Éditeur : JC Lattès - Date de parution : Mars 2029 - 250 pages très fortes et qui interpellent.
Mère de trois adolescents qu’elle élève seule depuis presque dix ans, Guilia a toujours tout fait pour eux. Travailler et être mère en même temps comme tant d’autres femmes sans se plaindre ou sans rechigner.
Il aura fallu que ses cadets décident de se prendre une année sabbatique avant d’entamer leurs études supérieures pour que la goutte d’eau fasse déborder le vase. Cette professeure d’italien dont la mère a déserté il y a fort longtemps sait toute l’importance d’une présence maternelle. Elle part sur les traces de l’écrivain Malaparte à Capri, un auteur controversé dont elle admire l’œuvre et qui se révèle un lien entre elle et sa mère.
Guilia devrait être absorbée par ses recherches mais la fracture a eu lieu laissant place à ses interrogations et à toute l’ambivalence de ses sentiments. Elle aime ses enfants et cependant elle veut retrouver le temps de vivre pour elle en tant que femme. Emprisonnée dans les carcans sociétaux liés à la maternité, elle a la franchise envers elle-même d’arrêter de se mentir ou de continuer à faire comme si.
Sans ambages, Sylvie le Bihan offre des réflexions sur la maternité bien loin de celles que l’on peut lire habituellement et qui riment avec épanouissement. Et ce roman risque de faire grincer des dents car il aborde un sujet pas facile, complexe et tabou. Peut-on être mère et le regretter ou avoir ce sentiment profond de ne pas être à la hauteur ?
Il aurait été facile d’esquinter les normes en envoyant tout valdinguer mais Sylvie Le Bihan à travers Giulia émaille ses propos d’exemples criants de vérité. Elle nous questionne et on la suit. On prend le temps de se regarder dans le miroir et d’être sincère avec soi-même. Sans se piétiner, les quêtes entamées par Giuila consciemment ou non se complètent.
Sans imposer quoi que ce soit mais avec ce souci de la différence et de la tolérance, chacun puisera dans ce livre qui une fenêtre ouverte sur nous-mêmes et sur les autre.
Il y a une belle poésie qui épouse Capri pour nous parler de ce lieu mais aussi une écriture qui résonne, interpelle à l’image de ce roman très fort.
La notion de regret n'existe pas pour une mère, c'est un signe de défaite, une ignominie, un dysfonctionnement qu'il faut cacher ou régler au plus vite, car il est si facile d'être traitée de folle par les autres, femmes comprises, dès que le ressenti est différent, voire contradictoire à leur foi en cette histoire de l'enfantement merveilleux qu'on se refile de mère en fille.
Mais, j'ai eu des enfants et je le regrette.
Après cette phrase, que je la laisse dans ma tête ou que je la formule à voix haute, je ressens à chaque fois le besoin, ou l'obligation, de dire que j'aime mes enfants.
Les vainqueurs récrivent l'histoire à leur façon, mais ce sont les vaincus qui se transmettent la vérité.
Le billet d'Alexandra, Joëlle, Nicole et d'autres avis sur Bibliosurf
Lu et aimé également de Sylvie Le Bihan : l'Autre
11 commentaires:
Il me tarde de le lire.
Le sujet m'interpelle et il semble traité avec beaucoup de sensibilité. Je le note, merci pour le partage.
Ton billet me donne bien envie, le sujet du livre aussi, je le note dans les achats "urgents" ! Merci !
Je pense qu'il parle à beaucoup de femmes tellement le sujet est bien traité ; quel que soit son statut, on adhère sans problème à ce questionnement sans fard mais rempli d'amour.
S'il se trouve à la bibliothèque, peut-être le lirai-je...
Je n'en ferai pas une priorité, mais si je le vois à la bibliothèque, je le prendrai.
Je suis en plein dedans, et j'aime beaucoup !
Avec cette première de couverture, on ne s'attend pas à un tel roman. Ce que tu en dis m'interpelle beaucoup.
Je lis de nombreux commentaires très positifs, je n'y serai pas allée spontanément, mais là c'est sûr je vais lire ce roman !
@ Alex @ Céline @Christelle :@Saxaoul :le sujet est très, très bien traité et l'écriture de Sylvie Le Bihan est à découvrir si ce n'est pas déjà fait.
@Nicole : tu as tout à fait raison ( une fois de plus:))
@ Krol @Aifelle @ Eva: c'est fin, argumenté et ce livre résonnera chez toutes les lectrices.
@L'irrrégulière : le contraire m'aurait étonnée !
Je suis très tentée !
Avec un prénom et un nom pareille, je suis interpellée et le thème est très intéressant. Ne pas s'oublier quand on est mère de famille (et ensuite grand-mère).
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