Editeur : Stock - Date de parution : Août 2016 - 538 pages et une lecture manquée.
Thomas et Camille la quarantaine, parents de deux enfants, sont un couple en pleine ascension professionnelle et aux emplois du temps bien chargés. En pleine nuit, Thomas reçoit un appel. Camille a eu un accident de voiture ce vendredi soir quelque part en Normandie sur une route où elle n’aurait pas dû se trouver.
Pour Thomas, une foule d’interrogation se bousculent : que dire aux enfants ? Que faisait Camille ? Comment l’accident s’est produit? Aux enfants, il ment d’abord expliquant un déplacement plus long que prévu pour Camille. Il savait que Camille travaillait sur des dossiers dits sensibles et si l’accident n’était pas fortuit ? Et si Camille le trompait ? Thomas avance dans le brouillard.
Après le décès de Camille, il retourne souvent avec les enfants dans les Pyrénées où son frère aîné Jean a repris la suite de leur père à la bergerie. Sous ses apparences de taiseux, Jean le pousse à remettre en question beaucoup de points : sa conception de logiciels de surveillance de personnes, sa vie centrée sur son travail. Leur sœur Pauline travaille au Cameroun dans un dispensaire. Si Jean a des nouvelles régulièrement de leur soeur, Thomas lui s’est laissé prendre par le quotidien de sa propre vie depuis bien des années.
On va le suivre de la banlieue parisienne aux Pyrénées et au Cameroun où il rendra enfin visite à sa sœur. Je pourrais en dire plus sur l’histoire mais l’enthousiasme n’y est pas. Le style de Luc Lang ne m’a pas plu , je n'ai pas été du tout réceptive à l'écriture et puis il y a eu des petites choses qui m’ont dérangée. D’abord cette impression de remplissage quand Thomas cherche par tous les moyens à savoir si le logiciel de la voiture de Camille n’a pas été trafiqué ou les trop longues scènes concernant son travail. Je me suis inconsciemment focalisée sur ces points. Le coup fatal (et final) a été le secret de famille. Pourtant, j’ai aimé les descriptions de la vie camerounaise et le décalage éprouvé par Thomas. Si je n’ai pas eu toutes les réponses aux questions que Thomas se pose initialement, ça ne m’a pas dérangé outre mesure.
Mais j’ai vraiment peiné dans cette lecture sous forme de quête pour Thomas et je suis complètement passée à côté, je pense, au vu de tous les avis élogieux.
lundi 31 octobre 2016
vendredi 28 octobre 2016
Jean-Paul Dubois - La succession
Éditeur : Éditions de L'Olivier - Date de parution : Août 2016 - 240 pages qui m'ont touchée, émue.
Après des études de médecine suivies sans grande conviction comme son père, la narrateur Paul Katrakilis a quitté la France pour Miami. Il s’adonne sa passion la pelote basque et en vit modestement. Seul son père médecin est encore vivant et il n’a aucun contact avec lui. Que penser d’un père qui se prépare un déjeuner comme si de rien n’était après le suicide de son épouse le jour–même ? Car dans sa famille, son grand-père, son oncle (le frère de sa mère qui vivaient avec eux) et sa mère, tous ont choisi de donner la mort. Et quand son père agit de même, Paul est obligé de revenir en France pour régler la succession. "De la mi-novembre 1983 au 20 décembre 1987, je fus donc un homme profondément heureux, comblé en toutes choses et vivant modestement des revenus du seul métier que j’aie jamais rêvé d’exercer depuis mon enfance : pelotari."
Si par succession, on associe la transmission de biens matériels après le décès d’un personne. Ici ce mot prend une dimension supplémentaire. Bien sur, il y a la maison dans laquelle son père avait son cabinet médical et où les chambres de chacun sont restées telles qu’elles depuis des années. De quoi faire remonter le souvenirs. Le grand-père et son bocal où un lamelle du soi-disant cerveau de Staline flotte dans du formol, celle de sa mère si proche de son frère (qu’ils auraient pu former un vieux couple), son oncle si réservé mais expansif dès qu’ils se rendaient sur la côte Basque. Dans le cabinet médical de son père, il trouve deux carnets noirs. Alors qu'il croyait son père asocial, il découvre un aspect méconnu de sa personnalité. Il se décide à reprendre la suite de son père.
Il m’aura fallu un certain temps pour rentrer dans ce livre. Mais à partir de la découverte des carnets l’histoire m’a vraiment plus intéressée. Et c’est à partir de ce moment que je me suis attachée à Paul, à cet homme qui n'a pas de mode d'emploi de la vie et donc incapable d'approcher la bonheur. Alors la fin très glaçante m’a plus que serrée le coeur.
Ce roman sur le sens du bonheur, sur la transmission et sur la mort (de plusieurs sortes) est mélancolique mais il comporte de l’humanité sans jamais être larmoyant car l’auteur use d’un humour absurde et les personnages décalés qui entourent Paul permettent d’apporter quelques notes plus légères. Mais de là à apprécier les (trop) nombreuses descriptions sur la pelote basque, non.
Je découvre cet auteur avec ce titre et ça ne sera pas le dernier. Touchée et émue.
Le plus étrange, c’est que la mort traversa à plusieurs reprises notre maison et les survivants s’en aperçurent à peine, la regardant passer comme une vague femme de ménage.
Les billets de Delphine, Violette
jeudi 27 octobre 2016
Gerard Donovan - Une famille passagère
Éditeur : Seuil - Traduit de l'anglais par George-Michel Sarotte - Date de parution : Septembre 2016 - 191 pages à découvrir !
Septembre 1938, dans la station balnéaire de Margate, la narratrice profite qu’un landau soit resté sans surveillance à une fête foraine pour le prendre avec le bébé à l’intérieur. Elle laisse le landau et part avec l’enfant dans sa voiture une Austin Ruby (une voiture très courante à l’époque).
Au fil des pages, des éléments apparaissent : l’acte a été soigneusement prémédité et on apprend quelques informations sur la narratrice. Elle vit pour ainsi dire dans sa voiture et possède avec elle tout ce qu’elle a. Après une première nuit passée dans un hôtel avec l’enfant, le lendemain et les jours suivants la voiture sert pour dormir, manger alors qu’elle va d’une station balnéaire à une autre. Elle a décidé que l'enfant était à elle et qu’il s’appelait Albert.
Si la narratrice fait preuve par moments de lucidité, elle nous livre aussi ses réflexions, ses pensées sur la famille où une certaine folie apparaît, ses rêves illusoires. Elle veut tenter d’être une mère, elle pense et qu’elle est apte à le faire. Le personnage de cette femme est froid et inquiétant. Et quand l’enfant tombe malade, elle semble prendre conscience que l'élever va la priver de ses plaisirs égoïstes peu nombreux.
Gerard Donovan installe une ambiance très particulière, très troublante. On a vraiment l’impression d’être dans ses stations balnéaires d’avant-guerre de l’Angleterre qui se vident des touristes avec un côté désuet et on ne peut s’empêcher d’éprouver une angoisse grandissante. L'écriture est très précise mais aussi empreinte d'une poésie et permet d'accentuer l'ambiance. J'ai tout aimé !
Une famille se compose d'un mari, d'une épouse, d'une maison et d'un enfant. Je pouvais déjà me considérer comme une des composantes ; il manquait les trois autres.
Mais il paraît que les yeux restent identiques durant toute la vie : les yeux qui sont témoins de l'enfance le sont également de la vieillesse. Le même cœur bat comme avant la naissance. Je n'avais rien manqué. En fait, lorsque j'y pensais, seules quelques années et quelques expériences nous séparaient, cet enfant et moi, voire la même expérience répétée au cours de nombreuses années. Albert ne devait pas se faire du souci à propos du degré d'intimité que nous allions atteindre avec le temps.
Le billet de Cathulu
Septembre 1938, dans la station balnéaire de Margate, la narratrice profite qu’un landau soit resté sans surveillance à une fête foraine pour le prendre avec le bébé à l’intérieur. Elle laisse le landau et part avec l’enfant dans sa voiture une Austin Ruby (une voiture très courante à l’époque).
Au fil des pages, des éléments apparaissent : l’acte a été soigneusement prémédité et on apprend quelques informations sur la narratrice. Elle vit pour ainsi dire dans sa voiture et possède avec elle tout ce qu’elle a. Après une première nuit passée dans un hôtel avec l’enfant, le lendemain et les jours suivants la voiture sert pour dormir, manger alors qu’elle va d’une station balnéaire à une autre. Elle a décidé que l'enfant était à elle et qu’il s’appelait Albert.
Si la narratrice fait preuve par moments de lucidité, elle nous livre aussi ses réflexions, ses pensées sur la famille où une certaine folie apparaît, ses rêves illusoires. Elle veut tenter d’être une mère, elle pense et qu’elle est apte à le faire. Le personnage de cette femme est froid et inquiétant. Et quand l’enfant tombe malade, elle semble prendre conscience que l'élever va la priver de ses plaisirs égoïstes peu nombreux.
Gerard Donovan installe une ambiance très particulière, très troublante. On a vraiment l’impression d’être dans ses stations balnéaires d’avant-guerre de l’Angleterre qui se vident des touristes avec un côté désuet et on ne peut s’empêcher d’éprouver une angoisse grandissante. L'écriture est très précise mais aussi empreinte d'une poésie et permet d'accentuer l'ambiance. J'ai tout aimé !
Une famille se compose d'un mari, d'une épouse, d'une maison et d'un enfant. Je pouvais déjà me considérer comme une des composantes ; il manquait les trois autres.
Mais il paraît que les yeux restent identiques durant toute la vie : les yeux qui sont témoins de l'enfance le sont également de la vieillesse. Le même cœur bat comme avant la naissance. Je n'avais rien manqué. En fait, lorsque j'y pensais, seules quelques années et quelques expériences nous séparaient, cet enfant et moi, voire la même expérience répétée au cours de nombreuses années. Albert ne devait pas se faire du souci à propos du degré d'intimité que nous allions atteindre avec le temps.
Le billet de Cathulu
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