Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jeanine Hérisson - Date de parution : Août 2014 - 536 pages émouvantes !
Agé de dix-huit ans, Daniel Price vient de terminer ses études secondaires. Nous sommes au début des années 60 dans une petite ville d’East-Chicago. Une ville industrielle comme tant d'autres avec son usine la Standard Oil Company où le père de Daniel travaille. Daniel a perdu la finale d'un combat de lutte et par la même l'occasion, il s'est fermé les portes des facultés. Il passe ses journées en compagnie de ses deux amis Freud et Misiora pour échapper à la présence de son père morose.
Tous les trois ne sont pas des "populaires" au lycée qui s'affichent en compagnie des plus belles filles. Et même s'ils sont sur le point d'être diplômés, ils vont prendre conscience que l'avenir semble semble être déjà tracé pour eux : un travail à l'usine de la ville.
Daniel rencontre Rachel arrivée récemment en ville en compagnie de son père et en tombe amoureux fou. Mais le père de Daniel devient gravement malade. L'adolescent le fuit, veut échapper à ses questions. Désorienté, il délaisse ses amis et devient obnubilé par Rachel même s'il a de plus en plus de mal à comprendre le comportement de cette dernière. A l'annonce du cancer de son père, il ne cherche pas à se rapprocher de lui. Car Daniel ne veut pas devenir comme lui, avoir sa vie. En seulement un été, il subit désillusions et revers.
Dans ce roman initiatique où certains passages sont des bombes d'émotion à eux-seuls, tous les personnages même secondaires tentent d'échapper à cette vie ou se soumettent et contemplent, impuissants, leurs rêves enterrés comme prisonniers de cette ville. Devant faire face à la mort et aux déceptions, Daniel effectuera ses propres choix. Et ce roman qui colle à une réalité se termine sur une note d'optimisme.
Un livre émouvant et douloureusement beau !
Les billets d'Eva, Micmélo, Papillon
Lu du même auteur : Karoo ( qui est dans un tout autre registre)
(*) : pas d'extrait car j'ai perdu mes marque-pages/post-it
vendredi 28 novembre 2014
mercredi 26 novembre 2014
Laurent Mauvignier - Des hommes
Éditeur : Éditons de Minuit - Date de parution : 2011 - 283 pages et un coup de cœur
Pour ses soixante ans, Solange a invité famille et amis à un repas dans une salle des fêtes louée pour l'occasion. Tout se passe bien jusqu'à l'arrivée de Bernard surnommé Feu-de-Bois, le frère aîné de Solange. Marginal, alcoolique et vivant aux crochets des uns et des autres, il offre à sa soeur un bijou de grande valeur. Solange essaie de masquer son embarras mais le mal est fait car tout le monde se demande comment il s'est procuré l'argent pour l'acheter. Tout s'enchaîne : la réflexion de trop qui met le feu aux poudres, l'esclandre et Feu-de-Bois humilié, en colère part. La fête est finie et gâchée. Mais la stupeur est à son comble quand on apprend que Feu-de-Bois a menacé la femme de Chefraoui un collègue de Solange d'origine algérienne.
Rabut le cousin de Feu-de-Bois présent à la fête raconte les heures qui suivent et bien plus. Car cet incident réveille chez lui des souvenirs plus anciens dont il n'a jamais parlé. Des souvenirs enfouis qui hantent toujours ses nuits. Quarante ans plus tôt, lui et Feu-de-Bois à peine âgés de vingt ans se sont retrouvés sous les drapeaux à participer à la guerre d'Algérie. Une guerre "étrange" avec l'ennui, l'incrédulité, la non compréhension "Mais là, c'est autre chose. Il n'est pas le seul à être seul, ils sont seuls tous ensemble.", la peur permanente mais aussi ses atrocités.
Laurent Mauvignier nous plonge dans cette guerre, dans ses souffrances, dans son silence et ses non-dits. Car une fois revenus, tous se taisent, ils ne peuvent pas mettre des mots sur cette guerre taboue. Mais Feu-de-Bois n'a pas pu tourner la page, ni à vivre avec ses blessures tapies au fond de lui.
On ne lit pas ce livre, on le ressent par l'écriture unique si précise et si ample de Laurent Mauvignier, par le rythme des phrases, par l'intensité poignante et juste.
Admirable sur tous les points et magistral !
La guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien ; là il n'y en avait pas, c'était des hommes, c'est tout.
Lu de cet auteur : Apprendre à finir - Autour du monde - Dans la foule - Loin d'eux
Pour ses soixante ans, Solange a invité famille et amis à un repas dans une salle des fêtes louée pour l'occasion. Tout se passe bien jusqu'à l'arrivée de Bernard surnommé Feu-de-Bois, le frère aîné de Solange. Marginal, alcoolique et vivant aux crochets des uns et des autres, il offre à sa soeur un bijou de grande valeur. Solange essaie de masquer son embarras mais le mal est fait car tout le monde se demande comment il s'est procuré l'argent pour l'acheter. Tout s'enchaîne : la réflexion de trop qui met le feu aux poudres, l'esclandre et Feu-de-Bois humilié, en colère part. La fête est finie et gâchée. Mais la stupeur est à son comble quand on apprend que Feu-de-Bois a menacé la femme de Chefraoui un collègue de Solange d'origine algérienne.
Rabut le cousin de Feu-de-Bois présent à la fête raconte les heures qui suivent et bien plus. Car cet incident réveille chez lui des souvenirs plus anciens dont il n'a jamais parlé. Des souvenirs enfouis qui hantent toujours ses nuits. Quarante ans plus tôt, lui et Feu-de-Bois à peine âgés de vingt ans se sont retrouvés sous les drapeaux à participer à la guerre d'Algérie. Une guerre "étrange" avec l'ennui, l'incrédulité, la non compréhension "Mais là, c'est autre chose. Il n'est pas le seul à être seul, ils sont seuls tous ensemble.", la peur permanente mais aussi ses atrocités.
Laurent Mauvignier nous plonge dans cette guerre, dans ses souffrances, dans son silence et ses non-dits. Car une fois revenus, tous se taisent, ils ne peuvent pas mettre des mots sur cette guerre taboue. Mais Feu-de-Bois n'a pas pu tourner la page, ni à vivre avec ses blessures tapies au fond de lui.
On ne lit pas ce livre, on le ressent par l'écriture unique si précise et si ample de Laurent Mauvignier, par le rythme des phrases, par l'intensité poignante et juste.
Admirable sur tous les points et magistral !
La guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien ; là il n'y en avait pas, c'était des hommes, c'est tout.
Lu de cet auteur : Apprendre à finir - Autour du monde - Dans la foule - Loin d'eux
lundi 24 novembre 2014
Per Petterson - Je refuse
Éditeur : Gallimard - Traduit du norvégien par Terje Sinding - Date de parution : Octobre 2014 - 270 pages à lire !
Au début des années 60, Tommy et Jim sont inséparables. Ils habitent tous deux dans le petit village de Mork en Norvège. Tommy essaie de protéger ses soeurs de la violence paternelle depuis que leur mère est partie sans un mot ou une explication. Jim vit avec sa mère enseignante et très croyante. Mais Tommy craque : il s'en prend à son père et c'est l'implosion. Ses soeurs sont placées dans des familles d'accueil différentes. Il n'a pas le droit de les voir alors qu'il était très lié avec Siri de un an sa cadette. Il se retrouve chez Jonsen un célibataire qui dirige une scierie.
A partir de ces enfances, on pourrait s'imaginer les chemins suivis une fois qu'ils seraient devenus adultes. Mais rien n'est jamais acquis d'avance. Comme les amitiés que l'on croyait indéfectibles et qui s'effritent puis meurent.
Trente ans plus tard, Jim est en train de pêcher sur un pont et Tommy passe dans sa luxueuse voiture. Jim qui a enchaîné les arrêts maladies se retrouve sans droits alors que Tommy est quelqu'un qui a réussi sa vie sur le plan professionnel. Cette rencontre si brève fut-elle entre les deux hommes va déclencher les souvenirs mais aussi et surtout des questionnements. Tous deux ne se sont pas vus depuis l'âge de dix-huit ans et ils vont remonter le cours du passé et des événements séparément.
Alternant passé et présent, dans ce roman polyphonique où d'autres personnages prennent également la parole, Tommy et Jim sont confrontés aux souvenirs qu'ils avaient tenté de bannir ou d'oublier. Pourront-ils accepter de se regarder en face et de changer ?
Un roman très touchant sur l'amitié, la vie et ses chemins de traverse d'où se dégage un mélange de mélancolie, de nostalgie mais aussi d'espoir. Une lecture loin d'être plombante car l'écriture est juste et sans fioritures. Elle nous dépeint ces vies, les émotions, la fragilité de Tommy et de Jim.
Un livre qui s'insinue en nous et nous prend aux tripes sans que l'on ait le temps de s'en apercevoir...
- Ca alors ! Ca fait combien de temps? Vingt-cinq ans? trente ?
- A peu près. Un peu plus, même.
Il a souri :
- A l'époque, on a pris des chemins différents, hein?
C'était dit sans sous-entendus.
- C'est vrai.
Il souriait, il était content de me voir, c'est l'impression que j'ai eue.
- Et maintenant tu es là, sur le pont, en train de pêcher, et moi je me ramène dans cette bagnole. elle m'a coûté un sacré paquet de fric, ça je peux le dire. mais j'en ai les moyens. J'aurais pu m'en acheter plusieurs, si j'avais voulu. En payant cash. C'est bizarre, hein?
Il souriait toujours.
- Qu'est-ce qui est bizarre?
- Que les choses puissent tourner comme ça. En s'inversant.
Le billet de Jérôme
Au début des années 60, Tommy et Jim sont inséparables. Ils habitent tous deux dans le petit village de Mork en Norvège. Tommy essaie de protéger ses soeurs de la violence paternelle depuis que leur mère est partie sans un mot ou une explication. Jim vit avec sa mère enseignante et très croyante. Mais Tommy craque : il s'en prend à son père et c'est l'implosion. Ses soeurs sont placées dans des familles d'accueil différentes. Il n'a pas le droit de les voir alors qu'il était très lié avec Siri de un an sa cadette. Il se retrouve chez Jonsen un célibataire qui dirige une scierie.
A partir de ces enfances, on pourrait s'imaginer les chemins suivis une fois qu'ils seraient devenus adultes. Mais rien n'est jamais acquis d'avance. Comme les amitiés que l'on croyait indéfectibles et qui s'effritent puis meurent.
Trente ans plus tard, Jim est en train de pêcher sur un pont et Tommy passe dans sa luxueuse voiture. Jim qui a enchaîné les arrêts maladies se retrouve sans droits alors que Tommy est quelqu'un qui a réussi sa vie sur le plan professionnel. Cette rencontre si brève fut-elle entre les deux hommes va déclencher les souvenirs mais aussi et surtout des questionnements. Tous deux ne se sont pas vus depuis l'âge de dix-huit ans et ils vont remonter le cours du passé et des événements séparément.
Alternant passé et présent, dans ce roman polyphonique où d'autres personnages prennent également la parole, Tommy et Jim sont confrontés aux souvenirs qu'ils avaient tenté de bannir ou d'oublier. Pourront-ils accepter de se regarder en face et de changer ?
Un roman très touchant sur l'amitié, la vie et ses chemins de traverse d'où se dégage un mélange de mélancolie, de nostalgie mais aussi d'espoir. Une lecture loin d'être plombante car l'écriture est juste et sans fioritures. Elle nous dépeint ces vies, les émotions, la fragilité de Tommy et de Jim.
Un livre qui s'insinue en nous et nous prend aux tripes sans que l'on ait le temps de s'en apercevoir...
- Ca alors ! Ca fait combien de temps? Vingt-cinq ans? trente ?
- A peu près. Un peu plus, même.
Il a souri :
- A l'époque, on a pris des chemins différents, hein?
C'était dit sans sous-entendus.
- C'est vrai.
Il souriait, il était content de me voir, c'est l'impression que j'ai eue.
- Et maintenant tu es là, sur le pont, en train de pêcher, et moi je me ramène dans cette bagnole. elle m'a coûté un sacré paquet de fric, ça je peux le dire. mais j'en ai les moyens. J'aurais pu m'en acheter plusieurs, si j'avais voulu. En payant cash. C'est bizarre, hein?
Il souriait toujours.
- Qu'est-ce qui est bizarre?
- Que les choses puissent tourner comme ça. En s'inversant.
Le billet de Jérôme
mardi 18 novembre 2014
Rene Denfeld - En ce lieu enchanté
Éditeur : Fleuve éditions - Traduit de l'anglais ( Etats-Unis ) par Frédérique Daber et Gabrielle Merchez -
Date de parution : Août 2014 - 207 pages qui bousculent !
Derrière ce titre doucereux il y a la prison et plus exactement le couloir de la mort. Le narrateur séjourne depuis longtemps dans ce qu'il appelle le "donjon". Il ne parle pas mais il observe ses compagnons du couloir, écoute les bruits du bâtiment. Il s'évade de l'univers carcéral grâce aux livres et s'est créé un monde à part, un univers enchanté où réalité et fantastique ne font qu'un.
Le seul lien pour ces hommes avec le monde extérieur est la venue de la "dame". Elle travaille pour un cabinet d'avocats. Elle doit enquêter et trouver des éléments pour qu'un condamné à mort voie sa peine de mort transformée en condamnation à perpétuité. Elle plonge dans le passé des détenus, remonte à l'enfance, cherche ce qui a pu se produire pour qu'un homme commette un ou des actes impensables mais sans à chercher à les excuser. Cette fois elle vient pour "sauver" York mais ce dernier refuse, il veut mourir. Elle croise souvent le directeur de la prison et le prêtre, un homme d'église déchu. Le narrateur nous décrit la violence : les caïds qui règnent en maître, les agressions, les trafics, des gardiens malhonnêtes sans que l'on sache pourquoi il est incarcéré.
L'écriture de Rene Denfeld est tout simplement superbe. La noirceur est contrebalancée par la poésie, l'humanité surgit entre ces murs et ce roman est un livre à part ! Troublant et très marquant, ce livre qui bouscule possède une vraie beauté...
Je ne peux plus penser à ce monde du dehors, il est trop vaste, il me fait peur. C'est un cirque effréné qui résonne de l'affrontement des idées et des êtres. Depuis que j'ai neuf ans, j'ai passé mon temps enfermé quelque part. Je suis habitué à ces pièces contenues dans d'autres pièces, elles-mêmes contenues dans des enceintes de barbelés électrifiés. Les murs que d'autres trouveraient suffocants sont devenus mes poumons.
Les billets de MicMélo, Sandrine, Séverine
Derrière ce titre doucereux il y a la prison et plus exactement le couloir de la mort. Le narrateur séjourne depuis longtemps dans ce qu'il appelle le "donjon". Il ne parle pas mais il observe ses compagnons du couloir, écoute les bruits du bâtiment. Il s'évade de l'univers carcéral grâce aux livres et s'est créé un monde à part, un univers enchanté où réalité et fantastique ne font qu'un.
Le seul lien pour ces hommes avec le monde extérieur est la venue de la "dame". Elle travaille pour un cabinet d'avocats. Elle doit enquêter et trouver des éléments pour qu'un condamné à mort voie sa peine de mort transformée en condamnation à perpétuité. Elle plonge dans le passé des détenus, remonte à l'enfance, cherche ce qui a pu se produire pour qu'un homme commette un ou des actes impensables mais sans à chercher à les excuser. Cette fois elle vient pour "sauver" York mais ce dernier refuse, il veut mourir. Elle croise souvent le directeur de la prison et le prêtre, un homme d'église déchu. Le narrateur nous décrit la violence : les caïds qui règnent en maître, les agressions, les trafics, des gardiens malhonnêtes sans que l'on sache pourquoi il est incarcéré.
L'écriture de Rene Denfeld est tout simplement superbe. La noirceur est contrebalancée par la poésie, l'humanité surgit entre ces murs et ce roman est un livre à part ! Troublant et très marquant, ce livre qui bouscule possède une vraie beauté...
Je ne peux plus penser à ce monde du dehors, il est trop vaste, il me fait peur. C'est un cirque effréné qui résonne de l'affrontement des idées et des êtres. Depuis que j'ai neuf ans, j'ai passé mon temps enfermé quelque part. Je suis habitué à ces pièces contenues dans d'autres pièces, elles-mêmes contenues dans des enceintes de barbelés électrifiés. Les murs que d'autres trouveraient suffocants sont devenus mes poumons.
Les billets de MicMélo, Sandrine, Séverine
lundi 17 novembre 2014
Mélisa Godet - Les Augustins
Editeur : JC Lattes - Date de parution : Mai 2014 - 183 pages remplies d'énergie !
Jeune journaliste Web, Malika obtient de travailler sur les squats. Via Gabor qui y loge, elle découvre une association qui lutte contre le mal-logement et le squat des Augustins. Elle décide de réaliser des reportages sur les personnes qui y vivent. Et ce sont autant de personnages attachants que l'on découvre. Des accidentés de la vie, des étudiants, des clandestins, des personnes qui travaillent mais qui ne gagnent pas assez pour s'offrir un logement... Autant de situations différentes que Malika était loin d'imaginer.
Mais un squat dérange et celui des Augustines pour des raisons qui seront révélées au fil des pages. Même si on pressent ce qui va se passer, il n'empêche que ce premier roman déborde d'énergie.
Sous des airs légers, Mélisa Godet traite de sujets plus graves mais sans tomber dans le pathos.
Malgré une trame qui ne m'a pas toujours convaincue, ce roman fait du bien et donne du punch !
Le billet de Cathulu, (merci Cuné !)
Jeune journaliste Web, Malika obtient de travailler sur les squats. Via Gabor qui y loge, elle découvre une association qui lutte contre le mal-logement et le squat des Augustins. Elle décide de réaliser des reportages sur les personnes qui y vivent. Et ce sont autant de personnages attachants que l'on découvre. Des accidentés de la vie, des étudiants, des clandestins, des personnes qui travaillent mais qui ne gagnent pas assez pour s'offrir un logement... Autant de situations différentes que Malika était loin d'imaginer.
Mais un squat dérange et celui des Augustines pour des raisons qui seront révélées au fil des pages. Même si on pressent ce qui va se passer, il n'empêche que ce premier roman déborde d'énergie.
Sous des airs légers, Mélisa Godet traite de sujets plus graves mais sans tomber dans le pathos.
Malgré une trame qui ne m'a pas toujours convaincue, ce roman fait du bien et donne du punch !
Le billet de Cathulu, (merci Cuné !)
samedi 15 novembre 2014
Laurent Mauvignier - Apprendre à finir
Éditeur : Éditions de Minuit - Date de parution : 2003 - 127 pages superbes lues en apnée !
Une femme prépare sa maison car son mari longuement hospitalisé suite à un accident va bientôt rentrer. Immobilisé et alité, elle va s'en occuper. Un des enfants a libéré sa chambre pour lui. Elle met tout en œuvre pour son mari et pourtant elle ne peut s'empêcher de penser qu'avant l'accident, il lui avait annoncé sa volonté de la quitter. Son coeur battait pour une autre. Constat d'un mariage arrivé à bout de souffle avec les disputes, le désamour, sa jalousie à elle haineuse.
La convalescence de son mari est l'occasion pour elle de le récupérer "une nouvelle chance pour elle, pour eux", de tirer un trait sur ce passé récent et de repartir sur de nouvelles bases. Lui montrer combien elle est présente pour effacer la rivale, son dévouement, ses attentions : autant de bouées auxquelles elle s'accroche pour espérer. Mais quand son mari commence à aller mieux, la peur la saisit. Et si tout cela n'avait servi à rien ? La douleur de cette femme est palpable, elle prend à la gorge...
Et dans un monologue, tous ses sentiments contradictoires ou paradoxaux nous sont livrés sans concession. Le cri d'amour de cette femme est douloureusement beau car Laurent Mauvignier fait parler les silences, le regard du mari, un geste.
L'écriture est magnifique (j'en suis amoureuse), elle creuse au plus profond, nous bouleverse par sa justesse ! Absolument superbe!
Maintenant, aucune importance. Rien n'a d'importance après, quand on sait ce qu'on a refusé tout le temps, qu'on se dit que, même son corps à côté de nous, on était seul toujours, parce quand on est seul on est tout seul, même avec celui qu'on voulait garder, si ce n'est que son corps, si ce n'est qu'un regard vide et puis puis toute sa vie, toute sa tête qui sont tournées là où jamais il n'y aura de place pour nous. Il n'y a rien aucun visage, aucun regard pour nous sauver de ça. Et au contraire, je me disais, il faut en finir vite et plonger pour en finir, vite, pour aller au bout une fois et ne plus se lasser d'attendre des autres que ça change. Rien ne change. Tout est déjà là. Rien, il n'y à rien à attendre ce jour qui vous délivrera de l'illusion des autres, c'est tout.
Lu de cet auteur : Autour du monde - Dans la foule - Loin d'eux
Une femme prépare sa maison car son mari longuement hospitalisé suite à un accident va bientôt rentrer. Immobilisé et alité, elle va s'en occuper. Un des enfants a libéré sa chambre pour lui. Elle met tout en œuvre pour son mari et pourtant elle ne peut s'empêcher de penser qu'avant l'accident, il lui avait annoncé sa volonté de la quitter. Son coeur battait pour une autre. Constat d'un mariage arrivé à bout de souffle avec les disputes, le désamour, sa jalousie à elle haineuse.
La convalescence de son mari est l'occasion pour elle de le récupérer "une nouvelle chance pour elle, pour eux", de tirer un trait sur ce passé récent et de repartir sur de nouvelles bases. Lui montrer combien elle est présente pour effacer la rivale, son dévouement, ses attentions : autant de bouées auxquelles elle s'accroche pour espérer. Mais quand son mari commence à aller mieux, la peur la saisit. Et si tout cela n'avait servi à rien ? La douleur de cette femme est palpable, elle prend à la gorge...
Et dans un monologue, tous ses sentiments contradictoires ou paradoxaux nous sont livrés sans concession. Le cri d'amour de cette femme est douloureusement beau car Laurent Mauvignier fait parler les silences, le regard du mari, un geste.
L'écriture est magnifique (j'en suis amoureuse), elle creuse au plus profond, nous bouleverse par sa justesse ! Absolument superbe!
Maintenant, aucune importance. Rien n'a d'importance après, quand on sait ce qu'on a refusé tout le temps, qu'on se dit que, même son corps à côté de nous, on était seul toujours, parce quand on est seul on est tout seul, même avec celui qu'on voulait garder, si ce n'est que son corps, si ce n'est qu'un regard vide et puis puis toute sa vie, toute sa tête qui sont tournées là où jamais il n'y aura de place pour nous. Il n'y a rien aucun visage, aucun regard pour nous sauver de ça. Et au contraire, je me disais, il faut en finir vite et plonger pour en finir, vite, pour aller au bout une fois et ne plus se lasser d'attendre des autres que ça change. Rien ne change. Tout est déjà là. Rien, il n'y à rien à attendre ce jour qui vous délivrera de l'illusion des autres, c'est tout.
Lu de cet auteur : Autour du monde - Dans la foule - Loin d'eux
vendredi 14 novembre 2014
Mathieu Lindon - Les hommes tremblent
Éditeur : P.O.L. - Date de parution : Octobre 2014 - 169 pages déstabilisantes !
Qu'est-ce qui peut bien entacher la tranquillité d'un petit immeuble parisien? L'arrivée d'un SDF Martin qui squatte le hall en permanence. Les habitants s'interrogent : nous sommes en hiver, il faut bien que le pauvre homme se mette à l'abri du froid alors faisons preuve d'humanité Oui mais... Martin boit, il est sale et ramène sa copine Martine. Martin a le chic pour s'immiscer dans la vie de gens. Du hall, il règne et observe les allées et venues, donne son avis sur tout avec arrogance ou mépris. Et quand Martin et Martine provoquent, on en viendrait à avoir peur d'eux. Que faire ? Car après tout, quelquefois ils rendent service et Martin a aussi parfois des réflexions justes ou emplies de bon sens. Mais quand même la situation ne peut plus durer. Les habitants ne savent plus que faire.
Tenter de les déloger ou alors leur proposer le local poubelles? Des solutions qui les feraient apparaître pour des gens sans coeur et chacun pour soi. Il y a ceux qui les ignorent, ceux qui ont un simulacre d'attention gentille ou encore l'adolescent qui boit les paroles de Martin. Car ce dernier a des grandes idées du système, du travail.
Sauf que Mathieu Lindon sait révéler toutes les facettes des âmes de tout ce petit monde. Celui qui pouvait nous être sympathique se révèle hypocrite. Il n'y pas de méchant ou de gentil, juste la mise à nu et à mal de nos consciences. Le tout est décrit avec une ironie féroce.
Déstabilisant et très bien réussi !
Sans que Martin soit expulsé manu militari, il devrait être possible de le convaincre de passer son temps dans le local poubelles, qui est très bien tenu et assez spacieux, de sorte qu'il ne manquerait pas de place pour se mettre à l'aise, même avec Martine, et lui-même ne serait pas sans cesse interrompu dans ses rêveries par des allées et venues. Les allées et venues, pour leur part, n'auraient pas sous leurs yeux, à chaque fois qu'il quittent ou regagnent leur appartement, cette espèce de loque prétentieuse qui donne son avis sur tout et sur chacun. Mais Martin a des complices dans l'immeuble, des locataires principalement, qui tiennent à faire connaître leur idée de l'humanisme, laquelle consiste à se scandaliser de tout contact trop poussé entre les hommes et les déchets. Qu'est-ce qu'ils croient ? Que, dans des pays moins favorisés, les pauvres gens ne fouillent pas jour les décharges d'ordures comme une île au trésor, pour y trouver de quoi se nourrir ou commercer jusqu'à demain? Martin, il était juste question qu'il passe ses journées et dorme, qui plus est éventuellement avec sa Martine, dans la Rolls des locaux poubelles.
Qu'est-ce qui peut bien entacher la tranquillité d'un petit immeuble parisien? L'arrivée d'un SDF Martin qui squatte le hall en permanence. Les habitants s'interrogent : nous sommes en hiver, il faut bien que le pauvre homme se mette à l'abri du froid alors faisons preuve d'humanité Oui mais... Martin boit, il est sale et ramène sa copine Martine. Martin a le chic pour s'immiscer dans la vie de gens. Du hall, il règne et observe les allées et venues, donne son avis sur tout avec arrogance ou mépris. Et quand Martin et Martine provoquent, on en viendrait à avoir peur d'eux. Que faire ? Car après tout, quelquefois ils rendent service et Martin a aussi parfois des réflexions justes ou emplies de bon sens. Mais quand même la situation ne peut plus durer. Les habitants ne savent plus que faire.
Tenter de les déloger ou alors leur proposer le local poubelles? Des solutions qui les feraient apparaître pour des gens sans coeur et chacun pour soi. Il y a ceux qui les ignorent, ceux qui ont un simulacre d'attention gentille ou encore l'adolescent qui boit les paroles de Martin. Car ce dernier a des grandes idées du système, du travail.
Sauf que Mathieu Lindon sait révéler toutes les facettes des âmes de tout ce petit monde. Celui qui pouvait nous être sympathique se révèle hypocrite. Il n'y pas de méchant ou de gentil, juste la mise à nu et à mal de nos consciences. Le tout est décrit avec une ironie féroce.
Déstabilisant et très bien réussi !
Sans que Martin soit expulsé manu militari, il devrait être possible de le convaincre de passer son temps dans le local poubelles, qui est très bien tenu et assez spacieux, de sorte qu'il ne manquerait pas de place pour se mettre à l'aise, même avec Martine, et lui-même ne serait pas sans cesse interrompu dans ses rêveries par des allées et venues. Les allées et venues, pour leur part, n'auraient pas sous leurs yeux, à chaque fois qu'il quittent ou regagnent leur appartement, cette espèce de loque prétentieuse qui donne son avis sur tout et sur chacun. Mais Martin a des complices dans l'immeuble, des locataires principalement, qui tiennent à faire connaître leur idée de l'humanisme, laquelle consiste à se scandaliser de tout contact trop poussé entre les hommes et les déchets. Qu'est-ce qu'ils croient ? Que, dans des pays moins favorisés, les pauvres gens ne fouillent pas jour les décharges d'ordures comme une île au trésor, pour y trouver de quoi se nourrir ou commercer jusqu'à demain? Martin, il était juste question qu'il passe ses journées et dorme, qui plus est éventuellement avec sa Martine, dans la Rolls des locaux poubelles.
jeudi 13 novembre 2014
Annie Ernaux - Le vrai lieu
Éditeur : Gallimard - Date de parution : Octobre 2014 - 111 pages hérissées de marque-pages !
En 2008, Michelle Porte, que je connaissais comme la réalisatrice de très beaux documentaires sur Virginia Woolf et Marguerite Duras, m'a exprimé son désir de me filmer dans les lieux de ma jeunesse, Yvetot, Rouen, et dans celui d'aujourd'hui, Cergy. J'évoquerais ma vie, l'écriture, le lien entre les deux. J'ai aimé et accepté immédiatement son projet, convaincue que le lieu - géographique, social - où l'on naît, et celui où l'on vit, offrent sur les textes écrits, non pas une explication, mais l'arrière-fond de la réalité où, plus ou moins, ils sont ancrés.
Ces lignes sont les premières phrases de ces entretiens réalisés en 2011 à Cergy où vit Annie Ernaux. Mais Yvetot le lieu de son enfance et de son adolescence qui apparaît dans beaucoup de ses livres est abordé également.
Comme dans "Retour à Yvetot", l'auteure revient sur certains de ses romans pour nous éclairer. Ses origines modestes qui font que Je crois que j’ai toujours été entre deux et que ça a commencé tôt.
Sans tabou, elle revient sur ses relations avec sa mère (jusqu'à la mort de cette dernière), une femme autoritaire mais qui a toujours voulu le mieux pour sa fille mais aussi et surtout sur 'importance de la lecture et celle de l'écriture : C'est un lieu, l'écriture, un lieu immatériel. Même si je ne suis pas dans l'écriture d'imagination, mais l'écriture de la mémoire, c'est aussi une façon de m'évader. D'être ailleurs. L'image qui me vient toujours pour l'écriture, c'est celle d'une immersion. De l'immersion dans une réalité qui n'est pas moi. Mais qui est passée par moi. Mon expérience est celle d'un passage et d'une séparation du monde social.
Et les passages sur sa démarche d'écriture m'ont particulièrement intéressée : Je me suis toujours révoltée contre l'assimilation de ma démarche d'écriture à l'autofiction parce que dans le terme même il y a quelque chose de repli sur soi, de fermer au monde. Je n'ai jamais envie que le livre soit une chose personnelle. Ce n'est pas parce que les choses ne me sont arrivées à moi que je les écris, c'est parce qu'elles sont arrivées, qu'elles ne sont donc pas uniques.(...)Bien sûr, on dit les choses personnellement. Personne ne les vit à votre place . Mais il faut pas les écrire de façon qu'elles ne soient que pour soi. Il faut qu'elles soient transpersonnelles, c'est ça. C'est ce qui permet de s'interroger sur soi-même, de vivre autrement, d'être heureux aussi. La littérature peut rendre heureux.
Ce livre est une pierre supplémentaire qui nous éclaire sur l'œuvre d'Annie Ernaux !
Le billet de Margotte
Lu de cette auteure : Ecrire la vie (qui regroupe Les armoires vides, La honte, L’événement, La femme gelée, La place, Journal du dehors, Une femme, « Je ne suis pas sortie de ma nuit », Passion simple, Se perdre, L’occupation, Les années)- La femme gelée - La place - Les années - Regarde les lumières mon amour - Retour à Yvetot
En 2008, Michelle Porte, que je connaissais comme la réalisatrice de très beaux documentaires sur Virginia Woolf et Marguerite Duras, m'a exprimé son désir de me filmer dans les lieux de ma jeunesse, Yvetot, Rouen, et dans celui d'aujourd'hui, Cergy. J'évoquerais ma vie, l'écriture, le lien entre les deux. J'ai aimé et accepté immédiatement son projet, convaincue que le lieu - géographique, social - où l'on naît, et celui où l'on vit, offrent sur les textes écrits, non pas une explication, mais l'arrière-fond de la réalité où, plus ou moins, ils sont ancrés.
Ces lignes sont les premières phrases de ces entretiens réalisés en 2011 à Cergy où vit Annie Ernaux. Mais Yvetot le lieu de son enfance et de son adolescence qui apparaît dans beaucoup de ses livres est abordé également.
Comme dans "Retour à Yvetot", l'auteure revient sur certains de ses romans pour nous éclairer. Ses origines modestes qui font que Je crois que j’ai toujours été entre deux et que ça a commencé tôt.
Sans tabou, elle revient sur ses relations avec sa mère (jusqu'à la mort de cette dernière), une femme autoritaire mais qui a toujours voulu le mieux pour sa fille mais aussi et surtout sur 'importance de la lecture et celle de l'écriture : C'est un lieu, l'écriture, un lieu immatériel. Même si je ne suis pas dans l'écriture d'imagination, mais l'écriture de la mémoire, c'est aussi une façon de m'évader. D'être ailleurs. L'image qui me vient toujours pour l'écriture, c'est celle d'une immersion. De l'immersion dans une réalité qui n'est pas moi. Mais qui est passée par moi. Mon expérience est celle d'un passage et d'une séparation du monde social.
Et les passages sur sa démarche d'écriture m'ont particulièrement intéressée : Je me suis toujours révoltée contre l'assimilation de ma démarche d'écriture à l'autofiction parce que dans le terme même il y a quelque chose de repli sur soi, de fermer au monde. Je n'ai jamais envie que le livre soit une chose personnelle. Ce n'est pas parce que les choses ne me sont arrivées à moi que je les écris, c'est parce qu'elles sont arrivées, qu'elles ne sont donc pas uniques.(...)Bien sûr, on dit les choses personnellement. Personne ne les vit à votre place . Mais il faut pas les écrire de façon qu'elles ne soient que pour soi. Il faut qu'elles soient transpersonnelles, c'est ça. C'est ce qui permet de s'interroger sur soi-même, de vivre autrement, d'être heureux aussi. La littérature peut rendre heureux.
Ce livre est une pierre supplémentaire qui nous éclaire sur l'œuvre d'Annie Ernaux !
Le billet de Margotte
Lu de cette auteure : Ecrire la vie (qui regroupe Les armoires vides, La honte, L’événement, La femme gelée, La place, Journal du dehors, Une femme, « Je ne suis pas sortie de ma nuit », Passion simple, Se perdre, L’occupation, Les années)- La femme gelée - La place - Les années - Regarde les lumières mon amour - Retour à Yvetot
mardi 11 novembre 2014
Ron Rash - Une terre d'ombre
Éditeur : Seuil - Traduit de l'anglais (Etats-unis) par Isabelle Reinharez - Date de parution : Janvier 2014- 243 pages captivantes et bouleversantes..
1918 en Caroline du Sud. Au fond d'un vallon, Hank et sa soeur Laurel vivent dans l'ancienne ferme de leur parents. Malgré qu'il ait perdu une main lors de la guerre en Europe, Hank travaille dur pour s'occuper du lieu. Très tôt, Laurel à été mise à l'écart et rejetée par les autres autres car sa peau est maculée depuis sa naissance d'une tâche de vin. Considérée comme pouvant porter malheur, les gens la fuient. Jusqu'au jour où elle rencontre Walter. Un jeune homme muet qui joue merveilleusement de la flûte. Mal en point, harassé, Laurel le ramène chez eux et s'occupe de lui.
Hank se montre tout d'abord méfiant mais très vite Walter gagne sa confiance. Travailleur, il l'aide énormément sauf qu'il doit rejoindre New-York sous. Laurel a vu sa vie modifiée avec l'arrivée de cet inconnu, il a apporté de la gaieté et de l'espoir dans le quotidien bien terre de la jeune femme. Dans la petite ville, la plupart de population voue une haine aux Allemands : des fils sont morts ou ne sont pas revenus indemnes. La guerre n'est pas finie et certains ont une soif de vengeance aveugle. Des livres de cours en allemand sont détruits, un professeur déchu de sa fonction. La tension monte en crescendo et le drame apparaît inéluctable. Il le sera. Dur et animé par la peur de l'autre et l'ignorance.
Un roman âpre, fort où des moments de lumière jaillissent. Ron Rash décortique les âmes humaines avec brio. Poignant, captivant et bouleversant, l'ambiance est palpable de la première à la dernière ligne et ne nous lâche pas !
Dans un cas comme dans l'autre, les gens l'évitaient, traversaient la rue, partaient dans un autre coin de la grange. N'était-ce pas cela un fantôme : un être isolé des vivants ?
Les billets d'Aifelle, Jostein, Kathel, Keisha, Krol, Micmélo
Lu de cet auteur : Le monde à l'endroit - Un pied au paradis
1918 en Caroline du Sud. Au fond d'un vallon, Hank et sa soeur Laurel vivent dans l'ancienne ferme de leur parents. Malgré qu'il ait perdu une main lors de la guerre en Europe, Hank travaille dur pour s'occuper du lieu. Très tôt, Laurel à été mise à l'écart et rejetée par les autres autres car sa peau est maculée depuis sa naissance d'une tâche de vin. Considérée comme pouvant porter malheur, les gens la fuient. Jusqu'au jour où elle rencontre Walter. Un jeune homme muet qui joue merveilleusement de la flûte. Mal en point, harassé, Laurel le ramène chez eux et s'occupe de lui.
Hank se montre tout d'abord méfiant mais très vite Walter gagne sa confiance. Travailleur, il l'aide énormément sauf qu'il doit rejoindre New-York sous. Laurel a vu sa vie modifiée avec l'arrivée de cet inconnu, il a apporté de la gaieté et de l'espoir dans le quotidien bien terre de la jeune femme. Dans la petite ville, la plupart de population voue une haine aux Allemands : des fils sont morts ou ne sont pas revenus indemnes. La guerre n'est pas finie et certains ont une soif de vengeance aveugle. Des livres de cours en allemand sont détruits, un professeur déchu de sa fonction. La tension monte en crescendo et le drame apparaît inéluctable. Il le sera. Dur et animé par la peur de l'autre et l'ignorance.
Un roman âpre, fort où des moments de lumière jaillissent. Ron Rash décortique les âmes humaines avec brio. Poignant, captivant et bouleversant, l'ambiance est palpable de la première à la dernière ligne et ne nous lâche pas !
Dans un cas comme dans l'autre, les gens l'évitaient, traversaient la rue, partaient dans un autre coin de la grange. N'était-ce pas cela un fantôme : un être isolé des vivants ?
Les billets d'Aifelle, Jostein, Kathel, Keisha, Krol, Micmélo
Lu de cet auteur : Le monde à l'endroit - Un pied au paradis
lundi 10 novembre 2014
Elena Ferrante - L'amie prodigieuse
Éditeur : Gallimard - Traduit de l'italien par Elsa Damien - Date de parution : Octobre 2014 - 389 pages à lire !
Fin des années cinquante. Dans un quartier éloigné et pauvre du centre ville de Naples, Elena et Lila deviennent amies à l'école. Toutes deux sont des enfants dont les parents vivotent comme le reste des habitants de ces rues. Elena voue de l'admiration à Lilaqui est billante et vive. Et pourtant ses parents ne veulent pas qu'elle aille au collège, elle va désormais travailler dans la cordonnerie familiale. Si seule Elena franchit les classes supérieures, Lila emprunte des livres à la bibliothèque pour continuer d'apprendre. Les nouvelles matières semblent un jeu pour l'adolescente qui devient une charmante jeune fille. Dans ce quartier qui subit des métamorphoses certaines familles s'enrichissent tandis qu'Elena cherche sa place.
Depuis l'enfance, Elena s'est toujours sentie en compétition avec Lila. Cette dernière aurait dû continuer les études et Elena se sent comme un imposteur. Et si ce sentiment laisse place à celui d'une forme de supériorité, Lila a toujours un temps d'avance. Alors qu'Elena passe son temps à étudier, Lila attire bon nombre de garçons.
Dans ce récit raconté par Elena, les chemins des deux adolescentes se retrouvent, divergent. Les vies d'Elena et de Lila sont liées à celle du quartier où tout le monde se connaît et où les rivalités entre certaines familles font régner une ambiance de jalousie. Lila se fiance à un jeune homme et son destin semble tracé vers le bonheur.
On est immergé dans cette partie de Naples, et on suit ces deux filles de l'enfance à la porte de l'âge de l'adulte. Si Lila est belle, intelligente et qu'Elena semble son opposée, à travers les réflexions de cette dernière on s'aperçoit combien ses pensées évoluent.
Il s'agit d'un roman sur l'amitié, les tourments liés à l'adolescence et les bouleversements de tout un quartier et d'une époque.
Les deux héroïnes sont aussi attachantes l'une que l'autre et la toute dernière page révèle un retournement de situation complètement inattendu et assez glaçant...
Cet argent donne encore plus de force à mon impression qu'elle avait ce qui me manquait et vice versa, dans un perpétuel jeu d'échanges et de renversements qui, parfois dans la joie, parfois dans la souffrance nous rendent indispensables l'une à l'autre. (…) Je me répondis que j'avais l'école, un privilège qu'elle avait perdu pour toujours. C'est ma richesse, tentai-je de me convaincre.
Fin des années cinquante. Dans un quartier éloigné et pauvre du centre ville de Naples, Elena et Lila deviennent amies à l'école. Toutes deux sont des enfants dont les parents vivotent comme le reste des habitants de ces rues. Elena voue de l'admiration à Lilaqui est billante et vive. Et pourtant ses parents ne veulent pas qu'elle aille au collège, elle va désormais travailler dans la cordonnerie familiale. Si seule Elena franchit les classes supérieures, Lila emprunte des livres à la bibliothèque pour continuer d'apprendre. Les nouvelles matières semblent un jeu pour l'adolescente qui devient une charmante jeune fille. Dans ce quartier qui subit des métamorphoses certaines familles s'enrichissent tandis qu'Elena cherche sa place.
Depuis l'enfance, Elena s'est toujours sentie en compétition avec Lila. Cette dernière aurait dû continuer les études et Elena se sent comme un imposteur. Et si ce sentiment laisse place à celui d'une forme de supériorité, Lila a toujours un temps d'avance. Alors qu'Elena passe son temps à étudier, Lila attire bon nombre de garçons.
Dans ce récit raconté par Elena, les chemins des deux adolescentes se retrouvent, divergent. Les vies d'Elena et de Lila sont liées à celle du quartier où tout le monde se connaît et où les rivalités entre certaines familles font régner une ambiance de jalousie. Lila se fiance à un jeune homme et son destin semble tracé vers le bonheur.
On est immergé dans cette partie de Naples, et on suit ces deux filles de l'enfance à la porte de l'âge de l'adulte. Si Lila est belle, intelligente et qu'Elena semble son opposée, à travers les réflexions de cette dernière on s'aperçoit combien ses pensées évoluent.
Il s'agit d'un roman sur l'amitié, les tourments liés à l'adolescence et les bouleversements de tout un quartier et d'une époque.
Les deux héroïnes sont aussi attachantes l'une que l'autre et la toute dernière page révèle un retournement de situation complètement inattendu et assez glaçant...
Cet argent donne encore plus de force à mon impression qu'elle avait ce qui me manquait et vice versa, dans un perpétuel jeu d'échanges et de renversements qui, parfois dans la joie, parfois dans la souffrance nous rendent indispensables l'une à l'autre. (…) Je me répondis que j'avais l'école, un privilège qu'elle avait perdu pour toujours. C'est ma richesse, tentai-je de me convaincre.
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