Éditeur : Gallimard - Date de parution : Février 2014 - 237 pages et une auteure à découvrir !
Alors que téléspectateurs français découvrent le nouveau feuilleton américain Santa Barbara, on pourrait penser que monsieur Loriot ce retraité de la SNCF qui aime la science s'en moquerait. Que nenni car il est fasciné par l'Amérique, ce pays qui est toujours en avance où toutes les nouvelles technologies naissent. Une fois par an, lui et sa femme Yvonne (qui n'a pas son mot à dire) s'y rendent en vacances où le voyage est "calculé au centime près". Le reste du temps, il trie et organise ses fiches (gardées soigneusement au fil des années car on ne jette rien) sur lesquelles il note tout. Il bricole dans son garage, s'époumone si son gigot du dimanche n'est pas accompagné d'haricots verts.
Raymond Loriot est un homme qui a organisé sa vie. Il a malaxé celle de sa femme pour qu'elle soit soumise (d'ailleurs, il l'avait épousé sans amour). Et forcément, il a travaillé dur pour "élever" ses trois filles.
Mais sa descendance n'a pas réussi au sens où il l'entend. Pire, une de ses filles a osé lui présenter un homme noir il y a trois ans. Un clash pour lui ("moi vivant, il n'en sera même pas question") suivi d'une lettre à sa fille Juliette où il a dépassé toutes les limites. Depuis, Juliette ne voit plus ses parents et sa mère parle à mots couverts d'elle à cause des commérages qui pourraient en découler.
Despote, même ses trois petites-filles subissent sa tyrannie. A Châteauroux, il règne en maître sur sa maisonnée, use de calembours quelquefois douteux et s'enflamme contre les socialistes.
L'erreur serait d'imaginer penser que ce roman va tomber dans la succession de les clichés. Car monsieur Loriot disparaît brusquement et à partir de cet événement, l'auteure nous entraîne sur un autre terrain. Le ton piquant change de registre mais il reste toujours alerte. Qui est vraiment Raymond Loriot? A t-il été toujours cet homme si antipathique?
Dans ce qui aurait pu n'être qu'une comédie sur le moeurs de la petite bourgeoisie provinciale dans les années 80 et le portrait d'une famille, Clélia Anfray nous parle d'amour, d'acte de bravoure, du poids et de l'héritage familial, des carcans, de la folie d'une vie rêvée que l'on aimerait pouvoir s'accorder.
On découvre un Raymond Loriot sans sa carapace, mis à nu et confronté à un réalité inattendue.
Un roman surprenant à plus d'un titre !
Jeanette l'observa encore. Cet homme ruinait tout sur son passage et se desiderata faisaient si bien plier son entourage que chacun à sa manière, par son silence ou sa soumission, lui donnait finalement raison.
L'hypothèse même que l'erreur pût venir de lui ne l'effleurait pas. Monsieur Loriot ne se trompait jamais. Et s'il avait eu à l'admettre, le sol se serait dérobé sous lui, non pas tant parce qu'il aurait commis une erreur - même cela, dans le monde de Loriot, faisait partie des possibles - que parce cette erreur si manifeste, si éloquente, si significative l'aurait fait douter de lui-même et de ses intentions, celles de cacher à tous un projet qu'il trahissait là au grand jour.
7 commentaires:
Mais tu aurais dû dire tout de suite que ça se passait à Châteauroux! ^_^
Un billet intriguant...
Une histoire qui pique ma curiosité de bon matin !
c'est vrai que ton billet est intriguant! :-)
par contre j'avais détesté son roman précédent "le coursier de Valenciennes"...
@ Keisha : oui je ne veux pas en dire de trop !
@ Moka : eheh :)
@ Eva Sherlev : ce deuxième roman est réussi!
Je suis curieuse de savoir qui était au fond cet homme si despote en apparence!
A te lire, je ne peux que noter ce titre et cette auteure
@ Mango : il faut le lire :)
@ Yv : un roman passé inaperçu et c'est dommage !
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