Il ne le nomme jamais par son nom. Ca s'appelait Trebibor, Majdawitz, Soblinka ou Birkenhausen. Il dit "le camp" comme s'il n'en avait existé qu'un seul. "Après la guerre, dit-il, j'ai vu un film sur le camp. Des prisonniers étaient en train de se faire frire un œuf pour le petit-déjeuner". De la paume de la main, il se frappe le front. "Un œuf ! dit-il d'une voix acérée. Dans le camp !". Le camp est donc un endroit où on ne se fait pas d'œufs. Plus encore qu’un endroit, le camp est un état.
Mon père couleur de nuit s’ouvre sur ces lignes. Le ton est donné. Le père d’Hannah est revenu des camps de concentration. Nous ne savons pas où habite la famille. Jochel, ce père miraculé , son comportement et surtout ses propos sont une énigme pour Hannah et ses deux frères. Découpé en chapitres très courts qui sont autant de bourrasques violentes d’émotions, ce livre opposé toute l’horreur des camps à l’innocence des enfants. Le père d’Hannah raconte à demi-mots. Il suffit d'un détail qui fait ressurgir ce passé proche. Entre des nuits toujours hantées par les souvenirs de « là-bas » et l’incompréhension quelquefois maladroite de ses enfants, les digues rompent sous la colère ou l’incompréhension mutuelle. Avec son amour sincère et pur, Hannah veut aider son père à aller mieux. Elle-même se retrouve confrontée à l’incrédulité de ses camarades ou de son institutrice.
Ceux et celles qui ont lu et aimé Skoda apprécieront à sa juste valeur ce livre.
Ceux et celles qui ont lu et aimé Skoda apprécieront à sa juste valeur ce livre.
Une lecture comme un coup de poing et qui fait très mal…