samedi 30 mai 2015
E.J. Levy - L'amour, en théorie
Éditeur : Rivages - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy - Date de parution : Mai 2015 -286 pages et un livre hérisson !
Ah l'amour, on croit souvent à tort avoir tout (ou trop) lu sur sur ce sujet qui fait chavirer les cœurs. Dans ces nouvelles qui sont des instantanés de vie, Cupidon a déserté sans prévenir gare ou n'a pas daigné se pencher sur certains. Adultères, mensonges, l'envie de passer le reste de sa vie en compagnie de Dieu ou tout simplement l'idée de l'amour qui dans un couple diffère ou est perçue différemment avec le temps qui passe. Et bien entendu, les personnages sont cette moitié du couple qui reste seule mais avec leur environnement proche amis et/ou famille et ce qui fait la vie. Alors comment appliquer la théorie la plus simple (on se rencontre, on apprend à se connaître, on s'aime, on s'installe ensemble et on est heureux pour le restant de ses jours) quand le rêve s'est écroulé. Ce qui pourrait tourner au pathos ou à la sinistrose aiguë révèle des situations où justement on est surpris et ferré. Les personnages semblent proches de nous, on les cerne et on arrive à les comprendre.
Ces nouvelles par leur construction, le sens de l'observation et par les réflexions émoustillent l'esprit. Ajoutez-y une écriture ( et donc une traduction fluide) qui est un délice, un humour aiguisé, du pur plaisir !
C'est une chose de reconnaître que la perception joue un rôle dans notre relation aux autres, c'en est une autre de nier la possibilité de la transcendance. "L'amour est une histoire de transcendance, a affirmé Lisa. Dire "Je t'aime", c'est dépasser son narcissisme, tout l'intérêt est de se surpasser, de dire que c'est toi que j'aime". Mais elle a fini par capituler. Elle savait que ses parents non plus ne connaissaient pas cette sorte d'amour. Elle non plus.
Autrefois, les révélations de sa mère étaient douloureuses - l'infidélité de son père; le divorce imminent; la fois où ( après le départ de June pour la fac) sa mère a donné toutes ses affaires d'enfance à une organisation caritative. " on n'est jeune qu'une fois", avait raisonné sa mère, sous-entendant que June n'aurait plus besoin de ses jouets, mais parfois, June se demande si elle a jamais été jeune."J'envisage d'avoir des enfants", avait dit June dans l'espoir de blesser sa mère. " Mais non", avait rétorqué cette dernière en riant. Et, comme toujours, elle avait raison. June ne s'imagine pas du tout avoir des enfants. Avoir une mère lui suffit.
Les billets de Cathulu, Cuné
jeudi 28 mai 2015
Anise Postel-Vinay, Laure Adler - Vivre
Éditeur : Grasset - Date de parution : Avril 2015 - 122 pages à lire absolument !
Nous étions bien décidés à faire quelque chose contre l'occupant, mais quoi ? Comment ? Avec qui ? De temps en temps nous parvenions à mettre la main sur des tracts, ils n'étaient évidemment jamais signés, il n'y avait pas d'adresse : il était impossible de remonter de filière pour entrer en contact avec des personnes actives. C'était très difficile de pénétrer les réseaux de la Résistance. D'ailleurs, lorsque j'ai commencé on m' a bien précisé qu'il ne fallait parler à personne de ce que je faisais.
Alors qu'elle n'est qu'une adolescente, Anise Postel-Vinay n'a qu'un idée en tête celle d'aider contre l'occupant. Arrêtée un après par la Gestapo en 1942, elle est emprisonnée durant une année entière à Paris. Puis, elle est transférée au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne à l'âge de vingt ans. Dans le train qui l'y conduit, elle fait la connaissance de Germaine Tillion. A Ravensbrück, elles seront toujours très proches. Et Anise Postel-Vinay raconte : la peur, la solidarité extraordinaire entre ces femmes (" sans cette solidarité, vous dépérissiez toit de suite") et l'horreur. La libération du camp, le retour en France, la joie de retrouver son père qui lui fut aussi arrêté, la douleur d'apprendre la mort de sa sœur tuée par les Allemands et ce constat qui fait mal " nous rentrions dans un pays qui était libéré depuis longtemps, qui ne pensait plus à ses prisonniers".
Elle et germaine Tillion gardent contact, effrayées pas des propos tenus en 1970 sur la non existence des chambres à gaz. Avec quelques camarades, elle ont entrepris de prouver leur existence même si les preuves ont été détruites.
Hier, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz entraient au Panthéon. Deux femmes qu'elle a connues et elle a toujours cette affection très grande pour Germaine Tillion. Mais Anise Postel-Vinay fait ce constat terrible : "Je ne peux m'empêcher de me sentir assez pessimiste : j'ai le sentiment que la transmission de cette infâme histoire du nazisme devient très compliquée, que l'antisémitisme ressurgit".
Ecrit avec dignité, ce témoignage ne verse dans aucun pathos, elle nous livre les faits même s'ils font très mal.
A lire car chacun de ces témoignages est une pierre qui s'ajoute au devoir de mémoire pour ne pas oublier et surtout pour être vigilant.
Le billet de Leiloona
Nous étions bien décidés à faire quelque chose contre l'occupant, mais quoi ? Comment ? Avec qui ? De temps en temps nous parvenions à mettre la main sur des tracts, ils n'étaient évidemment jamais signés, il n'y avait pas d'adresse : il était impossible de remonter de filière pour entrer en contact avec des personnes actives. C'était très difficile de pénétrer les réseaux de la Résistance. D'ailleurs, lorsque j'ai commencé on m' a bien précisé qu'il ne fallait parler à personne de ce que je faisais.
Alors qu'elle n'est qu'une adolescente, Anise Postel-Vinay n'a qu'un idée en tête celle d'aider contre l'occupant. Arrêtée un après par la Gestapo en 1942, elle est emprisonnée durant une année entière à Paris. Puis, elle est transférée au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne à l'âge de vingt ans. Dans le train qui l'y conduit, elle fait la connaissance de Germaine Tillion. A Ravensbrück, elles seront toujours très proches. Et Anise Postel-Vinay raconte : la peur, la solidarité extraordinaire entre ces femmes (" sans cette solidarité, vous dépérissiez toit de suite") et l'horreur. La libération du camp, le retour en France, la joie de retrouver son père qui lui fut aussi arrêté, la douleur d'apprendre la mort de sa sœur tuée par les Allemands et ce constat qui fait mal " nous rentrions dans un pays qui était libéré depuis longtemps, qui ne pensait plus à ses prisonniers".
Elle et germaine Tillion gardent contact, effrayées pas des propos tenus en 1970 sur la non existence des chambres à gaz. Avec quelques camarades, elle ont entrepris de prouver leur existence même si les preuves ont été détruites.
Hier, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz entraient au Panthéon. Deux femmes qu'elle a connues et elle a toujours cette affection très grande pour Germaine Tillion. Mais Anise Postel-Vinay fait ce constat terrible : "Je ne peux m'empêcher de me sentir assez pessimiste : j'ai le sentiment que la transmission de cette infâme histoire du nazisme devient très compliquée, que l'antisémitisme ressurgit".
Ecrit avec dignité, ce témoignage ne verse dans aucun pathos, elle nous livre les faits même s'ils font très mal.
A lire car chacun de ces témoignages est une pierre qui s'ajoute au devoir de mémoire pour ne pas oublier et surtout pour être vigilant.
Le billet de Leiloona
mardi 26 mai 2015
Véronique Mougin - Pour vous servir
Éditeur : Flammarion - Date de parution : Mai 2015 - 360 pages et un avis mitigé...
Le restaurant de Françoise et de son mari est placé en liquidation judiciaire car Michel a vu grand, trop grand. Pour éponger les dettes, ils répondent à une annonce où l'on cherche un homme à tout faire et une gouvernante. Michel voit rouge, ronge son frein (et se noie souvent dans l'alcool) mais pour Françoise, ils n'ont pas le choix. Un emploi rémunéré avec un logement de fonction gratuit est idéal pour eux.
Voilà, comment ce couple met les pieds dans une sorte de quatrième dimension parallèle. Un monde où vivent de très, très riches personnes et où Françoise est gouvernante. Des employeurs qui ont des manies, des défauts, qui considèrent souvent le personnel de façon assez édifiante. Et on retrouve dans ce livre les différents employeurs (sous de faux noms bien entendu) chez qui Françoise a travaillé. Pas de 35 heures, des week-ends travaillés et surtout affronter au quotidien les caprices et les exigences de ce monde qui baigne dans le luxe.
Alors, il y a des situations souvent drôles qui nous sont racontées : " Ainsi ai-je dû dévoiler à Madame les rouages du système scolaire public hexagonal, les subtilités de l'emprunt en bibliothèque municipale et les clés d'un ravitaillement efficace au supermarché. -Vous manœuvrez un chariot en acier dans différentes allées, selon un itinéraire prédéterminé, ah oiiiiiii?" Les personnes de cette quatrième dimension ne connaissent rien (ou presque) de notre monde. Entre la description de chaque nouvel employeur, l'auteur a intégré des petites leçons qui mettent le sourire aux lèvres ( même s'il est jaune) "Recevoir est le métier principal de nos patrons. A partir d'un certain niveau de fortune, il y a toujours des liens à tisser, des invitations à rendre, des amitiés à approfondir, des connaissances à faire, des mariages à fêter, des contrats à signer, un rang à tenir. Et ça fait beaucoup de vaisselle." Et quand le personnel demande une augmentation de salaire ou un logement de fonction décent, souvent, les employeurs font la sourde oreille. Mais il y aussi le personnel qui ne dit mot, qui respecte les titres ronflants des patrons et aiment les petites guerres internes.
Ce roman se lit très facilement mais arrivée à la moitié du livre, j'ai commencé à me lasser avec cette impression de déjà lu. Servi par un ton ironique (mais jamais avec de méchancetés gratuites), cette lecture est divertissante mais sans plus. Ne rien montrer de la fatigue, serrer les dents, se plier aux quatre volontés de ses employeurs et se taire même quand elle est considérée comme une bonne à rien. Françoise a bien du mérite. Et c'est dommage que cet aspect ne soit pas plus développé (jusqu'où peut-on aller pour gagner un salaire et comment ces employeurs usent leur personnel sans aucun remord). Pour ce qui est relaté, il faudrait être né de la dernière pluie pour imaginer que dans un monde où l'argent est roi et coule à flots, que certaines valeurs existent.
Une lecture en partenariat avec Babelio.
Le restaurant de Françoise et de son mari est placé en liquidation judiciaire car Michel a vu grand, trop grand. Pour éponger les dettes, ils répondent à une annonce où l'on cherche un homme à tout faire et une gouvernante. Michel voit rouge, ronge son frein (et se noie souvent dans l'alcool) mais pour Françoise, ils n'ont pas le choix. Un emploi rémunéré avec un logement de fonction gratuit est idéal pour eux.
Voilà, comment ce couple met les pieds dans une sorte de quatrième dimension parallèle. Un monde où vivent de très, très riches personnes et où Françoise est gouvernante. Des employeurs qui ont des manies, des défauts, qui considèrent souvent le personnel de façon assez édifiante. Et on retrouve dans ce livre les différents employeurs (sous de faux noms bien entendu) chez qui Françoise a travaillé. Pas de 35 heures, des week-ends travaillés et surtout affronter au quotidien les caprices et les exigences de ce monde qui baigne dans le luxe.
Alors, il y a des situations souvent drôles qui nous sont racontées : " Ainsi ai-je dû dévoiler à Madame les rouages du système scolaire public hexagonal, les subtilités de l'emprunt en bibliothèque municipale et les clés d'un ravitaillement efficace au supermarché. -Vous manœuvrez un chariot en acier dans différentes allées, selon un itinéraire prédéterminé, ah oiiiiiii?" Les personnes de cette quatrième dimension ne connaissent rien (ou presque) de notre monde. Entre la description de chaque nouvel employeur, l'auteur a intégré des petites leçons qui mettent le sourire aux lèvres ( même s'il est jaune) "Recevoir est le métier principal de nos patrons. A partir d'un certain niveau de fortune, il y a toujours des liens à tisser, des invitations à rendre, des amitiés à approfondir, des connaissances à faire, des mariages à fêter, des contrats à signer, un rang à tenir. Et ça fait beaucoup de vaisselle." Et quand le personnel demande une augmentation de salaire ou un logement de fonction décent, souvent, les employeurs font la sourde oreille. Mais il y aussi le personnel qui ne dit mot, qui respecte les titres ronflants des patrons et aiment les petites guerres internes.
Ce roman se lit très facilement mais arrivée à la moitié du livre, j'ai commencé à me lasser avec cette impression de déjà lu. Servi par un ton ironique (mais jamais avec de méchancetés gratuites), cette lecture est divertissante mais sans plus. Ne rien montrer de la fatigue, serrer les dents, se plier aux quatre volontés de ses employeurs et se taire même quand elle est considérée comme une bonne à rien. Françoise a bien du mérite. Et c'est dommage que cet aspect ne soit pas plus développé (jusqu'où peut-on aller pour gagner un salaire et comment ces employeurs usent leur personnel sans aucun remord). Pour ce qui est relaté, il faudrait être né de la dernière pluie pour imaginer que dans un monde où l'argent est roi et coule à flots, que certaines valeurs existent.
Une lecture en partenariat avec Babelio.
lundi 25 mai 2015
Anthony Doerr - Toute la lumière que nous ne pouvons voir
Éditeur : Albin Michel - Traduit de l'américain par Valérie Molfroy - Date Parution : Mai 2015 - 610 pages et point de coup de cœur...
Août 1944, des tracts tombent du ciel au-dessus de Saint-Malo " Message urgent aux habitants de la ville. Dispersez-vous dans la campagne". La ville aux mains des allemands vit aux sons des bombes lâchées par les bombardiers américains. Marie-Laure jeune fille aveugle de seize se terre dans la maison de son grand-oncle Etienne. Pas très loin, le soldat Werner Pfennig est bloqué sous des débris en compagnie d'un autre soldat. Depuis plusieurs jours, Marie-Laure se cache dans le double-fond d'une armoire car un allemand s'est introduit dans la maison. Elle pense à son père qui été arrêté. Werner dont la mission est de trouver les émetteurs-récepteurs ennemis tente d'entendre un signal sur sa radio.
Voilà le point de départ de ce roman et ensuite l'auteur nous projette dix plus tôt. 1934, Marie-Laure est devenue aveugle. Son père serrurier au Muséum d'Histoire Naturelle lui fabrique une maquette du quartier car elle doit pouvoir malgré son handicap se repérer dans une rue. Werner et sa petite soeur Jutta sont orphelins. Le destin de Werner est déjà tout tracé : à quinze ans, il devra aller travailler à la mine comme son père. Mais Werner est passionné et doué pour les transmissions. Son don le fera remarquer et il intègrera une école d'élites. En 1940, Marie-Laure et son père quitteront Paris pour se réfugier à Saint-Malo. Ce qui ne devait qu'être qu'une question de semaines se transformera en années.
Basé sur des flash-backs entre présent et passé judicieusement placés dans le récit, et avec une écriture aux phrases courtes et sans fioritures, il est difficile de ne pas être ferré par ce roman. De plus, l'auteur distille des interrogations sur l'avenir de ses deux personnages que le contexte oppose.
Sans aucun doute, il s'agit d'un page-turner efficace (même si à force la répétition de la construction se fait sentir) mais j'en attendais plus.
Si j'ai été prise dans les mailles de l'histoire, je suis un peu déçue (forcément). Car je n'ai pas vibré, je n'ai pas relu une phrase pour sa beauté, mes yeux n'ont pas abrité de poissons d'eau de bonheur malgré la luminosité qu'il dégage.
Quelques fois, plusieurs journées s'écoulent après une première transmission avant de capter la suivante. Cela représente un problème à résoudre, quelque chose à méditer : c'est mieux, assurément, que de combattre dans une tranchée glaciale et qui empeste, infectée de poux, comme en leur temps les vieux instructeurs qu'il avait à l'école, les rescapés de la Grande Guerre. C'est plus propre, plus mécanique, une guerre qui se livre dans les airs de façon invisible, et les lignes du front sont n'importe où. N'y a-t-il pas du plaisir dans cette chasse?
Les billets de Jérôme (avec qui nous somme sur la même longueur d'ondes),Mimi a eu du plaisir à le lire, Miss Alfie pour qui c'est un coup de cœur.
Août 1944, des tracts tombent du ciel au-dessus de Saint-Malo " Message urgent aux habitants de la ville. Dispersez-vous dans la campagne". La ville aux mains des allemands vit aux sons des bombes lâchées par les bombardiers américains. Marie-Laure jeune fille aveugle de seize se terre dans la maison de son grand-oncle Etienne. Pas très loin, le soldat Werner Pfennig est bloqué sous des débris en compagnie d'un autre soldat. Depuis plusieurs jours, Marie-Laure se cache dans le double-fond d'une armoire car un allemand s'est introduit dans la maison. Elle pense à son père qui été arrêté. Werner dont la mission est de trouver les émetteurs-récepteurs ennemis tente d'entendre un signal sur sa radio.
Voilà le point de départ de ce roman et ensuite l'auteur nous projette dix plus tôt. 1934, Marie-Laure est devenue aveugle. Son père serrurier au Muséum d'Histoire Naturelle lui fabrique une maquette du quartier car elle doit pouvoir malgré son handicap se repérer dans une rue. Werner et sa petite soeur Jutta sont orphelins. Le destin de Werner est déjà tout tracé : à quinze ans, il devra aller travailler à la mine comme son père. Mais Werner est passionné et doué pour les transmissions. Son don le fera remarquer et il intègrera une école d'élites. En 1940, Marie-Laure et son père quitteront Paris pour se réfugier à Saint-Malo. Ce qui ne devait qu'être qu'une question de semaines se transformera en années.
Basé sur des flash-backs entre présent et passé judicieusement placés dans le récit, et avec une écriture aux phrases courtes et sans fioritures, il est difficile de ne pas être ferré par ce roman. De plus, l'auteur distille des interrogations sur l'avenir de ses deux personnages que le contexte oppose.
Sans aucun doute, il s'agit d'un page-turner efficace (même si à force la répétition de la construction se fait sentir) mais j'en attendais plus.
Si j'ai été prise dans les mailles de l'histoire, je suis un peu déçue (forcément). Car je n'ai pas vibré, je n'ai pas relu une phrase pour sa beauté, mes yeux n'ont pas abrité de poissons d'eau de bonheur malgré la luminosité qu'il dégage.
Quelques fois, plusieurs journées s'écoulent après une première transmission avant de capter la suivante. Cela représente un problème à résoudre, quelque chose à méditer : c'est mieux, assurément, que de combattre dans une tranchée glaciale et qui empeste, infectée de poux, comme en leur temps les vieux instructeurs qu'il avait à l'école, les rescapés de la Grande Guerre. C'est plus propre, plus mécanique, une guerre qui se livre dans les airs de façon invisible, et les lignes du front sont n'importe où. N'y a-t-il pas du plaisir dans cette chasse?
Les billets de Jérôme (avec qui nous somme sur la même longueur d'ondes),Mimi a eu du plaisir à le lire, Miss Alfie pour qui c'est un coup de cœur.
samedi 23 mai 2015
Joyce Maynard - Prête à tout
Editeur : Philippe Rey - Traduit de l'anglais (Etats-unis) par Jean Esch - Date de parution : mai 2015 (date de première parution : 1995) - 332 pages et une réussite !
Suzanne s'est mariée à Larry un jeune homme travailleur, franc et fou amoureux d'elle. Un couple heureux aux yeux de tous, : Larry ne manque jamais une occasion de couvrir déloges son épouse, une charmante maison avec un intérieur digne d'un magasin de décoration car Suzanne ne laisse jamais rien au détail. Depuis qu'elle est toute petite, elle fait l'admiration de ses parents par son charme. Déterminée dans tout ce qu'elle entreprend, Suzanne s'est mise en tête très jeune de devenir présentatrice de télé et de devenir célèbre. Et elle s'accroche toujours à ce but. Embauchée par une petite chaîne locale comme secrétaire, elle veut passer à l'écran. Elle propose à son patron de réaliser sur son temps libre un reportage sur les jeunes où ils aborderont différents thèmes. Et il accepte. C'est ainsi que Jimmy, Hans et Lydia, trois jeunes aux situations familiales difficiles deviennent ses interlocuteurs. Un soir, elle retrouve le corps de Larry sans vie. Tout porte à croire à un cambriolage qui a mal tourné. Mais Suzanne apparaît rapidement comme une suspecte aux yeux de la police.
Ce roman choral alterne les témoignages, les points de vue et les pensées des protagonistes mais également des personnages secondaires (les parents de Suzanne, sa sœur, son patron, les amis de Larry, les trois adolescents ou leurs familles). Et quelquefois Suzanne apparaît bien loin de son image d'épouse bien sage de côté. Mais là où elle excelle c'est dans la manipulation. Calculatrice, dotée d'un sang-froid incroyable, avide de gloire et dévouée au culte de l'apparence, on se demande qui se cache vraiment à travers ces différentes facettes de Suzanne qui nous sont dévoilées.
Joyce Maynard se glisse avec psychologie dans la peau de chacun des personnages qui représente à eux tous la société américaine. Mais il s'agit également d'un roman implacable sur la place de la télévision et des images, des idées qu'elle renvoie ou qu'elle véhicule.
Très bien mené et prenant, ce roman est une réussite totale !
Elle a suivi mes cours de claquettes pendant trois ou quatre ans, mais quand elles atteignent les treize ans, ça ne les intéresse plus. Suzanne est passée dans ma classe de mannequins au lycée. Elle n'aurait jamais pu aller très loin dans cette branche, à cause de sa petite taille. Mais comme elle me le disait, peu importe ce que vous faites dans la vie, l'important c'est d'offrir une belle image de soi.
Selon moi, tout ce que font les gens à travers le monde, c'est pour avoir un public, pour que quelqu'un les voit.
Lu de cette auteure : Baby love - Et devant moi, le monde - L'homme de la montagne - Les filles de l'ouragan - Long week-end - Une adolescence américaine
Suzanne s'est mariée à Larry un jeune homme travailleur, franc et fou amoureux d'elle. Un couple heureux aux yeux de tous, : Larry ne manque jamais une occasion de couvrir déloges son épouse, une charmante maison avec un intérieur digne d'un magasin de décoration car Suzanne ne laisse jamais rien au détail. Depuis qu'elle est toute petite, elle fait l'admiration de ses parents par son charme. Déterminée dans tout ce qu'elle entreprend, Suzanne s'est mise en tête très jeune de devenir présentatrice de télé et de devenir célèbre. Et elle s'accroche toujours à ce but. Embauchée par une petite chaîne locale comme secrétaire, elle veut passer à l'écran. Elle propose à son patron de réaliser sur son temps libre un reportage sur les jeunes où ils aborderont différents thèmes. Et il accepte. C'est ainsi que Jimmy, Hans et Lydia, trois jeunes aux situations familiales difficiles deviennent ses interlocuteurs. Un soir, elle retrouve le corps de Larry sans vie. Tout porte à croire à un cambriolage qui a mal tourné. Mais Suzanne apparaît rapidement comme une suspecte aux yeux de la police.
Ce roman choral alterne les témoignages, les points de vue et les pensées des protagonistes mais également des personnages secondaires (les parents de Suzanne, sa sœur, son patron, les amis de Larry, les trois adolescents ou leurs familles). Et quelquefois Suzanne apparaît bien loin de son image d'épouse bien sage de côté. Mais là où elle excelle c'est dans la manipulation. Calculatrice, dotée d'un sang-froid incroyable, avide de gloire et dévouée au culte de l'apparence, on se demande qui se cache vraiment à travers ces différentes facettes de Suzanne qui nous sont dévoilées.
Joyce Maynard se glisse avec psychologie dans la peau de chacun des personnages qui représente à eux tous la société américaine. Mais il s'agit également d'un roman implacable sur la place de la télévision et des images, des idées qu'elle renvoie ou qu'elle véhicule.
Très bien mené et prenant, ce roman est une réussite totale !
Elle a suivi mes cours de claquettes pendant trois ou quatre ans, mais quand elles atteignent les treize ans, ça ne les intéresse plus. Suzanne est passée dans ma classe de mannequins au lycée. Elle n'aurait jamais pu aller très loin dans cette branche, à cause de sa petite taille. Mais comme elle me le disait, peu importe ce que vous faites dans la vie, l'important c'est d'offrir une belle image de soi.
Selon moi, tout ce que font les gens à travers le monde, c'est pour avoir un public, pour que quelqu'un les voit.
Lu de cette auteure : Baby love - Et devant moi, le monde - L'homme de la montagne - Les filles de l'ouragan - Long week-end - Une adolescence américaine
jeudi 21 mai 2015
Cécile Coulon - Le cœur du pélican
Éditeur : Viviane Hamy Date de parution : Janvier 2015 - 237 pages percutantes et puissantes !
Suite à un déménagement, Anthime un adolescent assez réservé et très proche de sa sœur Helena se retrouve avec sa famille dans une ville de province. Ils ne connaissent personne et pour être accepté par les autres adolescents, il participe à un jeu de quartier où il doit courir le plus vite. Il gagne et obtient en retour du respect. S'il ne demandait qu'à être tranquille, la vitesse de ses jambes l'a précédée. Anthime est repéré par l'entraîneur du lycée qui voit en lui un futur champion. Joanna une voisine l'épie en secret et en est déjà amoureuse. Viennent les entraînements. Courir encore plus rapidement, s'améliorer, corriger ses défauts et lors d'un championnat national, Anthime s'effondre. Une douleur à une jambe le fait tomber et les ailes du pélican sont brisées. Les rêves de gloire et de coureur professionnel sont rangés au placard.
Vingt années ont passé. Alors que son cœur battait pour Béatrice, Anthime s'est marié sans amour à Joanna ("Joanna a sauvé Anthime de son échec, Antime a sauvé Joanna de sa timidité. ils se doivent tout; pourtant, ils ne se sont rien donnés"). Il n'a jamais osé avouer son amour à Béatrice, l'image du perdant s'étant imposée à lui. Il "subit" sa vie jusqu'au jour où par hasard, il revoit des anciens camarades de classe qui le narguent. Le svelte sportif du passé a laissé place à un homme de quarante ans qui s'est laissé grossir. Anthime décide de se remettre à courir, partir de chez lui et gagner. Mais gagner contre qui ou contre quoi ?
Sa rage et ses frustrations sont son moteur. Aidé par sa sœur, Anthime se lance dans sa propre course pour montrer à ceux qui croyaient en lui qu'il est toujours là. Courir pour gommer ces vingt ans de vie monotone et bâclée. Sauf qu'Anthime n'a pas compris ou s'est menti sur le fait que l'on peut tomber, et que le but n'est pas de gagner mais de savoir se relever.
Les phrases claquent et résonnent ! Et Cécile Coulon gratte, décortique, explore les blessures, les échecs d'une vie. Ca percute, c'est incisif et l'auteure n'a pas peur de bousculer son lecteur.
Le choix d'une narration multiple nous permet d'être au plus près des non-dits, des remords et des aspirations des personnages. Puissant et percutant !
Le monde ne comprendra jamais que les grand hommes ne sont pas ceux qui gagnent, mais ceux qui n'abandonnent pas quand ils ont perdu.
Dans ce pays, à la foi si proche et si lointain de ses préoccupations quotidiennes, les enfants, les adolescents, les jeunes filles punaisaient des posters à son effigie aux murs de leurs chambres, aux tableaux des garages, des ateliers, à l'intérieur des casiers des collèges et des lycées. Bouche bée, le visage englouti par les ombres que la nuit remuait à travers les stores, Anthime se voyait dans toute la splendeur de l'homme qu'il avait entrepris d'incarner. Le torse de papier glacé déployait ses ailes invisibles, comme le font les hommes forts, car ils ne peuvent s'élever sans fracas; et leur colère, fulgurance de larmes et de souvenirs, est une épée sans fourreau, la dernière pelletée de terre sur le cercueil de la gloire.
Les billets (et des avis variés) d'Alex, Ariane, Gwénaëlle, Motspourmots
Lu de cette auteure : Le roi n'a pas sommeil
Suite à un déménagement, Anthime un adolescent assez réservé et très proche de sa sœur Helena se retrouve avec sa famille dans une ville de province. Ils ne connaissent personne et pour être accepté par les autres adolescents, il participe à un jeu de quartier où il doit courir le plus vite. Il gagne et obtient en retour du respect. S'il ne demandait qu'à être tranquille, la vitesse de ses jambes l'a précédée. Anthime est repéré par l'entraîneur du lycée qui voit en lui un futur champion. Joanna une voisine l'épie en secret et en est déjà amoureuse. Viennent les entraînements. Courir encore plus rapidement, s'améliorer, corriger ses défauts et lors d'un championnat national, Anthime s'effondre. Une douleur à une jambe le fait tomber et les ailes du pélican sont brisées. Les rêves de gloire et de coureur professionnel sont rangés au placard.
Vingt années ont passé. Alors que son cœur battait pour Béatrice, Anthime s'est marié sans amour à Joanna ("Joanna a sauvé Anthime de son échec, Antime a sauvé Joanna de sa timidité. ils se doivent tout; pourtant, ils ne se sont rien donnés"). Il n'a jamais osé avouer son amour à Béatrice, l'image du perdant s'étant imposée à lui. Il "subit" sa vie jusqu'au jour où par hasard, il revoit des anciens camarades de classe qui le narguent. Le svelte sportif du passé a laissé place à un homme de quarante ans qui s'est laissé grossir. Anthime décide de se remettre à courir, partir de chez lui et gagner. Mais gagner contre qui ou contre quoi ?
Sa rage et ses frustrations sont son moteur. Aidé par sa sœur, Anthime se lance dans sa propre course pour montrer à ceux qui croyaient en lui qu'il est toujours là. Courir pour gommer ces vingt ans de vie monotone et bâclée. Sauf qu'Anthime n'a pas compris ou s'est menti sur le fait que l'on peut tomber, et que le but n'est pas de gagner mais de savoir se relever.
Les phrases claquent et résonnent ! Et Cécile Coulon gratte, décortique, explore les blessures, les échecs d'une vie. Ca percute, c'est incisif et l'auteure n'a pas peur de bousculer son lecteur.
Le choix d'une narration multiple nous permet d'être au plus près des non-dits, des remords et des aspirations des personnages. Puissant et percutant !
Le monde ne comprendra jamais que les grand hommes ne sont pas ceux qui gagnent, mais ceux qui n'abandonnent pas quand ils ont perdu.
Dans ce pays, à la foi si proche et si lointain de ses préoccupations quotidiennes, les enfants, les adolescents, les jeunes filles punaisaient des posters à son effigie aux murs de leurs chambres, aux tableaux des garages, des ateliers, à l'intérieur des casiers des collèges et des lycées. Bouche bée, le visage englouti par les ombres que la nuit remuait à travers les stores, Anthime se voyait dans toute la splendeur de l'homme qu'il avait entrepris d'incarner. Le torse de papier glacé déployait ses ailes invisibles, comme le font les hommes forts, car ils ne peuvent s'élever sans fracas; et leur colère, fulgurance de larmes et de souvenirs, est une épée sans fourreau, la dernière pelletée de terre sur le cercueil de la gloire.
Les billets (et des avis variés) d'Alex, Ariane, Gwénaëlle, Motspourmots
Lu de cette auteure : Le roi n'a pas sommeil
mercredi 20 mai 2015
Patchwork romain et napolitain
A la demande générale ( enfin surtout à celle de Keisha), un petit retour sur mes vacances à Rome et à Naples. Un dépaysement total et des vacances où j'ai eu l'impression de toucher du bout des doigts l'Histoire.
A Rome : voir le Colisée et y pénétrer (une merveille d'architecture), parcourir le mont Palatin et découvrir les vestiges des forums. LeVatican et sa place Saint Pierre avec un long serpentin humain et 3h00 de queue pour visiter la chapelle Sixtine. Etre (un peu) déçue car la fontaine de Trevi était en travaux : vidée et cachée par des échafaudages. S'en prendre plein la vue à tout moment, visiter une basilique majestueuse.
Sortir du flot des touristes, prendre des ruelles, découvrir des échoppes où les senteurs vous mettent l'eau à la bouche.
Naples est une ville atypique. Une plongée dans une France du temps où l'on effectuait encore ses courses dans les petits commerces. Boulangerie, fromagerie, primeur, charcuterie, poissonnerie, droguerie dans presque toutes les rues. Essayer de s'exprimer en italien avec son livre, mélanger de l'anglais et des signes avec les mains. Naples où le linge sèche aux fenêtres alors que les voitures et les scooters roulent à toute allure (et grillent facilement les feux). Prendre le funiculaire pour avoir une vue de de la ville en hauteur et le Vésuve qui s'élève en arrière-plan. Visiter le musée archéologique. . Se rendre à Herculanum, cité engloutie comme Pompéi par l'irruption du Vésuve. Contrairement à Pompéi, les maisons sont encore pour la plupart debout et offrent aux visiteurs leurs fresques murales et leurs mosaïques. Se promener à côté du port le dimanche et y sentir une ambiance particulière (un peu semblable à celle d'Acier de Silvia Avallone)
Boire des cafés en terrasse, manger des glaces, des pains fabuleux (et avoir eu le bonheur de trouver du beurre demi-sel), des "vraies" pizzas, des tomates de Sicile et des oranges gorgées de soleil. Les papilles explosent avec toutes ces saveurs.
Voilà je suis tombée amoureuse de l'Italie, de sa langue chantante et de ses ambiances (malgré le prix exorbitant d'une entrée de piscine : 16 Euros par personne donc les maillots sont restés dans la valise.)
Et quelques photos pour terminer.
A Rome : voir le Colisée et y pénétrer (une merveille d'architecture), parcourir le mont Palatin et découvrir les vestiges des forums. LeVatican et sa place Saint Pierre avec un long serpentin humain et 3h00 de queue pour visiter la chapelle Sixtine. Etre (un peu) déçue car la fontaine de Trevi était en travaux : vidée et cachée par des échafaudages. S'en prendre plein la vue à tout moment, visiter une basilique majestueuse.
Sortir du flot des touristes, prendre des ruelles, découvrir des échoppes où les senteurs vous mettent l'eau à la bouche.
Naples est une ville atypique. Une plongée dans une France du temps où l'on effectuait encore ses courses dans les petits commerces. Boulangerie, fromagerie, primeur, charcuterie, poissonnerie, droguerie dans presque toutes les rues. Essayer de s'exprimer en italien avec son livre, mélanger de l'anglais et des signes avec les mains. Naples où le linge sèche aux fenêtres alors que les voitures et les scooters roulent à toute allure (et grillent facilement les feux). Prendre le funiculaire pour avoir une vue de de la ville en hauteur et le Vésuve qui s'élève en arrière-plan. Visiter le musée archéologique. . Se rendre à Herculanum, cité engloutie comme Pompéi par l'irruption du Vésuve. Contrairement à Pompéi, les maisons sont encore pour la plupart debout et offrent aux visiteurs leurs fresques murales et leurs mosaïques. Se promener à côté du port le dimanche et y sentir une ambiance particulière (un peu semblable à celle d'Acier de Silvia Avallone)
Boire des cafés en terrasse, manger des glaces, des pains fabuleux (et avoir eu le bonheur de trouver du beurre demi-sel), des "vraies" pizzas, des tomates de Sicile et des oranges gorgées de soleil. Les papilles explosent avec toutes ces saveurs.
Voilà je suis tombée amoureuse de l'Italie, de sa langue chantante et de ses ambiances (malgré le prix exorbitant d'une entrée de piscine : 16 Euros par personne donc les maillots sont restés dans la valise.)
Et quelques photos pour terminer.
mardi 19 mai 2015
Stéphanie Hochet - Un roman anglais
Éditeur : Rivages - Date de parution : Mai 2015 - 170 pages magnifiques !
1917, Londres est à feu et à sang. Anna Whig, son époux Edward se sont réfugiés dans le Sussex avec leur fils Jack âgé de deux ans. Anna veut reprendre son travail de traductrice et pour cela, il lui faut trouver une personne pour s'occuper de Jack. Une annonce est passée dans le Times et une réponse retient son attention. "L'écriture de la lettre, régulière, racontait un parcours de jeune personne travailleuse et méritante qui se destinait à devenir professeur, mais avait interrompu ses études à cause de la guerre et d'autres circonstance de la vie.(...)Quand je découvris son prénom, mon imagination s'emballa. Je repensais à l'auteur de La Gitane espagnole, Félix Holt et Middlemarch. Elle s'appelait George. Comme George Eliot". Mais il s'agit d'un jeune homme qui se présente.
On pourrait croire que la suite de ce roman donnerait lieu à une liaison entre Anna et George. Il n'en est rien. Non, Stéphanie Hochet nous plonge dans l'atmosphère du cottage de ce couple bourgeois durant la Première Guerre mondiale mais elle ne s'arrête pas là. Elle nous immerge avec brio dans les pensées d'Anna si attentive aux attitudes et aux gestes. George sait captiver l'attention de Jack mais Edward est jaloux. Lui le père est relégué au second plan après le garde d'enfant auprès de son propre fils. Avec George, Anna peut discuter : " Il n'y a pas que ça. George a une attention particulière pour celui qui s'adresse à lui. Il m'écoute comme personne ne m'a écoutée auparavant. Inutile de répéter, d'insister avec des interjections, des questions, des haussements de ton, des exagérations. Avec George, les mots pèsent leur poids, éveillent l'intérêt qu'ils méritent. Le jeune homme ne coupe pas la parole. Quelle étrangeté, quel soulagement. Ne plus avoir à se battre pour être entendue, ne plus avoir à amplifier son comportement pour être perçue comme un être pensant, un être présent dans une pièce qui articule quelques chose de censé. Ce simple égard dont on m'a privée sans que je m'en indigne, sans que je le comprenne. Ni mon père ni mon mari n'ont su m'écouter avec cette intensité qui semble naturelle à George." Un mari intéressé que par son travail d'horloger, un cousin John qui se bat dans les Flandres et dont elle n'a pas de nouvelles, la difficulté à assumer son rôle de mère et celui de femme.
George est le catalyseur qui réveille les démons d'Anne mais qui par sa seule présence sait calmer sa violence intérieure. Et la guerre en arrière-plan ajoute une tension particulière avec ses nombreuses interrogations. Anne se métamorphose, prend conscience de sa vie mais cela veut dire également partir. Et s'éloigner à jamais de son fils.
Avec finesse et subtilité, l'auteure nous dépeint un très beau portait de femme tourmentée sans oublier les conditions des femmes de toutes les classes sociales ( l'auteure rappelle que beaucoup de femmes remplaçaient les hommes partis au combat). Et il y a ce rythme, cette ambiance qui nous enveloppe où l'on pourrait presque entendre la respiration d'Anna (et la nôtre) tant ce livre nous happe par sa beauté, par les émotions aussi belles ou aussi dures soient-elles.
Tout simplement magnifique!
On est toujours reconnaissant envers les gens qui ne s'effarouchent pas devant la part de soi qui sombre.
1917, Londres est à feu et à sang. Anna Whig, son époux Edward se sont réfugiés dans le Sussex avec leur fils Jack âgé de deux ans. Anna veut reprendre son travail de traductrice et pour cela, il lui faut trouver une personne pour s'occuper de Jack. Une annonce est passée dans le Times et une réponse retient son attention. "L'écriture de la lettre, régulière, racontait un parcours de jeune personne travailleuse et méritante qui se destinait à devenir professeur, mais avait interrompu ses études à cause de la guerre et d'autres circonstance de la vie.(...)Quand je découvris son prénom, mon imagination s'emballa. Je repensais à l'auteur de La Gitane espagnole, Félix Holt et Middlemarch. Elle s'appelait George. Comme George Eliot". Mais il s'agit d'un jeune homme qui se présente.
On pourrait croire que la suite de ce roman donnerait lieu à une liaison entre Anna et George. Il n'en est rien. Non, Stéphanie Hochet nous plonge dans l'atmosphère du cottage de ce couple bourgeois durant la Première Guerre mondiale mais elle ne s'arrête pas là. Elle nous immerge avec brio dans les pensées d'Anna si attentive aux attitudes et aux gestes. George sait captiver l'attention de Jack mais Edward est jaloux. Lui le père est relégué au second plan après le garde d'enfant auprès de son propre fils. Avec George, Anna peut discuter : " Il n'y a pas que ça. George a une attention particulière pour celui qui s'adresse à lui. Il m'écoute comme personne ne m'a écoutée auparavant. Inutile de répéter, d'insister avec des interjections, des questions, des haussements de ton, des exagérations. Avec George, les mots pèsent leur poids, éveillent l'intérêt qu'ils méritent. Le jeune homme ne coupe pas la parole. Quelle étrangeté, quel soulagement. Ne plus avoir à se battre pour être entendue, ne plus avoir à amplifier son comportement pour être perçue comme un être pensant, un être présent dans une pièce qui articule quelques chose de censé. Ce simple égard dont on m'a privée sans que je m'en indigne, sans que je le comprenne. Ni mon père ni mon mari n'ont su m'écouter avec cette intensité qui semble naturelle à George." Un mari intéressé que par son travail d'horloger, un cousin John qui se bat dans les Flandres et dont elle n'a pas de nouvelles, la difficulté à assumer son rôle de mère et celui de femme.
George est le catalyseur qui réveille les démons d'Anne mais qui par sa seule présence sait calmer sa violence intérieure. Et la guerre en arrière-plan ajoute une tension particulière avec ses nombreuses interrogations. Anne se métamorphose, prend conscience de sa vie mais cela veut dire également partir. Et s'éloigner à jamais de son fils.
Avec finesse et subtilité, l'auteure nous dépeint un très beau portait de femme tourmentée sans oublier les conditions des femmes de toutes les classes sociales ( l'auteure rappelle que beaucoup de femmes remplaçaient les hommes partis au combat). Et il y a ce rythme, cette ambiance qui nous enveloppe où l'on pourrait presque entendre la respiration d'Anna (et la nôtre) tant ce livre nous happe par sa beauté, par les émotions aussi belles ou aussi dures soient-elles.
Tout simplement magnifique!
On est toujours reconnaissant envers les gens qui ne s'effarouchent pas devant la part de soi qui sombre.
lundi 18 mai 2015
Paula Hawkins - La Fille du train
Éditeur : Sonatine - Traduit de l'anglais par Corinne Daniellot - Date de parution : Mai 2015 - 379 pages et un avis mitigé...
Comme de nombreuses personnes, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller de sa banlieue à Londres et y revenir. Elle a ses habitudes, elle aime s'assoir dans le même wagon, à le même place et surtout son plaisir est lors d'un arrêt à un feu de signalisation de regarder une maison en contrebas de la voie ferrée où habite un couple. A force, elle leur a donné des prénoms Jason et Jess, leur a imaginé un travail, et surtout un bonheur parfait. Comme ce qu'elle vivait il y encore quelques années dans sa maison dans le même quartier. Mais voilà, Tom son ancien mari l'a quittée pour Anna. Ils habitent dans son ancienne maison avec leur bébé. Devenue sérieusement alcoolique, ayant perdu son travail (chose que sa colocataire ne sait pas), elle continue à faire comme si elle avait toujours son emploi. Mais un matin, Rachel voit Jess embrasser un autre homme et quelques jours plus tard, elle apprend que Jess qui se prénomme en réalité Megan a disparu.
A travers les trois voix des femmes, on découvre petit à petit certaines informations mais très peu. Et c'est principalement Rachel qui a la parole. Sauf qu'elle a eu tendance à m'agacer avec son comportement d'apitoiement assez pathétique et ses réflexions sur l'alcool "La vie devait être tellement plus simple pour les alcooliques jaloux avant les e-mails, les textos et les téléphones portables, avant l'ère de l'électronique et toutes les traces que cela laisse", comme ses maintes résolutions pour arrêter de boire et qu'elle ne tient pas. Rachel se sent obligée d'aider et de dire à la police ce qu'elle a vu. Mais ce n'est pas un témoin fiable, Anna a déjà porté plainte contre elle pour harcèlement car Rachel n'admet pas le bonheur de son ancien mari. Et quand Rachel boit, sa mémoire devient une passoire.
Comme dans tout thriller, l'auteure nous oriente sur des pistes qui on le devine ne sont pas les bonnes. Ce qui est intéressant c'est qu'au fil des pages, les masques de Megan et d'Anna tombent et que Rachel en mettant les pieds dans le plat à sa façon va se poser des questions. Je n'ai pas deviné qui était le coupable mais selon moi, la fin arrive un peu trop vite et est un peu trop vite "expédiée".
Un thriller avec des qualités mais aussi des défauts.
Les billets de Cathulu, Cunéipage et d'autres avis sur Babelio
Comme de nombreuses personnes, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller de sa banlieue à Londres et y revenir. Elle a ses habitudes, elle aime s'assoir dans le même wagon, à le même place et surtout son plaisir est lors d'un arrêt à un feu de signalisation de regarder une maison en contrebas de la voie ferrée où habite un couple. A force, elle leur a donné des prénoms Jason et Jess, leur a imaginé un travail, et surtout un bonheur parfait. Comme ce qu'elle vivait il y encore quelques années dans sa maison dans le même quartier. Mais voilà, Tom son ancien mari l'a quittée pour Anna. Ils habitent dans son ancienne maison avec leur bébé. Devenue sérieusement alcoolique, ayant perdu son travail (chose que sa colocataire ne sait pas), elle continue à faire comme si elle avait toujours son emploi. Mais un matin, Rachel voit Jess embrasser un autre homme et quelques jours plus tard, elle apprend que Jess qui se prénomme en réalité Megan a disparu.
A travers les trois voix des femmes, on découvre petit à petit certaines informations mais très peu. Et c'est principalement Rachel qui a la parole. Sauf qu'elle a eu tendance à m'agacer avec son comportement d'apitoiement assez pathétique et ses réflexions sur l'alcool "La vie devait être tellement plus simple pour les alcooliques jaloux avant les e-mails, les textos et les téléphones portables, avant l'ère de l'électronique et toutes les traces que cela laisse", comme ses maintes résolutions pour arrêter de boire et qu'elle ne tient pas. Rachel se sent obligée d'aider et de dire à la police ce qu'elle a vu. Mais ce n'est pas un témoin fiable, Anna a déjà porté plainte contre elle pour harcèlement car Rachel n'admet pas le bonheur de son ancien mari. Et quand Rachel boit, sa mémoire devient une passoire.
Comme dans tout thriller, l'auteure nous oriente sur des pistes qui on le devine ne sont pas les bonnes. Ce qui est intéressant c'est qu'au fil des pages, les masques de Megan et d'Anna tombent et que Rachel en mettant les pieds dans le plat à sa façon va se poser des questions. Je n'ai pas deviné qui était le coupable mais selon moi, la fin arrive un peu trop vite et est un peu trop vite "expédiée".
Un thriller avec des qualités mais aussi des défauts.
Les billets de Cathulu, Cunéipage et d'autres avis sur Babelio
samedi 16 mai 2015
Milena Busquets - Ca aussi, ça passera
Éditeur : Éditions Gallimard - Traduit de l'espagnol par Robert Amutio - Date de parution : Mai 2015 - 176 pages et des étincelles de bonheur dans les yeux de la première à la dernière page !
Blanca vient d'enterrer sa mère.Elle n'imaginait pas à quarante ans se retrouver orpheline. Tout le monde lui conseille de partir à Cadaquès et c'est ce qu'elle fait. Passer du temps cet été dans la maison familiale pour la première sans sa mère mais avec ses deux meilleures amis, ses deux garçons et ses deux ex-maris "une quantité normale, pour une personne de mon âge avec de la curiosité". Et Santi son amant marié sera présent également à Cadaquès avec son épouses et ses enfants pour des vacances. Femme libre par son éducation et par sa personnalité, idéaliste et un brin utopiste, Blanca malgré la présence de tout ce monde ne peut s'empêcher de ressentir de la peine (avec cette pudeur de ne pas le montrer) et de repenser à sa mère avec qui tout n'a pas été toujours simple. "Longtemps, la seule histoire d'amour qui m'a importé a été mon histoire d'amour avec toi".
Blanca aime la vie, l'amour et le sexe pour se sentir vivante et ne pas penser à la mort. La maison porte ses souvenirs d'une vie heureuse, son enfance, son adolescence ( "les premières cuites, les premières amours, les premières drogues"), puis la naissance de son premier fils. Et entourée de ceux et de celles qu'elle aime, les grandes tablées pour les repas, les sorties en bateau, les siestes, les conversations jusqu'à pas d'heure sont son quotidien. Désormais amputée de sa mère, toujours attirée par les hommes (et donc l'amour) avec en vue un nouvel amant, Blanca livre ses réflexions sur la vie, la mort et s'adresse à celle qui désormais n'est plus de ce monde.
L'écriture mêlant humour, tendresse et quelques touches d'ironie colle parfaitement à la personnalité de Blanca et on ressent une impression de grande sincérité et de simplicité dans les propos.
Un livre lumineux et plein de vie, atypique dont il se dégage des grandes bouffées d'amour, de bienveillance, de lucidité et un superbe portrait de femme. Les trois dernières pages m'ont serrée le cœur tant elles sont belles et poignantes.
Un roman qui m'a procurée des étincelles de bonheur dans les yeux de la première à la dernière page, des sourires et un arc-en-ciel d'émotions !
"La douleur et la tristesse passent, comme la joie et le bonheur".Je sais à présent que ce n'est vrai. Je vivrai sans toi jusqu'à ce je meure. Tu m'as donné le coup de foudre comme seule forme possible de tomber amoureuse (tu avais raison), l'amour de l'art, des livres, du musée, du ballet, la générosité absolue vis-à-vis de l'argent, les grands gestes aux bons moments, la rigueur dans les actes et dans les mots. L'absence totale de sentiment de culpabilité, la liberté, et la responsabilité qu'elle implique.
Les billets de Cathulu, Motspourmots
Blanca vient d'enterrer sa mère.Elle n'imaginait pas à quarante ans se retrouver orpheline. Tout le monde lui conseille de partir à Cadaquès et c'est ce qu'elle fait. Passer du temps cet été dans la maison familiale pour la première sans sa mère mais avec ses deux meilleures amis, ses deux garçons et ses deux ex-maris "une quantité normale, pour une personne de mon âge avec de la curiosité". Et Santi son amant marié sera présent également à Cadaquès avec son épouses et ses enfants pour des vacances. Femme libre par son éducation et par sa personnalité, idéaliste et un brin utopiste, Blanca malgré la présence de tout ce monde ne peut s'empêcher de ressentir de la peine (avec cette pudeur de ne pas le montrer) et de repenser à sa mère avec qui tout n'a pas été toujours simple. "Longtemps, la seule histoire d'amour qui m'a importé a été mon histoire d'amour avec toi".
Blanca aime la vie, l'amour et le sexe pour se sentir vivante et ne pas penser à la mort. La maison porte ses souvenirs d'une vie heureuse, son enfance, son adolescence ( "les premières cuites, les premières amours, les premières drogues"), puis la naissance de son premier fils. Et entourée de ceux et de celles qu'elle aime, les grandes tablées pour les repas, les sorties en bateau, les siestes, les conversations jusqu'à pas d'heure sont son quotidien. Désormais amputée de sa mère, toujours attirée par les hommes (et donc l'amour) avec en vue un nouvel amant, Blanca livre ses réflexions sur la vie, la mort et s'adresse à celle qui désormais n'est plus de ce monde.
L'écriture mêlant humour, tendresse et quelques touches d'ironie colle parfaitement à la personnalité de Blanca et on ressent une impression de grande sincérité et de simplicité dans les propos.
Un livre lumineux et plein de vie, atypique dont il se dégage des grandes bouffées d'amour, de bienveillance, de lucidité et un superbe portrait de femme. Les trois dernières pages m'ont serrée le cœur tant elles sont belles et poignantes.
Un roman qui m'a procurée des étincelles de bonheur dans les yeux de la première à la dernière page, des sourires et un arc-en-ciel d'émotions !
"La douleur et la tristesse passent, comme la joie et le bonheur".Je sais à présent que ce n'est vrai. Je vivrai sans toi jusqu'à ce je meure. Tu m'as donné le coup de foudre comme seule forme possible de tomber amoureuse (tu avais raison), l'amour de l'art, des livres, du musée, du ballet, la générosité absolue vis-à-vis de l'argent, les grands gestes aux bons moments, la rigueur dans les actes et dans les mots. L'absence totale de sentiment de culpabilité, la liberté, et la responsabilité qu'elle implique.
Les billets de Cathulu, Motspourmots
vendredi 15 mai 2015
Daria Bignardi - Accords parfaits
Éditeur : Les Escales- Traduit de l'ilalien par Anaïs Bokobza - Date de parution : Octobre 2014 - 231 pages subtiles et remplies de finesse !
Arno et Sara se sont connus à l'adolescence avec un flirt qui n' avait pas duré à l'époque. Mais Arno n'a jamais pu oublier Sara. Seize ans plus tard, ils se retrouvent par hasard à Milan. Ils sont mariés depuis treize ans et ont trois enfants. Le bonheur parfait en apparence. Mais quatre jours avant Noël, Sara disparaît et laisse un mot à Arno. Elle a besoin de partir un peu. Arno croit à un blague de sa part même s'il a remarqué ce que ces derniers temps, Sara semble fuyante et différente. Campé dans son habit de mari modèle, ce violoncelliste à la Scala pense et est certain que Sara reviendra. En attendant, il découvre l'organisation menée par Sarah pour les enfants. Ces derniers s'adaptent la situation et leur fille aînée n'est pas étonnée du départ de leur mère.
Quatre mois plus tard, Arno se lance dans la quête de retrouver sa femme à travers l'Italie. Il cherche les amis de sa jeunesse, tente de mette à plat le patchwork et découvre que celle qui partage sa vie n'est pas celle qu'il croyait. Il est forcé d'ouvrir les yeux sur Sarah mais sur lui également, sur leur couple, sur ce que lui appelait le bonheur.
Avec subtilité et finesse, Daria Bignardi nous interroge sur le couple mais aussi l'amitié. Et la fin est tout simplement touchante, sans pathos ou mièvrerie.
C'est une blague. Les premières années tu m'en faisais, et des drôles. Pourtant le 21 décembre, quatre jours avant Noël, avec tout ce qu'il y a faire avant notre départ après-demain, ne me semble pas le moment approprié pour les blagues. D'ailleurs celle-ci ne fait pas rire. Je t'appelle.(...). Dans un petit moment je t'appellerai au bureau et je ferai semblant d'avoir trouvé ta blague amusante. Maintenant, je réveille tout le monde et je vais prendre une douche. Quelle barbe de devoir se presser, quelle blague idiote, Sarah, à quarante-trois ans, quelques jours avant Noël, tu es vraiment une gamine, quand grandiras-tu ?
Le billet de Kathel qui m'a donné envie de lire ce roman.
Arno et Sara se sont connus à l'adolescence avec un flirt qui n' avait pas duré à l'époque. Mais Arno n'a jamais pu oublier Sara. Seize ans plus tard, ils se retrouvent par hasard à Milan. Ils sont mariés depuis treize ans et ont trois enfants. Le bonheur parfait en apparence. Mais quatre jours avant Noël, Sara disparaît et laisse un mot à Arno. Elle a besoin de partir un peu. Arno croit à un blague de sa part même s'il a remarqué ce que ces derniers temps, Sara semble fuyante et différente. Campé dans son habit de mari modèle, ce violoncelliste à la Scala pense et est certain que Sara reviendra. En attendant, il découvre l'organisation menée par Sarah pour les enfants. Ces derniers s'adaptent la situation et leur fille aînée n'est pas étonnée du départ de leur mère.
Quatre mois plus tard, Arno se lance dans la quête de retrouver sa femme à travers l'Italie. Il cherche les amis de sa jeunesse, tente de mette à plat le patchwork et découvre que celle qui partage sa vie n'est pas celle qu'il croyait. Il est forcé d'ouvrir les yeux sur Sarah mais sur lui également, sur leur couple, sur ce que lui appelait le bonheur.
Avec subtilité et finesse, Daria Bignardi nous interroge sur le couple mais aussi l'amitié. Et la fin est tout simplement touchante, sans pathos ou mièvrerie.
C'est une blague. Les premières années tu m'en faisais, et des drôles. Pourtant le 21 décembre, quatre jours avant Noël, avec tout ce qu'il y a faire avant notre départ après-demain, ne me semble pas le moment approprié pour les blagues. D'ailleurs celle-ci ne fait pas rire. Je t'appelle.(...). Dans un petit moment je t'appellerai au bureau et je ferai semblant d'avoir trouvé ta blague amusante. Maintenant, je réveille tout le monde et je vais prendre une douche. Quelle barbe de devoir se presser, quelle blague idiote, Sarah, à quarante-trois ans, quelques jours avant Noël, tu es vraiment une gamine, quand grandiras-tu ?
Le billet de Kathel qui m'a donné envie de lire ce roman.
jeudi 14 mai 2015
Denis Thiérault - Le facteur émotif
Éditeur : Anne Carriere - Date de parution : Avril 2015 - 173 pages sensibles et délicates...
Un facteur qui pour tromper l'ennui pioche dans la marée de prospectus une lettre à distribuer, l'ouvre et le lendemain la remet à son destinataire. Voilà comment Bilodo à peine trentenaire s'insinue de façon cachée dans le correspondance entre Ségolène et Gaston Grandpré. Tous deux s'écrivent des haïkus. Mais quand Gaston Grandpré meurt devant lui suite à un accident, Bilodo décide de poursuivre la correspondance avec Ségolène en se mettant dans la peau de Gaston Grandpré.
J'étais un peu réticente vu l'idée de départ déjà exploitée (celle du facteur qui lit les courriers des autres) et je me suis lancée dans cette lecture en étant intriguée car ce livre a été récompensé par le prix littéraire Canada-Japon en 2006. Et comme je suis plutôt hermétique à la poésie, rien n'était gagné d'avance.
Mais, au fil des pages cette fable a su m'intéresser peut-être aussi parce qu'on y a apprend l'histoire et l'écriture du haïku, et que je voulais savoir comment notre imposteur allait s'en sortir. Car les échanges entre notre facteur et Ségolène la guadeloupéenne prennent le chemin de l'amour. La fin est surprenante et tout à fait réussie !
Un livre dont il se dégage beaucoup de délicatesse, une forme de tranquillité et un charme qui sait nous envelopper ! A découvrir!
mercredi 13 mai 2015
Meg Wolitzer - Les Intéressants
Éditeur : Rue fromentin - Traduit de l'anglais (Américain) par Jean Esch- Date de parution : Avril 2015 - 564 pages creusées et dévorées!
Les années 1970, Julie âgée de seize ans passe une partie de son été dans une colonie de vacances à Spirit-in-the-wood. Elle rencontre cinq autres autres adolescents qui y viennent régulièrement et qui sont tous "quelqu'un". Jonah est le fils d’une célèbre chanteuse folk, Ash et son frère Goodman sont issus d'une famille aisée, Cathy poursuit son rêve de devenir danseuse, Ethan est un petit génie du dessin et passionné par les films d'animation. A côté d'eux, Julie est une fille banale issue de la classe moyenne dont le père est est décédé il y a quelque mois. Mais les autres l'acceptent et la voici rebaptisée Jules, les six adolescents se surnomment "les intéressants" persuadés que l'avenir fera d'eux des personnes singulières. Et si on se promet de rester amis toute la vie, à la fin du camp Jules pense que tout le monde l'oubliera. Mais Ash l'appelle très souvent et elle a des nouvelles régulièrement d'Ethan.
Pendant près de quarante ans, à travers le regard de Jules non seulement on suit la vie de chacun mais aussi l'évolution de la société américaine. Amie avec Ash, Jules est toujours prête à rendre service mais elle ne peut s'empêcher de ressentir une certaine jalousie car les autres sont à ses yeux des personnes favorisées soit par un don soit par leur famille. Jules suit des cours de théâtre et s'imagine comédienne. Mais elle abandonnera quand une prof lui balancera qu'elle n'a aucun talent. Jonah doué pour la musique abandonnera ce chemin pour des raisons qui font froid dans le dos. Et quand Cathy portera plainte pour viol contre Goodman, celui-ci disparaîtra à la veille de son procès. Ethan et Ash se marieront. Ethan deviendra célèbre et riche grâce à son travail. Jules s'orientera vers la psychothérapie mais l'argent ne coulera pas à flots dans son foyer.
Et pour connaître ce qu'il adviendra de chacun, il faut lire ce roman !
Sans temps mort, ce livre est rempli de réflexions très justes sur l'amitié, l'amour, le couple, la famille, les idéaux auxquels on aimerait rester fidèle, les remises en question, les imprévus de la vie, la place de l'argent, sur ce que l'on nomme réussir sa vie et le bien-être.
Meg Wolitzer creuse les personnalités de chacun avec psychologie et l'on ressent de vraies émotions ! Un roman dévoré avec des personnages attachants (et une mention spéciale pour Jules qui m'a conquise)!
C'était une époque de la vie, comprenait-elle, où on ne pouvait pas savoir qui on était, peu importe. On ne jugeait pas les gens à leur réussite - ils ne connaissaient presque personne qui avait réussi à vingt-deux ans, personne n'habitait dans un bel appartement, ne possédait des choses de valeur, ne portait des vêtements chers et ne cherchait à gagner de l'argent-, mais à leur charme. La période qui allait, grosso modo, de vingt à trente ans était souvent extraordinairement fertile. Un formidable travail pouvait être accompli durant cette tranche temporelle de dix ans. A peine sortis de l'universités, ils se préparaient, ils étaient ambitieux, pas de manière calculatrice, ils étaient simplement enthousiastes, pas encore fatigués.
Les années 1970, Julie âgée de seize ans passe une partie de son été dans une colonie de vacances à Spirit-in-the-wood. Elle rencontre cinq autres autres adolescents qui y viennent régulièrement et qui sont tous "quelqu'un". Jonah est le fils d’une célèbre chanteuse folk, Ash et son frère Goodman sont issus d'une famille aisée, Cathy poursuit son rêve de devenir danseuse, Ethan est un petit génie du dessin et passionné par les films d'animation. A côté d'eux, Julie est une fille banale issue de la classe moyenne dont le père est est décédé il y a quelque mois. Mais les autres l'acceptent et la voici rebaptisée Jules, les six adolescents se surnomment "les intéressants" persuadés que l'avenir fera d'eux des personnes singulières. Et si on se promet de rester amis toute la vie, à la fin du camp Jules pense que tout le monde l'oubliera. Mais Ash l'appelle très souvent et elle a des nouvelles régulièrement d'Ethan.
Pendant près de quarante ans, à travers le regard de Jules non seulement on suit la vie de chacun mais aussi l'évolution de la société américaine. Amie avec Ash, Jules est toujours prête à rendre service mais elle ne peut s'empêcher de ressentir une certaine jalousie car les autres sont à ses yeux des personnes favorisées soit par un don soit par leur famille. Jules suit des cours de théâtre et s'imagine comédienne. Mais elle abandonnera quand une prof lui balancera qu'elle n'a aucun talent. Jonah doué pour la musique abandonnera ce chemin pour des raisons qui font froid dans le dos. Et quand Cathy portera plainte pour viol contre Goodman, celui-ci disparaîtra à la veille de son procès. Ethan et Ash se marieront. Ethan deviendra célèbre et riche grâce à son travail. Jules s'orientera vers la psychothérapie mais l'argent ne coulera pas à flots dans son foyer.
Et pour connaître ce qu'il adviendra de chacun, il faut lire ce roman !
Sans temps mort, ce livre est rempli de réflexions très justes sur l'amitié, l'amour, le couple, la famille, les idéaux auxquels on aimerait rester fidèle, les remises en question, les imprévus de la vie, la place de l'argent, sur ce que l'on nomme réussir sa vie et le bien-être.
Meg Wolitzer creuse les personnalités de chacun avec psychologie et l'on ressent de vraies émotions ! Un roman dévoré avec des personnages attachants (et une mention spéciale pour Jules qui m'a conquise)!
C'était une époque de la vie, comprenait-elle, où on ne pouvait pas savoir qui on était, peu importe. On ne jugeait pas les gens à leur réussite - ils ne connaissaient presque personne qui avait réussi à vingt-deux ans, personne n'habitait dans un bel appartement, ne possédait des choses de valeur, ne portait des vêtements chers et ne cherchait à gagner de l'argent-, mais à leur charme. La période qui allait, grosso modo, de vingt à trente ans était souvent extraordinairement fertile. Un formidable travail pouvait être accompli durant cette tranche temporelle de dix ans. A peine sortis de l'universités, ils se préparaient, ils étaient ambitieux, pas de manière calculatrice, ils étaient simplement enthousiastes, pas encore fatigués.
samedi 2 mai 2015
Pause en Italie
Aujourd'hui, nous préparons nos valises , remplissons le frigo car demain matin nous partons avec mon mari tous les deux (sans les fifilles) en Italie pour 10 jours. Au programme : Rome et Naples !
Je suis plus qu'impatiente !
Soyez sages avec toujours un soupçon de folie, rêvez, lisez, vivez et amusez-vous bien !
Je vous dis donc au 14 mai.
Je suis plus qu'impatiente !
Soyez sages avec toujours un soupçon de folie, rêvez, lisez, vivez et amusez-vous bien !
Je vous dis donc au 14 mai.
vendredi 1 mai 2015
Régine Detambel - Le chaste monde
Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Avril 2015 - 268 pages enivrantes !
Fin du 18ème siècle, Axel von Kemp ne rêve que de quitter la château familial en Allemagne et de découvrir le monde. Agé de vingt ans, épris de botanique, il cumule les conquêtes masculines. Sa mère et son frère considèrent évidemment d'un très mauvais œil ses penchants sexuels. Mais Axel a soif de liberté et soif d'ailleurs. Il rêve d'endroits inconnus, d'expéditions à travers les océans.
Cet ami de Goethe rencontre Lottie une jeune femme juive mariée très jeune, un brin fantasque et libertaire. Très vite, ils deviennent inséparables liés par une compréhension mutuelle et par un engouement de vivre. Quand Axel obtient tous les papiers nécessaires, ils partent tous les deux d'Allemagne. Muni de tous les appareils de mesure et des herbiers d'Axel, ils arrivent en Amérique du Sud. De l’Orénoque à la Cordillère des Andes, il s'épanouissent au contact d'autres civilisations et des découverts d'Axel. Il sont insatiables, curieux et avides.
Dès les premières pages, on est enivré, grisé !
La profusion, les passions sont portées par un rythme endiablé où l'écriture de Régine Detambel allie le classique et l'espièglerie. Elle nous dépeint la société allemande avec les bourgeois, l'élite intellectuelle, les scientifiques et les philosophe. Une société corsetée avec ses principes bien ancrés. Et en parallèle, Axel et Lottie représentent l'inverse : la liberté, pas de contraintes ou d'interdits, l'enrichissement personnel et existentiel.
Je le redis mais ce roman est vraiment enivrant et passionnant ! On sent que l'auteure a pris un réel plaisir à écrire ce livre. Ca pétille, c'est relevé et foisonnant.
Au hasard des pages :
Les hommes autour de Lottie se partagent en trois catégories : les rêveurs dépressifs (Axel), les ronds de cuir ternes (Wilhelm), les jouisseur cyniques (Marcus). L'histoire de Lottie Feld est donc celle d'une femme coincée qui déploie des efforts de plus en plus dérisoires pour vivre une vie qu'elle méprise et prend la décision conséquente d'y mettre fin, d'une manière ou d'une autre. Il est tout à fait possible que pour une juive berlinoise né en 1771, l'idée de traverser l'Atlantique avec un homosexuel ait été une forme très élaborée de suicide.
Une semaine plus tard, quittant Berlin en cachette et de nuit, Lottie a laissé un mot au crayon, adressé à Marcus Feld : Si j'avais plusieurs vies, je vous en consacrerais une, mais je n'ai qu'une vie.
Un conseil de lecture de Delphine (Dialogues forever).
Lu de cette auteure : Opéra sérieux - Son corps extrême
Fin du 18ème siècle, Axel von Kemp ne rêve que de quitter la château familial en Allemagne et de découvrir le monde. Agé de vingt ans, épris de botanique, il cumule les conquêtes masculines. Sa mère et son frère considèrent évidemment d'un très mauvais œil ses penchants sexuels. Mais Axel a soif de liberté et soif d'ailleurs. Il rêve d'endroits inconnus, d'expéditions à travers les océans.
Cet ami de Goethe rencontre Lottie une jeune femme juive mariée très jeune, un brin fantasque et libertaire. Très vite, ils deviennent inséparables liés par une compréhension mutuelle et par un engouement de vivre. Quand Axel obtient tous les papiers nécessaires, ils partent tous les deux d'Allemagne. Muni de tous les appareils de mesure et des herbiers d'Axel, ils arrivent en Amérique du Sud. De l’Orénoque à la Cordillère des Andes, il s'épanouissent au contact d'autres civilisations et des découverts d'Axel. Il sont insatiables, curieux et avides.
Dès les premières pages, on est enivré, grisé !
La profusion, les passions sont portées par un rythme endiablé où l'écriture de Régine Detambel allie le classique et l'espièglerie. Elle nous dépeint la société allemande avec les bourgeois, l'élite intellectuelle, les scientifiques et les philosophe. Une société corsetée avec ses principes bien ancrés. Et en parallèle, Axel et Lottie représentent l'inverse : la liberté, pas de contraintes ou d'interdits, l'enrichissement personnel et existentiel.
Je le redis mais ce roman est vraiment enivrant et passionnant ! On sent que l'auteure a pris un réel plaisir à écrire ce livre. Ca pétille, c'est relevé et foisonnant.
Au hasard des pages :
Les hommes autour de Lottie se partagent en trois catégories : les rêveurs dépressifs (Axel), les ronds de cuir ternes (Wilhelm), les jouisseur cyniques (Marcus). L'histoire de Lottie Feld est donc celle d'une femme coincée qui déploie des efforts de plus en plus dérisoires pour vivre une vie qu'elle méprise et prend la décision conséquente d'y mettre fin, d'une manière ou d'une autre. Il est tout à fait possible que pour une juive berlinoise né en 1771, l'idée de traverser l'Atlantique avec un homosexuel ait été une forme très élaborée de suicide.
Une semaine plus tard, quittant Berlin en cachette et de nuit, Lottie a laissé un mot au crayon, adressé à Marcus Feld : Si j'avais plusieurs vies, je vous en consacrerais une, mais je n'ai qu'une vie.
Un conseil de lecture de Delphine (Dialogues forever).
Lu de cette auteure : Opéra sérieux - Son corps extrême
Inscription à :
Articles (Atom)