Là où certains parleront de sensibilité, j'emploi le terme de sensiblerie. Il y a ici ou là deux ou trois jolies phrases ( on dirait du Olivier Adam d'ailleurs) mais je n'ai trouvé aucun intérêt à ce roman. Voilà c'est dit...
Les billet d'Anne, *Fleur*, Noann non convaincus également
samedi 3 août 2013
Enrico Remmert - Petit art de la fuite
Éditeur : Philippe Rey - Traduit de l'italien par Nathalie Bauer - Date de parution : janvier 2013 - 216 pages de plaisir !
Trois amis embarquent à Turin pour un voyage qui doit les conduire à Bari. Ville où Vittorio violoniste restera afin de jouer plusieurs mois sans un grand orchestre. Angoissé, il se signe par la thérapie à la bière. Francesca son future ex fiancée est également de la partie por lui annoncer que c'est fini entre eux et qu'elle partage dorénavant sa vie avec son Luca le vétérinaire pour qui elle travaille. Et il y a Manu qui se greffe à ce voyage. Monitrice d'auto-école, ex gogo-danseuse, elle fuit Yvan son compagnon un DJ violent. Tous prennent place à bord de la voiture de Manu pour un périple peu ordinaire.
L'ambiance entre Vittorio et Francesca est non ne peut plus glaciale alors que Manu s'est bien gardée de leurs dire qu'elle avait volé à Yvan ( pour les dédommagements et le mal subi ) un tableau de valeur. Sauf qu'Yvan les retrouve et que le voyage prend les allure d'un road-movie limite déjanté avec de nombreux rebondissements à travers l'Italie.
Enrico Remmert donne la parole tout à tour à chacun des personnages qui sont tous en proie à des questions purement individualistes ou à des réflexions sur l'avenir car ils ont besoin de marquer une pause, de se retrouver ou de prendre de décision. Vittorio, Francesca et Manu tous les trois différents vont trouver en eux et grace à la compagnie des deux autres une force et une volonté qui leur manquaient. Ils nous offrent une vision de la vie à travers un kaléidoscope avec un mélange de poésie, d'ironie, d'humour, ou de réflexions scientifiques, existentielles ou terre-à-terre et c'est tout simplement savoureux ! Je n'aime pas spécialement les romans à fin ouverte mais ici j'ai été conquise !
Je ne me suis pas ennuyées une seule seconde et j'ai tourné les pages avec un plaisr que je ne vais pas bouder ! Car les aspects faussement légers de ce roman cachent de bonnes surprises !
Les billets de Gwordia, Sylire, Yvon
vendredi 2 août 2013
Jeffrey Eugenides - Le roman du mariage
Éditeur : Editions de L'Olivier - Traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Oliver Deparis - Date de parution : Janvier 2013 - 552 pages et un roman très plaisant à la psychologie creusée !
Etats-Unis début des années 80 université de Brown. Madeleine étudiante en littérature, sage et presque effacée tombe amoureuse de Leonard qui participe à l'un des cours qu'elle suit. Lui est dans une voie scientifique en biologie. Madeleine admiratrice de Jane Austen participe à des cours où les étudiants se gargarisent de Barthes (ou boivent littéralement les paroles du professeur) et confrontent points de vue. Et il y a Mitchell attiré par la théologie. Un trop gentil garçon à qui Madeleine a laissé croire des sentiments.
Trois personnages différents qui à l'université découvrent l'indépendance, l'amour, le sexe et les déceptions avec une responsabilité sur les épaules : quid de leur avenir ?
Si Madeleine tergiverse sur la poursuite de ses études, Mitchell part en Inde et en Europe voyager durant une année avec un ami et Madeleine s'installe avec Leonard. Mais Leonard est malade, maniaco-dépressif et le jeune couple ne connaît pas un bonheur parfait. Loin de là. Dévouée à son mari, Madeleine repousse à plus tard sa poursuite professionnelle. Malgré son admission dans un laboratoire réputé de recherches, Leonard a changé : conséquences du traitement au lithium. Et pendant ce temps en Inde Mitchell n'oublie pas Madeleine.
Ce livre débute avec un certain humour et un style entraînant, truffé de références littéraires et décrivant les personnalités de nos trois personnages et leurs origines. A mesure des pages et de la maladie de Leonard, la légèreté est oubliée. Chacun d'entre eux est face à des choix lourds de conséquences pour le futur.
Roman sur la passage à l'âge adulte et des responsabilités, la psychologie est creusée et Jeffrey Eugenides cerne parfaitement une époque. Seul petit bémol : j'ai trouvé que la fin était trop vite amenée... Il n'en demeure pas moins que ce ce livre possède tous les ingrédients que j'aime !
Voir Leonard aller mieux était comme lire certains livres difficiles. c'était comme on avançait péniblement dans les derniers romans d'Henry James, ou dans les pages sur la réforme agraire d'Anna Karénine, et que, brusquement, ça redevenait captivant et ça continuait à s'améliorer, jusqu'à ce qu'on soit tellement emballé qu'on en venait presque à être content du passage ennuyeux précédent car il n'avait rendu la suite que plus délectable.
Plein d'avis sur Babelio.
jeudi 1 août 2013
Laurent Gaudé - Le soleil des Scorta
Éditeur : Actes sud - Date de parution 2006 - 284 pages âpres et splendides !
Nous sommes en Italie du sud dans le petit village Montepuccio. Un village où les Scorta sont nés. Une famille qui commence avec Luciano Mascalzone. Petit voyou revenu après quinze années passées sous les barreaux. Son retour sera pour le femme qu'il aimée, une nuit et une journée suffiront à déclencher la vengeance des habitants et sa mort. Sans le savoir, Luciano aura laissé une autre trace. Un enfant qui sera maudit dès sa naissance Rocco Scorta Mascalzone. Premier des Scorta et dont le sang charrie l'héritage de son père. Contrebandier, jouisseur de la vie, l'argent lui amènera le respect. Quand le signes de la mort s'approchent, Rocco le sait et signe un pacte avec le curé et laisse un héritage maudit aux villageois. Il donne toute sa fortune à l'église pour le village et ses trois enfants sans le sou. Le curé les envoie loin de l'Italie. Trois enfants pauvres unis par les liens du sang par ceux de la famille qui iront à New-York et reviendront enrichis à Montepuccio. Le nouveau curé a enterré leur mère dans la fosse commune. Les deux frères et la soeur lui réclament une procession et un enterrement digne des Scorta. Le curé n'en a cure de ce pacte. Leur ami d'enfance Raffaele en les aidant deviendra lui aussi un Scorta et apprendra leur secret. Il travaillent durs pour ouvrir un tabac et sortir de la misère qui leur collent à la peau. Humbles, dignes, tous se marient, ont des enfants et s'établissent dans la vie. Mais le sang parle toujours. Aussi fort que le soleil du sud. La lignée des Sorta, leurs histoire est celle d'une famille heureux d'être des Scorta. Des culs terreux travailleurs porteurs d'un héritage familial lourd mais qui les unit, attachés à leur terre natale et dont le nom est une richesse et une malédiction. Mais changer le destin n'est pas facile quand le sang des Scorta coule dans vos veines.
Roman magnifique où l'écriture âpre, riche de Laurent Gaudé brille comme le soleil de l'Italie, où l'histoire de cette famille faite de malheurs est contrebalancée par des bonheurs, par le labeur de la sueur et par ce nom des Scorta. Splendide tout simplement !
Nous n'avons été ni meilleurs ni pires que les autres, Elia. Nous avons essayé. C'est tout. De toutes nos forces, nous avons essayé. Chaque génération essaie. Construire quelque chose. Consolider ce que l'on possède. Ou l'agrandir. Prendre soin des siens. Chacun essaie de faire au mieux. (...) Quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné et que tu n'as plus le temps de voir ta femme et tes enfants , quand tu sues pour construire quelque chose , tu vis les plus beaux moments de ta vie.
Lu du même auteur : La porte des enfers et Ouragan
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