mercredi 14 novembre 2018
Sinan Antoon - Seul le grenadier
Editeur : Actes Sud - Date de parution : Février 2017 - Traduit de l'arabe (Irak) par Leyla Mansour - 320 pages à lire.
A Bagdad, le père de Jawad est laveur de corps, il prépare les défunts pour leur dernière demeure. Dans cette famille chiite, ce métier s’exerce depuis des décennies de père en fils et le père de Jawad aimerait que son fils prenne la relève. Mais Jawad est attiré par la sculpture et il entame des études d’arts plastiques. Alors que l'Irak subit les différents conflits et leurs violences inhérentes, Jawad voit ses souhaits s’éloigner.
De l’adolescence à l‘âge adulte, on suit Jawad avec en toile de fond Bagdad meurtrie et violentée par des années de conflits. Entre des drames comme la mort de son père qui l'oblige à le remplacer bien loin de l'avenir qu'il s'imaginait et des déceptions, la voix de Jawad nous plonge dans Bagdad, dans la vie des habitants au quotidien avec un réalisme frappant (les coupures d’électricité, l’embargo).
Ses émotions et ses sentiments comme la résignation "Mais nous attendions les guerres comme d'autant attendent un invité qu'ils connaissent parfaitement; ils préparent tout ce qu'il faut pour rendre son séjour agréable" sont parfaitement rendus tout comme son cheminement personnel.
Avec sensibilité, l’auteur nous livre des belles réflexions sur le désir d'affranchissement de Jawad qui pour autant ne veut pas renier les traditions, sur la vie et la mort intimement liées.
L’écriture de Sinan Antoon adoucit les scènes très dures et confère une beauté à la solennité des gestes, des rituels des laveurs de corps.
Les dernières pages sont tout simplement superbes et émouvantes. Une lecture saisissante par bien des aspects !
7 commentaires:
Voilà une lecture qui sort de l'ordinaire et du lot, on dirait (jamais entendu parler)
Merci pour cette belle découverte.
J'ai peu lu sur l'Irak contemporain ; ce serait l'occasion.
Jamais entendu parler de ce roman qui me semble pourtant très intéressant.
@ Keisha : comme ma biblio l' a acquis en format numérique et papier, je me suis intéresse à ce livre qui a obtenu le Prix de la littérature arabe en 2017. Il y eu des articles dans la presse mais pas sur les blogs...
@ Alex : mais de rien !
@ Aifelle : j'ai découvert (si l'on veut) l'Irak avec ce livre.
@ Saxaoul : il l'est et il y a plein d'annotations détaillées pour les faits politiques donc le lecteur a le choix ou non de creuser plus cet aspect.
Il est dans deux de mes bibliothèques... et comme je ne connaissais pas du tout, c'est avec plaisir que je le note !
@ Kathel : vive les biblios qui nous permettent de belles découvertes:)!
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