Haïti, les années 1960 : c’est l’heure du règne de Duvalier et de ses tontons macoutes. Un dictateur qui élimine ceux et celles qui se mettent en travers de son chemin. Daniel Leroy, rédacteur en chef du principal journal d’opposition et communiste est arrêté. Sa femme Nirvah cherche des informations sur son mari. Elle obtient un rendez-vous avec le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique : Raoul Vincent. Celui-ci tombe sous son charme. Fort de sa position, il obtient d’elle qu’elle devienne sa maitresse. Nirvah ne veut que protéger son mari et ses enfants… mais à quel prix ?
Ce livre s’ouvre sur le rendez-vous entre Nirvah et de Raoul Vincent. Un bref entretien pour que celui-ci intervienne auprès de Duvalier en faveur de son mari. Le personnage de Raoul Vincent est tout ce qu’il y a de plus abject. Un homme odieux qui jouit de son pouvoir pour posséder ce qui lui fait envie. Nirvah est une belle femme à la peau presque blanche. Le secrétaire d’Etat subjugué met en place un chantage. Qu’elle devienne sa maîtresse et il verra ce qu’il peut faire pour son mari. Nirvah accepte. Son but est de protéger ses deux enfants Marie et Nicolas, jeunes adolescents et obtenir la clémence pour son mari. Mais avec cet homme, elle prend un plaisir inattendu dans leurs relations sexuelles. Il y a le regard des autres, les sous-entendus, elle doit aussi se battre contre cela. Nirvah n’oublie pas son mari, loin de là. Ce sacrifice de son corps est pour lui. En découvrant le journal intime de son mari, elle va de surprise en surprise. Raoul Vincent veut plus, il s’immisce dans la vie de famille de Nirvah. Il veut être proche de ses enfants et les "avoir " physiquement. On prend une gifle magistrale…
Tenue en haleine, j’ai même osé espérer une issue favorable. J’ai suivi Nirvah la gorge serrée d’émotions. J’ai compris cette femme et ses choix. Une femme qui se sert de son corps comme moyen d’échange. Raoul Vincent et le pouvoir qu’il incarne sont sordides et répugnants.
Kettly Mars ose briser bien des silences avec ce roman sur la condition des femmes dans un régime totalitaire.
Un livre dur, bouleversant mais magnifique ! Une lecture dont on ne sort pas indemne… vous êtes prévenus.
J'ai rejoint le club de maîtresses de macoutes, de celles qui jouissent de privilèges évidents mais qui connaissent aussi la précarité de leur position dans cette Haïti où le pouvoir joue sans cesse à une macabre chaise musicale. Après être passée par de douloureuses phases de détresse, jai arrêté d'avoir honte, de fuir le regard des autres, de me torturer, de me condamner.
8 commentaires:
Clara !!! Mon carnet de LAL va éclater !!!!!!!!!!!!!!!
Voilà un sujet très intéressant... Obligée de noter... comme d'hab! ;-)
@ Sandrine (SD49) : ben oui, mais là, c'est un livre qui sort des normes!
@ Gwen : un sujet pas courant ... et un livre magnifique!
Ce ne me tente pas des masses, en revanche la couv' est super belle !
Boulie
ça me fait super envie!!!! je crois que je vais craquer dès ce we!
@ Boukie : pourtant, c'est un livre poignant !
@ Noémie : super ! et merci de ta visite!
il me tente bien celui-là ...
Quelle histoire! Je ne sais pas si j'oserais la lire, peur que ce soit trop sombre.
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