Elle avait depuis longtemps préparé ce qu’elle allait dire.
Les phrases s’étaient imprimées en elle, il fallait qu’elle aille la voir. Elle lui avait téléphoné en fin de matinée et
dit qu’elle avait une course à faire dans le quartier. Passe pendre un café lui
avait-elle répondu. Au déjeuner, elle regardait son assiette, l’estomac noué,
impossible d’avaler quoi que ce soit. Quand elle avait sonné à l’interphone,
ses mains étaient moites. Sa sœur se tenait dans le salon. Elle l’écoutait distraitement se demandant
comment elle allait le lui dire. Elle puisait du courage car les sœurs s’aident.
Dans une famille, on peut compter sur les siens. Elle avait toujours craint et
admiré sa sœur aînée. Nerveuse, elle jouait avec la cuillère de sa tasse. Elle inspira
pour se lancer et dit qu’elle et son mari allaient divorcer. Sa sœur s’était
arrêtée, la dévisageait. Sourcils froncés, elle lui demandait pourquoi. Parce
que je ne l’aime plus, j’ai l’impression de vivre avec un étranger. Et les enfants, tu y as pensé ? Bien sûr, elle y avait pensé.
Depuis des mois, elle se posait des questions. Les retournait dans tous le sens.Mais quand elle regardait son
mari, elle ressentait de l’indifférence. Leurs conversations relevaient de l’organisation.
Ils ne partageaient plus rien et quand
il voulait la toucher, elle se dégageait
brusquement. Elle ne supportait plus cette mascarade. Il avait vite compris pourquoi elle se dérobait. Si au départ il s’était montré
conciliant, il était revenu sur sa position. Réclamant des explications à n’en
plus finir. Elle lui répétait qu’elle se fanait, qu’elle s’étiolait.
Tu ne penses
qu’à toi une fois de plus ! Sa sœur lui avait jeté la phrase au visage.
Les mots la mordaient. Avec Gilles, ça avait été pareil, tu te rends compte, deux
mariages et deux échecs ! Voilà, c’était dit. Comment sa sœur pouvait-elle
la juger ? Elle se dit qu’elle avait fait une erreur en venant la voir. Jamais
elles n’avaient été proches ou solidaires. Un bref instant, elle se revit
enfant timide et sa sœur qui lui ordonnait de lui obéir, je suis la plus grande
tu dois m’écouter. L’adolescente gauche qu’elle était avançait à tâtons
dans l’ombre de sa sœur. Quand elle demandait conseil à sa mère, celle-ci lui
répondait as-tu posé la question à ta sœur. Elle voyait toujours ses choix et décisions
devant être approuvées par elle. Comment
pouvait-elle espérer de la compréhension ? Elle se leva et prit ses
affaires. Tu connais le chemin pour un va-t-en, pars de chez moi. C’est ce que j’ai de mieux à faire. Elle fut
surprise de s’entendre prononcer cette phrase. Il s’était mis à pleuvoir. Elle baissait la
tête et pleurait. La pluie se mélangeait à ses larmes. La fêlure était nette et
profonde, elle savait désormais qu’elle et sa sœur étaient deux inconnues. Elle
regarda sa montre, il fallait qu’elle se dépêche d’aller travailler. Arrivée
devant l’immeuble, pour la première fois elle regarda différemment la plaque où était inscrit
son nom suivi de la mention psychologue. Elle venait de gagner en assurance.
Il s'agit de mon texte pour l'atelier de Leilonna inspiré de la photo suivante :
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7 commentaires:
waou pas sympa la soeur, on a déjà ce jugement là de la par des autres alors si la famille ne nous soutient pas...
Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés... Mais il lui en aura fallu du temps pour la mettre dehors ! Très doux-amer (comme souvent) ton texte, plus amer que doux d'ailleurs ! ;)
Famille je vous aime et je vous hais :-) J espère que ce deuxième échec sera Un nouveau départ pour ton personnage :-)
Oui, je rejoins Asphodèle : du piquant, du mélancolique ... Bon, la fin laisse apercevoir une éclaircie ! ;)
(Désolée encore pour le retard ...)
@ Lucie : les joies de la famille:)!
@ Asphodèle : oui, mes textes sot souvent amers...
@ Valentyne : on tombe et on se relève!
@ Leiloona : ce n'est pas grave...
Tu as un talent pour l'écriture...
Foi d'écrivaillon.
@ Noann : merci cher écrivaillon ! Il faudrait que je tente l'aventure mais... les doutes sont toujours les plus forts !
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