Éditeur : Grasset - Date de parution : Janvier 2019 - 128 pages.
Il était une fois dans un village à une époque lointaine un paisible bébé qui dormait. Le temps était beau et sa mère avait sorti le berceau. Occupée à ses tâches, elle s’en était éloignée quelques instants. Un cochon affamé passant par là croqua dans la joue de l’enfant. Alertée par les cris de l’enfant, la mère revint mais il était trop tard le bébé succomba.
Il n’est nullement question d’une jolie histoire bien gentille et d’ailleurs si le titre est explicite, jamais l’auteur ne va nommer l’animal. Ce court roman raconté à la manière d’une pièce de théâtre m’a d’abord surprise car l’auteur laisse planer habilement une certaine ambiguïté sur le coupable. Oscar Coop-Phane nous décrit le crime, l'arrestation, la parodie de jugement qui attire la foule, le verdict et enfin la condamnation. D'abord arrêté et même s’il est incapable de dire quoi que ce soit pour se défendre, la justice des hommes se fera. On est gagné par une certaine sympathie face à cet accusé et bousculé par la bêtise des hommes et leur soif de vengeance.
L'absurdité et la cruauté sont mises en exergue avec une certaine emphase agréable. Si certains passages m’ont soulevée le cœur (âmes sensibles, vous êtes prévenues), ce livre remplit sa mission : celle de nous amener à nous questionner sur les notions de culpabilité et de responsabilité. La présentation indique que ce procès est à l’image de ceux qu’on intentait aux animaux jusqu’à la fin du XVIII ème siècle mais ce roman a, malheureusement, un goût du temps actuel.
Même si la fin m'a laissée un petit peu sur ma faim, cette lecture singulière m'a interpellée (comment ne pas l'être ?).
On n'avait jamais observé chez un suspect un tel calme, une telle distance. Il se laisser guider sans se plaindre. Pour autant, il n'inspirait aucune sympathie, ni parmi les flics, ni parmi les truands; une question d'odeur sans doute, et d'allure. On le toisait. Jamais il ne ferait partie de la famille. Contre lui, son crime bien sûr, de ce qu'on ne pardonne pas, mais surtout sa classe, sa nature - le croqueur de joue porte la marque de ceux qu'on méprise.
Le billet de Nicole et d'autres avis sur Bibliosurf
11 commentaires:
Je crains les moments qui soulèvent le coeur !!
Beaucoup aimé ce petit livre, il est juste dommage que dès le départ le cochon soit identifié comme tel... tout ce qui est écrit est tellement applicable à l'homme !
Je suis en train de le lire
@ Aifelle : oui, j'ai été glacée d'effroi et mise (très) mal à l'aise...( mon coeur d'artichaud pourtant granité a eu du mal)
@ Joëlle : j'ai trouvé qu'au contraire qu'il laissait planer une certaine ambiguïté au départ en tout cas
@ Zazy : ahah bonne lecture !
Ca fait un petit moment qu'il m'intrigue ce livre !
Ame sensible? Oui, je vais éviter, alors
aucune ambiguïté sur la photo de couverture !!!
Effectivement, ça interpelle...
Il me semble atypique et intéressant ce roman.
Je n'avais pas accroché aux précédents romans de l'auteur.
@ Krol @Noukette @Saxaoul : un livre atypique en effet à découvrir !
@ Joëlle : ah pour la la couverture, oui, en effet.
@ Keisha : deux ou trois pages m'ont écorchée les pour et l'âme...
@ Alex : je découvre l'auteur avec celui-ci et je suis curieuse d'en lire d'autres de lui ne serait-ce que pour voir si son écriture est du même bois.
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