vendredi 30 avril 2010

Création d'un Club de lecteurs chez Dialogues !

Eh oui ! J'en ai rêvé, ils l'ont fait !
Dialogues vient de créer un club de lecteurs.

Le principe est simple :
une liste de livres est proposée, il faut s'incrire en tant que lecteur et demander le livre que l'on souhaite chroniquer.

Dialogues offre le livre que l'on demande ! Comme dans le cadre d'un partenariat, le délai est d'un mois pour la remise du billet.

Toutes les infos sont ici !

Alors, heureux ???

Alice Ferney - Grâce et dénuement



Aux abords d’une ville, une famille de Gitans occupe un terrain vague « ils étaient des Gitans français qui n’avaient pas quitté le sol de ce pays depuis quatre cent ans. Mais ils ne possédaient pas les papiers qui d’ordinaire disent que l’on existe : un carnet de voyage signalait leur vie nomade ». Une famille où la matriarche Angéline est respectée par ces cinq fils et ses quatre belles filles. Ils vivent dans des caravanes sans eau potable. Les enfants ne vont pas à l’école et ne savent ni lire ni écrire. Ester, une bibliothécaire, va venir à leur rencontre. Il faudra des mois pour qu’elle, la gadjé, ait la permission de lire des histoires aux enfants. Chaque mercredi, elle viendra avec ses livres. Peu à peu, elle va apprendre à mieux les connaître, à les comprendre mais sans jamais les juger.

Il existe des lectures qui vous transportent, qui vous éclairent et qui vous touchent par l’écriture. Incontestablement, « Grâce et dénuement » en fait partie…C’est d’abord une très belle rencontre où les livres permettent de créer des ponts entre deux mondes opposés. On découvre la vie des gitans. Eux qui suscitent la peur, la méfiance partout où ils s’installent. Ils ont leur fierté, ils vivent avec ce qu’ils ont mais sans jamais demander la pitié. A côté de cela, ils ont en eux une richesse incroyable : leurs origines, leur famille soudée et l’amour. Tout y est dit avec les mots justes sans larmoiement mais avec beaucoup de respect.

Quand Esther vient leur lire des histoires, on ressent toute la joie et l’émerveillement des enfants. Des moments de bonheur qui deviennent indispensables et privilégiés pour eux et pour elle. L’écriture d’Alice Ferney est très belle, de cette grâce qui émeut. Dès les premières lignes, le style épué m’a plongé dans un état où seule la lecture de ce livre comptait. Enfermée dans ma bulle, j’ai fait une merveille rencontre moi aussi…

Un gros coup de cœur, une belle leçon de vie...un livre à lire pour toutes ces raisons. Et, je pense qu’il est impossible d’être insensible à l’écriture d’Alice Ferney.

« Quand ils avaient les livres pour eux seuls, ils ne les lisaient pas. Ils s’asseyaient, les tenaient sur leurs genoux, regardaient les images en tournant les pages délicatement. Ils touchaient. Palper doit être le geste quand on possède, car c’était ce qu’ils faisaient, palper, soupeser, retourner l’objet dans tous les sens. »

C’était une lecture commune avec aBeiLLe et Liliba.

Je fais d’une pierre deux coups car je devais églement le lire dans le cadre du challenge organisé par Théoma.

jeudi 29 avril 2010

Ma rencontre avec Tom Rob Smith



Mon périple parisien se termine aujourd'hui. Le point d'orgue a été hier soir le cocktail organisé dans les locaux de Lire.
Tout d'abord, une table ronde très ouverte et très sympathique où Christine Ferniot du magazine Lire, Françoise Triffaux directrice éditoriale des éditions Belfond ont posé quelques questions à Tom Rob Smith.

Ce jeune et bel auteur (et plus beau nature qu'en photo) a expliqué la genèse de "l'enfant 44" et de "Kolyma". J'ai appris que le travail de recherche et de documentations a été très important pour l'écriture de ces livres qui s'inscrivent dans un contexte politique et historique.

Puis, sous un soleil de plomb, direction la terrasse pour se rafraîchir un peu.

J'ai pu discuter avec Valérie Cochard et François Chasseré de chez Belfond. Nous avons évidemment parlé de lectures en tout genre ... et de Brest !

J'ai approché le beau Tom Rob Smith qui a répondu à mes questions...
Le scoop : il termine l'écriture d'un troisième livre qui paraîtra en décembre ou en début de l'année prochaine. Il aime les auteurs classiques et il a toujours eu cette envie d'écrire. D'ailleurs, il a commencé très jeune à écrire des petites histoires et des petits textes...

Voilà, bien entendu,je suis fatiguée mais je rentre avec l'image de belles rencontres ...

mercredi 28 avril 2010

Valeria Parrella - Le temps suspendu




Maria est enseignante dans un centre de formation pour adultes à Naples. A 42 ans, elle vit sa première grossesse. Bien avant le terme, elle accouche d'une petite fille qui est placée en service néonatal pour "grands prématurés".

Je pensais aimer ce livre...

Je voulais savoir comment Maria allait vivre ces heures et ces jours d'attente. Quels allaient être ses ressentis, comment devient-on "mère" quand son bébé est relié à des machines et qu'on le voit à travers le hublot de la couveuse?

J'ai eu l'impression de n'avoir pas eu assez d'éléments et surtout je n'y ai pas trouvé de sensibilité. L'auteure nous parle beaucoup du travail de Maria, de son enfance... et je n'ai pas compris pourquoi. A noter : une quatrième de couverture très prometteuse ...

Je suis complètement passée à côté de cette lecture qu'Aifelle a aimé.
Theoma y a vu de la mélancolie, Mango n'a pas été emballée...
Sylire, Pimprenelle, Lili Galipette ont un avis mitigé.



Merci à pour cet envoi.

mardi 27 avril 2010

Sarah Chiche - L'emprise



Ce livre s’ouvre sur les lignes suivantes :
Le ciel était sale, le jour où je me suis rendue pour la première fois chez Victor Grandier.
Elle venait de mourir. Il m’avait quittée. On me méprisait.
La voiture m’a crachée sur un trottoir.
Une cloche a tinté.
J’ai monté des marches, l’oeil sec et le coeur cassé.
J’allais sur mes vingt-six ans. J’avais tout. Et je n’étais rien
.

D’emblée, j'ai aimé ce style d’écriture. La suite de l’histoire pourrait s’intituler manipulation psychologique, la descente aux enfers qui vous déleste au passage de beaucoup d’argent…

La narratrice, une jeune femme, est déboussolée. Son mari vient de la quitter car il a appris qu’elle avait un amant. Ce dernier l’a également plaquée. Sa grand-mère vient de décéder lui léguant une forte somme d’argent. Sur le fil de la dépression, sa vie part à vau-l’eau. Sur les recommandations d’un ami de son beau-père, elle va consulter Victor Grandier, un thérapeute qui lui promet la guérison et le bonheur. Il lui propose une méthode qu’elle doit suivre au pied de la lettre…

Elle devient une proie facile sans défense pour le thérapeute.

On assiste à son manège fort bien rôdé de Victor Grandier. Il la met d’abord en confiance et lui donne de l’importance. Et surtout sa méthode est de se dévouer pendant trois semaines nuit et jour pour qu’elle aille mieux. Elle doit le consulter tous les jours pendant de longues heures et se plier à ses exigences : couper contact avec sa famille, n’écouter que lui. Le tout moyennant de grosses sommes d’argent évidemment Et là, on se dit que ce n’est pas possible, qu’elle va réagir !
Mais non, car elle est « sa chose » et qu’elle est vulnérable.

Il devient son gourou et surtout il sait se rendre indispensable.
Lavage de cerveau, manipulation psychologique …En un peu plus d’un an, elle va dépenser pratiquement 200 000 Euros en consultation. Mais le bonheur n’a pas de prix comme la possibilité de recommencer une nouvelle vie. Au fur et à mesure, il abat les dernières barrières qu’elle pouvait avoir et il l’entraîne dans des idées délirantes de Diable, de bon/de mauvais.

Sarah Chiche décrit les dérives sectaires de certains thérapeutes qui promettent monts et merveilles. Elle glisse le lecteur dans la peau de la personne fragilisée et nous aussi on s’échoue… C’est bien écrit, on plonge dans ce livre et on en ressort scotché !

Je remercie les éditions Grasset pour ce livre !

lundi 26 avril 2010

Edgar Hilsenrath - Fuck America



Avertissement : Amoureux du langage châtié s’abstenir de cette lecture.

Je ne sais pas comment parler de ce livre. Dérangeant, iconoclaste, voilà les premiers mots qui me viennent à l’esprit.

L’autobiographie occupe une place importante car Edgar Hilsenrath né en 1926 en Allemagne a connu les ghettos juifs avant de partir pour Israël puis pour New-York.

Ce livre commence par un échange de courriers en guise de prologue. 1939 : Nathan Bronsky, juif polonais vivant en Allemagne demande pour sa famille un visa pour l’Amérique. La réponse du Consul Général des Etats Unis ne s’embarrasse pas de politesse ou de courtoisie : selon les quotas d’immigration, ils pourront venir en 1952 et en attendant qu’ils se démerdent !

1952 : Jacob Bronsky, le fils de Nathan, est aux Etats Unis. A vingt-huit ans, il en fait déjà quarante comme fatigué de son passé. Il survit grâce des p’tits boulots minables dans un New-York sans strass et sans paillette. Ici, on est à l’opposé du rêve américain. Dans des quartiers malfamés, clochards et putains se côtoient. C’est là que Jacob traîne avec d’autres immigrés.. Il travaille quand il est vraiment fauché, il combine arnaques et mensonges pour manger à sa faim. Où est le héros gentil, vaillant et poli ? Pas dans ce livre. Obsédé par le sexe, Jacob aime les putes. Comme pour se souvenir ou se décharger du poids de l’Holocauste, il veut écrire un roman sur les ghettos juifs.

Nul besoin de fioritures ou de ronflants pour parler de la misère et de tous les laissés pour compte de la belle Amérique. Le tout est porté par des mots crus ou direct dans un langage direct. Moi qui ne suis pas très guillerette quand le langage est vulgaire, certains passages m’ont un peu dérouté. L’Amérique où l’argent et la réussite prévalent est stigmatisée. Ici, l’auteur a opté pour la vérité aussi peu reluisante soit-elle. Quand il parle de la Shoah, il le fait avec des mots justes et ça fait mal… . Les pensées de Jacob vont de l’essentiel comme à manger à sa faim à des situations où il cherche sa place dans ce pays.

Un livre clash qui rend mal à l’aise.
J'aimerais bien envie de lire "le Nazi et le barbier" du même auteur.

« Avec le truc des toilettes, j’ai pu garder le tête hors de l’eau pendant une semaine.(…) Là, j’ai été à deux doigts de me faire prendre : quand, après le repas, je suis allé aux toilettes pour filer en douce, j’ai constaté que la fenêtre ne s’ouvrait pas. J’ai secoué comme un malade. En vain. J’ai commencé à taper sur le cadre à poings fermés, mais j’ai eu peur de faire trop de bruits. Bronsky, je me suis dit, essaie de voir aux toilettes pour dames. C’est ta dernière chance ».

samedi 24 avril 2010

Stefan Zweig - La confusion des sentiments



Les premières pages, j’avoue été un peu surprise par ce professeur qui lors d’une réception donnée en son honneur se remémore certains de ses souvenirs. Mais… ce n’était qu’un leurre ! Car après, l’alchimie Zweig s’est encore produite ! Notre professeur, Rolland, revient sur sa vie d’étudiant qui au départ était plus orientée vers les femmes, l’insouciance et la désinvolture de la jeunesse. Suite à ces quelques mois de vie oisive, il quitte Berlin pour une université plus petite. Il va rencontrer un professeur qui va changer et bouleverser sa vie. Car cet homme enseigne avec une exaltation, un enthousiasme hors du commun. Celui –ci va le respecter et l’idolâtrer. L’élève devient prisonnier de sa vénération, mais le professeur se montre parfois indifférent ou distant. Rolland apprendra la raison qui pousse le professeur à agir de la sorte.

Et je dis merveilleux Stefan Zweig ! Il décline la passion avec une écriture sublime ! Les sentiments de Rolland se voient modifiés tout au long du livre. Son engouement devient extrême et le rend esclave de l’admiration qu’il porte envers le professeur. Quand ce dernier se montre froid, Rolland aveuglé et obnubilé frôle le désespoir. Comme dans la passion amoureuse, les sentiments sont très forts, poussées aux extrêmes. La passion devient dangereuse, destructrice et asservit l’élève.
Stefan Zweig décrit si bien les émotions qu’on les ressent ! Quand il parle de la fougue ou des doutes, ces ressentis nous emparent et on les vit avec toute l’intensité qu’il les écrit.

Ce n’est pas un coup de cœur, c’est bien plus !

« Mais tout d’un coup, je découvrais dans ce texte un univers ; les mots se précipitaient sur moi, comme s’ils me cherchaient depuis des siècles, le vers courait en m’entrainant comme un vague de feu, jusqu’au plus profond de mes veines, de sorte que je sentais à la tempe cette étrange sorte de vertige ressenti quand on rêve qu’on vole ».

Je développe une addiction à cet auteur et je reste bouche bée d’admiration…

D'autres avis : Cynthia ( directrice officielle du fan club Zweig), Keisha,chez l'ami BOB

vendredi 23 avril 2010

Lisa Unger - Et surtout ne te retourne pas



Isabel a tout pour être heureuse. Ecrivain à succès (le rêve de beaucoup de personnes !), marié à Marcus depuis cinq ans, tout va pour le mieux. Enfin du moins, le croit-elle. Le jour où Marcus disparaît et que sa boîte de conception de jeux informatiques est mise sans dessus dessous, elle craint pour la vie de ce dernier. Sauf que Marcus a tout organisé et est loin d’être celui pour qui il se faisait passer.

Le résumé va vous donner l’impression peut-être de déjà lu… Mais ne vous y fiez pas ! Le profil psychologique des personnages est habilement construit et détaillé. La vie d’Isabel est distillée au fil des pages : son enfance, sa rencontre avec Marcus, son infidélité. . On apprend que tout n’est pas si rose. Isabel eu lieu de se morfondre sur elle-même va faire preuve de pugnacité. Elle va mettre à profit son sens aiguisé de l’analyse et du comportement humain pour découvrir la vérité.

Ce livre se lit facilement et dès le départ, on a en envie de savoir le fin mot de l’histoire. Pas de longueurs et une narration à laquelle on mord facilement.

Mon bémol est que l’auteure ait voulu traiter de trop de thèmes dans un seul livre. Aussi, j’ai eu l’impression que chacun des personnages représentait à lui seul une histoire avec quelques clichés…

Merci à Belfond Noir pour la découverte de cette auteure

jeudi 22 avril 2010

Aki Shimazaki - Tsubaki ou Le poids des secrets



Yukiko est une des survivantes à la bombe atomique tombée sur Nagasaki. Son petit -fils l’interroge sur ce sujet sur lequel elle s’est montrée toujours silencieuse. Quelques jours plus tard, elle décède. Le notaire remet à sa fille Namiko deux enveloppes : une pour elle et la seconde destinée à un certain Yukio. Yukiko a couché sur le papier tout le poids des secrets qu’elle gardait…

Je n’en dirais pas plus sauf que je suis heureuse d’avoir trouvé cette lecture chez Aifelle et Pimprenelle. Ce premier tome parle de l’enfance de Yukiko avec en filigrane le contexte historique de la guerre et celui de la bombe atomique …
C’est beau, délicat et sensible avec une écriture très épurée. On atteint la sphère de la délicatesse. Rien que le style de cette auteure instaure une poésie et toute l’ambiance du Japon. Les mots deviennent aussi purs et fragiles qu’une fleur de camélia.

Cette histoire de famille est belle et magnifique. Quand j’ai terminé ce livre, je n’ai eu qu’un seul regret. Celui de ne pas avoir acheté tout de suite les quatre suivants…! Un gros coup de cœur sous la forme d’un raffinement précieux et rare!

Les avis (tous très bons) de Canel, Lasardine, Joëlle et de Keisha

mercredi 21 avril 2010

Maria Angels Anglada - Le Violon d'Auschwitz



Avertissement pour les acheteurs compulsifs de livres : ce livre est un gros coup de cœur !

Imaginez-vous un livre construit à la façon de mon cher Stefan Zweig. Le narrateur, musicien de profession, nous parle de sa rencontre avec une violoniste. Et alors, me direz-vous. Ces quelques pages nous amènent vers le sujet principal du livre. Car ce livre parle des camps de concentration durant la Seconde Guerre Mondiale à travers l’histoire de ce violon.

Nous sommes en 1944.Daniel, prisonnier juif au camp d’Auschwitz n’est plus qu’un « sous-homme ». Entre les coups et les brimades, il tente de rester en vie. Fabriquer un violon pour le Commandant, « le Monstre » du Camp va devenir sa seule possibilité pour rester en vie.

A la façon du livre « le garçon en pyjama rayé », le violon devient un moyen pour parler de l’atrocité des camps de concentration. On ressent toute la douleur de Daniel, on est humilié pour lui, on a faim à sa place… J’ai été bouleversée sachant que cette histoire est entrecoupée de documents historiques.

Que dire quand on lit que les nazis faisaient des calculs de durée de vie moyenne d’un prisonnier ? Ou quand on découvre le régime des punitions infligées et les propagandes de l’époque. C’est effroyable, j’en avais les larmes aux yeux.
Mais, quand Daniel parle de son violon, c’est magnifique ! Cet instrument devient presque vivant par la beauté des paroles « je l’essayai : les cordes répondaient à ma demande comme l’argile répond doucement aux mains qui le modèlent ».

Il emploie le terme « sous-homme » pour désigner ce qu’il est devenu… Un mot qui m’a saisie à la gorge et aux tripes.

Une lecture qui m’a ébranlée, pleine de sensibilité et décrivant toutes les horreurs des Hommes.

Un très gros coup de cœur que je conseille…


L'avis de Livr-esse pour qui ce livre est également un coup de coeur.

mardi 20 avril 2010

Valentine Goby - Qui touche à mon corps je le tue



















Paris, 29 juillet 1943.Une journée, trois personnes reliées par un fil invisible.
Marie G. dans sa cellule attend son exécution en tant que faiseuse d’anges. Lucie L. avortée depuis peu se repose, contemple son ventre meurtri dans sa chambre. Et Henri D., le bourreau, est celui qui viendra couper la tête à Marie G..
Au fils des heures qui passent, chacun des trois protagonistes replonge dans ses souvenirs. On apprend que Marie G. est devenue faiseuse d’anges par hasard, que Lucie L. a développé, enfant, une relation très forte, fusionnelle aves sa mère. Henri D. , lui va de ville en ville là ou l’attendent les condamnés. Tous les trois vivent dans l’ombre, dans les non-dits et dans un silence qui pourrait les mener à la mort.

J’ai trouvé ce livre difficile. L’écriture de Valentine Goby, de très longues phrases, m’a souvent fait perdre la trame. Mais, c’est un livre dont je suis sortie troublée. Le thème abordé, l’avortement illégal est très bien décrit. Quand aux ressentis des personnages, ils sont très forts. On rentre, on s’immisce dans leurs âmes troublées…

Le contexte de l’époque perle entre les lignes et la gorge serrée, j’ai suivi le parcours de Marie G. et de Lucie L.
Je ne les ai pas jugées, au contraire, je les ai soutenues dans leur façon d’être.

Ce n’est pas une lecture aisée, il faut s’accrocher pour ne pas se noyer dans ses profondeurs…

« Le reste du monde dira qu’elle assassine un futur soldat ou une future mère de soldat, tant de journaux, tant d’hommes proclament, depuis 1940, depuis 1871, depuis tellement longtemps avant, que la cause de toutes les défaites gît dans l’utérus mort des femmes ».

D'autres avis chez l'ami BOB

dimanche 18 avril 2010

Jeu d'écriture... nous sommes tous des poètes

Vingt titres de poèmes extraits de divers recueils de Pierre Reverdy : Voix dans l’oreille, Temps de mer, Sans savoir où, Quand on n’est pas de ce monde, Voyage en Grèce, La parole descend, Tambour battant, Mille murmures dans le rang, Lumière rousse, De la pierre à l’eau, L’ombre du souffle, La vitre au cœur, Grain blanc, Horizontal et tout est dit, Art moderne retouché, Le cercle ténébreux, Le poids de l’air, Les hommes intraitables, Chauffage central, A l’aube le veilleur.

Aujourd'hui, Gwen nous propose d’utiliser ces titres (au moins quinze sur les vingt… euh après réclamation de Constance, une dizaine c’est déjà bien…) pour écrire, à notre tour, un poème libre ou rimé, en alexandrins.

Pas poète pour deux sous, je me suis très, très largement inspirée d'une chanson de Miossec pour y quelques titres....

De peur que tout s’écroule,
Je n’ai rien dit, je n’ai rien fait,
Je me suis coulée dans le moule,
Sans savoir où tu m’emmenais.
J’ai enseveli tous me souvenirs,
Pour ne plus te voir partir.
J’ai tenté de m’effacer,
Mais sans savoir où tu étais, je me suis fracassée.
Seul le son de ta voix dans mon oreille
Donnait espoir à ma pauvre carcasse frêle.
Je me suis noyée dans le canapé
Avec mon verre comme seule bouée.
Même à l’aube le veilleur s’était barré.
Par temps de mer, je suis devenu cheval couché
Qui ne peut plus se relever.
La vitre au cœur s’est fêlée sous le poids des regrets.
Juste le poids de l’air pour mourir,
Je t’ai abandonné pour ne plus souffrir,
Pour ne plus te voir partir.

la multiplication des pains (revue et corrigée)

Ma PAL s’est encore agrandie ! Une multiplication de livres en quelques jours…et elle a retrouvé son allure de tour de Pise !

Et surtout ne te retourne pas – Lisa Unger. Eh oui, j’ai une épreuve à lire en avant première sauf que les fautes me bloquent… Les correcteurs ont du boulot !

Le poids des secrets (tome 1)-Aki Shimazaki

Qui touche à mon corps, je le tue – Valentine Goby

La confusion des sentiments – Stefan Zweig

Le violon d’Auschwitz – Maria Angels Anglada

Gloire- Daniel Kehlmann

N’allez pas croire qu’ailleurs l’herbe soit plus verte… elle est plus loin et puis c’est tout – Murielle Levraud

L’emprise – Sarah Chiche

Les enfants de la nuit – Frank Delaney

L’enfant sur la falaise et autres nouvelles - Prix du Jeune écrivain 2010

L’imposture – Anne Gallet et Isabelle Flaten

Le convive du dernier soir – Charles Mc Carry

Sans compter les livres prêtés par Canel, Keisha, Aifelle

Alors, elle est pas belle la vie ?

Yasmine Char - La main de Dieu



Nous sommes au Liban, à Beyrouth, dans les années soixante-dix. Beryrouth sous la guerre où il y a la Villa Blanche, la maison de cette famille où le père s’est retranché depuis que sa femme, une française, l’a quitté. Une maison où la famille du père régie tout depuis que la française est partie. Leur fille, avait 8 huit maintenant elle en a quinze. De l’enfance heureuse, elle est devenue est devenue un corps frêle, aux cheveux couts qui court, qui entend et qui voit l’horreur de la guerre. Elle rencontre un homme, un reporter français. Il devient son amant et l’initie à la guerre.

Mon résumé ne peut pas être complet car ce livre court est dense, très dense par tous les sujets abordés. J’ai relevé des passages pratiquement toutes les deux pages tellement il y a d’éléments marqueurs. Un roman qui alterne une narration entre le « je » et le « elle », le passé et le présent ce qui donne encore plus de force à l’écriture et à l’histoire. Je le dis tout de suite, j’ai été conquise par ce style !

Et quelle histoire !
La jeune fille se définit comme une tueuse à quinze ans. Premier choc pour le lecteur « ce visage du tueuse, il a dû se construire autour de ces drames. Il n’est pas apparu comme je l’ai cru. Ce ne sont pas les bombes qui ont creusé les joues. Le visage était en préparation depuis longtemps, la guerre la révélé ».

On la suit, on voit comment elle se détache de l’enfance, comment elle cache tout ce qui est signe de féminité. Elle va au Lycée français alors que les tireurs embusqués sont à chaque coin de rue. La peur, elle a appris à vivre avec comme si elle s’était faite une raison de la guerre. Il y a ses tantes, ses oncles qui la traitent différemment parce que sa mère français est partie avec un autre homme. A leurs yeux, elle représente le mal, un danger. Et la rencontre avec cet homme qui se fait passer pour un reporter. Il est français, elle y voit un signe du destin. La découverte de l’amour charnel et de la première fois marque la fin de l’innocence. L’adolescente prend du plaisir interdit, se contrefiche de la morale, de la religion. La guerre va la rattraper, elle ne peut pas lui échapper et cet homme va lui demander de tuer pour lui.

Un livre très fort que j’ai lu en apnée totale. L’écriture y est splendide et dure en même temps. On se retrouve transporté à Beyrouth mais surtout on prend la place de cette jeune fille. Une lecture belle et bouleversante dont on ne sort pas indemne… encore un gros coup de cœur pour moi !

« La maison familiale ressemble à un forteresse aux persiennes condamnées. Rien ne filtre à l’extérieur. Des drames se nouent entre les quatre murs, de hauts murs rongés par l’humidité. Jamais une plainte, un sanglot. Jamais partager un sentiment. En toute circonstance la tête haute, un cran au dessus. »

Un grand merci à BOB et aux éditions Folio pour ce partenariat !

Nous en avon profité avec Lili Galipette et Nina pour en faire un lecture commune.

samedi 17 avril 2010

Le deuxième sexe contre les fers à repasser

La guerre du deuxième sexe contre les fers à repasser !
Ai-je pété un plomb ? Peut-être…

Les anciens fers à repasser de nos grand-mères ont déclaré la guerre contre la l’émancipation de la femme. Mais, c’était sans compter sur l’aide de Simone et de ses deux pavés. La preuve en photos…




















Est-ce qu'un auteur se serait permis de dire à Simone : " De l'avis unanime de mes amis journalistes qui ont parcouru vos " critiques ": une débile frustrée, qui ferait mieux de s'orienter vers le repassage "? J’en doute (encore que…).
Et oui, Cynthia même Simone (d’où elle est) te soutient.

D’autres photos de cette guerre impitoyable un peu partout sur la blogosphère.

Harrap's - Parler l'anglais en voyage...


Ou l'indispensable livre pour les brèles comme moi !
Car non seulement, ce petit livre donne des questions et des réponses de la vie courante mais sutout, il y a la phrase de prononciation.

Exemple : est ce qu'il y a un supermarché dans le coin?
Is there a supermarket nearby ?
ce qui donne iz zèr e soupeumâkett nirbaille ?

Me voilà sauvée et prête à passer quelques jours à Londres ! Aucune utilité à ce que je pique le livre d'anglais de Fifille, itss greïte

Margaret Atwood - Mort en lisière



Un recueil de dix nouvelles ou plus exactement des tranches de vie. Principalement, des femmes de tout âge, de toute condition sociale. Avec de la nostalgie, du regret ou de l’amertume, elles évoquent des pans de leur vie : une amie disparue, leurs enfants devenus grands ou l’amour. Celui de leur jeunesse, celui qu’elles n’ont jamais eu alors l’amour qui perdure. Pas de chute spectaculaire mais des constats doux-amers qui font grincer des dents, des regards ironiques. Le tout donne une portée différente à leurs existences. Tous ces personnages se sont heurtés à des écueils, mais ils gardent un esprit très lucide, un regard implacable sur leur vie.

Les premières pages m’ont fait penser à l’écriture Katherine Mansfield. Une écriture travaillée, très précise dans les descriptions. L’auteure interfère dans le présent et les souvenirs avec une facilité déconcertante. Margaret Atwood écrit dans différents registres : elle se monte ironique, incisive ou plus douce mais toujours dans un style limpide. Sur ces dix nouvelles, j’ai eu une préférence pour « un cadeau empoisonné » ou comment une femme se venge de son amant, « hommage à Molly » sur le thème des femmes battues et « dans la jungle des familles » où on se délecte des caractères et des travers d’une fratrie.

Des tranches de vie comme dans « passer l’hiver » d’Oliver Adam ou « Un pas de plus » de Marie Desplechin. Même si j’ai fragmenté cette lecture en plusieurs temps, j’en suis sortie non pas triste mais nostalgique. Des nouvelles qui ne donnent pas un sourire béat jusqu’aux oreilles mais qui laissent un sillage de vague à l’âme. A ne pas lire en période morose !!!



J’ai envoyé ma note à George Sand… Quelle est-elle ? Mystère….

vendredi 16 avril 2010

Pierre Lemaitre - Robe de marié



Ce livre s’ouvre sur Sophie, une jeune femme très angoissée qui garde le petit Léo. Un matin, elle découvre que Léo a été étranglé avec un de ses lacets de chaussure. Pas de doute, elle est devenue folle ! Tout a commencé par des amnésies temporaires, sa voiture qu’elle ne savait plus où elle garait, des objets qu’elle perdait. Puis, il y a eu la mort de sa belle-mère, l’accident et le suicide de son mari. Son état s’est aggravé. Et maintenant, elle a commis un meurtre ignoble….

Je n’en dirais pas plus sauf que j’ai été de surprise en surprise ! Je n’ai rien vu venir, j’étais scotchée par l’histoire. Car une fois commencé ce thriller (qui porte bien son nom), je ne l’ai pas lâché ! Il est magistralement construit en trois parties toutes aussi stupéfiantes les unes que les autres. La dernière étant le summum, l’apogée, celle qui m’a laissée bouche bée pendant plusieurs heures… Les comportements, les profils psychologiques sont remarquables et très bien décrits. Toute l’histoire est cohérente et pas à un seul moment donné je me suis dit « tiens, c’est un peu tiré par les cheveux ».

Machiavélique, sans temps mort, abasourdissant et terrifiant.

Un très gros coup de cœur ! A lire absolument et de toute urgence pour ce livre sans aucune fausse note.


"Robe de marié" était une lecture commune avec Manu, Cynthia, Calypso, Lasardine, Val, Cacahuète, Mélo, Mystix, Livresque, Deliregirl, Axielle , Kactuss,Calypso Lagrandestef.

Une lecture commune qui a drainé beaucoup de monde, donc si j'ai oublié par mégarde des participant(e)s, la liste complète est chez Cacahuète .

D'autres avis chez Pimprenelle, Sylire ,Joëlle ...

jeudi 15 avril 2010

Anna Cabana - Inapte à dormir seule



Présentation de l’éditeur :
Une jeune femme au bord du mariage comme d’autres le sont au bord de la crise de nerfs. Une jeune femme qui attend son promis dans une voiture aux vitres fumées, homme plus âgé qu’elle, père de famille, un chrétien, un homme solide, quand elle est juive, émotive, lyrique, et surtout, qu’elle refuse de grandir parce que ses parents mal divorcés sont eux-mêmes des enfants.
Une jeune femme vêtue de blanc, offerte mais interdite, cherchant un rabbin à l’esprit ouvert pour marier une rebelle et un catholique.
Une jeune femme et ses souvenirs, les accidents de la vie, les amants quittés, les os fracassés, et en prime, l’ombre tutélaire de Marguerite Duras et d’Albert Cohen.
Un mariage et un enterrement.
Un roman à fleur de peau, entre comédie et psycho-drame, clan recomposé et mémoires en miettes.


L’idée m’a intéressée : une jeune femme qui sur le point de se marier, réfléchit et revoit le couple formé par ses parents. Voilà pourquoi j’avais eu envie de lire ce livre !

Un vaste programme qui s’annonçait comme un retour dans les souvenirs d’Eva avec des mises au point pour s’affirmer. On apprend que chacun de ses deux parents s’est déchargé de toute éduction en l’emmenant à tour de bras voir les psys. Une enfance chaotique, des déménagements à n’en plus finir et le poids de la famille….

Au début, Eva m’a attendrie, elle m’a semblée fragile mais au fil des pages, j’ai éprouvé une sorte de lassitude car je ne voyais pas où l’auteure voulait m’emmener.

Pour moi, ça a été une lecture sans émotions qui m’a laissée indifférente ou alors je suis complètement passée à côté de ce livre…

Merci aux éditions Grasset pour ce livre

mercredi 14 avril 2010

Emmanuel Carrère - La moustache



" Que dirais-tu si je me rasais la moustache ? "

Au début, une question formulée un peu comme une blague, mais après tout, Marc se dit pourquoi pas ? Lui qui porte la moustache depuis toujours profite que sa femme Agnès soit sortie pour la raser. Quand Agnès revient, elle fait mine de n’avoir rien remarqué ni leurs amis chez lesquels sils dînent le soir même. Marc pense qu’Agnès lui fait une farce et qu’elle a prévenu tout le monde. Mais Agnès nie le canular et l’existence passée de sa prétendue moustache… Marc pense qu’Agnès est devenue folle mais tout semble se retourner contre lui. Est-ce lui qui devient fou ? Quel est le complot qu’Agnès a monté contre lui et pourquoi ? Marc est bien décidé à prouver que ce n’est pas lui qui a perdu la raison. Mais, tout semble s’écrouler : leurs amis n’ont jamais existé, et son père avec qui il discutait encore la semaine passé est décédé l’année dernière. Où est la vérité ?

Bingo ! Emmanuel Carrère fait mouche une fois de plus. Enfin pour être exacte, c’était moi la mouche prisonnière de la toile d’araignée. Scotchée par l’histoire, je n’ai pas lâché ce livre ! Car il nous emmène en voyage au cœur de la folie. Les évidences, les convictions n’existent plus, elles sont balayées d’un revers de manche. Tout au long de cette lecture, j’ai essayé de deviné et de trouver des indices. Peine perdue ! Car d’une main de maître et avec son talent de narrateur, il m’a plongé dans le doute total. Désorientée, je ne savais plus où était la vérité et s’il existait. La fin de l’histoire a été le coup de poing fatal qui m’a laissée KO… (Ame sensible s’abstenir)

Ce livre s’est révélé extrêmement bien construit sans temps morts. C’est une lecture qui fait perdre tout repère même aux esprits cartésiens, un grand plongeon sans parachute au cœur des incertitudes et de la folie.

J’ai adoré ! C’est un coup de cœur …

Emmanuel Carrère est un des mes auteurs chouchous… je confirme.

Livre lu dans le cadre du challenge organisé par Pimprenelle !

mardi 13 avril 2010

Mark Behr - L'odeur des pommes



Nous sommes en 1973 en Afrique du Sud. Marnus est un garçon âgé de 10 ans qui vit « du bon coté de la barrière ». Un père Général dans l’armée, une mère vouée à sa famille et une grande sœur de 17 ans un peu pimbêche. Une famille croyante et pratiquante, une servante de couleur dévouée … le portait d’une bonne famille d’Afrikaners. Mais, Marnus est à un âge où il se pose des questions. Son ami Frikkie et lui partagent leur temps entre l’école, la pêche dans un pays où l’apartheid les protège. La venue d’un général Chilien qu’il doit appeler Mr Smith et dont il ne faut pas révéler l’identité va bousculer l’enfance de Marnus.

On se retrouve dans la peau de Marnus . Avec toute la naïveté de son âge, on entend les bonnes paroles de ses parents « quand tous ces Noirs et ces Coloured vont se mettre à étudier, les choses ne vont plus être aussi faciles que maintenant », « Ma mère dit que les Coloured sont comme ça. On ne peut jamais leur faire confiance. Après toutes ces années, pendant lesquelles vous leur avez donné un travail et un salaire décent, ils se retournent et vous poignardent dans le dos ».

Sous couvert de la Religion, de morale et de bons sentiments, les différences raciales sont posées avec la soi-disant supériorité des Blancs. Ca fait mal, ça bouscule… et on se retrouve projeté dans un autre monde. Au fil des pages, c’est un portait honteux, écœurant et pourtant bien réel qui nous est dépeint. Par moment, j’ai eu envie de secouer Marnus de lui dire mais ouvre les yeux ! Mais, à 10 ans, il ne peut pas aller contre les idées et les principes de ses parents. Ses parents si parfaits et qui sont un exemple. Le vernis va se craqueler au fil des pages et révéler l’infâme, l’odieux. Je ne vous dirais pas en détail ce qu’il va se passer, il faut le lire…

Le livre intercale l’enfance de Marnus sur une année et ses pensées, bien plus tard, quand il sera soldat en Angola. Cette construction n’était pas, à mon avis, nécessaire et sera mon bémol. Et, je n’ai pas trouvé d’intérêt dans les réflexions de Marnus à l’âge adulte.

Une lecture forte servie par une belle écriture et dont on ne sort pas indemne.
EDIT du soir :
"J’ai toujours ce goût de pomme pourrie dans la bouche"… je me suis mal exprimée avec cette phrase. Je voulais dire que les choses si belles et si parfaite en apparence ne le sont pas forcément ...

Je remercie BOB et les éditions JC Lattès pour ce livre.

« Que Little-Neville soit couloured ou pas, on ne devrait pas faire des choses pareilles, surtout à un enfant. Ca a dû être vraiment atroce quand ils l’ont mis devant cette chaudière brûlante.(…)Ce matin quand j’ai raconté à Frikkie ce qui était arrivé à Little-Neville ; il a dit que la chair humaine qui brûle a une odeur atroce. Nous nous sommes demandés si d’odeur était la même pour les Blancs et les coloureds. C’est peut-être différent puisque notre sang est tellement différent. »

lundi 12 avril 2010

Alessandro Baricco - Soie



1861 : Hervé Joncour fait le commerce des œufs de soie, il voyage à travers toute l’Europe pour en acheter et les revendre en France. Son travail ne l’occupe que quelques mois par an et lui permet une vie aisée à lui et à sa femme Hélène. Mais, une épidémie infecte tous les œufs de ver à soie d'Europe. Une seule solution, partir à la quête d’œufs sains dans un pays pratiquement méconnu : le Japon « toujours tout droit. Jusqu’ à la fin du monde ». Hervé Joncour va tomber sous le charme d’un pays, d’une civilisation et d’une femme mystérieuse. Malgré la guerre au Japon, l’envie d’y retourner sera plus forte.

J’ai tout simplement succombé à ce livre magnifique et troublant ! Le style épuré décuple chaque mot, chaque phrase et chaque description.

J’ai commencé ce livre, bercée par le rythme des voyages et la vie d’Hervé Joncour. Ses voyages qui reviennent tel un refrain s’accordent merveilleusement avec cet homme qui est spectateur de sa vie. Sa femme l’attend patiemment. Mais, après son retour du Japon, elle va comprendre qu’elle a perdu son mari qui ne pense qu’à repartir.

Sa rencontre avec cette femme au Japon dégage une sensualité qui m’a donnée la chair de poule. Aucun mot échangé entre eux, tout se joue dans les regards…et là, je dis : merveilleux, sublimissime !

Ce livre se lit dans un sillage de poésie et d’une nostalgie qui prend au cœur… d’une vie qui se joue et dont les acteurs jouent leur rôle sans ne plus y croire.
Toute sa force est de faire passer des émotions dans un minimum de mots. C’est beau, très beau…


D'avis chez l'ami BOB et le remarquable billet de la miss Cynthia.

« Son regard fixé sur les lèvres comme si elles étaient les dernières lignes d’une lettre d’adieu . »

dimanche 11 avril 2010

Ecriture du dimanche : la loi des séries

Qui dit dimanche, dit le jeu d'écriture organisé par Gwénaëlle. Et aujourd'hui, elle met à dure épreuve nos neurones...

"Avec ces cinq mots, vous devez écrire une phrase, une seule!
Série 1 : désastre, iguane, juvénile, verge, yoghourt
Série 2 : erythème, moussaka, pervenche, TGV, albinos
Série 3 : avide, brunch, cavaleur, fest-noz, humide
Série 4 : blinis, cambouis, écaillé, glockenspiel, lutin"

Celles ou ceux qui réussiront à écrire un paragraphe de quatre phrases avec tous les mots participeront au tirage au sort pour gagner un livre : Robe de Marié, de Pierre Lemaître ou La folle allure de Christian Bobin.

Courageuse et téméraire que je suis ( ou alors un peu disjonctée), voici le fruit de mes cogitations...

Jean le cavaleur, coureur de jupons, était avide de jeunes demoiselles qu’il dégotait dans les fest-noz, alors qu’il traversait une prairie humide au son des bombardes, il se retrouva non pas à danser la gavotte, mais dans un brunch organisé par ses nouveaux voisins venus d’Angleterre. Il n’en revenait pas car sous ses yeux se déroulait une scène de désastre: un iguane à l'acné juvénile léchait du yogourt accroché au bout d’une verge en bois exotique. Un peu plus loin, un lapin blanc et aux rouge semblables à un albinos, se régalait de moussaka à côté d’une pervenche qui pépiait « arrête, tu va savoir un érythème sur les fesses … tu seras puni et je te renverrais à ton terrier par le premier TGV venu ». Un lutin déguisé en chapelier, un pied dans le cambouis et l’autre dans du ciment, jouait du glockenspiel dont la peinture écaillée se dispersait dans l’air en petits morceaux et se transformait en blinis volants.

Jean se réveilla en sueur, il avait fait un cauchemar le même que d’habitude. Eh oui ! Depuis hier soir, les mots de Clara étaient largement inspirés du film « Alice au pays des merveilles »….

Al Khamissi Khaled - Taxi



Cinquante-huit textes qui se déroulent au Caire. Leur particularité ? Tous mettent des chauffeurs de taxi qui parlent, qui donnent leur avis sur leur pays. Comme des scénettes croquées sur l’instant, les dialogues et les conversations sont retranscrites ou imaginées avec humour par l’auteur. Bien plus que de simples échanges oraux, ces textes dressent le bilan politique, économique, social de l’Egypte.

On y sent l’amertume, la lassitude ou alors l’envie, l’espoir que le pays change. De ces mots prononcés par les chauffeurs de taxi, certains prennent une tournure philosophique avec cette fatalité à accepter les choses telles qu’elles le sont. La religion, les conditions de vie du peuple sont largement évoquées. Mais, le gouvernement et sa politique sont les sujets majeurs de ce livre. A un moment donné, j’ai eu l’impression de relire toujours la même mouture : un chauffeur de taxi qui déverse ses griefs ou qui dresse un constat. Et là, c’est moi qui ai été prise de lassitude…eh oui !

Vous ne m’entendrez pas crier que c’est une lecture bonheur…( c’est dimanche, je laisse vos écoutilles en paix !)


Taxi faisait partie de la sélection des livres proposés dans le cadre du prix des lecteurs du Télégramme.

« L’enseignement pour tous, monsieur, était un joli rêve. Mais il a disparu, comme beaucoup d’autres. Il n’en reste que l’apparence. Sur le papier, l’enseignement est comme l’eau et l’air, indispensable. Il est censé être obligatoire pour tous. Mais, en fait, seuls les riches sont éduqués, travaillent et gagent de l’argent. Les pauvres, ils ne sont pas éduqués, ils ne travaillent pas et ils ne gagnent rien. »

samedi 10 avril 2010

Eva Ensler - Les monologues du vagin



Quatrième de couverture : J'ai parlé à des femmes vieilles, jeunes, mariées, célibataires, lesbiennes, à des professeurs, des actrices, des femmes d'affaires, des prostituées, des noires, hispaniques, asiatiques. indiennes, blanches, juives. Au début, les femmes hésitaient à parler. Mais une fois qu'elles étaient parties, ou ne pouvait plus les arrêter...

Un livre basé sur plus de deux cents témoignages pour parler d'un sujet, ô combien tabou, : comment les femmes s'imaginent , se représentent cette partie de leur corps. Les règles, les termes et diminutifs utilisés envers les enfants, la masturbation, la jouissance, le non plaisir, le viol, l'excision .... autant de sujets abordés.

Comme pour enlever tout notion de gêne, le ton est léger presque badin et on sourit ! Evidemment, il devient grave pour les sujets comme le viol.

Mon bémol : j'ai eu la sensation que certains des thèmes étaient survolés. Je regrette que l'auteur n'ait pas plus approfondi le sujet de l'excision, en donnant la parole à des femmes meurtries à jamais. Juste des chiffres et un article de journal, alors qu'un témoignage aurait été plus approprié à mon avis.

Le texte sur l'accouchement est très beau et m'a touchée ...


Un livre qui ouvre des portes sur quelques uns des aspects ... mais des éléments supplémentaires auraient été les bienvenus.

J'ai souri, j'ai rigolé, j'ai été émue ou indignée (eh oui ! Tout ça avec un si petit livre)

vendredi 9 avril 2010

Sylvia Plath - Carnets intimes


Sylvia Plath a 24 ans lorsqu'elle évoque cette hantise dans un journal dont les pages sont l'écho de ses aspirations contradictoires, tantôt idéales, tantôt futiles. On sait comment devait s'achever, six ans plus tard, son voyage au bout de l'angoisse...
Outre le journal, ce livre propose neuf nouvelles inédites en français qui complètent l'œuvre en prose de la poétesse américaine. Un carnet intime composé de nouvelles et d’extraits du journal tenu par Sylvia Plath qui se suicida le 11 février 1963 à l’âge de 31 ans.

Dans « notes de Cambridge », elle dépeint son angoisse, ses questions existentielles sur un ton très neutre, très observateur et détaché « je n’ai lu ni folie ni superficialité dans l’image que reflétaient ces yeux », « « Seulement ces étranges questions n’arrêtent pas de frapper à la porte de ma réalité quotidienne… »

« Cette chère veuve Mangada » est une version retravaillée de « "La veuve Mangada ». Sylvia Plath relate une nouvelle autobiographique la mettant en scène ainsi que son mari. On y découvre son tempérament très anxieux sous l’angle de questions purement domestiques.

Dans « langues de pierre, », elle écrit très justement sur l’épuisement moral et les maisons de santé où l’on se repose. Elle dépeint l’envie de rien, l’état du cops et de l’esprit qui n’attendent, n’espèrent plus rien de la vie. Un texte qui m’a beaucoup touchée… .

Avec « le réparateur de gouttières », elle met habilement en scène une petite fille cruelle, jalouse de sa petite sœur.

« Le garçon au dauphin » est un texte troublant qui m’a laissée une impression de malaise. Le tourment est exprimé par une fiction et une réalité qui se mêlent. Qu’est ce qui est vrai ? Qu’est ce qui n’est qu’une image déformée de l’esprit ?

Des nouvelles inégales sur l‘angoisse, le mal-être mais qui permettent d’aborder la personnalité de Sylvia Plath. Un ton très détaché sur ces sujets, une analyse juste … Il n’en fallait pas plus pour me donner envie de lire son roman « la cloche de détresse ».

«Ce que je redoute le plus, je crois, c'est la mort de l'imagination. Quand le ciel, dehors, se contente d'être rose, et les toits des maisons noirs : cet esprit photographique qui, paradoxalement, dit la vérité, mais la vérité vaine, sur le monde

Une très belle découverte grâce à Bob et aux éditions de la Table Ronde .

jeudi 8 avril 2010

Erri De Luca - Trois chevaux



Le narrateur est revenu dans son pays natal : l’Italie. Il a fui l’Argentine où il avait suivi par amour une femme. La dictature lui a pris son amour, elle qui « a vécu pour lui, qui est morte pour offrir des yeux aux poissons ». Il a erré, s’est caché, lui qui n’était plus qu’un corps en fuite et en furie. Cet homme meurtri dans son âme aime s’échapper par la lecture et travaille comme jardinier. Il s’éprend de Laila qui vend son corps contre des rendez-vous avec des hommes. Il n’aime pas parler de son passé, mais quand il raconte, il court derrières ses mots, impuissant. Alors, il dévoile par lambeaux, par bribes cette existence et cet ailleurs, l’amour et l’amitié.
Je ne sais pas par où commencer…
Des tournures délicates, fortes ou fragiles qui dégagent de la grâce et une poésie ensorcelante. Chaque phrase m’a estomaquée par sa puissance. J’avais commencé à relever des passages mais mon carnet se noircissait à chaque page tournée. L’histoire est magnifique, intemporelle et portée par un style pur, ciselé à l’extrême.
On se laisse imprégner par ce texte magistral, inclassable. On le savoure sans se précipiter en prenant son temps pour que les mots dégagent toute leur puissance. C’est une lecture merveilleusement belle qui m’a ébahie et transportée. Et, je l’ai terminé comme dans un état second…
Un très, très gros coup de cœur ! A lire et à délecter absolument !

Je lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marques par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d’un livre peut appartenir à plusieurs vies.

Un arbre ressemble à un peuple, plus qu’à une personne. Il s’implante avec effort, il s’enracine en secret. S’il résiste, alors commencent les générations de feuilles.

Margaret Mazzantini - Venir au monde



2008, Italie : Gemma part avec son fils Piedro âgé de 16 ans à Sarajevo. Ce ne sont pas des vacances ordinaires, Gemma veut faire découvrir à son fils la ville où il est né et où son père est mort. Gojko, son ami poète Bosnien l’attend à l’aéroport. 24 plus tôt, Gojko lui avait présenté le grand amour de sa vie : Diego le photographe. En revenant dans cette ville, c’est son histoire qui lui revient en mémoire. Une histoire étalée sur plusieurs années, partagée entre Rome et Sarajevo. Un combat pour avoir un enfant, alors que Sarajevo deviendra une ville assiégée. Entre le présent où les stigmates de la guerre sont encore présents et ses souvenirs, Gemma va découvrir certaines vérités qui lui avaient été cachées…

Au départ, Gemma m’est apparue froide et j’ai eu du mal à comprendre son attitude quand elle apprend sa stérilité. L’auteure évoque que très rapidement cette phase : certes, Gemma fuit les bébés et ce bonheur qui lui est refusé. Mais, ça manque de sentiments… Car une femme qui ne peut pas donner la vie souffre dans sa chair, dans son âme et se remet en questions. Cet enfant qu’elle veut, est plus pour Diego que pour leur couple. Les sentiments de Diego sont occultés, que veut-il vraiment ? Que ressent-il ? Je n’ai pas l’impression d’y avoir trouvé des réponses.

Les descriptions de Sarajevo qui bascule dans la guerre sont justes. Une fois que Diego aura vu toute l’ampleur de cette catastrophe, il ne pourra plus vivre comme avant. Diego et Gemma se détachent, se cherchent mais c’est bien plus la guerre qui met entre eux une distance que cette quête d’avoir d’un enfant.
Les dernières parties de ce livre sont celles que je retiendrais, Gemma découvre non seulement la vérité mais aussi prend conscience de tout l’amour qu’elle porte en elle.

Je regrette les longueurs inutiles et la personnalité de Diego moins creusée que celle de Gemma .

Ce n’est pas un coup de cœur et je reste sur un avis mi-figue, mi-raisin.


Je remercie les éditions Robert Laffont pour ce livre.

mardi 6 avril 2010

Laurent Guillaume - Mako



A la sortie d'un night-club, une jeune fille est agressée. Mako, policier de la BAC, taciturne et endurci, obsédé par l'idée d'en punir lui-même l'auteur, s'investit dans l'enquête au-delà de la raison. Sa traque l'emmènera aux confins de la folie. De l'enfer des trottoirs aux boites de nuit branchées, Mako hante les bas-fonds d'une société en perdition.

N’ayant pas lu de polar depuis un bon bout de temps, j’ai pensé que ce partenariat était l’occasion de replonger dans ce genre de livres. L’histoire commence sur les chapeaux de roue par un viol où Mako et son équipe vont intervenir. Cette arrestation va conduire rapidement Mako sur la piste d’un trafic de drogues. D’ailleurs, l’ensemble du livre est mené sur un rythme effréné sans aucun temps mort. Mais, je n’ai pas réussi à être captivée. Mako m’est apparu comme le flic qui n’en fait qu’à sa tête, trop sûr de lui. Ca n’a pas été un coup de foudre entre lui et moi… Par contre, j’ai plus apprécié les personnages de Pépé qui prend sa retraite et Vincent le nouvel équipier. Le langage cru m’a lassé : quelques expression ou jurons, ça passe mais aussi souvent, j’ai beaucoup de mal.

L’intrigue ne m’a pas tenue en haleine, il n’y a pas eu d’étincelles. Mais, j’ai été bluffée par un aspect qui est révélé vers la fin du livre et là, Mako m’est devenu moins antipathique. A la lecture de la préface, je m’attendais à un livre où la vie des policiers hors travail aurait été plus développée.

Indéniablement, ce livre relate l’expérience du terrain. Mais au final, je crois que je ne suis pas une lectrice à qui les polars conviennent.

Je remercie Le livre de poche et Livraddict pour ce partenariat.

Livres voyageurs




















Qui veut succomber au charme de Léo ? Qui veut plonger dans l'écriture sublime de Marie Le Gall?


Je propose deux livres coups de coeur :
Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer

La peine du menuisier de Marie Le Gall

Les règle sont inchangées :
en prendre soin ( on ne renverse pas son pas son café dessus..), ne pas encorner les pages ( surtout pas !) et me tenir au courant de leurs migrations.

lundi 5 avril 2010

Eléonore Mercier - Je suis complètement battue



L’auteure, Éléonore Mercier exerce son métier de travailleuse sociale à l’écoute des femmes victimes de violences conjugales et de leur entourage depuis 17 ans. Dans ce livre, elle a consigné les premières phrases entendues lors de ses entretiens avec les femmes en situation de violence conjugale.

Une lecture difficile que j’ai étalée sur plusieurs jours car derrière chacune de ces 1 653 phrases se cache autant de vies brisées par la violence et la peur. Chaque phrase est unique, comme chacune de ces situations qu’on devine, qu’on entend. Des voix qui tremblent, qui pleurent, qui expriment un découragement ou la volonté que ça s’arrête enfin. Des demandes d’aides formulées avec pudeur, gêne ou maladresse. Des mots spontanés, préparés depuis longtemps, ou ânonnés dans un seul souffle.

Sujet tabou, dérangeant et peu reluisant. Croire que la violence conjugale est fonction de milieux ou de classes socioprofessionnelles est une erreur. Comme celle de s’imaginer que pour ces femmes, il est facile de quitter leur conjoint violent.

Un livre bouleversant de vérités cruelles et laides. J’ai la gorge serrée en pensant à chacune de ces femmes et à toutes les autres.
Je ne citerai aucune de ces 1 653 phrases … car toutes sont aussi importantes les unes que les autres.


Merci aux éditions POL pour ce livre.

dimanche 4 avril 2010

Jean Rolin - Joséphine



Des souvenirs comme des petites touches de peinture, et le narrateur se rappelle de Joséphine, la femme qu’il a aimé. Joséphine qui danse, qui rit, qui fait l’enfant et qui lutte pour ne pas retomber dans la drogue. Des vacances à La Rochelle, des conversations, les vêtements qu’elle portait… autant d’éléments qui le raccroche à sa mémoire.

Des textes brefs comme des scènes, des souvenirs écrits pour ne pas oublier. L’auteur fait preuve de beaucoup de pudeur et relate de ce qu’il se rappelle de Joséphine.

A la fin de ce livre, on apprend qu’elle est décédée d’une overdose à l’âge de 32 ans. Sa dépendance lui aura été fatale...

Un livre où les sentiments sont exprimés à demi-mots. Joséphine m'est apparue fragile, une funambule sur la corde de la vie. Mais, j’ai eu l’impression de n’avoir pas assez d’éléments pour m’imaginer la force de l’amour qui les liait.

Merci aux éditions Points pour ce livre.

« Mais, ce jour là, caressant la signée de ses codes marqués de traces déjà estompées de piqures, elle me fit part de son projet de subir une opération bénigne afin de le faire disparaître, tant elle était décidée à bannir jusqu’au souvenir de s’être droguée.»

Daniel Glattauer - Quand souffle le vent du nord



Une adresse mail mal orthographiée et en voulant résilier son abonnement à un magazine, Emmi Rothner envoie par mégarde plusieurs mails à Leo Leike. Dans un premier temps, Léo va lui répondre assez sèchement mais petit à petit, les mails vont évolués. En passant de la simple courtoisie à la politesse, ces échanges vont devenir bien plus qu’un jeu où l’envie de rencontrer l’autre va vite se faire sentir.

J’ai dévoré ce livre ! Une fois commencé, je ne pouvais plus m’en détacher ! J’ai adoré les personnages et surtout Emmi qui dès le début, par ses mails, apparait vive, malicieuse. Ce livre ne comporte que les mails qu’ils s’adressent mais tout y est. Les caractères se profilent très vite, tous les deux jouent avec les mots et on se régale. Sauf qu’ils sont chacun derrière leur écran et qu’ils ne connaissent pas physiquement. Le jeu de la séduction va rentrer en compte, les fantasmes où l’on s’imagine l’autre, les questions plus personnelles et ils ont devenir tous les deux accros à leurs échanges.

Emmi est mariée, Léo sort d’une rupture et il est impensable qu’à travers des mails, ils puissent s’éprendre l’un de l’autre. Sauf que ces mails sont spontanés, quelquefois plus piquants ou tendres… et la relation qui se nous entre eux est de l’ordre d’une relation réel comme dans un couple. Sauf que se voir c’est peut-être mettre fin à ce qui les lie…
Et c’est que du bonheur !

Peut-on tomber amoureux de quelqu’un qui vous envoie des mails ? La réponse est la suivante : lisez ce livre !

L’histoire est là avec des rebondissements bien orchestrés. On ne s’ennuie pas une seule seconde, des sentiments s’installent, vacillent, tanguent. Il y a des hésitations, la raison qui s’en mêle et on est impatient de savoir la fin (qui n’est pas une happy end).

A lire ! C’est frais, pétillant, savoureux et j’en redemande !

Quatre jours plus tard
Pas d’objet
Coucou ! Bises, Emmi

Le jour suivant
Pas d’objet
Leo, si c’est une tactique, elle est méchante ! Allez-vous faire voir. Je ne vous écrirais plus. Salut.

Cinq jours plus tard
Pas d’objet
Vous avez bien l’électricité Leo, non.
Je commence à me faire du souci pour vous. Ecrivez-moi au moins « Bêêêê ! »

samedi 3 avril 2010

Petit jeu d'écriture : Pas le droit



Un texte à partir d'une photo, un petit jeu d'écriture pioché sur le blog de Madame Kevin

Je ne me lassais pas de la contempler, de l’admirer. Surtout ses jambes. Interminables, fines et musclées. Je rêvais de les caresser, de poser mes mains sur ses chevilles puis lentement de découvrir, de caresser chaque centimètre carré de sa peau lumineuse. Humer le parfum qu’elle dégage et m’en enivrer.
Tous les vendredis soirs, depuis quatre mois, j’attendais sa venue. Perchée sur ses hauts talons, elle se dépêchait trainant sa valise pour ne pas rater son train de 19h25. Elle arrivait toujours par la porte B et d’où j’étais, je ne pouvais que l’observer de dos. Je ne connaissais pas son visage. Je ne l’avais jamais vu. Les hommes se retournaient sur son passage tandis que leurs conjointes affichaient leur jalousie. Ca me suffisait pour imaginer son visage. Des yeux verts, des trais exquis, une bouche dont les lèvres invitent au baiser et quelques tâches de rousseur disséminées en haut de ses pommettes.

Je ne pensais qu’à elle. Tout le temps.

Et puis, il y a ce vendredi là.

Je regardais l’horloge, il était 19h12. Elle aurait dû déjà arriver. Mes mains commençaient à trembler, mon cœur battait comme un fou prêt à sortir de ma poitrine. 19h17, elle n’était pas là. Inquiet, je la cherchais du regard. Enfin, j’ai vu sa silhouette parmi le flot des voyageurs.
Ces quelques minutes sont pour moi. Rien qu’à moi. Personne ne peut me les prendre. Je rêve qu’elle se retourne et qu’elle vienne vers moi.

-Le Figaro !...
Qu’est ce qu’elle est belle, encore plus belle que vendredi dernier.

-Hum… écoutez, j’ai un train à prendre ! Je vous achète Le Figaro !

Dans quelques mètres, elle va disparaître. Je ne la verrais plus.
-Bon, ça commence à bien faire !

Devant moi, campait le visage hargneux d’un homme suant à grosses gouttes. Son haleine empestait la cigarette et le café….

Je l’ai poussé mais il s’est énervé et m’a insulté, traité de minable. Trop tard, elle était montée dans le wagon. La suite, je ne m’en souviens plus trop. Tout s’est passé vite. Trop vite. Le gars a donne un coup de pied dans mes journaux et j’ai vu rouge. Non pas parce qu’il s’en prenait à mon stand mais parce qu’il m’avait volé ces instants.

C’est ce que j’ai dit aux policiers. Non, il n’avait pas le droit… Le médecin a dit que j’étais malade. Il parait que j’ai tabassé cet homme jusqu’ à ce qu’il s’écroule. Il est dans le coma maintenant. Je m’en fiche, il n’avait pas le droit.

Quand ils me laisseront sortir de cet hôpital, j’irais la retrouver sur le quai pour le train de 19h25.

vendredi 2 avril 2010

Marie Le Gall - La peine du Menuisier



L’auteure Marie Le Gall nous raconte son enfance dans les années 1950 et 1960. Une enfance partagée dans le Brest d’après-guerre et le « penn-ti », la maison pour les vacances. Marie n’était pas une enfant désirée. Comme on disait elle était un « un accident » survenu trop tard, son père avait déjà 52 ans et sa mère avait 44 ans à sa naissance. Sa sœur, Jeanne, de 19 ans son aînée est différente, une « innocente » car on ne nommait pas l’handicap ou la folie. Son père, qu’elle nomme le Menuisier travaille à l’arsenal. Un homme peu causant, un brin taciturne et distant. Sa mère, comme beaucoup de femmes, a les nerfs fragiles, la grand-mère Mélie qui porte en continu le deuil, vit avec eux. Cette grand-mère est la mémoire de tous ces gens de la famille que Marie n’a pas connu.

Une enfance et une famille où les morts ont leur place. Elle aime se promener au cimetière avec sa grand-mère, et dans la maison on vit avec les morts. Il y la photo de René-Paul, le fils de la grand-mère emporté à cinq ans par la maladie, celle du grand-père. Les adultes de la famille ont l’habitude de parler Breton entre eux, Marie essaie de deviner, de comprendre des mots ici et là. Enfant solitaire ayant peu de distractions, Marie est confrontée et vit avec le silence. Ce silence qui arrive dans les conversations et qui remplace les mots, ou celui qui fait office de réponse. Pourquoi le Menuisier ne lui parle pas ? Est-ce que parce qu’elle ressemble physiquement à sa grand-mère paternelle ?

Arrivée à l’âge adulte, Marie Le Gall aura besoin de savoir ce qui se cache derrière tous ces non-dits, le silence du Menuisier à son égard, et ces regards fuyants car elle en porte en elle l’histoire de sa famille.

Dans mon billet d’hier, je vous disais que ce livre me noyait d’émotions. Que dire aujourd’hui alors que je l’ai terminé ? La fin a retenti, une fin qui délivre et qui me laisse complètement sonnée, aphone…

Je vais faire de la redite mais c’est une lecture très belle, poignante, empreinte de pudeur et d’une sensibilité à fleur de peau.
Marie Le Gall nous confie son histoire sans fioritures avec des mots qui sonnent justes. Est-ce que c’est parce qu’elle nous livre des émotions vécues? Je n’ai pas la réponse…
Bien sur, ce livre est lié à la Bretagne de cette période où l’on ne parlait pas beaucoup et où beaucoup de sujets étaient tabous, protégés et défendus par des silences. Le cantonner à l’histoire d’une région, des mentalités de l’époque serait injuste car il traite de l’échec de cette relation père-fille. Comme Marie Le Gall le dit « j'étais la fille du Menuisier, je le savais. Jeanne, malgré sa folie, était plus normale que moi, côté filiation. Elle le nommait. Pas moi. Nous n'avions pas de mots l'un pour l'autre. Notre lien était un long fil continu que personne ne pouvait voir. Aucun mot ne s'y accrochait comme le font les notes sur une portée. Nous-mêmes en étions ignorants, seulement soupçonneux de sa présence tenace ».

Bien que née en 1971, j’ai connu moi aussi les conversations des adultes en Breton, les silences sur certains points. Comme l’auteure, j’ai éprouvé le besoin de remonter l’histoire de ma famille. Pourquoi ? Parce que je savais qu’il y avait des non-dits. Je possède toutes les photos anciennes, j’ai fait des recherches et désormais je peux mettre bien plus qu’un nom sur chaque visage. Une vie « d’un autre temps », des vies souvent difficiles …

Les temps ont changé, évolué mais une chose demeure, nous portons toujours à notre naissance le sceau de notre ascendance.

Un très gros coup de cœur pour cette lecture magnifique et bouleversante. A lire absolument, il suffit juste de se laisser porter par l’écriture de Marie Le Gall pour ressentir toutes les émotions…

Sylire, Yvon, Aifelle, Leilonna en parlent également.

Dernière chose sur le site de Dialogues, il y a une interview très touchante de Marie Le Gall où elle parle de son livre.

« J’étais née, porteuse de vies ombrageuses qui n’étaient pas la mienne, ignorant que tout était déjà drame autour de moi. J’étais leur soleil fragile ».