Allez un peu d'écriture chez
Gwen.
Les mots à placer sont : écaille
– morue – chaloupe(r) – glace – anémone – filet
– étoile de mer – queue de poisson – rouge – merlan
– balise – fish and chips…
Quand la vieille Macleod se rendit auprès de Kate pour l’aider à accoucher, elle trouva son mari Tom qui répétait tout haut « Faites que ça soit un fils ».
-Tom , je crois que le Seigneur vous a entendu. Vous avez un garçon ! Et il frétille, un vrai poisson !
Tom embrassa sa femme et ses enfants et alla payer sa tournée au pub. Dans ce village flanqué entre la mer et les landes, les hommes pratiquaient la pêche de génération en génération. Pour Tom, l’avenir était tracé. Il enseignerait à Tommy les techniques, lui révélerait les coins où l’on trouve des merlans et des morues. Tommy en grandissant ne montrait aucune envie pour la pêche et préférait de loin la compagnie de sa mère. A l’âge où les autre garçons s’amusaient à repêcher des étoiles de mer sur les galets ou à jouer avec les anémones, Tommy observait attentivement comment sa mère reprisait les vêtements et en confectionnait d’autres. Ses doigts glissaient sur le tissu, son habileté était si grande que rapidement elle put dégager un petit complément de salaire avec ses commandes. Un jour où la mer s’écrasait contres les rochers avec rage, Tom lorgnait sur son fils qui jouait avec ses sœurs.
-Fiston, viens ici. Tu vois la balise rouge là-bas ? C’est là que pour la première fois mon père m’a amené avec lui et avant c'était son père qui l'avait amené. Dès que la mer sera calme, tu viendras avec moi, d’accord ?
Tommy hocha la tête pour ne pas blesser son père.
-Et va aider ta mère à écailler le poisson, un homme sur un bateau doit savoir tout faire : vider les entrailles ou démêler un filet.
A ces mots, Tommy eut la nausée mais n’osa pas le contrarier car son père était capable d’entrer dans des colères terribles surtout quand il s’était arrêté au pub. Les mois où le salaire de Kate les aidait à joindre les deux bouts étaient de nombreux. Tom était blessé dans sa fierté. Il était temps que Tommy puisse venir travailler avec lui. Deux mois plus tard, il fit ses premiers pas aux cotés de son père. Il chaloupait à chaque coup de vent, une vague lui dit perdre l’équilibre et il renversa un seau rempli de queux de poissons.
-Bon dieu, Tommy, tu ne pouvais pas faire attention, c’était pour le patron du Fish and chips !C’est toi qui va me payer peut-être ? Si tu passais moins de temps dans les jupes de ta mère, tu ne serais pas aussi madadroit qu’un gosse de six ans !
Lorsqu’ils rentrèrent, Tom déposa son fils et partit se saouler. Kate avait compris que Tommy était différent des autres. A de nombreuses reprises, elle avait surpris le reflet de sa silhouette dans la glace de sa chambre. Il aimait toucher les tissus, détailler les coutures des vêtements.
A l’âge de dix-sept ans, après une énième dispute avec son père, Tommy partit pour la ville. Seule sa mère était au courant. Dans son sac, elle avait déposé quelques billets et lui avait souhaité bonne chance. Tom se mit à boire plus souvent tandis que Tommy travaillait dans un atelier de couture. Le soir, il couchait sur papier les modèles qui lui venaient à l’esprit. Audacieux, il présenta quelques uns de ses croquis à son employeur qui les trouva de mauvais goût. Il ne découragea pas et trois ans plus tard, il était reconnu pour son talent. Ces modèles devinrent la coqueluche de ces dames tandis que son père encaissait les railleries. Quand Tommy invita ses parents à la ville, seule sa mère vint. Il sut que jamais son père ne lui pardonnerait. Au même moment, Tom trouva dans une vieille vareuse tous les articles de journaux qui étaient consacrés à son fils. Avec fureur, il les réduisit en miette. Lorsque Kate rentra le lendemain soir, elle ne trouva ni Tom ni son bateau. Quelques heures passèrent, la mer rendit son corps comme si elle-même n’en voulait pas.