samedi 6 mars 2010
Annie Ernaux - La place
Un livre tout en pudeur où Annie Ernaux parle de son père. Après son décès, elle a voulu relater sa vie sans chercher à provoquer chez le lecteur de la pitié ou un autre sentiment. Juste raconter les faits, les événements et dire que oui, elle a eu honte de son père.
Son père travaillait aux champs puis il est devenu ouvrier. Une rencontre et le mariage mais toujours faire attention à l’argent, économiser « au cas où ». Ses parents ont pu ouvrir un café-épicerie comme il en florissait à l’époque. Ce n’est pas pour autant qu’ils ont changé leurs habitudes. Toujours la peur au ventre de perdre le commerce et de se retrouver sur la paille. A l’âge de l’adolescence, Annie Ernaux a commencé à fréquenter des amies issues de milieux sociaux plus aisés. Poussée par ses parents à réussir dans ses études, le sentiment de honte a germé vis-à-vis de ce père qui n’avait pas d’instruction. C’était un français modeste qui faisait partie de cette classe des « braves gens ». On ne se mélangeait pas ou très peu, chacun à sa place …
Avec les années, le respect remplacera la honte. Comme dans « la femme gelée », j’ai retrouvé ce style épuré sans fioritures inutiles et où les sentiments apparaissent en toute simplicité.
Un livre intemporel où elle rend hommage à son père en toute franchise. Accepter ses origines et ses parents tels qu’ils sont permet de se construire.
« Pour rendre compte d’une vie soumise à la nécessité, je n’ai pas le droit de prendre le parti de l’art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou « d’émouvant ».
« On avait tout ce qu’il faut, c'est-à-dire qu’on mangeait à notre faim (preuve, l’achat de viande à la boucherie quatre fois par semaine, on avait chaud dans la cuisine et le café, seules pièces où l’on vivait ».
14 commentaires:
J'adore cette auteur. Veux-tu que je t'apporte son dernier, "Les années", samedi ? (les 3 autres sont sagemnt mis de côté !!)...
C'est un roman à côté duquel je suis complètement passée. Du coup, je n'ai pas envie de retenter ma chance avec l'auteur ;)
@ Canel : ah oui, je veux bien !
Et toi, y aurait-il des livres que tu aimerais ?
Ma bibliothèque est plus fournie que mes billets !
@ Stephie : ses livres sont pour la plupart autobiographiques. Et soit on aime son style ou pas ... (ça passe ou ça casse).
Merci de ton passage !
Sujet intéressant pour tous ceux et celles qui ont profité de l'ascenseur social offert par l'école ! Je note le titre.
C'est vraiment un auteur que j'ai envie de découvrir cette année!
Annie Ernaux est une de mes auteures favorites et j'ai fait mon mémoire de M2 sur elle l'an dernier. Elle a un style profondément touchant et d'une grande sincérité. J'ai lu l'ensemble de sa bibliographie et "Les Années", son dernier livre, constitue vraiment un aboutissement (mais c'est aussi bien d'avoir lu les autres avant).
@ Canel : noté ! je le rajoute dans la PPCS (pile pour Clara samedi) ! ;-)
Ahhh chouette, il est dans ma PAL celui-là! :)
@ Vero : oui, et en plus Annei Erneaux écrit superbement bien
@ Evertkhorus : c'est son deuxièe que je lis et je compte bien en lire d'autres. Un auteur à découvrir absolument
@ Violaine : lequel me conseillerais-tu avant de lire "les années " ?
@ MyaRosa : c'est un bonheur quand l'on se rend compte, au fil des blogs, que notre PAL nous réserve des belles lectures.
@ Canel : tu arriveras à tout porter ?
@ Canel : oui, pas de pbs. Je te les donnerai le soir. Et plus ça sera lourd, moins je serai tentée d'en acheter sur place, hé hé ! ;-)
Lequel te conseiller avant "les Années" ? C'est une question difficile (mais je vois que tu évoques "la femme gelée", j'en déduis donc que tu l'as lu et pour ma part, je l'avais vraiment beaucoup aimé). Sinon, un que je peux te déconseiller, c'est "Se perdre", c'est le journal intime d'une passion amoureuse ; ce n'est pas inintéressant mais assez répétitif. Autrement, ce qui me vient à l'esprit c'est "Les armoires vides", son premier roman - déjà d'inspiration autobiographique - qui est porté par une écriture remarquablement expressive (et tu peux approfondir cette lecture en lisant ensuite "L'événement", texte autobiographique assumé cette fois qui revient sur un avortement que la narratrice a subi dans les années 60). Dans un genre tout différent : "Journal du dehors" et "La vie extérieure", qui sont une collection de regards de l'auteur sur des événements banals du quotidien qu'elle passe au crible de son regard mais sur un mode assez objectif (tout en laissant percer une vision subjective) et qui préfigurent assez bien "Les Années" dans la recherche qu'ils se proposent d'effectuer ; ces deux-là font vraiment partie de mes préférés.
Et tout simplement, si tu as aimé "La place", il y a "une femme", qui en est le pendant, consacré cette fois à la mère de l'auteur.
(et voilà, comme je le craignais, une liste trop longue ; mais c'est Annie Ernaux, c'est tellement bien qu'il faudrait tout lire ;-)
@ Violaine : j'ai été gâtée, Canel m' a offert "les années" et je pense que j'aurais beaucoup de mal à le garder dans ma PAL...
J'avais beaucoup aimé "la place" donc je note "une femme" !
Merci pour tes conseils ( et non, ton mail n'était pas long)
Une écrire concise, au cordeau et un livre particulièrement touchant.
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