Editeur : Gallimard - Traduit de l'anglais par Josée Kamoun - Date de parution : Février 2014 - 326 pages distrayantes mais pas plus...
Londres, 1958. Thomas Foley la trentaine travaille depuis plus de dix ans au Bureau Central d'Information britannique et mène une vie de ce qu'il y a de plus tranquille avec sa femme Sylvia et leur jeune bébé. Ses supérieurs lui proposent de participer à l'Exposition Universelle qui se tiendra dans quelques mois à Bruxelles. Ses origines (une mère belge et un père qui a tenu d'un pub) font de lui le parfait candidat. Car s'il doit contrôler la construction du pub anglais le Britannia qui sera situé à côté du Pavillon, il devra être sur place durant toute l'exposition soit six mois et veiller à que que tout se passe bien. L'honneur anglais est en jeu car tous les pays seront seront présents.
Thomas s'envole assez égoïstement pour la Belgique où à son arrivée la jeune et jolie l'hôtesse Anneke chargée de venir le chercher lui plait immédiatement. Son compagnon de chambre Tony (anglais bien sûr) travaille dans le domaine scientifique car une copie de la machine ZETA dont l'Angleterre s'est vantée qu'elle ferait avancer la technologie du nucléaire est présentée. Les Belges ont placé par humour Américains et Soviétiques côte à côte. Thomas ne quitte pas le Britannia qui fait un malheur. Il y rencontre un journaliste russe Chersky qui pose des questions bizarres, Emily une actrice américaine. Sans oublier un duo particulier d'anglais, deux agents secrets Wayne et Radford qui m'ont fait penser aux Dupont et Dupond de Tintin. L'exposition est censée rapprocher les nations, susciter des échanges et montrer ce que la modernité apportera ( le symbole en est l’Atomium). Mais la politique, les enjeux en cours ne peuvent pas disparaître durant quelques mois. Les compatriotes de Thomas sont partagés entre le conservatisme, les traditions et l'envie d'aller de l'avant. Naïf, Thomas profite pour flirter gentiment avec Anneke à qui il n' a pas révélé sa situation d'homme marié et de père de famille. Il correspond avec Sylvia par courrier qui lui rappelle combien son quotidien était bien morne par rapport à ce qu'il vit durant ces quelques mois.
Avec humour, Jonathan Coe nous embarque dans une livre entre comédie et postiche de roman d'espionnage. L'Exposition Universelle est une façade de mensonges et d'intérêts. Thomas sans s'en rendre compte est manipulé et les choix qu'il devra effectuer seront faussés par les circonstances.
Si cette lecture est distrayante, les rebondissements sont prévisibles. J'ai tourné les pages sans déplaisir mais sans frénésie...
Par rapport aux livres de cet auteur que j'ai lus ( La pluie, avant qu'elle ne tombe et Testament à l'anglaise), celui-ci m'est apparue avec un manque cruel de finesse et d'humour plus ironique.
Plus Thomas écoutait tout en faisant mine de suivre le récit-fleuve d'Anneke, plus il tiquait, et sa contrariété fut à son comble lorsque Tony déclara qu'il avait toujours voulu visiter Moscou, à quoi Andrey répondit qu'il serait heureux de l'accueillir chez lui, si bien qu'Emily conclut que c'était formidable quand des personnes de pays opposés se liaient d'une pareille amitié, comme quoi la politique internationale, c'était du pipi de chat (...)
vendredi 28 février 2014
jeudi 27 février 2014
Margaret Drabble - Un bébé d'or pur
Éditeur : Christian Bougeois - Traduit de L'anglais par Christine Laferrière - Date de parution : Février 2014 - 399 pages riches et creusées !
Londres dans les années 1970. Jess une étudiante en anthropologie âgée de vingt ans devient maman célibataire d’une petite fille Anna. Ses amies (dont une est la narratrice) nous explique que Jess lui a confié que le père était un de ses professeurs, beaucoup plus âgé qu’elle et marié. Jess vit pour sa fille Anna qui se révèle très vite différente des autres. Calme, très sage, elle est d’une gentillesse extrême mais elle présente une lenteur, un retard mental.
Toujours par le récit de son amie qui habite le même quartier que Jess et qui elle a une vie « normale » (un mari, deux enfant en bonne santé), on suit le parcours de Jess, d’Anna mais aussi les changements de mœurs, culturels et sociaux. Si durant les premières années de vie d’Anna, Jess ne s’autorise que des sorties avec ses amies, elle rencontrera plus tard un homme Bob avec qui elle se se mariera. Ses amies ne l’apprécient guère même s'il ne considère pas Anna comme un fardeau. Anna qui ne peut plus plus être scolarisée dans une école traditionnelle doit être admise à dix ans dans un centre avec d’autres élèves souffrant tous d’handicaps intellectuels. Il s’agit d’une époque où les connaissances sur l’autisme, les maladies neurologique et psychiatriques sont peu étendues. Jess passe beaucoup de temps à chercher des informations, à se renseigner, à rencontrer d’autres parents. Sa relation avec Anna est fusionnelle et son mariage ne durera pas longtemps. Ses amies sont toujours prêtes à l’aider mais la vie poursuit son cours. Les enfants grandissent, certains des couple se séparent, des amies s’investissent davantage dans leur travail. Jess devenue anthropologue écrit de nombreux articles, toujours passionnée pour l’Afrique où elle s’était rendue en étant encore étudiante. Quelques amants dont Anna ne saura rien, les amis et toujours son amour infaillible pour sa fille. Alors que le monde change, que le statut des femmes évolue, Anna est toujours plongée dans son innocence éternelle.
Ce roman dense, creusé et captivant nous fait voyager des années 70 à nos jours. Avec ce regard porté sur la différence, les relations mère-fille, l’amour, les travaux d'anthropologie, l’amitié et la société. L es références sont nombreuses : littéraires, à l'explorateur et missionnaire et également aux tribus primitives.
Il s’agit d’un roman rare, d’une qualité qui m’a époustouflée (chapeau bas pour la traduction) mais qui n’est jamais indigeste ! Margaret Drabble nous interroge avec intelligence sur la vie, sur nos décisions, sur nos pensées mais sans jamais se faire moralisatrice. Un livre devenu hérisson.
En extrait, les premières lignes :
Ce qu’elle éprouvait pour ces enfants, comme elle devait s’en rendre compte des années plus tard, c’était une tendresse proleptique. En voyant leurs petits corps dénudés, leurs fiers nombrils bruns, les mouches rassemblées autour de leurs nez qui coulaient, leurs grands yeux, leurs orteils étrangement fusionnés qui dessinaient une fourche, elle éprouvait un sentiment d’affinité, tout simplement. Là où d’autres auraient pu ressentir de la pitié, de la peine ou du dégoût, elle ressentait une sorte de joie, une joie inexplicable. Était-ce une prémonition, une inoculation contre le chagrin et l’amour à venir ?
Londres dans les années 1970. Jess une étudiante en anthropologie âgée de vingt ans devient maman célibataire d’une petite fille Anna. Ses amies (dont une est la narratrice) nous explique que Jess lui a confié que le père était un de ses professeurs, beaucoup plus âgé qu’elle et marié. Jess vit pour sa fille Anna qui se révèle très vite différente des autres. Calme, très sage, elle est d’une gentillesse extrême mais elle présente une lenteur, un retard mental.
Toujours par le récit de son amie qui habite le même quartier que Jess et qui elle a une vie « normale » (un mari, deux enfant en bonne santé), on suit le parcours de Jess, d’Anna mais aussi les changements de mœurs, culturels et sociaux. Si durant les premières années de vie d’Anna, Jess ne s’autorise que des sorties avec ses amies, elle rencontrera plus tard un homme Bob avec qui elle se se mariera. Ses amies ne l’apprécient guère même s'il ne considère pas Anna comme un fardeau. Anna qui ne peut plus plus être scolarisée dans une école traditionnelle doit être admise à dix ans dans un centre avec d’autres élèves souffrant tous d’handicaps intellectuels. Il s’agit d’une époque où les connaissances sur l’autisme, les maladies neurologique et psychiatriques sont peu étendues. Jess passe beaucoup de temps à chercher des informations, à se renseigner, à rencontrer d’autres parents. Sa relation avec Anna est fusionnelle et son mariage ne durera pas longtemps. Ses amies sont toujours prêtes à l’aider mais la vie poursuit son cours. Les enfants grandissent, certains des couple se séparent, des amies s’investissent davantage dans leur travail. Jess devenue anthropologue écrit de nombreux articles, toujours passionnée pour l’Afrique où elle s’était rendue en étant encore étudiante. Quelques amants dont Anna ne saura rien, les amis et toujours son amour infaillible pour sa fille. Alors que le monde change, que le statut des femmes évolue, Anna est toujours plongée dans son innocence éternelle.
Ce roman dense, creusé et captivant nous fait voyager des années 70 à nos jours. Avec ce regard porté sur la différence, les relations mère-fille, l’amour, les travaux d'anthropologie, l’amitié et la société. L es références sont nombreuses : littéraires, à l'explorateur et missionnaire et également aux tribus primitives.
Il s’agit d’un roman rare, d’une qualité qui m’a époustouflée (chapeau bas pour la traduction) mais qui n’est jamais indigeste ! Margaret Drabble nous interroge avec intelligence sur la vie, sur nos décisions, sur nos pensées mais sans jamais se faire moralisatrice. Un livre devenu hérisson.
En extrait, les premières lignes :
Ce qu’elle éprouvait pour ces enfants, comme elle devait s’en rendre compte des années plus tard, c’était une tendresse proleptique. En voyant leurs petits corps dénudés, leurs fiers nombrils bruns, les mouches rassemblées autour de leurs nez qui coulaient, leurs grands yeux, leurs orteils étrangement fusionnés qui dessinaient une fourche, elle éprouvait un sentiment d’affinité, tout simplement. Là où d’autres auraient pu ressentir de la pitié, de la peine ou du dégoût, elle ressentait une sorte de joie, une joie inexplicable. Était-ce une prémonition, une inoculation contre le chagrin et l’amour à venir ?
Rencontre avec Valentine Goby !
Hier, j'ai enfin pu me rendre chez Dialogues pour écouter Valentine Goby qui présentait Kinderzimmer.
Une rencontre rare et très, très intéressante !
Valentine Goby a expliqué la différence le témoignage et le roman, son travail de recherches difficile car les archives du camp de Ravensbrück sont inexistantes et la genèse de son livre.
Elle a rencontré un homme qui y est né, qui a été nourri par plus de quinze femmes. Sur 421 enfant nés à Ravensbrück, 31 en sont sortis vivants.
Les femmes ont pu accoucher au camp sur une période allant de septembre 1944 à avril 1945.
Durant ma lecture, je n'ai pas prêté attention à un détail qui a son importance. Au début les mots en allemand sont écrits entre guillemets ou en italique car Mila ne les comprend pas , elle ne sait pas ce qu'ils veulent dire puis au fur et à mesure qu'elle les assimile, ils sont débarrassés de cette police qui marque la différence ou des guillemets.
Honte à moi, j'ai oublié de prendre une photo... nulle je suis ! Mais mon téléphone bugge une fois sur deux quand je veux prendre une photo et je suis obligée de le redémarrer ( enlever la batterie, réinitialiser).
Kinderzimmer est en lice pour le prix des libraires avec L'invention de nos vies de Karine Tuil et Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier, alors je croise les doigts !
Bref, une belle soirée sponsorisée pour ma part par Cachou Lajaunie, Heptamyl, aux bas de contention et à la cortisone qui m'a dopée ( juste un peu)....
Si Valentine Goby vient près de chez vous parler de son lire, allez l' écouter car vraiment c'est passionnant !
Un immense merci à Valentine Goby pour ses explications, son sourire et sa gentillesse !
Une rencontre rare et très, très intéressante !
Valentine Goby a expliqué la différence le témoignage et le roman, son travail de recherches difficile car les archives du camp de Ravensbrück sont inexistantes et la genèse de son livre.
Elle a rencontré un homme qui y est né, qui a été nourri par plus de quinze femmes. Sur 421 enfant nés à Ravensbrück, 31 en sont sortis vivants.
Les femmes ont pu accoucher au camp sur une période allant de septembre 1944 à avril 1945.
Durant ma lecture, je n'ai pas prêté attention à un détail qui a son importance. Au début les mots en allemand sont écrits entre guillemets ou en italique car Mila ne les comprend pas , elle ne sait pas ce qu'ils veulent dire puis au fur et à mesure qu'elle les assimile, ils sont débarrassés de cette police qui marque la différence ou des guillemets.
Honte à moi, j'ai oublié de prendre une photo... nulle je suis ! Mais mon téléphone bugge une fois sur deux quand je veux prendre une photo et je suis obligée de le redémarrer ( enlever la batterie, réinitialiser).
Kinderzimmer est en lice pour le prix des libraires avec L'invention de nos vies de Karine Tuil et Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier, alors je croise les doigts !
Bref, une belle soirée sponsorisée pour ma part par Cachou Lajaunie, Heptamyl, aux bas de contention et à la cortisone qui m'a dopée ( juste un peu)....
Si Valentine Goby vient près de chez vous parler de son lire, allez l' écouter car vraiment c'est passionnant !
Un immense merci à Valentine Goby pour ses explications, son sourire et sa gentillesse !
mercredi 26 février 2014
Kéthévane Davrichewy - Quatre murs
Éditeur : Sabine Wespieser - date de parution : Février 2014 - 180 belles pages !
Depuis la mort de leur père, quatre enfants devenus adultes se retrouvent dans la maison familiale à Somanges avec leur mère. La fratrie n'est pas forcément d'accord que leur mère vende la maison. Depuis longtemps, les quatre enfants ont perdu les liens qui les unissaient.
Les aînés Saul et Hélène ont réussi sur le plan matériel ce qui n'est pas le cas des jumeaux Elias et Réna. A cause d'un accident de voiture, Réna souffre d'un handicap. Leur mère veut avec l'argent de la maison aider les jumeaux. Cette décision n'engendre pas l'unanimité. Les rancœurs, les jalousies refont surface. Comment des frères et des sœurs qui étaient avant complices peuvent-ils s'éloigner? Saul l’aîné préfère le silence, la distance géographique et a choisi de s’installer en Grèce le pays de leurs racines. Deux ans après la vente de la maison, il invite toute la famille à venir. Et c’est l’occasion de nous glisser dans l’intimité de chacun des enfants, de les écouter. Réna venue avec Elias cherche à renouer avec son jumeau la relation forte qu’ils avaient. Même si elle est mariée et mère, elle a besoin de lui ce qu’Elias a du mal à comprendre. Hélène qui semble si sûre d’elle et si solide dissimule derrière sa carapace une solitude et une fragilité.
Dans ce roman sur la famille, Kéthévane Davrichewy ausculte les non dits, les regards, les attitudes. Entre les confidences et les pensées de chacun, elle nous interroge sur comment chacun se construit, trouve ou non sa place enfant puis adulte. L’écriture est subtile comme toujours avec cette auteure. Rien n’est noir ou blanc, les nuances sont maîtresses et nous immergent dans ce que "grandir" implique inconsciemment ou non pour chacun.
Si Somanges était notre socle, la terre s'est ouverte quand nous l'avons vendue.Tout l'amour enseveli.
Lu de cette auteure : La mer noire - Les séparées
Depuis la mort de leur père, quatre enfants devenus adultes se retrouvent dans la maison familiale à Somanges avec leur mère. La fratrie n'est pas forcément d'accord que leur mère vende la maison. Depuis longtemps, les quatre enfants ont perdu les liens qui les unissaient.
Les aînés Saul et Hélène ont réussi sur le plan matériel ce qui n'est pas le cas des jumeaux Elias et Réna. A cause d'un accident de voiture, Réna souffre d'un handicap. Leur mère veut avec l'argent de la maison aider les jumeaux. Cette décision n'engendre pas l'unanimité. Les rancœurs, les jalousies refont surface. Comment des frères et des sœurs qui étaient avant complices peuvent-ils s'éloigner? Saul l’aîné préfère le silence, la distance géographique et a choisi de s’installer en Grèce le pays de leurs racines. Deux ans après la vente de la maison, il invite toute la famille à venir. Et c’est l’occasion de nous glisser dans l’intimité de chacun des enfants, de les écouter. Réna venue avec Elias cherche à renouer avec son jumeau la relation forte qu’ils avaient. Même si elle est mariée et mère, elle a besoin de lui ce qu’Elias a du mal à comprendre. Hélène qui semble si sûre d’elle et si solide dissimule derrière sa carapace une solitude et une fragilité.
Dans ce roman sur la famille, Kéthévane Davrichewy ausculte les non dits, les regards, les attitudes. Entre les confidences et les pensées de chacun, elle nous interroge sur comment chacun se construit, trouve ou non sa place enfant puis adulte. L’écriture est subtile comme toujours avec cette auteure. Rien n’est noir ou blanc, les nuances sont maîtresses et nous immergent dans ce que "grandir" implique inconsciemment ou non pour chacun.
Si Somanges était notre socle, la terre s'est ouverte quand nous l'avons vendue.Tout l'amour enseveli.
Lu de cette auteure : La mer noire - Les séparées
mardi 25 février 2014
Edouard Louis - En finir avec Eddy Bellegueule
Éditeur : Seuil - Date de parution : Janvier 2014 - 220 pages et un avis très mitigé...
Les années 1990 et un petit de village de Picardie avec ses ouvriers, ses quelques notables, sa mairie, son église, sa place, son épicerie et ses cafés. Un village que l'on peut trouver autre part en France avec les mêmes codes et les mêmes familles comme celle d'Eddy Bellegueule. Un père ouvrier qui décide de tout, une mère qui "a élevé ses enfants", la misère, la crasse, la télé qui braille du matin au soir et l'alcool. Chez les Bellegueule, on ne se parle pas. On se balance des vacheries, de la vulgarité en pleine figure. Le père aime gueuler sur les arabes et les noirs (coupables de tout). C'est dans cet environnement qu'Eddy grandit. Les ados sortent, boivent le samedi soir et draguent. Ils sont nombreux à arrêter les études à seize ans pour se mettre en ménage, trouver un boulot et ils se retrouvent parents assez jeunes. Schéma reproduit d'une génération à l'autre, un carcan que nul ne contredit. On l'accepte et on le vit.
Eddy est traité de pédé ou de tapette. Victime des violences physiques, verbales à l'école ou au village, Eddy encaisse sans broncher. Ses parents ou son frère plus âgé doutent alors Eddy tente d'être un dur comme doit être un homme selon son père. Mais ses manières efféminées, sa voix aiguë qui font jaser font partie de lui.
Ce livre est autobiographique. A vingt et un ans, Edouard Louis a décidé de raconter sa vie et donc sa famille. Alors oui c'est une lecture qui fait affreusement mal mais Edouard Louis nous livre du brut. Des faits et des paroles sans un recul qui pour moi était nécessaire. Cette distance, le temps qu'il faut pour analyser le pourquoi, remonter aux origines et tenter de comprendre.
Je ne cherche pas à disculper ses parents mais s'il avait attendu pour écrire son enfance et son adolescence (car ce sont des années qu'il faut digérer), il aurait eu cette maturité qui permet de donner une dimension bien plus profonde et surtout sociologique à son témoignage.
Peut-être que ce livre permettra de donner de la force, du courage à des jeunes pour casser le cercle dans lequel ils se trouvent et/ou affirmer leurs différences mais je ne rejoins pas les critique élogieuses ou les comparaisons avec Annie Ernaux.
Mon père m'a tendu quelque chose, une bague, son alliance. Il m'a invité à la mettre, à en prendre soin. Parce que là je le sens, faut que je te dise, papa va mourir, je le sens que là je vais pas tenir longtemps. Faut que je te dise aussi un truc, c'est que je t'aime et que t'es mon fils, quand même, mon premier gamin. Je n'avais pas trouvé ça, comme on pourrait le penser beau et émouvant. Son je t'aime m'avait répugné, cette parole avait pour moi un caractère incestueux.
Le billet de Kathel qui renvoie à d'autres liens et avec lequel je suis entièrement d'accord.
Les années 1990 et un petit de village de Picardie avec ses ouvriers, ses quelques notables, sa mairie, son église, sa place, son épicerie et ses cafés. Un village que l'on peut trouver autre part en France avec les mêmes codes et les mêmes familles comme celle d'Eddy Bellegueule. Un père ouvrier qui décide de tout, une mère qui "a élevé ses enfants", la misère, la crasse, la télé qui braille du matin au soir et l'alcool. Chez les Bellegueule, on ne se parle pas. On se balance des vacheries, de la vulgarité en pleine figure. Le père aime gueuler sur les arabes et les noirs (coupables de tout). C'est dans cet environnement qu'Eddy grandit. Les ados sortent, boivent le samedi soir et draguent. Ils sont nombreux à arrêter les études à seize ans pour se mettre en ménage, trouver un boulot et ils se retrouvent parents assez jeunes. Schéma reproduit d'une génération à l'autre, un carcan que nul ne contredit. On l'accepte et on le vit.
Eddy est traité de pédé ou de tapette. Victime des violences physiques, verbales à l'école ou au village, Eddy encaisse sans broncher. Ses parents ou son frère plus âgé doutent alors Eddy tente d'être un dur comme doit être un homme selon son père. Mais ses manières efféminées, sa voix aiguë qui font jaser font partie de lui.
Ce livre est autobiographique. A vingt et un ans, Edouard Louis a décidé de raconter sa vie et donc sa famille. Alors oui c'est une lecture qui fait affreusement mal mais Edouard Louis nous livre du brut. Des faits et des paroles sans un recul qui pour moi était nécessaire. Cette distance, le temps qu'il faut pour analyser le pourquoi, remonter aux origines et tenter de comprendre.
Je ne cherche pas à disculper ses parents mais s'il avait attendu pour écrire son enfance et son adolescence (car ce sont des années qu'il faut digérer), il aurait eu cette maturité qui permet de donner une dimension bien plus profonde et surtout sociologique à son témoignage.
Peut-être que ce livre permettra de donner de la force, du courage à des jeunes pour casser le cercle dans lequel ils se trouvent et/ou affirmer leurs différences mais je ne rejoins pas les critique élogieuses ou les comparaisons avec Annie Ernaux.
Mon père m'a tendu quelque chose, une bague, son alliance. Il m'a invité à la mettre, à en prendre soin. Parce que là je le sens, faut que je te dise, papa va mourir, je le sens que là je vais pas tenir longtemps. Faut que je te dise aussi un truc, c'est que je t'aime et que t'es mon fils, quand même, mon premier gamin. Je n'avais pas trouvé ça, comme on pourrait le penser beau et émouvant. Son je t'aime m'avait répugné, cette parole avait pour moi un caractère incestueux.
Le billet de Kathel qui renvoie à d'autres liens et avec lequel je suis entièrement d'accord.
lundi 24 février 2014
Arnaldur Indridason - Le duel
Éditeur : Métailié - Traduit de l'Islandais par Eric Boury - Date de parution : Février 2014 - 309 pages très, très bien menées !
Eté 1972. La ville de Reykjavík en Islande accueille les championnats du monde d'échecs. Un duel qui oppose deux homme mais aussi deux puissances avec des idéologies et des politiques opposées. L'Américain Fischer et le Russe Spassky sont le centre d’intérêt pour les habitants et pour les touristes venus assister à l'événement. Reykjavík est sous haute surveillance et les yeux du monde entier sont braqués sur elle. Dans un cinéma, un jeune homme sans histoires est découvert mort, tué à l'arme blanche. Passionné de films, il enregistrait les bandes sons sur un magnétophone qui a disparu. La commissaire Marion Briem est chargée de l'enquête.
Qui a tué ce jeune homme et pourquoi? Est-ce que ce meurtre est lié de loin ou de près à la présence de Fischer et de Spassky ? L'Américain exige qu'on l'on cède à ses nombreuse volontés mais Spassky reste de marbre, concentré et imperturbable. Marion Breim n'écarte aucune piste pour l'assassinat et elle examine toutes les possibilités. Et si le jeune homme avait enregistré une conversation qu'il n'aurait pas dû ? Un échange de la plus haute importance qui a amené une personne à l'éliminer.
Si le meurtre du jeune homme est le départ de ce livre, la suite s'oriente rapidement vers les enjeux de la guerre froide où l'espionnage et les soupçons étaient de mise. On découvre Marion Breim et son passé. Peu bavarde, elle a été atteinte durant son enfance de la tuberculose, maladie qui a frappé de plein fouet l'Islande. Il s'agit d'une femme déterminée dans son enquête qui lentement récolte les indices.
Arnaldur Indridason signe un polar très bien mené où les échecs ne sont qu'un prétexte pour nous faire pénétrer dans le sphères de la guerre froide. Le personnage de Marion Breim est creusé, étoffé et complexe. Pour les nombreux fans d'Erlendur, il apparaît à la fin du livre en tant que jeune policier au tout début de sa carrière.
Un polar efficace et intelligent !
Les billets de Dasola, Dominique.
Lu de cet auteur : La muraille de lave
Eté 1972. La ville de Reykjavík en Islande accueille les championnats du monde d'échecs. Un duel qui oppose deux homme mais aussi deux puissances avec des idéologies et des politiques opposées. L'Américain Fischer et le Russe Spassky sont le centre d’intérêt pour les habitants et pour les touristes venus assister à l'événement. Reykjavík est sous haute surveillance et les yeux du monde entier sont braqués sur elle. Dans un cinéma, un jeune homme sans histoires est découvert mort, tué à l'arme blanche. Passionné de films, il enregistrait les bandes sons sur un magnétophone qui a disparu. La commissaire Marion Briem est chargée de l'enquête.
Qui a tué ce jeune homme et pourquoi? Est-ce que ce meurtre est lié de loin ou de près à la présence de Fischer et de Spassky ? L'Américain exige qu'on l'on cède à ses nombreuse volontés mais Spassky reste de marbre, concentré et imperturbable. Marion Breim n'écarte aucune piste pour l'assassinat et elle examine toutes les possibilités. Et si le jeune homme avait enregistré une conversation qu'il n'aurait pas dû ? Un échange de la plus haute importance qui a amené une personne à l'éliminer.
Si le meurtre du jeune homme est le départ de ce livre, la suite s'oriente rapidement vers les enjeux de la guerre froide où l'espionnage et les soupçons étaient de mise. On découvre Marion Breim et son passé. Peu bavarde, elle a été atteinte durant son enfance de la tuberculose, maladie qui a frappé de plein fouet l'Islande. Il s'agit d'une femme déterminée dans son enquête qui lentement récolte les indices.
Arnaldur Indridason signe un polar très bien mené où les échecs ne sont qu'un prétexte pour nous faire pénétrer dans le sphères de la guerre froide. Le personnage de Marion Breim est creusé, étoffé et complexe. Pour les nombreux fans d'Erlendur, il apparaît à la fin du livre en tant que jeune policier au tout début de sa carrière.
Un polar efficace et intelligent !
Les billets de Dasola, Dominique.
Lu de cet auteur : La muraille de lave
samedi 22 février 2014
Valérie Cohen - Alice et l'homme-perle
Éditeur : Luce Wilquin - Date de parution : Janvier 2014 - 190 pages et une jolie découverte !
A la résidence Les eaux douces, des sexagénaires mènent une existence bien tranquille. Mais Alice passe tous ses jeudis dans le hall d'un aéroport à rêver des vies des personnes qu'elle y croise. Gisèle est soucieuse de son apparence tandis que Juliette respire la joie de vivre sans se soucier de ses kilos en trop. Mais depuis quelques temps, la mémoire d'Alice fugue brièvement. Juliette décide qu'elles doivent l'aider. Elle a deviné que derrière la soudaine la mélancolie d'Alice, il y a un homme qui fut son amant. Veuve, Alice a aimé un autre homme que son mari.
Avec l'aide de la directrice de la résidence Lucie, un séjour est organisé à Séville pour permettre à Alice de revoir son amant d'autrefois Diego. Le voyage révèle les espoirs de chacun mais sans oublier les peurs légitimes et les remords de chacun. Entre humour et révélations, ce roman ne sombre jamais dans la guimauve ou dans la tristesse.
Si Valérie Cohen n'occulte la mort, la vieillesse, elle nous rappelle avec une réelle bienveillance pour ses personnages qu'il faut croquer la vie à pleines dents à tout âge! Un roman touchant, optimiste et à méditer !
"La vie est injuste, soupire celle-ci avec un sourire taquin.
- Ah bon, pourquoi ?
- Une ville chargée d'histoire est bourrée de charme. Mais pour un femme de notre âge, la langue française n'est pas aussi tendre : elle a de la bouteille ou, pire, elle est ravagé.
- Pas totalement faux", concède Gisèle d'un air pincé.
Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique organisée par Babelio
A la résidence Les eaux douces, des sexagénaires mènent une existence bien tranquille. Mais Alice passe tous ses jeudis dans le hall d'un aéroport à rêver des vies des personnes qu'elle y croise. Gisèle est soucieuse de son apparence tandis que Juliette respire la joie de vivre sans se soucier de ses kilos en trop. Mais depuis quelques temps, la mémoire d'Alice fugue brièvement. Juliette décide qu'elles doivent l'aider. Elle a deviné que derrière la soudaine la mélancolie d'Alice, il y a un homme qui fut son amant. Veuve, Alice a aimé un autre homme que son mari.
Avec l'aide de la directrice de la résidence Lucie, un séjour est organisé à Séville pour permettre à Alice de revoir son amant d'autrefois Diego. Le voyage révèle les espoirs de chacun mais sans oublier les peurs légitimes et les remords de chacun. Entre humour et révélations, ce roman ne sombre jamais dans la guimauve ou dans la tristesse.
Si Valérie Cohen n'occulte la mort, la vieillesse, elle nous rappelle avec une réelle bienveillance pour ses personnages qu'il faut croquer la vie à pleines dents à tout âge! Un roman touchant, optimiste et à méditer !
"La vie est injuste, soupire celle-ci avec un sourire taquin.
- Ah bon, pourquoi ?
- Une ville chargée d'histoire est bourrée de charme. Mais pour un femme de notre âge, la langue française n'est pas aussi tendre : elle a de la bouteille ou, pire, elle est ravagé.
- Pas totalement faux", concède Gisèle d'un air pincé.
Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique organisée par Babelio
jeudi 20 février 2014
Olivier Bordaçarre - Dernier désir
Éditeur : Fayard - Date de parution: Janvier 2014 - 275 pages dévorées !
Depuis plus de dix ans, Jonathan et Mina Martin se sont installés dans une maison isolée près d'une ancienne écluse dans le Berry. Fini Paris, les horaires avec lesquels il fallait jongler et l'appel de la consommation effrénée. Lui est producteur de miel, Mina est guide touristique pour un le château peu connu da la région. Un fils Romain âgée de dix ans, Jonathan qui aime écouter ses CD et Mina lire : un joli portait de famille. Un jour, un homme se présente chez eux. Il s'agit de leur nouveau voisin : Vladimir Martin. Elégant, riche, il va s'installer dans la maison située à cinq cent mètres de chez eux, une même maison entièrement à rénover.
Tout commence normalement pourrait-on dire. Vladimir vient souvent demander quelque chose : une aide, un service et forcément on s'entraide entre voisins. Le couple se pose forcément sur la venue de ce nouveau voisin fort généreux dans ses cadeaux pour les remercier. Vladimir observateur, toujours le mot gentil, entreprend des travaux dans sa maison pour qu'elle soit l'identique de ses voisins et achète la même voiture qu'eux. Il connait le pouvoir de l'argent et s'en sert pour gâter Romain. C'est trop, disent ses parents. Par politesse ou parce qu'il le pensent? Vladimir sait que Mina n'est pas insensible à son charme, d'ailleurs, il a opté pour la même coupe de cheveux que Jonathan. Un voisin un peu étrange qui est insomniaque, ne boit pas.
Lentement, il s'introduit dans la vie du couple semant des doutes sur leur mode de vie. Mina est-elle si heureuse ? Elle voit ses aspirations premières (fuir une société de consommation, vivre différemment) ébranlées. Jonathan trouve que Vladmir est bien trop présent et supporte de plus en plus mal ses cadeaux et son emprise sur Romain. La faille grandit dans ce couple si soudé auparavant.
Olivier Bordaçarre distille une tension implacable dans ce roman mais surtout nous interroge sur nos désirs frustrés, non réalisés sous couvert de changement de mode de vie. On est en proie à un malaise grandissant : le bonheur a t-il un prix? Et si oui lequel ?
Nos certitudes sont malmenées et même si petit bémol, une autre fin aurait été la bienvenue, je ne boude pas mon plaisir car une fois terminé, ce livre continue de semer beaucoup de questions...
Addictif, très bien mené ( et écrit), que demander de plus ?
Il était urgent de convaincre Mina d'arrêter ce cauchemar. Pas d'autre choix que de se parler comme ils l'avaient toujours fait quand il s'était agi de résoudre un problème. Se parler, bien sûr... mais pour s'entendre dire : "Tu ne m'as jamais achetée!". Effectivement, il n'avait jamais eu cette prétention, ce besoin égoïste et sourd de posséder Mina. La possession est le plus court chemin vers le manque. La soif éternelle.
Les billets de Cuné, Encore du noir.
mercredi 19 février 2014
Katherine Pancol - Muchachas
Éditeur : Albin Michel - Date de parution : Février 2014 - 417 pages et une déception...
Avant d'ouvrir ce livre, je croyais que Katherine Pancol en avait terminé avec ses personnages de sa trilogie qui l'ont rendue célèbre. Et bien non, je me suis trompée car dans ce nouveau roman Joséphine, Hortense, Gary, Zoé sont encore présents. Un peu en retrait mais bien là.
Par contre, on découvre Stella, une jeune femme ferrailleuse et sa famille. Sa mère brisée physiquement et psychologiquement par un mari violent. Un petit village de France où le passé se continue de se régler entre intimidation et pouvoir.
Je ne comprends pas pourquoi Katherine Pancol a renoué avec ses anciens personnages. Serait-elle prisonnière du succès de sa trilogie? D'ailleurs, on a tendance qu'elle a publié de nombreux romans avant de conquérir la France avec Joséphine. Alors oui, je regrette que pour parler des femmes battues elle ne soit pas affranchie définitivement de la famille Cortès.
Des ficelles un peu grosses, un style qui m'a souvent agacée, non je lirai pas la suite qui se devine très facilement. Une déception en ce qui me concerne...
Cathulu est partagée
Avant d'ouvrir ce livre, je croyais que Katherine Pancol en avait terminé avec ses personnages de sa trilogie qui l'ont rendue célèbre. Et bien non, je me suis trompée car dans ce nouveau roman Joséphine, Hortense, Gary, Zoé sont encore présents. Un peu en retrait mais bien là.
Par contre, on découvre Stella, une jeune femme ferrailleuse et sa famille. Sa mère brisée physiquement et psychologiquement par un mari violent. Un petit village de France où le passé se continue de se régler entre intimidation et pouvoir.
Je ne comprends pas pourquoi Katherine Pancol a renoué avec ses anciens personnages. Serait-elle prisonnière du succès de sa trilogie? D'ailleurs, on a tendance qu'elle a publié de nombreux romans avant de conquérir la France avec Joséphine. Alors oui, je regrette que pour parler des femmes battues elle ne soit pas affranchie définitivement de la famille Cortès.
Des ficelles un peu grosses, un style qui m'a souvent agacée, non je lirai pas la suite qui se devine très facilement. Une déception en ce qui me concerne...
Cathulu est partagée
lundi 17 février 2014
J.M. Erre - La fin du monde a du retard
Éditeur : Buchet-Chastel - Date de parution : Février 2014 - 400 pages jubilatoires dont il serait dommage de se priver !
Lundi J-4 avant la fin du monde ( si tout se passe bien). Julius et Alice tous les deux amnésiques sont internés dans une clinique psychiatrique. La jeune femme ne ressent aucune émotion et est la seule survivante de son mariage. Julius lui croit être recherché par une organisation nommée Tirésias qui dirige tout. Car tout le monde est manipulé selon Julius et la survie du monde repose sur ses (frêles) épaules. Et quand il se croit espionné à la clinique par deux personnes louches (juste deux journalistes voulant prendre des photos d'Alice qui est devenue une star depuis son mariage catastrophe), Julius décide qu'il est temps de s'enfuir et il embarque Alice avec lui dans des aventures. Car rappel : le héros est toujours confronté à des situations hautement dangereuses et doit déjouer de nombreux pièges ( dixit Julius).
Ajoutez un pigeon unijambiste, un commissaire à quelques jours de sa retraite dont l'adjoint lui tape sur les nerfs, un vrai geek appelé Ours fan de Star Wars possédant la panoplie complète comme le sabre et un mystérieux livre le Codex que Julius veut retrouver. Et nous voilà partis pour quatre cent pages de rebondissements dont seuls J-.M. Erre a le secret.
On ne s'ennuie pas une seule seconde dans ce livre à la manière d'un policier où chacun est à la recherche de la vérité ! Situations loufoques, déjantées racontées avec humour où l'auteur intervient à son habitude pour notre plus grand plaisir. Ce roman est truffé de références au cinéma, à la chanson et la littérature. L'humour, J. M. Erre le manipule à différents degrés. Il y a celui qui saute aux yeux et celui plus fin qui émoustille nos neurones par la réflexion et ce pour notre plus grand plaisir. On sourit, on rit car non seulement J.M. Erre nous surprend en permanence mais il maintient un vrai suspense. Cerise sur le gâteau : il nous offre une fin bluffante digne d'un roman policier !
Certains diront que J.M. Erre utilise les recettes qui ont fonctionné à merveille dans ses précédents romans. Pour ma part, il s'agit à chaque fois d'un vrai bonheur de le lire sans éprouver une quelconque monotonie ou une impression de déjà lu.
Une fois de plus, du grand J.M. Erre jubilatoire !
Le billet de Cuné conquise
Lu de cet auteur :
Le mystère Sherlock -Made in China - Série Z
Lundi J-4 avant la fin du monde ( si tout se passe bien). Julius et Alice tous les deux amnésiques sont internés dans une clinique psychiatrique. La jeune femme ne ressent aucune émotion et est la seule survivante de son mariage. Julius lui croit être recherché par une organisation nommée Tirésias qui dirige tout. Car tout le monde est manipulé selon Julius et la survie du monde repose sur ses (frêles) épaules. Et quand il se croit espionné à la clinique par deux personnes louches (juste deux journalistes voulant prendre des photos d'Alice qui est devenue une star depuis son mariage catastrophe), Julius décide qu'il est temps de s'enfuir et il embarque Alice avec lui dans des aventures. Car rappel : le héros est toujours confronté à des situations hautement dangereuses et doit déjouer de nombreux pièges ( dixit Julius).
Ajoutez un pigeon unijambiste, un commissaire à quelques jours de sa retraite dont l'adjoint lui tape sur les nerfs, un vrai geek appelé Ours fan de Star Wars possédant la panoplie complète comme le sabre et un mystérieux livre le Codex que Julius veut retrouver. Et nous voilà partis pour quatre cent pages de rebondissements dont seuls J-.M. Erre a le secret.
On ne s'ennuie pas une seule seconde dans ce livre à la manière d'un policier où chacun est à la recherche de la vérité ! Situations loufoques, déjantées racontées avec humour où l'auteur intervient à son habitude pour notre plus grand plaisir. Ce roman est truffé de références au cinéma, à la chanson et la littérature. L'humour, J. M. Erre le manipule à différents degrés. Il y a celui qui saute aux yeux et celui plus fin qui émoustille nos neurones par la réflexion et ce pour notre plus grand plaisir. On sourit, on rit car non seulement J.M. Erre nous surprend en permanence mais il maintient un vrai suspense. Cerise sur le gâteau : il nous offre une fin bluffante digne d'un roman policier !
Certains diront que J.M. Erre utilise les recettes qui ont fonctionné à merveille dans ses précédents romans. Pour ma part, il s'agit à chaque fois d'un vrai bonheur de le lire sans éprouver une quelconque monotonie ou une impression de déjà lu.
Une fois de plus, du grand J.M. Erre jubilatoire !
Le billet de Cuné conquise
Lu de cet auteur :
Le mystère Sherlock -Made in China - Série Z
vendredi 14 février 2014
Matt Lennox - Rédemption
Éditeur : Albin Michel- Traduit de l'anglais (Canada) par France Camus-Pichon - Date de parution : Février 2014 - 411 pages et un bon roman !
Leland King sort de prison après avoir purgé une peine de dix-sept années et revint s'installer dans sa petite natale de l'Ontario. Il ne renie pas son acte et veut démarrer une nouvelle vie d'un bon pied. Sa mère se meurt d'un cancer et Lee s'aperçoit que la religion est omniprésente dans la maison familiale où vivent sa soeur Donna, son mari Barry qui est pasteur et leurs deux jeunes enfants ainsi que Pete. Agé de dix-huit, Pete dont Barry est le beau-père a abandonné ses études, travaille dans une station-service et refuse d'écouter les sermons bibliques dont Barry parle sans arrêt. Barry le bon samaritain qui a trouvé un emploi à Lee et qui voudrait que celui-ci rejoigne son église en contrepartie. Lee s'efforce de s'intégrer : pas d'alcool, pas de fréquentation douteuse, serrer le dents à son travail en acceptant d'entendre par son patron et par Barry qu'il a de la chance d'avoir droit à une seconde chance.
Pete aide son oncle sans lui poser de questions pourtant il aimerait avoir pourquoi il a été emprisonné, pourquoi sa mère se semble pas si heureuse du retour de son frère. Lee a payé ce pourquoi il a été jugé mais en ville beaucoup pensent qu'en étant un ancien prisonnier il quittera tôt ou tard le droit chemin. ll pèse sur ses épaules une pression dont jamais il n'aurait imaginé l'existence. Stan un ancien policier à la retraite est obnubilé par une vieille affaire et la découverte du cadavre d'une jeune femme l'amène à se poser des questions. Mais Stan est un des seuls à avoir une ouverture d'esprit, à savoir que rien n'est noir ou blanc. Dans la petite ville, la religion est un des piliers comme les préjugés de classe sociale qui régissent toute la communauté. Lee comprend que jamais il n'aura sa place et que toute sa vie, il restera celui qui est passé du mauvais coté de la barrière et ce malgré tous ses efforts. Pete aimerait savoir qui était son père et ce qui a conduit son oncle en prison.
Le premier faux pas de Lee sera le catalyseur d'une suite d'événements dont les conséquences seront lourdes.
Le poids de la religion et de ses carcans, l'expiation des fautes, l'hypocrisie, la notion du bien et du mal, la recherche de la vérité sont très bien exploités tout comme la psychologie des personnages qui est creusée.
Matt Lennox instaure une tension qui va en crescendo et happe le lecteur. L'écriture (et donc à noter la très bonne traduction) nous renvoie très justement les sentiments, les pensées de chacun. Si chacun semble scellé à son destin, ce roman se termine sur une note positive. Celle pour certains de se libérer de leurs chaînes. Un bon roman comme je les aime !
Leland King sort de prison après avoir purgé une peine de dix-sept années et revint s'installer dans sa petite natale de l'Ontario. Il ne renie pas son acte et veut démarrer une nouvelle vie d'un bon pied. Sa mère se meurt d'un cancer et Lee s'aperçoit que la religion est omniprésente dans la maison familiale où vivent sa soeur Donna, son mari Barry qui est pasteur et leurs deux jeunes enfants ainsi que Pete. Agé de dix-huit, Pete dont Barry est le beau-père a abandonné ses études, travaille dans une station-service et refuse d'écouter les sermons bibliques dont Barry parle sans arrêt. Barry le bon samaritain qui a trouvé un emploi à Lee et qui voudrait que celui-ci rejoigne son église en contrepartie. Lee s'efforce de s'intégrer : pas d'alcool, pas de fréquentation douteuse, serrer le dents à son travail en acceptant d'entendre par son patron et par Barry qu'il a de la chance d'avoir droit à une seconde chance.
Pete aide son oncle sans lui poser de questions pourtant il aimerait avoir pourquoi il a été emprisonné, pourquoi sa mère se semble pas si heureuse du retour de son frère. Lee a payé ce pourquoi il a été jugé mais en ville beaucoup pensent qu'en étant un ancien prisonnier il quittera tôt ou tard le droit chemin. ll pèse sur ses épaules une pression dont jamais il n'aurait imaginé l'existence. Stan un ancien policier à la retraite est obnubilé par une vieille affaire et la découverte du cadavre d'une jeune femme l'amène à se poser des questions. Mais Stan est un des seuls à avoir une ouverture d'esprit, à savoir que rien n'est noir ou blanc. Dans la petite ville, la religion est un des piliers comme les préjugés de classe sociale qui régissent toute la communauté. Lee comprend que jamais il n'aura sa place et que toute sa vie, il restera celui qui est passé du mauvais coté de la barrière et ce malgré tous ses efforts. Pete aimerait savoir qui était son père et ce qui a conduit son oncle en prison.
Le premier faux pas de Lee sera le catalyseur d'une suite d'événements dont les conséquences seront lourdes.
Le poids de la religion et de ses carcans, l'expiation des fautes, l'hypocrisie, la notion du bien et du mal, la recherche de la vérité sont très bien exploités tout comme la psychologie des personnages qui est creusée.
Matt Lennox instaure une tension qui va en crescendo et happe le lecteur. L'écriture (et donc à noter la très bonne traduction) nous renvoie très justement les sentiments, les pensées de chacun. Si chacun semble scellé à son destin, ce roman se termine sur une note positive. Celle pour certains de se libérer de leurs chaînes. Un bon roman comme je les aime !
jeudi 13 février 2014
Lola Lafon - La petite communiste qui ne souriait jamais
Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Janvier 2014 - 310 pages magnifiques et passionnantes!
Aux Jeux Olympiques de Montréal le 17 juillet 1976, le monde entier découvre une fillette de quatorze ans qui révolutionne la gymnastique : "Ce qu’elle accomplit, ce jour- là, personne se sera capable de le raconter, ne restent que les limites des mots qu’on connaît pour décrire ce qu’on n’a jamais imaginé. Est-ce qu’on peut dire qu’elle prend le temps. Ou qu’elle s’empare de l’air. Ou qu’elle intime au mouvement de se plier à elle". La Roumanie dévoile sa Fée Nadia Comaneci.
Dans ce livre, Lola Fafon nous raconte via le bais d’une narratrice la vie de celle qui connut la gloire mais aussi les envers du décor. Des heures d'entrainement quasi-surhumains, la volonté implacable de Nadia Comaneci, la rigueur drastique voire cruelle de son entraîneur Béla Karolyi qui repousse toujours plus loin les limites du corps de sa protégée. La narratrice veut débusquer la vraie Nadia Comaneci entre les reportages, la documentation sur la gymnase et l’Histoire elle-même. Elle lui envoie ses écrits, pose des questions au téléphone et se heurte souvent à des silences.
En 1976, la grâce, la force et le sérieux de Nadia interpellent et touchent. Tout le monde veut tout savoir sur elle mais la petite Fée n’est pas bien bavarde. Et à travers elle se joue des enjeux politiques et idéalistes. La Roumanie de Ceausescu veut détrôner l’URSS, Nadia devient un symbole du pays.
Continuer, gagner, museler les membres endoloris, ne pas craquer et refuser ce qu’elle découvre du monde hors de la Roumanie. Mais le corps de la fillette se transforme et prend des formes. Il faut lutter pour les dissimuler et offrir cette image innocente qui a su séduire. Nadia grandit et s’octroie de rêver, de vivre ce qu’elle n’a pas vécu ailleurs alors que la dictature tombe en Roumanie. La chute de Nadia sera fracassante et sans appel, les désillusion nombreuses et douloureuses. Personne ne lui pardonnera car "elle est devenue comme les autres".
Les descriptions d'une hésitation, d'un changement de ton dans la voix de Nadia adulte permettent de garder une part de mystère autour de Nadia Comaneci. Lola Lafon nous donne des informations, soulève des voiles, interroge mais jamais elle ne se fait moralisatrice.
Subtile, vive, aérienne et maîtrisée, l'écriture explore à merveille toute la complexité et la fragilité du personnage dans son contexte.
Captivée par le récit et par le style, il s’agit d’une lecture en apnée totale, riche, passionnante et marquante !
Les billets de Cathulu, Marilyne, Theoma, Valérie
Aux Jeux Olympiques de Montréal le 17 juillet 1976, le monde entier découvre une fillette de quatorze ans qui révolutionne la gymnastique : "Ce qu’elle accomplit, ce jour- là, personne se sera capable de le raconter, ne restent que les limites des mots qu’on connaît pour décrire ce qu’on n’a jamais imaginé. Est-ce qu’on peut dire qu’elle prend le temps. Ou qu’elle s’empare de l’air. Ou qu’elle intime au mouvement de se plier à elle". La Roumanie dévoile sa Fée Nadia Comaneci.
Dans ce livre, Lola Fafon nous raconte via le bais d’une narratrice la vie de celle qui connut la gloire mais aussi les envers du décor. Des heures d'entrainement quasi-surhumains, la volonté implacable de Nadia Comaneci, la rigueur drastique voire cruelle de son entraîneur Béla Karolyi qui repousse toujours plus loin les limites du corps de sa protégée. La narratrice veut débusquer la vraie Nadia Comaneci entre les reportages, la documentation sur la gymnase et l’Histoire elle-même. Elle lui envoie ses écrits, pose des questions au téléphone et se heurte souvent à des silences.
En 1976, la grâce, la force et le sérieux de Nadia interpellent et touchent. Tout le monde veut tout savoir sur elle mais la petite Fée n’est pas bien bavarde. Et à travers elle se joue des enjeux politiques et idéalistes. La Roumanie de Ceausescu veut détrôner l’URSS, Nadia devient un symbole du pays.
Continuer, gagner, museler les membres endoloris, ne pas craquer et refuser ce qu’elle découvre du monde hors de la Roumanie. Mais le corps de la fillette se transforme et prend des formes. Il faut lutter pour les dissimuler et offrir cette image innocente qui a su séduire. Nadia grandit et s’octroie de rêver, de vivre ce qu’elle n’a pas vécu ailleurs alors que la dictature tombe en Roumanie. La chute de Nadia sera fracassante et sans appel, les désillusion nombreuses et douloureuses. Personne ne lui pardonnera car "elle est devenue comme les autres".
Les descriptions d'une hésitation, d'un changement de ton dans la voix de Nadia adulte permettent de garder une part de mystère autour de Nadia Comaneci. Lola Lafon nous donne des informations, soulève des voiles, interroge mais jamais elle ne se fait moralisatrice.
Subtile, vive, aérienne et maîtrisée, l'écriture explore à merveille toute la complexité et la fragilité du personnage dans son contexte.
Captivée par le récit et par le style, il s’agit d’une lecture en apnée totale, riche, passionnante et marquante !
Les billets de Cathulu, Marilyne, Theoma, Valérie
mardi 11 février 2014
Donna Tartt - Le chardonneret
Éditeur : Plon - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Edith Soonckindt - Date de parution : Janvier 2014 - 787 pages longues, très longues...
A treize ans, Theodore Decker perd sa mère et en même temps se retrouve en possession d'un tableau de maître Le Chardonneret. L'un et l'autre sont liés par un seul et même événement. Le genre d'événement qui vous marque à vie et Théo le sera. A partir de ce moment, on suit donc Théodore pendant plus de quinze ans. Des quartiers huppés de New-York en passant par la boutique d'un antiquaire, de Vegas et ses excès jusqu'à Amsterdam.
J'aurai aimé crier au coup de coeur, vous dire que j'ai trouvé ce roman passionnant. Et il est vrai qu'au départ, je me suis plongée dans les aventures de Théo avec un certain enthousiasme qui malheureusement s'est transformé en ennui au fil des pages. Des longueurs interminables, des personnages trop proches de la caricature. J'ai failli l'abandonner à plusieurs reprises en gardant cet espoir qu'il y aurait ce déclic qui me permettrait de renouer avec Théo. Hélas il ne s'est pas produit.
Alors oui, il y a des passages qui m'ont intéressée mais ils étaient trop rares. Pourtant ce roman d'apprentissage a des qualités mêlant suspense, péripéties, amour, amitié et l'art.
J'ai persévéré voulant connaître le fin mot de l'histoire et c'est mon erreur. Ma lecture était déjà faussée et si je l'ai poursuivie il s'agissait pour ce seul et unique but (qui en plus m'a déçue).
L'alchimie ne s'est par produite et je le regrette.
Les différents billets et avis de Cathulu, Cuné, Keisha, Le bouquineur, Théoma
A treize ans, Theodore Decker perd sa mère et en même temps se retrouve en possession d'un tableau de maître Le Chardonneret. L'un et l'autre sont liés par un seul et même événement. Le genre d'événement qui vous marque à vie et Théo le sera. A partir de ce moment, on suit donc Théodore pendant plus de quinze ans. Des quartiers huppés de New-York en passant par la boutique d'un antiquaire, de Vegas et ses excès jusqu'à Amsterdam.
J'aurai aimé crier au coup de coeur, vous dire que j'ai trouvé ce roman passionnant. Et il est vrai qu'au départ, je me suis plongée dans les aventures de Théo avec un certain enthousiasme qui malheureusement s'est transformé en ennui au fil des pages. Des longueurs interminables, des personnages trop proches de la caricature. J'ai failli l'abandonner à plusieurs reprises en gardant cet espoir qu'il y aurait ce déclic qui me permettrait de renouer avec Théo. Hélas il ne s'est pas produit.
Alors oui, il y a des passages qui m'ont intéressée mais ils étaient trop rares. Pourtant ce roman d'apprentissage a des qualités mêlant suspense, péripéties, amour, amitié et l'art.
J'ai persévéré voulant connaître le fin mot de l'histoire et c'est mon erreur. Ma lecture était déjà faussée et si je l'ai poursuivie il s'agissait pour ce seul et unique but (qui en plus m'a déçue).
L'alchimie ne s'est par produite et je le regrette.
Les différents billets et avis de Cathulu, Cuné, Keisha, Le bouquineur, Théoma
lundi 10 février 2014
Davide Longo - L'homme vertical
Nous sommes en Italie dans un futur proche. Le chaos règne, les frontières sont fermées, les institutions sont à la déroute comme l'ensemble du pays. Leonardo, écrivain et ancien professeur a vu sa carrière entachée par un scandale. Revenu dans son village d'enfance où on l'appelle toujours le professeur, il tente de se remettre à l'écriture entouré de ses livres. Il ne sait pas comment la situation a pu tourner de la sorte parce que sa vie personnelle s'effondrait. D'ailleurs, qui le sait vraiment. Là n'est pas la vraie question.
Sans prévenir, son ancienne femme lui confie leur fille qu'il n'a pas vu depuis huit ans et le fils de son mari âgé de dix ans. Le temps pour elle de rejoindre la Suisse, juste une affaire de quelques jours. Leonardo découvre sa fille qui est devenue une adolescente de dix-sept ans. Mais les jours se transforment en semaines et Leonardo doit les protéger alors que la barbarie gagne le village. Des groupes de jeunes venus d'on ne sait où pillent, volent et tuent. La nourriture manque, le danger est omniprésent, Leonardo décide qu'il est temps pour eux de quitter l'Italie pour la France.
Dans un monde post-apocalyptique devenu fou où la violence règne, rien ne se passe comme prévu. Le monde est encore plus féroce qu'il ne l'avait imaginé. Un cauchemar vivant peuplé de tortures et de cruauté. Leonardo refuse de s'abaisser à la sauvagerie, il puise sa force et des ressources insoupçonnées dans l'amour pour sa fille. Pour elle, il doit rester debout.
On est projeté, valdingué au bord de ce précipice de haine, de décadence et d'horreurs. Et malgré des scènes très dures, il est impossible de lâcher ce livre. Repoussé dans nos retranchements, on s'accroche à des doses d'humanité qui persistent. On s'y accroche comme à un radeau de sauvetage en ayant peur. Et on assiste à la métamorphose de Leonardo, à sa prise de conscience. Aussi douloureuse soit-elle. Cet homme qui vivait dans son cocon en sortira grandi. Ce livre s'achève sur une note d'espoir minime mais source de vie et nous laisse sonné..
Une lecture certes éprouvante mais passionnante, magnétique ! Davide Longo distille de magnifiques passages sur le rôle de la lecture et des livres comme pour contrer toute cette noirceur. Un uppercut !
Leonardo comprit que l'esprit de l'enfant concevait une de ces pensées qui accompagnent un homme depuis l'instant ou il naît jusqu'à celui où il quitte cette terre. Elle concernait la fin d'un besoin qui nous a été transmis par ceux qui nous ont précédés. Il resta sans voix devant la violence et la grâce dont cet instant était nimbé.
Le billet de Cuné (la tentatrice qui a su me convaincre de découvrir ce livre très éloigné de ce que je lis d'habitude. Je la remercie vraiment pour cette ouverture d'horizon)
dimanche 9 février 2014
Alan Bennett - La dame à la camionnette
Éditeur : Buchet-Chastel - Traduit de l'anglais par Pierre Ménard - Date de parution : Février 2014 - 114 pages à découvrir !
Une vieille dame excentrique Miss Sheperd "toujours un brin décalée" vivant sans sa camionnette ne peut plus laisser sa demeure ambulante dans la rue. Conséquence de l' embourgeoisement du quartier : elle et sa camionnette sont vues d'un mauvais oeil. L'auteur Alan Bennett lui propose l'entrée de son jardin. Commence vingt années incroyables.
Avec le fort tempérament Miss Sheperd, mauvaise foi comprise, et son don pour parvenir à ses fins digne d'une grande comédienne, cette cohabitation révèle bien des surprises ! Si elle a des idées loufoques mais toujours dites sur un ton sérieux, le souci permanent de garder son indépendance et sa dignité, Miss S. gardera le mystère autour de sa vie passée. Qui était-elle vraiment ?
Ces notes prises par Alan Bennett montre l'aspect cocasse de certaines situations mais aussi les disputes entre eux deux comme dans un vieux couple. Ou encore l'exaspération de son hôte quelquefois.
Alan Bennett ne se couvre pas de fleurs en ayant aidé Miss S., il montre combien à travers l'évolution de la société anglaise les personnes comme Miss S. ont été mises de plus en plus à l'écart.
De l'humour british et un récit touchant, que demander de plus ?
Quant à l'autre produit, l'employé de chez Boots a refusé de m'en vendre, sous prétexte que cela pouvait provoquer des exposions. Tout de même vu mon âge, il aurait pu se dire que j'avais le sens des responsabilités. Mais à bien y réfléchir, ce n'est peut-être le cas le cas de toutes les vieilles dames.
Le billet de Cathulu.
Lu du même auteur : La reine des lectrices
Une vieille dame excentrique Miss Sheperd "toujours un brin décalée" vivant sans sa camionnette ne peut plus laisser sa demeure ambulante dans la rue. Conséquence de l' embourgeoisement du quartier : elle et sa camionnette sont vues d'un mauvais oeil. L'auteur Alan Bennett lui propose l'entrée de son jardin. Commence vingt années incroyables.
Avec le fort tempérament Miss Sheperd, mauvaise foi comprise, et son don pour parvenir à ses fins digne d'une grande comédienne, cette cohabitation révèle bien des surprises ! Si elle a des idées loufoques mais toujours dites sur un ton sérieux, le souci permanent de garder son indépendance et sa dignité, Miss S. gardera le mystère autour de sa vie passée. Qui était-elle vraiment ?
Ces notes prises par Alan Bennett montre l'aspect cocasse de certaines situations mais aussi les disputes entre eux deux comme dans un vieux couple. Ou encore l'exaspération de son hôte quelquefois.
Alan Bennett ne se couvre pas de fleurs en ayant aidé Miss S., il montre combien à travers l'évolution de la société anglaise les personnes comme Miss S. ont été mises de plus en plus à l'écart.
De l'humour british et un récit touchant, que demander de plus ?
Quant à l'autre produit, l'employé de chez Boots a refusé de m'en vendre, sous prétexte que cela pouvait provoquer des exposions. Tout de même vu mon âge, il aurait pu se dire que j'avais le sens des responsabilités. Mais à bien y réfléchir, ce n'est peut-être le cas le cas de toutes les vieilles dames.
Le billet de Cathulu.
Lu du même auteur : La reine des lectrices
vendredi 7 février 2014
Rafael Reig - Ce qui n'est pas écrit
Éditeur : Metailié - Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse - Date de parution : janvier 2014 - 238 pages qu'on lâche pas !
Avertissement : on ne lit pas la quatrième de couverture qui en dit de trop.
Carlos et Carmen sont divorcés depuis sept ans. Grâce à son son avocate, Carmen a obtenu Carlos ne voit pas Jorge durant une année puis uniquement quelques heure sous surveillance. Mais Carmen se sent coupable car Carlos semble avoir changé. Elle accepte qu'il amène Jorge âgé de quatorze ans pour trois jours. Une excursion dans la montagne entre père et fils. Après leur départ elle sécouvre un manuscrit écrit par Carlos et un mot lui demandant de le lire. Un livre dont le titre est "La femme morte" avec comme dédicace "pour C.M ; in memoriam. Pourquoi ses initiales et pourquoi ce titre ? Intriguée, elle décide d'y jeter un oeil.
Trois fils narrateurs se déroulent. Il y a l'histoire du livre lu par Carmen où il est question d'une fille enlevée par des petits voyous minables, un récit violent et pervers, le séjour de Carlos et de Jorge où Carlos juge son fils comme un garçon maladroit et empoté, un fifils à sa maman, et Jorge est pétrifié de décevoir son père. La communication entre les deux est difficile. Et enfin il y a Carmen qui découvre des détails communs entre ce que Carlos a écrit et leur histoire passée. L'angoisse la gagne. Et si ce livre était un avertissement ou pire une menace envers Jorge. Ou alors ce ne sont que de terribles coïncidences nourries par sa culpabilité et par le fruit son imagination? Pour se rassurer, elle téléphone à Gorge mais Carlos lui a confisqué on portable. Je n'en dirai pas plus!
Et je me suis retrouvée ferrée par ce thriller psychologique avec des poussées d'adrénaline conséquentes ! Tout au long de cette lecture, on se pose des questions, on échafaude des réponses et les surprises sont au rendez-vous !
L'auteur installe une tension qui va en crescendo. Avec ce livre, Rafael Reig explore les rancoeurs, la manipulation, et ce qui est très intéressant c'est la position du lecteur qui essaie de deviner ce qui se cache entre les lignes et celle de l'écrivain qui mène la danse sans oublier les liens père/fils.
Un bémol cependant : le livre de Carlos contient beaucoup de frustrations déposées sur le papier qui se cristallisent en violence gratuite et ses écrits sont loin d'être de la grande littérature. Aussi des extraits plus courts auraient été les bienvenus.
Mais il s'agit d'un polar noir que je n'ai pas lâché !
Ce qui est écrit est toujours plein de contradictions, de changements de ton, d'impasses, d'omissions alarmantes ou de détails inutiles : seule la foi en l'auteur résout le sens de la lecture, on en peut que lire qu'en croyant qu'il y a un auteur, quelqu'un qui se rend responsable.
Le billet de Sandrine
Avertissement : on ne lit pas la quatrième de couverture qui en dit de trop.
Carlos et Carmen sont divorcés depuis sept ans. Grâce à son son avocate, Carmen a obtenu Carlos ne voit pas Jorge durant une année puis uniquement quelques heure sous surveillance. Mais Carmen se sent coupable car Carlos semble avoir changé. Elle accepte qu'il amène Jorge âgé de quatorze ans pour trois jours. Une excursion dans la montagne entre père et fils. Après leur départ elle sécouvre un manuscrit écrit par Carlos et un mot lui demandant de le lire. Un livre dont le titre est "La femme morte" avec comme dédicace "pour C.M ; in memoriam. Pourquoi ses initiales et pourquoi ce titre ? Intriguée, elle décide d'y jeter un oeil.
Trois fils narrateurs se déroulent. Il y a l'histoire du livre lu par Carmen où il est question d'une fille enlevée par des petits voyous minables, un récit violent et pervers, le séjour de Carlos et de Jorge où Carlos juge son fils comme un garçon maladroit et empoté, un fifils à sa maman, et Jorge est pétrifié de décevoir son père. La communication entre les deux est difficile. Et enfin il y a Carmen qui découvre des détails communs entre ce que Carlos a écrit et leur histoire passée. L'angoisse la gagne. Et si ce livre était un avertissement ou pire une menace envers Jorge. Ou alors ce ne sont que de terribles coïncidences nourries par sa culpabilité et par le fruit son imagination? Pour se rassurer, elle téléphone à Gorge mais Carlos lui a confisqué on portable. Je n'en dirai pas plus!
Et je me suis retrouvée ferrée par ce thriller psychologique avec des poussées d'adrénaline conséquentes ! Tout au long de cette lecture, on se pose des questions, on échafaude des réponses et les surprises sont au rendez-vous !
L'auteur installe une tension qui va en crescendo. Avec ce livre, Rafael Reig explore les rancoeurs, la manipulation, et ce qui est très intéressant c'est la position du lecteur qui essaie de deviner ce qui se cache entre les lignes et celle de l'écrivain qui mène la danse sans oublier les liens père/fils.
Un bémol cependant : le livre de Carlos contient beaucoup de frustrations déposées sur le papier qui se cristallisent en violence gratuite et ses écrits sont loin d'être de la grande littérature. Aussi des extraits plus courts auraient été les bienvenus.
Mais il s'agit d'un polar noir que je n'ai pas lâché !
Ce qui est écrit est toujours plein de contradictions, de changements de ton, d'impasses, d'omissions alarmantes ou de détails inutiles : seule la foi en l'auteur résout le sens de la lecture, on en peut que lire qu'en croyant qu'il y a un auteur, quelqu'un qui se rend responsable.
Le billet de Sandrine
jeudi 6 février 2014
Xavier de Moulins - Que ton règne vienne
Éditeur : JC Lattès - Date de parution : Février 2014 - 219 pages et un avis très mitigé...
2013 : Après l'enterrement de son père, Paul craque. Pourtant, il le haïssait. Heureusement, Oscar son ami, son "frère d'enfance"est là pour s'occuper de lui. Des années 1970 aux années 2015, nous visitions les souvenirs de Paul et sa reconstruction.
Fils unique, il admirait la prestance naturelle de son père Jean-Paul un homme sûr de lui et naturellement à l'aise. Ses parents sont l'image du couple uni en apparence. Car il y a les premiers couacs : les soi-disants voyages d'affaires de Jean-Paul pour retrouver ses maîtresses. Jean-Paul un homme qui plaisait aux femmes, qui éblouissait la galerie. Paul a grandi dans l'ombre de ce père. Chez Oscar, le couple de parents a volé en éclats. La mère de Paul mère supporte de moins en moins les escapades infidèle de son père. Mais elle le pardonne.
Et Paul tombe amoureux fou. Le grand amour pour Ava une hôtesse de l'air, ils auront deux enfants. Son père se montre un grand-père parfait à défaut d'avoir un été un père parfait. Jean-Paul est étrangement toujours présent pour la famille de son fils.
Oscar aide Paul à se relever, à sortir de sa dépression.Son ami homosexuel lui apprend qu'il va se marier et être papa sous peu grâce à Camille " une maman sac à dos."
Dès les premières pages, on sait que Paul et Ana sont séparés et l'auteur laisse planer une sorte de suspense sur ce qui a pu se passer. Un événement grave qui a mis à terre Paul et qui nourrit la haine qu'il porte à son père. Mais on devine très vite ce qui s'est passé. C'est mon premier bémol.
L'amitié, la reconstruction, le modèle familial, la trahison sont les thèmes de ce roman qui hélas manque manque d'un brin d'originalité (il s'agit de mon deuxième bémol) et ce malgré l'écriture de Xavier de Moulins. Une écriture toujours vive, alerte, ironique qui m'avait séduite dans Ce parfait ciel bleu.
Pour conclure, un avis très mitigé ...
Dehors, on arrive même à les envier. Ses amies disant à ma mère qu'elle a eu une chance folle de tomber sur un type pareil. En bon architecte, ses plans sont parfaitement au point, leur couple est un magnifique cuirassé. Vu du dehors, la maison, c'est le relais château de la conjugalité.
Le billet de Séverine enthousiaste
2013 : Après l'enterrement de son père, Paul craque. Pourtant, il le haïssait. Heureusement, Oscar son ami, son "frère d'enfance"est là pour s'occuper de lui. Des années 1970 aux années 2015, nous visitions les souvenirs de Paul et sa reconstruction.
Fils unique, il admirait la prestance naturelle de son père Jean-Paul un homme sûr de lui et naturellement à l'aise. Ses parents sont l'image du couple uni en apparence. Car il y a les premiers couacs : les soi-disants voyages d'affaires de Jean-Paul pour retrouver ses maîtresses. Jean-Paul un homme qui plaisait aux femmes, qui éblouissait la galerie. Paul a grandi dans l'ombre de ce père. Chez Oscar, le couple de parents a volé en éclats. La mère de Paul mère supporte de moins en moins les escapades infidèle de son père. Mais elle le pardonne.
Et Paul tombe amoureux fou. Le grand amour pour Ava une hôtesse de l'air, ils auront deux enfants. Son père se montre un grand-père parfait à défaut d'avoir un été un père parfait. Jean-Paul est étrangement toujours présent pour la famille de son fils.
Oscar aide Paul à se relever, à sortir de sa dépression.Son ami homosexuel lui apprend qu'il va se marier et être papa sous peu grâce à Camille " une maman sac à dos."
Dès les premières pages, on sait que Paul et Ana sont séparés et l'auteur laisse planer une sorte de suspense sur ce qui a pu se passer. Un événement grave qui a mis à terre Paul et qui nourrit la haine qu'il porte à son père. Mais on devine très vite ce qui s'est passé. C'est mon premier bémol.
L'amitié, la reconstruction, le modèle familial, la trahison sont les thèmes de ce roman qui hélas manque manque d'un brin d'originalité (il s'agit de mon deuxième bémol) et ce malgré l'écriture de Xavier de Moulins. Une écriture toujours vive, alerte, ironique qui m'avait séduite dans Ce parfait ciel bleu.
Pour conclure, un avis très mitigé ...
Dehors, on arrive même à les envier. Ses amies disant à ma mère qu'elle a eu une chance folle de tomber sur un type pareil. En bon architecte, ses plans sont parfaitement au point, leur couple est un magnifique cuirassé. Vu du dehors, la maison, c'est le relais château de la conjugalité.
Le billet de Séverine enthousiaste
mardi 4 février 2014
Julian Barnes - Quand tout est déjà arrivé
Éditeur : Mercure de France - Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin - Date de parution : janvier 2014 - 128 pages et un livre hérisson !
S'élever dans les airs. Dans les années 1780 cette idée devenait enfin réalité grâce au premier aéronaute. Il paya de sa vie "son pêché d'élévation". En 1858, le photographe Nadar eut son propre ballon afin d'effectuer des premières photos dans le ciel. D'autres invités comme Sarah Bernhardt eurent la chance de voyager dans une nacelle. "L'aéronaute pouvait visiter l'espace de Dieu - sans recourir à la magie - et le coloniser. Et il découvrait alors une paix qui ne dépassait pas l'entendement : l'élévation était aussi morale que spirituelle". Sarah Bernhardt dont le colonel anglais Fred Burnaby tomba follement amoureux. L'amour donne des ailes hélas il ne fut qu'un amant de plus pour l'actrice.
Tomber du ciel ou de moins haut, se relever tant bien que mal ou alors tomber dans un gouffre avec "la perte en profondeur".
Derrière le nom de cette troisième partie, Julian Barnes revient sur ce qu'il a vécu après le décès brutal de son épouse en 2008. Il y évoque les conseils entendus (adopter un chien, voyager ), les maladresses de l'entourage mais surtout son parcours. Comme apprendre à vivre avec des non-événements : son anniversaire, Noël alors que le quotidien fait surgir les codes et les habitudes qu'avait ce couple.
"Alors que le chagrin, l'opposé de l'amour, ne semble pas pas occuper un espace moral. La position défensive, recroquevillée qu'il nous force à prendre si malgré tout nous survivons, nous rend plus égoïstes. Ce n'est pas un lieu d'altitude ; il y a peu de vue sur l'extérieur. On ne peut plus s'entendre vivre."
Son chagrin, son deuil, sa colère, sa peine m'ont transpercée le cœur. Comme dans J'ai réussi à rester en vie de Joyce Carol Oates, on y retrouve le chemin de l'être désormais seul et désemparé. Les échecs, les rechutes, la peur de l'oublier et avec le temps attendre une brise pour reprendre un peu d’altitude.
Après les deux premières parties plus légères, le récit personnel m'a plus que touchée. Sans pathos et sans être plombant, Julian Barnes met des mots sur le deuil et nous livre un très beau hymne d'amour comme ses réflexions sur la vie et la mort car "quand on s’envole, on peut aussi s’écraser."
Lu de cet auteur : Une fille, qui danse
S'élever dans les airs. Dans les années 1780 cette idée devenait enfin réalité grâce au premier aéronaute. Il paya de sa vie "son pêché d'élévation". En 1858, le photographe Nadar eut son propre ballon afin d'effectuer des premières photos dans le ciel. D'autres invités comme Sarah Bernhardt eurent la chance de voyager dans une nacelle. "L'aéronaute pouvait visiter l'espace de Dieu - sans recourir à la magie - et le coloniser. Et il découvrait alors une paix qui ne dépassait pas l'entendement : l'élévation était aussi morale que spirituelle". Sarah Bernhardt dont le colonel anglais Fred Burnaby tomba follement amoureux. L'amour donne des ailes hélas il ne fut qu'un amant de plus pour l'actrice.
Tomber du ciel ou de moins haut, se relever tant bien que mal ou alors tomber dans un gouffre avec "la perte en profondeur".
Derrière le nom de cette troisième partie, Julian Barnes revient sur ce qu'il a vécu après le décès brutal de son épouse en 2008. Il y évoque les conseils entendus (adopter un chien, voyager ), les maladresses de l'entourage mais surtout son parcours. Comme apprendre à vivre avec des non-événements : son anniversaire, Noël alors que le quotidien fait surgir les codes et les habitudes qu'avait ce couple.
"Alors que le chagrin, l'opposé de l'amour, ne semble pas pas occuper un espace moral. La position défensive, recroquevillée qu'il nous force à prendre si malgré tout nous survivons, nous rend plus égoïstes. Ce n'est pas un lieu d'altitude ; il y a peu de vue sur l'extérieur. On ne peut plus s'entendre vivre."
Son chagrin, son deuil, sa colère, sa peine m'ont transpercée le cœur. Comme dans J'ai réussi à rester en vie de Joyce Carol Oates, on y retrouve le chemin de l'être désormais seul et désemparé. Les échecs, les rechutes, la peur de l'oublier et avec le temps attendre une brise pour reprendre un peu d’altitude.
Après les deux premières parties plus légères, le récit personnel m'a plus que touchée. Sans pathos et sans être plombant, Julian Barnes met des mots sur le deuil et nous livre un très beau hymne d'amour comme ses réflexions sur la vie et la mort car "quand on s’envole, on peut aussi s’écraser."
Lu de cet auteur : Une fille, qui danse
lundi 3 février 2014
Guillaume Guéraud - Baignade surveillée
Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : janvier 2014 - 125 pages efficaces !
Comme chaque été, une famille se rend en vacances au Cap-Ferret dans le même camping. Enfin vacances est un bien grand mot alors que le couple est au bord de la rupture. L'épouse ne quitte pas son portable, et assène des répliques cinglantes à son mari. Lui essaie de recoller les morceaux et de faire bonne figure devant leur fils âgé de neuf ans. Et puis, Max débarque à l'improviste. Son frère voyou et bandit.
Le décor est très vite planté comme le ton avec Guillaume Guéraud. Nul besoin de fioriture pour décrire ce couple dont l'histoire est derrière eux. Estelle en a fait table rase, lui se persuade de croire qu'il y a encore une chance. Quand Max les rejoint sans prévenir, Estelle s'enfonce encore plus dans sa mauvaise humeur tandis qu'Auguste est content de revoir ce tonton si amusant. Max ou l'insouciance malgré ses séjours en prison. Toujours prêt à faire le clown et qui rappelle à son frère leur complicité d'avant mais aussi qui l'oblige à regarder en face l'état de son couple.
Le récit est entrecoupé par la narration des agissements de Max depuis sa sortie de prison. Et là, on découvre un autre homme. Je n'en dirai pas plus!
Ce roman claque de justesse sur le couple, les idéaux, les liens fraternels, l'amour, des vies ordinaires avec des lignes droites et des chemins de traverse. Le tout avec une tendresse, un humour noir et une écriture qui va droit au but. C'est efficace, net et aiguisé !
Après ma lecture, j'ai ressenti un petit bémol en me disant que quelques pages supplémentaires auraient été les bienvenues mais avec du recul, je me dis qu'il n'y avait rien à rajouter. Non car vraiment tout y est.
Il a appris à marcher sur le sable et, des années plus tard, notre mère riait en disant que c’était pour ça qu’il filait de travers.
Lu de cet auteur : Anka
Comme chaque été, une famille se rend en vacances au Cap-Ferret dans le même camping. Enfin vacances est un bien grand mot alors que le couple est au bord de la rupture. L'épouse ne quitte pas son portable, et assène des répliques cinglantes à son mari. Lui essaie de recoller les morceaux et de faire bonne figure devant leur fils âgé de neuf ans. Et puis, Max débarque à l'improviste. Son frère voyou et bandit.
Le décor est très vite planté comme le ton avec Guillaume Guéraud. Nul besoin de fioriture pour décrire ce couple dont l'histoire est derrière eux. Estelle en a fait table rase, lui se persuade de croire qu'il y a encore une chance. Quand Max les rejoint sans prévenir, Estelle s'enfonce encore plus dans sa mauvaise humeur tandis qu'Auguste est content de revoir ce tonton si amusant. Max ou l'insouciance malgré ses séjours en prison. Toujours prêt à faire le clown et qui rappelle à son frère leur complicité d'avant mais aussi qui l'oblige à regarder en face l'état de son couple.
Le récit est entrecoupé par la narration des agissements de Max depuis sa sortie de prison. Et là, on découvre un autre homme. Je n'en dirai pas plus!
Ce roman claque de justesse sur le couple, les idéaux, les liens fraternels, l'amour, des vies ordinaires avec des lignes droites et des chemins de traverse. Le tout avec une tendresse, un humour noir et une écriture qui va droit au but. C'est efficace, net et aiguisé !
Après ma lecture, j'ai ressenti un petit bémol en me disant que quelques pages supplémentaires auraient été les bienvenues mais avec du recul, je me dis qu'il n'y avait rien à rajouter. Non car vraiment tout y est.
Il a appris à marcher sur le sable et, des années plus tard, notre mère riait en disant que c’était pour ça qu’il filait de travers.
Lu de cet auteur : Anka
samedi 1 février 2014
Maggie O'Farrell - En cas de forte chaleur
Éditeur : Belfond - Traduit de l'anglais (Irlande) par Michèle Valencia - Date de parution : Janvier 2014 - 348 pages et un très bon moment de lecture!
Juillet 1976. Alors qu'une canicule s'est abattue sur Londres, Robert Riordan part comme tous matin acheter son journal. Quelques heures plus tard, il n'est pas rentré et son épouse Gretta demande ce qu'elle doit faire. Elle décide d'appeler ses enfants à la rescousse. Pourquoi Robert est parti? Gretta si sûre semble désorientée. Les enfants devenus adultes et qui ont quitté le nid depuis longtemps regagnent la maison familiale. Avec ce retour, si les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence remontent à la surface, les désaccords et les rancœurs ne sont pas en reste. Ils doivent comprendre pourquoi leur père est parti et surtout le retrouver.
Les vies personnelles de Michael Francis, Monica et Aoife sont loin d'être d'être un long fleuve tranquille. Le couple de Michael Francis traverse une mauvaise passe, Monica a du mal à trouver sa place auprès de ses belles-filles et Aoife est partie aux Etats-Unis brouillée avec sa sœur alors qu'auparavant elles étaient inséparables. Tout ont des personnalités différentes. Et à travers le regard de ses enfants, on découvre que Gretta n'a pas été une mère parfaite et ce qu'elle a vécu a son arrivée à Londres. Robert et elle d'origine irlandaise ont tenté de leur transmettre leur culture et leur racine mais en vain. Avec la disparition de Robert, le temps de la cohésion dans la fratrie est venue mais la tension est palpable. Surtout que Gretta en sait plus qu'elle ne veut le dire sur le passé de Robert. Des non-dits ou des vérités voient le jour mettant à mal les convictions de chacun. Je n'en dirai pas plus...
Maggie O’Farrell nous décrit des personnages attachants avec des défauts mais si humains ! Et à travers une simple scène, elle a cette capacité extraordinaire de nous rendre les émotions. Elle sonde à merveille les relations qui se tissent par un geste ou une attitude.
J'ai aimé suivre cette famille ( l'écriture de Maggie O'Farrell est un plaisir à elle seule), mon seul bémol concerne la fin et le pourquoi de la disparition car il y a un goût de déjà lu (on devine facilement ce qu'il en est). Mais j'ai passé un très bon moment de lecture !
C'est un peu comme les trous des rues londoniennes. Quand on les creuse, ces balafres dans le bitume paraissent choquantes - ces déblais, cette cicatrice, la terre et la boue qui affleurent en pleine ville. Ensuite, on les remplit, on les recouvre, et ça semble nouveau, incongru, ce renflement de goudron noir luisant à côté de la rue usée et granuleuse. Puis, au bout d'un moment, tout se tasse et, avec la poussière, on ne voit plus la différence, on ne se doute pas qu'il y a eu une réparation.
Les billets de Cathulu, Mango, Mimi, Nadael, Valérie, Sylire
Lu de cette auteure : Cette main qui a pris la mienne - L'étrange disparition d'Esme Lesnox
Juillet 1976. Alors qu'une canicule s'est abattue sur Londres, Robert Riordan part comme tous matin acheter son journal. Quelques heures plus tard, il n'est pas rentré et son épouse Gretta demande ce qu'elle doit faire. Elle décide d'appeler ses enfants à la rescousse. Pourquoi Robert est parti? Gretta si sûre semble désorientée. Les enfants devenus adultes et qui ont quitté le nid depuis longtemps regagnent la maison familiale. Avec ce retour, si les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence remontent à la surface, les désaccords et les rancœurs ne sont pas en reste. Ils doivent comprendre pourquoi leur père est parti et surtout le retrouver.
Les vies personnelles de Michael Francis, Monica et Aoife sont loin d'être d'être un long fleuve tranquille. Le couple de Michael Francis traverse une mauvaise passe, Monica a du mal à trouver sa place auprès de ses belles-filles et Aoife est partie aux Etats-Unis brouillée avec sa sœur alors qu'auparavant elles étaient inséparables. Tout ont des personnalités différentes. Et à travers le regard de ses enfants, on découvre que Gretta n'a pas été une mère parfaite et ce qu'elle a vécu a son arrivée à Londres. Robert et elle d'origine irlandaise ont tenté de leur transmettre leur culture et leur racine mais en vain. Avec la disparition de Robert, le temps de la cohésion dans la fratrie est venue mais la tension est palpable. Surtout que Gretta en sait plus qu'elle ne veut le dire sur le passé de Robert. Des non-dits ou des vérités voient le jour mettant à mal les convictions de chacun. Je n'en dirai pas plus...
Maggie O’Farrell nous décrit des personnages attachants avec des défauts mais si humains ! Et à travers une simple scène, elle a cette capacité extraordinaire de nous rendre les émotions. Elle sonde à merveille les relations qui se tissent par un geste ou une attitude.
J'ai aimé suivre cette famille ( l'écriture de Maggie O'Farrell est un plaisir à elle seule), mon seul bémol concerne la fin et le pourquoi de la disparition car il y a un goût de déjà lu (on devine facilement ce qu'il en est). Mais j'ai passé un très bon moment de lecture !
C'est un peu comme les trous des rues londoniennes. Quand on les creuse, ces balafres dans le bitume paraissent choquantes - ces déblais, cette cicatrice, la terre et la boue qui affleurent en pleine ville. Ensuite, on les remplit, on les recouvre, et ça semble nouveau, incongru, ce renflement de goudron noir luisant à côté de la rue usée et granuleuse. Puis, au bout d'un moment, tout se tasse et, avec la poussière, on ne voit plus la différence, on ne se doute pas qu'il y a eu une réparation.
Les billets de Cathulu, Mango, Mimi, Nadael, Valérie, Sylire
Lu de cette auteure : Cette main qui a pris la mienne - L'étrange disparition d'Esme Lesnox
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